Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Etre jeune ne signifie pas être idiot et fascisant…

j’aimerais faire un sondage sur les lecteurs de ce blog… Mais au vu des intervenants qui ne sont que l’écume de la fréquentation j’ai l’impression qu’il y manque une génération, celle qui va de quarante à 55ans, en revanche sont surreprésentés les anciens de mon espèce et les jeunes de 20 à 40ans … Le creux de la vague “Mitterrand”, la dépolitisation de la cynique déception… Mais peut-être est-ce une simple impression! Quand je parle d’écume à votre propos ne soyez pas vexés je pense à cette magnifique chanson de Léo FERRE avec cette bave des chevaux de la mer, image empruntée à Victor Hugo… Cette écume que Boticelli décrivit comme le sperme dont naquit Venus genetrix(1) … C’est la vie qui ressurgit… Et il ne faut jamais chanter la mort… Alors merci à ceux qui ici comme Baran et Dietzgen se sont prononcé contre la fausse indulgence envers les jeunes “nazifiant”. Et comme les écrits, les tableaux,les films, lamusique me sont mémoire, cette intervention de Dietzgen me fait souvenir d’un texte de reproche de Klaus Mann à Stephan ZWEIG qu’il accuse de trop vouloir comprendre ces gens-là… Et que nous avons publié dans ce blog sous le titre “Ne rien faire … le mal” ( Ne rien faire… Le Mal par Klaus Mann | Histoire et société (histoireetsociete.com) … Il est heureux que des jeunes et des moins jeunes refusent d’être indulgents et que leur pensée soit acte … (noteet traduction de danielle Bleitrach pour histoire et societe)

Je m’ajouterais à la liste Baran-Julliard (j’ai moins de 30 ans… pour l’instant…). La jeunesse n’excuse pas tout.

L’exemple le plus flagrant de cela est le succès retentissant du marxisme/socialisme/communisme chez la jeunesse dans le monde anglo-saxon, que ce soit sur Youtube ou Twitch (ou même TikTok !), de jeunes gens marxistes à peine trentenaires comme HasanAbi, Vaush ou autres génèrent des millions de vues, Chaigneau est un charançon par comparaison. Et ces camarades ne cèdent rien à l’extrême droite ni ne la courtisent, bien au contraire, ils la moquent et bannissent ses envoyés dans les tchats.

Quant à ce garçon, je me souviens avoir interagi avec lui sur Youtube quand sa chaîne n’avait à peine que 2-300 vues par vidéos. Je me souviens d’une connaissance toute lycéenne (peut-être l’était-il alors…) de Hobbes ou de Rousseau et un contenu bien pauvre, qui sentait la planche pourrie à plein nez.

Je me souviens aussi qu’il s’acoquinait déjà avec des individus soit rouge-bruns (“ernesto deupoinzéro” entre autres) soit bruns tout court (“Teddyboy RSA”, se revendiquant “droitard” et tenant un podcast que fréquente la droite radicale suprémaciste, il suffit de voir la liste des invités). Le rouge finit toujours par céder au brun dans ce mélange douteux de coloris… L’emphase de Baran sur son “soralisme” m’a tout autant frappé aux premières interactions et je trouve l’analyse juste (sauf sur le zozottage en effet et sur la psyché de l’individu, je ne le connais pas à ce point et ne peut juger). J’ajouterais au titre de Xuan (qui signe ici un très bon article) que, pour revenir au bercail, encore faut-il l’avoir quitté…

Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’aspect égotiste du garçon, je me souviens également de ses prétentions en toute modestie à être “un Marx à la recherche de son Engels pour le financer” (sic !). Son institut n’est que la suite de son intérêt pour la mode du “développement personnel”, refuge de tous les margoulins vendeurs de “formations” et de routes à la fortune garanties, mais surtout porteur de l’idéologie capitaliste et héritière des techniques de management de relations humaines les plus inhumaines (responsabilité uniquement personnelle, mépris des mouvements sociaux, appels à s’exténuer au travail, narcissisme exacerbé, etc…). Le développement personnel est une véritable idéologie de type fordiste ou toyotiste moderne, et y tremper ses guêtres finit toujours par laisser une trace qui ici n’est pas fortuite : elle est très populaire à l’extrême droite et est une source de “clients” potentiels non négligeable pour quiconque se lance dans ce “commerce” (exemples : Stéphane Edouard, Les Phylogines, Conversano et j’en passe par respect pour nos appareils digestifs).

Comme souvent dans ces cas, l’intérêt financier personnel et l’idéologie font cause commune et il devient difficile, si ce n’est insignifiant de démêler l’oeuf de la poule. Il suffit juste de remarquer que cette convergence n’est pas anodine : “tout m’a profité”, comme le disait Serge July… On peut même prédire l’évolution de ce type de trajectoires : son opinion sur le passe sanitaire pouvait se déduire de l’opinion de sa clientèle…

J’essaierai de compenser le nauséeux de ce commentaire en souhaitant un joyeux noël tardif au blog et à tous les camarades !

Dietzgen

(1) note de danielle BLEITRACH : et bien sur à propos de VENUS GENETRIX, surgit l’ouverture du magnifique poème matérialiste de Lucrèce consacré à Démocrite, le de rerum naturae, cette ode à la vie, ce textesur lequel MARX s’appuya pour écrire sa thèse sur Démocrite et Epicure, comme notre regretté Jean Salem :

Mère des descendants d’Enée, plaisir des hommes et des dieux, Vénus nourricière, toi présente sur la mer porteuse de navires, sous les astres qui roulent dans le ciel, toi présente sur la terre porteuse des moissons, puisque c’est grâce à toi que toute créature vivante est conçue et a vu dès sa naissance la lumière du soleil, c’est devant toi, déesse, que s’enfuient les vents, c’est ton arrivée que fuient les nuages du ciel, sous tes pieds la terre industrieuse fait naître d’agréables fleurs, c’est à toi que les vagues de la mer sourient, et c’est pour toi que le ciel apaisé resplendit de sa lumière largement répandue.

Car dès que se dévoile l’apparence d’un jour printanier, dès que le souffle naissant du zéphyr fécond gagne en vigueur, les oiseaux des airs en premier t’annoncent et font connaître ton arrivée, frappés au coeur par ta puissance. Ensuite les bêtes sauvages et les troupeaux s’élancent joyeusement à travers les pâturages et traversent les fleuves rapides. Ainsi chaque créature, captivée par ton charme, te suit avec empressement là où tu cherches à la conduire. Enfin, à travers les mers, les monts, les fleuves impétueux, les feuillages où habitent les oiseaux les plaines verdoyantes, faisant naître au coeur de tous le séduisant amour, tu fais en sorte que les espèces se perpétuent ardemment génération après génération.

Puisque toi donc seule, tu gouvernes la nature et que sans toi, nul être n’aborde aux rivages divins de la lumière, je désire ton aide pour écrire ces vers, que pour ma part, je m’efforce de composer sur la nature.

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3 Commentaires

  • Jeanne Labaigt
    Jeanne Labaigt

    A quatre reprises dans le poème en six livres de laNature, Lucrèce écrit à plusieurs reprises la même suite de trois vers, il fallait qu’ils comptent pour lui pour ainsi ponctuer le poème, je ne résiste pas à les écrire ici en latin:

    Hunc igitur terrorem animi tenebrasque necesset
    non radii solisneque lucida tela dei
    discutiant, sed natura species ratioque.

    Les terreurs, les ténèbres de l’âme il faut les dissiper
    ce ne seront ni le soleil ni l’éclat du jour,
    mais la vue et l’explication la nature.

    J’ai fait la cuistre avec mon latin de lycée parce que le dernier vers est extraordinaire, les mots ont un double sens:
    “Species” c’est la vue au double sens du français, la vue qu’on voit de ses yeux les choses de la nature, les specimen et les espèces, , mais aussi le sens qui permet d’observer la nature matérielle.
    “Ratio” c’est la faculté de connaître “la comprenette” comme disait ma mère, mais c’est aussi l’explication vraie de la réalité “la raison” des choses que l’on expose et propage.

    Ce que Lucrèce dit comme poète, jouant sur les mots et leur sens multiples c’est ce que dit Lénine “faire une analyse concrète, de la situation concrète” pour se délivrer des superstitions, des terreurs nocturnes, le recours à la science, la nécessité de tout voir, de chercher à expliquer.

    En ses sombres temps n’oublions ni la vue, ni l’explication de la nature, le blog de Danielle est indéniablement sous l’égide de Lucrèce.

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  • Stéphane
    Stéphane

    Je me prénomme Stéphane. J’ai 55 ans.

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  • Dietzgen
    Dietzgen

    Moi qui suis un relativement ancien lecteur de ce blog et de son prédécesseur, qui ai tant appris en vous lisant, c’est un honneur de me voir publier dans un article ici ou même d’apporter quelque chose qui soit considéré comme constructif non seulement par les animateurs du blog, mais par la communauté le lisant (le commentaire de Jeanne Labaigt m’a tout autant ému que cette publication et ces vers de Lucrèce me touchent particulièrement, non seulement par leur beauté, mais aussi par le fait que je sois venu au marxisme par le matérialisme, tant philosophique de Feuerbach que poétique de Horace).

    Chose amusante, il me semble que la démographie des intervenants suive de particulièrement près les contours de l’électorat du KPRF, le parti communiste russe ! Celui-ci, avant comme après son récent succès électoral, possédait une forte présence à la fois chez les jeunes militants et chez les plus expérimentés, ceux ayant vécu l’URSS et ceux étant nés après ou ne l’ayant connue que de peu. Je me demande si la même démographie se retrouve chez les autres partis puissants (Portugal, Japon, Norvège, Chili, Belgique, Grèce, etc) et si cela possède une signification autre qu’un simple hasard statistique, ce que cela dit du mouvement et de son avenir.

    Ah, le fantastique Léo Ferré, quelle douce madeleine de Proust ! Avec de tels géants comme sur lesquels se jucher, être de l’écume est un éloge sans égal dont j’ose à peine penser avoir le mérite, point de vexation, bien au contraire, joie d’être part même dérisoire d’une vague qui est la seule source de vie. Autre madeleine non moins puissante, l’évocation de Jean Salem et de ses séminaires à la Sorbonne auxquels on pouvait discrètement et gratuitement assister, même étant de condition humble… Une intelligence et une douceur inoubliables !

    C’est précisément parce que les ténèbres dans lesquelles a fini Zweig d’avoir trop voulu “comprendre ces gens” est un chant de mort qui révulserai quiconque que nous devons être intransigeants (l’augure de Klaus Mann est si juste, même un siècle plus tard, que c’en est glaçant, je me souviens également avoir lu ce texte ici, bouche bée). Mais mes mots sont peu importants quand je vois le refus intransigeant spontané de tous âges qui se presse ici de toute sa vitalité (Je pense notamment à la critique intéressante de Muriel sur Descartes, la spontanéité de ces critiques justes n’est pas anodine, nous ressentons pareillement). “Vue et explication”, “pensée et acte”…

    Ferré et Lucrèce m’inspirent ici une mélodie que je cite souvent, une barcarole de Scriabine, qui date de la veille des révolutions russes (1897) et qui m’inspire toujours la montée de la marée et de l’écume avant le triomphe de la vie qui s’annonçait, mélodie oxymorique qui dans au milieu d’un début lugubre laisse triompher la joie et la douceur.

    https://www.youtube.com/watch?v=n7RNbzKJULg

    Ne pas chanter la mort, chanter la vie, malgré et même avec et pour son lent rythme de venue au monde.

    Encore merci, ce blog est un privilège et ce mouvement une largeur spontanée, inespérée et inexplicable, comme toutes les plus belles générosités de la nature.

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