Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La République et Vichy contre les communistes

Il suffit de piocher dans le riche patrimoine des thèses universitaires qui trouvent comme ici parfois éditeur pour avoir une autre vision de l’histoire que celle de nos médias. Histoire et société vous présente aujourd’hui ce que pourrait être un véritable lien avec sous des aspects divers scientifiques, historiques, culturels ce qui se produit aujourd’hui. Ici le contexte de la répression subie par les Communistes depuis le gouvernement élu par le front populaire jusqu’à Vichy et les Allemands occupant la France. Pour compléter je vous conseille de lire chez Delga les articles de Ce soir par Aragon, ou encore les Communistes, en particulier l’ouverture sur la panique “organisée” autour des réfugiés espagnols. Cela vous donnera une autre image que celle que des inconscients du PCF tentent de construire autour de l’immense Aragon et qui le déshonorent avec l’assentiment d’un parti auquel il a tant apporté : un véritable savoir et l’aura de l’avant-garde réelle tant sur le plan esthétique que sur le plan politique; (note de Danielle Bleitrach)

 PAR Sylvain BOULOUQUE

  • Date de publication • 30 août 2021

L’État contre les communistes. 1938-1944

Louis Poulhès

2021

Atlande

821 pages

Déjà l’objet d’une riche historiographie, l’attitude du PCF au cours des années 1938-1944 fait l’objet d’une nouvelle étude.

Louis Poulhès, déjà auteur d’un travail fouillé sur les Tourelles, un camp d’internement en plein Paris, publie aujourd’hui sa thèse sur la répression contre les communistes entre 1938 et 1944. L’ouvrage repose sur le dépouillement des archives nationales, de plusieurs archives départementales, de celles de la Préfecture de police de Paris et d’une partie des archives de la Commission centrale de contrôle du PCF. Il est enrichi de tableaux annexes comme les listes de fusillés, le nombre de détenus dans les prisons à différentes périodes ou la reconstitution de l’organisation interne du PCF en région parisienne.

Continuité et ruptures 1938-1940

On pourrait légitimement reprocher à l’auteur d’avoir établi une continuité entre la répression contre les communistes sous la Troisième République et celle sous le régime de Vichy. Il reprend en cela les arguments traditionnels de la propagande communiste qui a longtemps cherché à noyer son soutien au pacte germano-soviétique de 1939 dans une posture victimaire globalisante. Ce n’est pas parce que les deux régimes sont hostiles au communisme que leur nature est la même. Dans le premier cas, la République se défend contre ce qu’elle considère être un agent au service de l’étranger alors que, dans le second, le régime vichyste a étendu la répression à toutes les forces qui lui étaient hostiles. En deuxième lieu, la nature de la répression n’est pas la même, même si la première a facilité la seconde. 

Cette remarque effectuée, l’ouvrage est important pour son analyse des formes de la répression, du nombre de personnes réprimées et de la périodisation sous le régime de Vichy. Chaque chapitre est augmenté d’un tableau chronologique synoptique rappelant les événements intérieurs, extérieurs et ceux du PCF.

La première partie se concentre sur la politique anticommuniste de la Troisième République de 1938 à 1940. Elle porte sur la question de l’action du gouvernement contre les communistes. La grève du 30 novembre 1938 entraîne 1 731 poursuites judiciaires dont 806 condamnations à des peines de prison ferme, 103 étant supérieures à deux mois d’incarcération. Les administrations publiques frappent également leurs agents. Dans les deux cas, les communistes ne sont pas les seuls touchés puisque socialistes de gauche, anarchistes, syndicalistes révolutionnaires sont aussi touchés.

Mais c’est le pacte germano-soviétique qui amène à la dissolution du PCF et à une vague d’arrestations sans précédent. Les décrets de l’été 1939, puis la déclaration de guerre et ses conséquences facilitent la répression au motif juridique de l’intelligence avec l’ennemi. Le PCF répond, comme tous les PC, par des déclarations pacifistes et défaitistes révolutionnaires. L’ensemble des organisations contrôlées par le Parti sont suspendues. Dans les organisations non communistes comme la centrale syndicale, la CGT, ou sportive comme la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), les communistes sont également obligés de se démettre ou de se soumettre. Au total, près de 1 300 groupes locaux sont dissous. De même, les édiles sont déchus dans une proportion des trois quarts – ce qui affine les chiffres retenus par l’historiographie – un quart renonce alors au communisme. Enfin, plus de 3 000 militants sont internés, au moins temporairement.

L’invasion allemande modifie les choses, certains prisonniers s’évadent lors de l’arrivée des troupes, d’autres sont libérés par les Allemands lors de leur arrivée.

La phase qui s’écoule entre le 10 juin et le 14 juillet 1940 ouvre une période de flottement. Les autorités françaises veulent maintenir la répression anticommuniste alors que l’occupant souhaite au contraire associer le plus possible les communistes. Il faut la rupture des relations entre les représentants du PCF et la Kommandantur, le 13 juillet 1940, puis surtout le 5 août 1940 pour que les responsables politiques français reprennent une politique répressive avec, cette fois, l’accord des autorités allemandes. Elle consiste principalement en des internements dans des camps de prisonniers à la suite à d’actions publiques des militants.

L’invasion de l’URSS et le passage du PCF à la lutte armée entraînent la transformation de la répression.

La violence nazie

La deuxième partie porte sur le second semestre de l’année 1941 lorsque les autorités française et allemande se lancent dans une politique répressive qui va crescendo. Elle commence par des réponses graduées et ponctuelles aux différentes actions armées des résistants communistes comme l’exécution des deux militants Henri Gautherot et Samuel Tyszelman en réponse aux attentats du métro Barbès, le 21 août 1941. Elle passe à une nouvelle étape lors des attentats de Nantes et de Bordeaux les 21 et 22 octobre 1941. Le mois d’octobre marque un tournant, les exécutions d’otages deviennent alors massives. En effet, depuis la rupture du pacte germano-soviétique, le PCF s’est lancé difficilement, en raison du manque d’effectifs voire de volontaires – mais aussi et peut être surtout de matériel –, dans l’action armée. Cet aspect le plus spectaculaire est accompagné de la recrudescence d’actes de sabotage et plus encore de manifestations de rue. Ces différentes formes de résistance à l’occupation et à la collaboration donnent aux Allemands et à Vichy la possibilité de transformer l’arsenal répressif. À la demande du MBF – le commandement militaire allemand – les lois d’exception sont renforcées et des organismes ad hoc sont créés : des tribunaux d’exception, le 23 août 1941, et d’un corps police chargé de pourchasser les communistes le 1er septembre qui devient le 6 octobre le service de police anticommuniste.

Enfin, le troisième temps relève de la responsabilité des Allemands avec le code des otages et leurs exécutions massives à l’automne 1941. Son analyse de l’année 1942 montre la soumission des autorités de Vichy au diktat du commandement allemand. Elles livrent sans coup férir l’ensemble des otages réclamés qui ont été arrêtés, dans la majeure partie des cas, par la police française. Cette année marque elle aussi une évolution en trois phases : les exécutions sont importantes entre janvier et mai, puis suspendues jusqu’en juillet, avant de reprendre plus massivement encore jusqu’à la fin de l’année 1942. Les opérations répressives sont aussi rendues possibles par la difficulté qu’a le PCF et surtout ses militants à se fondre dans une parfaite clandestinité à se doter d’un appareil qui puisse mettre complètement les illégaux à l’abri, les exposant dans nombre de cas aux traques très efficaces des brigades spéciales. Les années 1943 et 1944 marquent un nouveau retournement, les exécutions ralentissent. Les déportations des politiques sont par contre massives. La mise en avant de la répression disparaît tant elle est impopulaire. Une nouvelle forme lui succède celle des opérations contre les maquis. L’Affiche rouge lors de l’arrestation et de l’exécution du  groupe Missak Manouchian en février 1944 marque la reprise des exécutions, même si l’opération de communication politique s’est retournée contre l’occupant.

Au total, Louis Poulhès offre une importante mise en perspective des formes de la répression, complétant en cela le renouvellement historiographique en cours.

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2 Commentaires

  • etoilerouge6
    etoilerouge6

    parlez d ela répression suite au pacte de non agression germano soviétique de 1939 alors que le gouvernement qui agresse les communistes en France ne déclare pas la guerre à l’URSS mais à la seule Allemagne est noyé dès le début du texte en faisant accroire par le style même que la répression des communistes est la conséquence du pacte donc de la politique extérieure .Politique extérieure, pas de guerre contre l’URSS, politique intérieure guerre contre communistes! Cela mériterait de se poser quelques questions. Intelligence avec l’ennemi alors que l’URSS n’est pas déclarée ennemi? DE GAULLE plus tard disant que de grandes forces n’ont pas encore donné, cette guerre est une guerre mondiale sous entendu l’URSS entrera ds le bal? La nature d ela 3me République est la même que le gouvernement de VICHY , nature capitaliste c’est la forme du gouvt qui se modifie. Les partis représentés et les forces sociales de VICHY( VICHY PETAIN st propulsés par le vote de la droite et de la majorité des députés socialistes, vote pour la collaboration avec les nazis) st les mêmes que ss la 3eme République avec la participation de la CGT non communiste et de l’armée par son maréchal, de la police et magistrature etc donc de ts les services régaliens d ela 3emeRépublique.Le patronat le plus élevé , les banques st fermement pro nazies. LAVAL est le chef de la droite française avant guerre déjà, nommé ministre des affaires étrangères après l’assassinat de BARTHOU( pro alliance russe ancien ministre de 14/18) et du roi de Yougoslavie à Marseille dès 1934, ce LAVAL est l’homme du très gd patronat, peut on croire qu’en 1934 ds le développement des fascisme italiens allemands portugais espagnols japonais, de la politique pro nazie de l’angleterre ( 1938 guerre d’espagne) il n’est pas déjà en train de scier la branche? C’est ds cet ensemble que se situe la politique du PCF d’alors

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Non Vichy n’était pas sous diktat des autorités allemandes, pas plus que le gouvernement précédent qui a abandonné la République Espagnole, la Tchécoslovaquie, et l’URSS.
    Les camps de concentrations du sud de la France ont enfermé et tué des milliers de Républicains Espagnols. Morts de froid, de faim, de maladies entre les barbelés et les fusils de l’armée et de la gendarmerie française. La seule hygiène possible était les bains de mer en plein hivers. Pas de savon, pas de médicaments, pas assez de nourriture, des poux, des puces, des rats, de la vermine, la gale. La république française séparant femmes et enfants des hommes a peine passée la frontière comme au Boulou.
    Ces conditions inhumaines sont accompagnées d’incitation à retourner en Espagne, où les fusils de Franco les attendent. En toute connaissance de cause des autorités françaises.
    Pourtant bien des français étaient volontaires pour accueillir ces guerriers et ces familles.
    Ces mêmes camps et les mêmes gardiens enfermeront juifs et prisonniers politiques.
    Je me souviens de témoignages dans la salle, lors d’une conférence de Jean Ortiz, de femmes ayant traversé enfant,les tunnels des Pyrénées dans le froid et la nuit sans aucun éclairage, sans aucune aide des autorités françaises, elles se souvenaient encore des cris de ceux qui tombaient dans des puits et des fossés.
    Les Républicains espagnols ont résisté 3 ans, la France sera défaite en 3 semaines.
    La vermine fasciste avait déjà contaminé la France avant l’invasion nazie.
    Franco était décoré de la légion d’honneur bien avant Vichy.
    En 2020, le film Josep, raconte l’histoire d’un réfugié dans les camps. (On y évitera pas la petite pique trotskiste).

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