Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les anti-vaccins : le capitalisme, la démocratie comme menace et excuse de la blessure narcissique…

Cette promenade dans la patrie de FREUD nous décrit la politique de l’Autriche ou l’art de masquer la blessure narcissique des individus des civilisations impérialistes sous le masque de la démocratie devenue le droit au crime social. Le phénomène des anti-vaccins en matière “d’anomie” (incapacité au lien social) peut être mis en relation avec le comportement décrit au Japon, la réclusion grandissante de jeunes hommes et qui s’avère de plus en plus répandu en Occident. Comme d’ailleurs l’usage mortel des drogues, au point que le maire de San Francisco a décidé le 17 décembre 2021 de décréter l’état d’urgence pour lutter contre la hausse de la consommation de drogues et pour mettre un frein aux overdoses. Plus de 100 000 personnes ont déjà succombé et un nouveau décès survient toutes les cinq minutes. Les comportements suicidaires sont multiples, mais les anti-vaccins ont une dimension criminelle sous la revendication à une certaine conception démocratique, identifiée à l’individualisme total et dans le même temps la porosité a des effets d’identification éperdu à tout groupe déviant. Il y a une dimension psychopathe chez les antivaccins qui en fait la forme de suicide non seulement anomique mais comparable à celui du terroriste qui se suicide en créant un maximum de victimes, avec ce besoin de fusion, d’identification à un groupe délirant porteur de rumeurs irrationnelles et le refus du politique en tant qu’exercice citoyen, admettant la vision contradictoire et l’affrontement de classe, d’où leur écho dans l’extrême-droite. ( note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

MARGA FERRÉ

Co-président de Transform Europe

09/12/2021

Une manifestation négationniste à Madrid. /
JAVIER SORIANO (AFP)

Il y a 1 739 000 décès dus au Covid-19 en Europe et ce n’est pas fini… L’OMS prévient que 700 000 personnes supplémentaires pourraient mourir sur notre continent cet hiver et qu’en mars, nous atteindrons deux millions de morts. Les données sont dévastatrices. L’Europe concentre 33% de toutes les personnes décédées du covid-19, ne faisant que 6% de la population mondiale et pourtant…

En septembre, j’ai dû aller à Vienne pour une réunion et quand je suis sorti me promener dans ses belles rues, je n’en croyais pas mes yeux. Personne ne portait de masque, personne ne respectait la distance de sécurité dans un pays où le Premier ministre désormais défenestré avait annoncé la fin de la pandémie. Surréaliste. Il y a deux semaines, avant d’être à nouveau confinée, la ville du Danube a connu l’une des plus grandes manifestations de son histoire : 40 000 personnes sont descendues dans la rue contre la vaccination et toute restriction sanitaire au cri de « Liberté contre la dictature ».

Comme la même chose s’est produite dans de nombreux (trop) pays européens, j’essaie de comprendre pourquoi. Comment est-il possible que dans notre Europe éduquée, il y ait tant de gens qui pensent que leur « liberté » individuelle est au-dessus de la propagation d’une maladie mortelle à d’autres. Je suis tenté d’appeler cela la liberté mortelle, mais je ne vais pas vous donner le terme parce que, d’ailleurs, ce n’est pas vrai. Ils ne manifestent pas pour la liberté, ils le font pour autre chose.

L’Université Sigmund Freud de Vienne a fait une étude sur les manifestants des manifestations anti-vaccins et je suis puissamment frappé par les conclusions, en plus des prévisibles, à savoir que la majorité des manifestants ont des sympathies pour l’extrême droite (56,7%) et que les 33% restants sont contre les partis établis, bien qu’il soit significatif que 20% aient voté pour les Verts lors des dernières élections. La grande majorité croit que le gouvernement leur ment et que le covid n’est pas pire que la grippe et des choses comme ça, mais ce qui frappe, ce n’est pas cela, mais sa composition sociale. Selon cette étude, le niveau d’éducation des manifestants anti-vaccins est nettement supérieur à la moyenne autrichienne, 60,2% appartiennent à la classe moyenne et, surtout, il y a une énorme surreprésentation des travailleurs indépendants (plus de trois fois la moyenne du pays). C’est-à-dire des travailleurs autonomes formés et de la classe moyenne… Les perdants de la mondialisation.

Ces classes moyennes, aujourd’hui en déclin flagrant, à qui on leur a vendu que, étant Européens, blancs, éduqués et entreprenants, le monde serait le leur et qu’aujourd’hui leurs privilèges sont menacés en leur rendant réalité, comme dans un miroir brisé, l’image d’une Europe qui n’est plus le centre du monde. Ils refusent de le reconnaître en faisant appel à la mélancolie de l’empire perdu et à un racisme intolérable qui révèle un certain complexe de supériorité qui se heurte à la réalité. L’Europe saigne de sa blessure narcissique.

La démocratie selon Biden

Il y a aussi une partie de cela au Sommet sur la démocratie du président Joe Biden, dont l’administration décide qui est une démocratie et qui ne l’est pas. Il a invité 110 pays avec un critère que personne ne comprend si l’on croit naïvement qu’il s’agit de démocraties. Je ne sais même pas par où commencer, alors je rappellerai simplement que les États-Unis ont parrainé des coups d’État dans 12 pays d’Amérique latine seulement et que leurs 800 bases militaires dans 70 pays du monde nous font soupçonner que ce Sommet est peut-être plus une nouvelle guerre froide avec la Chine que la défense des droits de l’homme. C’est tellement grossier qu’il est insultant, et agaçant, terriblement ennuyeux, d’utiliser un si beau mot comme démocratie pour menacer, parce que « quiconque n’est pas avec nous, est contre nous » (président Bush dixit).

Encore une fois le miroir brisé, l’image idéalisée qui est brisée en morceaux dans la version Covid de la démocratie et de la liberté. Cet Occident qui, comme Narcisse, était tombé amoureux de lui-même et n’accepte pas que le monde ne veuille plus en être le reflet. Dans un autre miroir, à travers lequel Alice est passée, nous trouvons un dialogue qui, si nous l’extrapolons à ce qu’ils prétendent être la démocratie ou la liberté, semble avoir été écrit hier :

« Quand j’utilise un mot », a insisté Humpty Dumpty d’un ton dédaigneux, « cela signifie ce que je veux qu’il signifie. Ni plus, ni moins.
« La question est de savoir si vous pouvez faire en sorte que les mots signifient tant de choses différentes.
« La question est de savoir, répondit Humpty Dumpty, qui est responsable ici. C’est tout.

Se réapproprier les mots

La bonne nouvelle, c’est que cela ne tend pas. Ni la liberté n’est définie par les terriens plats, ni la démocratie par les empires, car ni l’un ni l’autre ne sont des concepts, mais des conquêtes. Ce sont des praxis, quelque chose que nous connaissons très bien dans un continent comme le nôtre qui connaît les révolutions, les luttes, les guerres contre le fascisme, les libertés arrachées aux dentelladas. L’Europe que je revendique a honte de son passé colonial parce qu’elle voit dans le miroir ces autres qui, depuis Spartacus, nous ont apporté des droits et des libertés à un prix toujours trop élevé.

Aujourd’hui que la mondialisation est brisée comme un projet optimiste et que le covid-19 nous apporte un monde qui nous resitue en tant qu’espèce, nous devrons renommer les mots. Le féminisme et les écologistes et, bien sûr, la lutte de classe renouvelée en Occident pour que les majorités ouvrières ne paient pas, une fois de plus, les conséquences de cette crise. Il me vient à l’esprit que 200 ans plus tard, nous devrons récupérer cette liberté, cette égalité et cette fraternité de la révolution qui, dans les rues de Paris et avec des pierres, a inauguré l’histoire moderne et, peut-être, regarder le XXIe siècle à travers son miroir.

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2 Commentaires

  • Pedro
    Pedro

    Je veux d’abord dire que histoire et société est mon pain quotidien.
    Aujourd’hui, prendre certaines positions peut nous identifier à l’extrême droite, tant les médias donnent de la pertinence au discours de ces partis. Je suis communiste (PCPortuguais) et je pense que c’est un crime d’injecter l’ARNm aux enfants. Je ne suis pas contre les vaccins, mais pas ce chose expérimental. Ma position est celle d’Angeles Maestro :https://www.elsaltodiario.com/laplaza/politicas-de-exacerbacion-del-miedo-y-censura-en-la-gestion-del-covid ou du Dr Paulo K Moreira, qui dit que l’Allemagne a définitivement conquis l’Europe, et que les laboratoires pharmaceutiques ont tiré les leçons du covid de 2009 et avec l’aide de l’UE nous ont soumis à ce fléau alors qu’il y existait des alternatives.

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    • Danielle Bleitrach

      EN UN MOT COMME EN CENT VOUS ËTES un âne… ET UN CRIMINEL DE SURCROIT…. Maintenant le débat est clos sur le sujet et je ne passeraiplus rien sur cette question…

      ps. Vous êtes un âne et un criminel sur cette question des vaccins arn au moins, pour le reste je vous laisse le bénéfice du doute…

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