Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Une vérité monstrueuse


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Au titre des livres à ne surtout pas rater voici d’Eric Vuillard, certes le travail d’archives exhume surtout certaines responsabilités de sommet, mais l’écriture peut respecter ce qu’énonçait Brecht : “L’avenir de l’humanité n’a d’intérêt que vu d’en bas.” Brecht

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Bien plus qu’au récit d’un épisode sans gloire de l’histoire coloniale française, Éric Vuillard nous convie à une analyse sans concession du pouvoir. Du pouvoir dans ce qu’il a parfois de plus trivial, fait de compromissions, de censure, d’abus de langage.
Photo: Jean-Luc Bertini Pasco&Co Bien plus qu’au récit d’un épisode sans gloire de l’histoire coloniale française, Éric Vuillard nous convie à une analyse sans concession du pouvoir. Du pouvoir dans ce qu’il a parfois de plus trivial, fait de compromissions, de censure, d’abus de langage.

Christian Desmeules

Collaborateur5 février 2022CRITIQUE

Sous des phrases parfaitement polies, la réalité chez Éric Vuillard a toujours quelque chose de tranchant. Qu’il évoque la chute de l’Empire inca (Conquistadors, 2009), les débuts de l’empire colonial en Afrique (Congo, 2012), les soubresauts de la Révolution française (14 juillet, 2016) ou les premiers pas du « reality show » avec Buffalo Bill (Tristesse de la terre, 2014), l’effet est le même.

Dans ses récits toujours attentifs à la « vérité du temps », comme il l’écrit, l’écrivain français, né à Lyon en 1968, Prix Goncourt pour L’ordre du jour en 2017, avance comme un bulldozer, impassible, poussant les alluvions de crimes, de cadavres et de complicités laissés par l’Histoire.

Et chaque fois, dans ce style sobre mais tendu qui produit un effet de contraste saisissant, il y épingle une galerie de personnages réels dans lesquels on pourrait voir autant d’archétypes.

Avec Une sortie honorable, son onzième titre, Éric Vuillard examine, avec sa méticulosité coutumière et son intérêt à dévoiler les mécaniques de l’ombre, les circonstances de la sortie de la France de l’Indochine. Lointaine pièce d’un empire impérial qui comprenait ce qui deviendra le Vietnam, le Cambodge et le Laos, la France y faisait de bonnes affaires sous le couvert mensonger d’une « mission civilisatrice ».

Prenant acte des morts et des défaites, face à l’évidence d’une guerre qui s’annonce comme perdue, généraux, « capitaines » d’industrie et politiciens vont s’accrocher à l’espoir d’une « sortie honorable », avant de passer le relais aux États-Unis. Un processus qui s’est mué en débâcle après la bataille de Diên Biên Phu.

Depuis les inspecteurs coloniaux se penchant en 1928 sur les conditions de travail des ouvriers dans les plantations d’hévéa de Michelin — à la limite de l’esclavage — jusqu’aux derniers Occidentaux évacués par hélicoptère depuis le toit de l’ambassade américaine pendant la chute de Saigon, en passant par le général Jean de Lattre de Tassigny demandant dans son mauvais anglais des renforts militaires à la télévision américaine en 1951, l’écrivain revisite les archives.

Bien plus qu’au récit d’un épisode sans gloire de l’histoire coloniale française, Éric Vuillard nous convie à une analyse sans concession du pouvoir. Du pouvoir dans ce qu’il a parfois de plus trivial, fait de compromissions, de censure, d’abus de langage.

Il ne manque pas d’écharper au passage la vieille bourgeoisie française, composée de possédants, de satisfaits et de marionnettistes politiques, produits du drôle de « microclimat » d’un 16e arrondissement parisien aux tendances endogames.

Et si chacun de ses livres cherche à mettre au jour la « structure du monde », celui-là ne fait pas exception. « Et il faudrait pouvoir regarder tout ça au moins une fois, une seule fois, bien en face, écrit-il, toute la masse d’intérêts, de fils les reliant les uns aux autres, froissés, formant une pelote énorme, une gigantesque gueule, un formidable amas de titres, de propriétés et de nombres, comme un formidable amas de morts… »

Au terme de trente ans de combats, le bilan du côté de la France et des États-Unis s’élèvera à quatre cent mille morts. Du côté vietnamien, il faudra compter trois millions six cent mille morts, soit dix fois plus, à savoir autant de morts que de Français et d’Allemands tués durant la Première Guerre mondiale. C’est une part de la « vérité monstrueuse » qu’Éric Vuillard nous donne à voir.

Une sortie honorable

★★★ 1/2

Éric Vuillard, Actes Sud, Arles, 2022, 208 pages

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4 Commentaires

  • Broussaudier
    Broussaudier

    Si vous voyez en librairie un livre d’Eric Vuillard prenez le sans hésiter. Ils sont tous formidables. On y apprend beaucoup toujours, l’écriture est précise, ciselée, parfaite. Son point de vue est le nôtre, de ce côté ci de la barricade.

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  • Anonimous
    Anonimous

    Au cas où cela vous intéresserait
    “Élargir le champ de bataille”
    ÉLÉMENTS DE GÉOPOLITIQUE ANGLO. POUR RUSSE ET HISPANIQUE https://anunnakibot.blogspot.com/2021/12/24-09-anunnakibot-elementos-de.html
    Avec des enseignements pour nous tous
    Salutations
    Traduction automatique sur le blog

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    • Daniel Arias
      Daniel Arias

      C’est quoi ce document complotiste ?
      Des auteurs soit disant historiens ou journalistes dont les seules références sont dans les wikipedia de plusieurs pays et dont un seul livre est référencé.
      ça me rappelle le torchon de zens.
      De plus des attaques contre les communistes, la gauche et les mouvements des indigènes en Amérique latine, contre la révolution russe.
      ça sent les fachos déguisés derrière tout ça.
      Aucune référence vérifiable c’est bien les méthodes des trolls fascos.
      Il suffit de regarder la page d’accueil pour pour voir l’orientation de ce blog.
      La rhétorique anti amssonqiue, anti syndicale, anti parti est bien présente.
      “Le tous pourris” qui sert bien la grande bourgeoisie.
      Un site qui pue très fort:
      https://anunnakibot.blogspot.com/

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    • Youri
      Youri

      Attention camarades! Ce site web en espagnol, “Anunakibot….” est un pot pourri d’orientation clairement d’extrême droite (conspirationnismes divers, ésotérismes, révisionismes historiques, etc…) Rien que le nom Anunaki devrait nous mettre la puce à l’oreille

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