Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Marseille : Assez de Folklore. Vous devez rendre des comptes…

le président Macron a choisi de faire sa rentrée à Marseille du mercredi 1er au vendredi 3 septembre, il vient aussi y lancer sa campagne présidentielle. Le moins que l’on puisse dire est que les élus locaux lui ont fait la courte échelle toutes tendances confondues ou presque. Il y a plus que de l’indécence dans certaines déclarations de gens qui ont largement contribué à ce que Marseille soit ce qu’elle est dans une complicité droite-gauche dans la gestion de la ville comme dans les mises en examen des élus en particulier des “quartiers nord”.

Qui a écouté hier l’incroyable plaidoyer de Biden sait jusqu’où peuvent aller les dirigeants capitalistes dans la justification de leurs catastrophes et de fait la poursuite de la folie vers laquelle ils mènent l’humanité mais Marseille, le fiasco entretenu depuis tant d’années dont on prétend faire une entreprise promotionnelle dit assez que l’on ne peut pas croire que le capitalisme est capable de se réformer, de réguler les drames qu’il engendre, c’est à tous les niveaux la question du socialisme, de l’intervention populaire et d’un parti révolutionnaire qui est posée… Faire comme s’il suffisait d’un “rassemblement”, une combinaison de plus en faveur des mêmes ne mène nulle part ou au pire; c’est le sens de la campagne qu’il faut donner à Fabien Roussel dont les propos tranchent mais à qui il manque encore la mobilisation de son parti.

Le rassemblement politicien, celui qui donne force à l’abstention comme aux haines de l’extrême-droite, nous en avons une caricature à Marseille. A entendre les “élus” de diverses obédiences, en Emmanuel Macron, ils auraient enfin trouvé, au plus haut sommet du pouvoir, un homme à la mesure de la « particularité » phocéenne. « Marseille lui parle, il a compris son âme », confiait, à la veille du déplacement présidentiel, Samia Ghali. Il est vrai que ladite Samia Ghali est tout un programme, les communistes des bouches du Rhône et de Marseille arrivés au dernier stade du compromis et de l’effacement pour des promotions individuelles lui ont offert sur un plateau la mairie des dits quartiers nord, celle qui porte encore le nom de François Billoux. Billoux, le communiste qui mena le combat pour une Marseille propre nettoyant le port et les cités populaires de ses voyous et vivant modestement d’un salaire d’ouvrier qualifié. Autres temps, autres mœurs, Samia Ghali vit au Roucas Blanc dans les quartiers chics du sud, elle a obtenu une levée du plan d’urbanisme pour en faire un palais. Elle fait son entrée dans la vie politique comme poulain des Guerini actuellement incarcérés et mis en examen. Son chauffeur, inculpé, a été considéré comme une sorte de guetteur prévenant lors de la venue de Manuel Valls les dealers de la Castellane. Manuel Valls, Guerini, Segolène Royal et Samia Ghali appartiennent tous à un courant du PS né dans la fréquentation de la même loge et tous ces gens qui ne craignent pas de proclamer eux aussi des solutions militarisées, répressives face à Marseille en fait ont des complaisances en matière électoralistes dans lesquels les caïds des cités sont ménagés. Faut-il énumérer le nombre d’élus socialistes qui dans les quartiers nord ont été mis en examen pour avoir pratiqué un clientélisme dans lequel ils se servaient au passage?

Alors le Folklore, les titres décernés par la presse à l’ex-socialiste, qui a réussi a être parmi les premières adjointes de l’actuelle municipalité en faisant monter les enchères et en obtenant la gestion du juteux “euroméditerranée” où la construction d’un quartier d’affaire jouxtant le port et ses quais réservés aux croisières, oser faire de cette élue caricaturale la “passonaria des quartiers nord”, trop c’est trop. L’entendre susurrer à propos de Macron : « Peut-être est-ce parce que nous, les Marseillais, sommes profondément anticonformistes, et qu’au fond lui aussi. » donne la nausée. Mais le pire est sans doute à droite avec Martine Vassal, la présidente LR du département qui renchérit : « A l’évidence, le franc-parler des gens du Sud le séduit. » C’est une honte que tous ces gens qui ont largement contribué à la situation de Marseille, ont tablé sur les caïds des quartiers et sur un syndicalisme municipal corrompu, que ces gens-là donnent aux médias ce qu’ils attendent : à la fois l’image folklorisée de Marseille et la possibilité de faire passer ce qui devrait être le minimum pour la deuxième ville de France en matière d’école, de logements, de transports, ce que les complicités traditionnelles entre la droite et la gauche, le PS pour ne pas le nommer ont volé à sa population en assurant la promotion du président des riches.

Personne n’a servi Marseille mais en revanche tout le mode s’est servi… Prenez Mélenchon, qu’est qu’il a fait pour le quartier dans lequel il a été élu et qui est le plus pauvre d’Europe ? Je le dis sans acrimonie mais pour les Marseillais, Mélenchon utilise Marseille mais s’en désintéresse comme les autres. Il n’est vraiment pas le seul, Marseille est leur “gagneuse”… Il suffit de voir les parcours, on est issu des milieux populaires et on termine avec de confortables fortunes. Pendant ce temps, les logements s’effondrent sur leurs habitants et certains d’entre eux sont possédés par ces mêmes élus, marchands de sommeil. La nouvelle municipalité a été élue à cause de ce scandale, mais c’est la métropole, Martine Vassal et le système qu’elle entretient qui gère l’office HLM, ceux qui y ont été récemment nommés à la tête (il y a une semaine) sont des fidèles dont les compétences en matière de logements restent à démontrer.

Les écoles comme les cages d’escalier, les rues sont vétustes et envahies par les rats… On n’arrive pas à une telle situation sans que chacun y ait trouvé quelque intérêt et l’État qui nous la joue Macron – Zorro est arrivé au premier chef.

Ce que Macron devrait venir faire c’est amende honorable lui et ceux qui se la jouent pagnolades à bon compte dans son sillage.

J’ai beaucoup apprécié en revanche l’angle sous lequel Fabien Roussel a pris le problème lors de récents interviews à LCI et à France bleue… L’angle de la santé publique, oui la drogue, l’épidémie qui se répand et l’état incroyable des logements et des écoles c’est un problème de santé publique et la nécessité de reconstruire partout un service public digne de ce nom. Bien sûr il faut plus de police, mais une police de proximité et avec tout un ensemble de services publics qui sont en faillite. La police à elle seule ne peut pas reconquérir ces lieux où on laisse le commerce de la drogue devenir quasi officiel, le ton était juste sans complaisance pour les voyous qui pourrissent la vie des couches populaires, mais en prenant aussi le mal à la racine, encore je me demande s’il mesure les complicités? Il a eu raison de dire que cette lutte contre les dealers qui ne doit pas être abandonnée ne mènera nulle part tant que la drogue est ce qu’elle est, quand un gouvernement “allié” comme le Maroc envoie un sous-marin livrer la drogue par l’Espagne avec des fortunes qui dans les paradis fiscaux voisinent avec ceux de l’évasion fiscale. Les salaires offerts aux petits trafiquants sont sans commune mesure avec ce qu’ils toucheraient par ailleurs dans des boulots usants et mal rétribués, demander à la police de résoudre cela au niveau des quartiers est mission impossible et entretient une rébellion de voyous étrangère à tout esprit révolutionnaire.

Ces gens qui attendent Macron comme si c’était le messie le savent, ils savent qu’ils dupent l’électorat et d’ailleurs ils n’attendent rien des quartiers populaires, d’une jeunesse qui n’a plus de perspective, qu’elle soit diplômée ou illettrée… Fabien Roussel a raison d’insister sur la santé publique et sur la souffrance des familles prises dans ces destins sans issue pour leurs enfants. Ils espèrent tous que l’abstention ira dans leur sens et pour cela les manœuvres politiciennes préparent le terrain et les médias sont appelés à illustrer, illustrer simplement jusqu’au ridicule…

Macron ne viendra pas fouiller la question de la santé publique à Marseille, il viendra surfer sur la manière dont certains n’ont pas craint de déconsidérer ce nécessaire combat pour la santé publique. La colère que m’a inspiré Raoult et ses grotesques disciples c’était justement parce que cet angle d’attaque offrait à Macron la possibilité d’apparaître comme un chef d’Etat défendant la santé publique contre l’obscurantisme des anti-masques, des anti-vaccins. Raoult est l’homme du “système” marseillais, celui ou des professeurs de médecine situés à droite ont imposé un pôle d’excellence pour mieux priver le reste du CHU et de l’hôpital public de moyens. Cela va avec la prolifération des cliniques privées. Avec ce mégalomane épris de notoriété il n’y a jamais eu la moindre lutte pour l’hôpital public, pour que des moyens supplémentaires soient accordés, nous sommes restés dans les jeux d’influence et les rivalités de personne. On l’a laissé lui et ses disciples aller jusqu’au bout d’un folklore invraisemblable et on a réussi à masquer la conditions des personnels soignants, de la recherche, de l’hôpital derrière les pancartes de l’extrême-droite et de l’obscurantisme. (1)

Macron et le passe ont gagné et ils peut venir à Marseille pavoiser comme s’il était le sauveur sous le chœur enthousiaste de ses complices.

La voix de Fabien Roussel, ses propos de bon sens ne peuvent pas être entendus si le parti communiste à Marseille accepte de cautionner cette opération et ne s’en distingue pas… Encore faudrait-il que le parti communiste à Marseille soit capable d’être présent pour revendiquer une autre politique, pour faire la démonstration de la nature du mal qui ne tient pas seulement aux étiquettes politiciennes mais à un changement global de cap, mener une lutte contre le capital en gardant le cap sur les intérêts réels des couches populaires, des travailleurs des services publics, de la jeunesse et ce n’est pas avec ces gens-là qu’on y arrivera. La question est à quand un parti communiste qui a Marseille portera la politique qu’exprime Fabien Roussel ?

François Billoux n’a pu nettoyer Marseille que parce que parti et syndicat se sont engagés à ses côtés… L’enjeu est là et pas seulement dans l’élection de Fabien Roussel à la présidence de la République, dans la capacité de construire un parti qui redonne un sens aux élections, aux luttes, à l’engagement politique.

Danielle Bleitrach

(1) Ceux qui se la jouent démagogie anti-système ont réussi l’exploit de faire du vaccin le privilège des beaux quartiers (30% devaccinés dans les cités des quartiers nord) et de transformer cet individu fruit d’un choix élitiste en produit de consommation pour l’extême-droite autant que pour les chômeurs et les désespérés du service public . Un vraitriomphe décrit par cet article : “Ici tu le fais, on se fout de ta gueule”: pourquoi les habitants des quartiers nord de Marseille sont moins vaccinés que les autres (msn.com)

et encore l’article ne dit pas ce que vous risquez dans le métro quand vous tombez sur une bande de ce type décidéeà faire régner son”ordre” et son prophète sur les lignes dans laquelle personne n’ose intervenir.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    En regardant franceinfo, j’ai été surpris de l’état de délabrement des écoles marseillaises, lavabo ou il manque le siphon, gymnase avec des débris au sol. Je ne sais pas si ces images sont là uniquement pour servir Macron ou si elle correspondent à une réalité commune à Marseille, c’est tellement surprenant.
    Si c’est le cas, la corruption doit être bien profondément répandue au point de ne pas pouvoir changer un bout de plastique à 5 euros, de passer un coup de balais ou de visser un boîtier électrique, en est on au point ou les chefs des services techniques et certains employés sont aussi pourris que les élus ?
    Il y a certes des manques de moyens, une mauvaise gestion évidente, mais surtout il faut un grand coup de balais de haut en bas.
    Cela montre les limites de la démocratie formelle qui permet à des crapules de tromper les citoyens, de les corrompre, au point de ne plus assurer une vie digne et jusqu’à la sécurité des enfants et des anciens, et surtout de diffuser le poison de la magouille et du crime.
    Au sommet de l’état l’usage électoral de cette situation est aussi pourrie, la drogue et les dealers servent chaque campagne électorale pour favoriser la réaction; nos gouvernant devraient demander aux cubain comment ils ont éradiqué la criminalité dans leur île, ancienne plaque tournante de la mafia corse et italienne.
    Ce qui me surprend c’est la banalisation de l’usage des drogues et l’acceptation de la consommation de cannabis par une part non négligeable de la société.
    Dans les médias seuls les traficants sont montrés du doigt mais jamais les consommateurs ou ceux qui font l’apologie de la drogue dans les média et à la télé, pourtant ces deux derniers entretiennent ce marché et sapent les efforts de prévention. Efforts de prévention qui insistent souvent sur la santé et rarement sur le désordre social que la drogue provoque aboutissant régulièrement à des morts par balle, mais aussi sur la route ou par suicide ou maladie.

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