La réaction des talibans est plus importante que l’opinion des critiques de canapé. Cet article reflète assez bien la manière dont les Russes se moquent de la manière dont les USA et les occidentaux après avoir essuyé une débâcle coûteuse espèrent bien utiliser les Talibans pour créer aux frontières de la Russie, de la Chine et de l’Asie centrale une zone de déstabilisation dont ils ont le secret, en dénonçant l’immoralité de leur créature. Que faire dans ce cas-là? Sinon agir avec la prudence d’un “démineur” . Notez l’ironie avec laquelle l’auteur décrit toute la palette des réactions russes, depuis l’enthousiasme du dirigeant Tchétchène jusqu’aux hauts le cœur de Lavrov en passant par le réalisme de l’ambassade russe à Kaboul. Ne jamais faire ce que veut l’adversaire et l’adversaire est clairement les USA qui espèrent bien des explosions en chaîne pendant que l’opinion publique occidentale est chauffée à blanc par la crise humanitaire sans le moins du monde s’interroger sur son origine réelle… (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
Gevorg Mirzayan
Professeur associé de sciences politiques à l’Université financière auprès du gouvernement de la Fédération de Russie
23 août 2021
https://vz.ru/opinions/2021/8/23/1114771.html
La diplomatie russe s’est une nouvelle fois retrouvée dans le collimateur des critiques de canapés omniscients. A leurs plaintes constantes concernant une trop grande mollesse en Ukraine et en Amérique s’est rajoutée la critique de leur profil bas en Afghanistan. Tout d’abord en termes de rhétorique.
Le fait est que, légalement, les Talibans sont un groupe terroriste. Sur le plan éthique, cependant, il ne s’agit pas seulement de terroristes, mais d’une organisation anti-civilisationnelle. Elle nie le progrès et repousse la société au Moyen Âge, où les droits des femmes, la liberté d’expression et la laïcité n’existent pas. Et idéalement, aucun État ne devrait contribuer de quelque manière que ce soit à cette force.
Pourtant, la Russie, et pas seulement la Russie, noue des contacts avec les talibans. Si encore il ne s’agissait que d’un vague conseiller du président tchétchène Ramzan Kadyrov (pour qui les talibans sont “magnifiques”), mais non, il y a des commentaires positifs sur les talibans au ministère russe des affaires étrangères. “Les talibans m’ont longtemps semblé beaucoup plus acceptables que le gouvernement fantoche de Kaboul”, a déclaré Zamir Kabulov, envoyé spécial du président russe pour l’Afghanistan et directeur du Deuxième département pour l’Asie du ministère des affaires étrangères. “Ils nous ont fait une très bonne impression, des hommes corrects”, c’est ainsi que l’ambassadeur russe en Afghanistan, Dmitry Zhirnov, a qualifié le groupe de gardes talibans qui gardaient l’ambassade russe contre d’autres talibans. Enfin, même le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a noté : “Nous observons des processus positifs dans les rues de Kaboul, où la situation est assez calme et où les talibans sont généralement efficaces pour faire respecter la loi et l’ordre”.
“Nous avons salué la déclaration des talibans selon laquelle ils souhaitent engager un dialogue avec les autres forces politiques en Afghanistan”, a déclaré M. Lavrov. Toutefois, le ministre russe, qui est une personne compétente, comprend que ces paroles des dirigeants talibans pourraient n’être qu’un stratagème diplomatique. Le mouvement (qui a pris le contrôle de Kaboul et s’est emparé du pays) pourrait ne pas envisager de pourparlers sérieux. Il est loin d’être certain qu’il sera même possible de négocier avec les talibans le droit à la vie de leurs opposants politiques – ceux que les États-Unis ont abandonnés en Afghanistan.
Sur la base de ce que l’on sait des talibans, les critiquer peut être raisonnable et même éthique – mais cela va à l’encontre de la réalité objective dans laquelle vit et travaille la diplomatie. Et cette réalité est très simple. Aujourd’hui, les Talibans contrôlent l’Afghanistan. Personne ne peut contester ce contrôle. Le mouvement n’a plus d’opposants internes sérieux – le président Ashraf Ghani a fui le pays (selon la rumeur, il a emporté des centaines de millions de dollars du budget de l’État pour ses vieux jours confortables), et les chefs tribaux, suivant la vieille tradition tribale, ont simplement décidé de passer un accord avec le vainqueur.
Photo : EPA/TASS
De petites forces (comme le fils d’Ahmad Shah Masoud, qui rassemble des gens à Panjsher) se déclarent prêtes à résister si l’Occident les aide, mais l’Occident ne va pas les aider. La presse américaine et européenne ne tarit pas de critiques à l’égard de leurs propres gouvernements pour le désastre afghan et les centaines de milliards de dollars gaspillés. En conséquence, ni Joe Biden, ni Boris Johnson, et encore moins la sortante Angela Merkel, ne vont remettre les pieds dans le bourbier afghan. Tous cherchent simplement à effacer l’Afghanistan de l’image du monde, à oublier son existence et leur propre honte.
Quant aux pays non occidentaux ayant des intérêts en Afghanistan, comme l’Iran et la Chine, ils tentent de négocier une résolution pacifique des différends avec les talibans. La Chine est particulièrement active dans ce domaine. Les talibans se réjouissent déjà des investissements chinois, promettant de répondre aux préoccupations de Pékin et de ne pas exporter leur radicalisme dans le Xinjiang chinois.
Et que doit faire Moscou dans cette situation ? Comment doit-elle aborder les problèmes et les menaces qui émanent de l’Afghanistan (exportation de l’islamisme vers l’Asie centrale et la Russie, ainsi que le trafic de drogue) ?
Entrer en conflit avec les talibans et faire venir des troupes ? Merci, on a déjà donné. Cela signifierait que la Russie n’aurait pas tiré les leçons de l’Union soviétique et des États-Unis – et cet aveuglement lui coûterait cher.
Et s’il s’agissait non pas pour envoyer des troupes, mais d’aider activement toutes les forces anti-talibans en Afghanistan ? Théoriquement, cette voie est possible, mais il y a deux “mais”. Premièrement, ces forces sont fragmentées et fracturées –ce n’est pas l’Alliance du Nord. Deuxièmement, ils sont pour la plupart pro-américains. S’appuyer sur les satellites américains est une tactique extrêmement imprudente.
Ignorer l’Afghanistan et se retrancher simplement le long de ses frontières ? Là encore, c’est théoriquement possible, mais les ambitions des États d’Asie centrale s’y opposent.
Il ne reste donc qu’une seule option : s’adapter à la réalité objective et trouver un modus vivendi avec les talibans. Les conditions sont très simples : la Russie ne s’immisce pas dans les affaires des Talibans, et ces derniers tiennent compte des intérêts russes lorsqu’ils le peuvent (sur la question de la drogue, c’est peu probable, mais sur l’exportation du jihadisme, ils peuvent se mettre d’accord). Et Moscou démontre déjà ouvertement sa non-ingérence – par exemple, contrairement à l’Occident, elle ne fait pas la leçon aux talibans. “Nous connaissons bien l’Afghanistan, nous sommes convaincus de ce que j’ai dit : comment ce pays est organisé et combien il est contre-productif d’essayer de lui imposer une autre forme de gouvernement”, a déclaré M. Lavrov.
Nous verrons à quel point les talibans apprécient maintenant la retenue russe. Après tout, leurs réactions sont bien plus importantes que les opinions des critiques de canapé.
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Daniel Arias
L’intervention soviétique s’est faite dans un tout autre contexte: celui d’une alliance avec la République Démocratique d’Afghanistan. Les forces impérialistes s’y opposant ont armé les rebelles, acheté des mercenaires et du matériel y compris chinois profitant des désaccords entre Chine et URSS; le tout dans une période ou la contre révolution était à l’œuvre en URSS; rien ne dit que le socialisme n’aurait pu vaincre en Afghanistan.
Les Talibans comme d’autres opportunistes choisiront le camp qui sert le mieux leurs intérêts aujourd’hui les USA et la Chine sont ceux qui peuvent faire monter les enchères.
Que reste-t-il aujourd’hui du mouvement communiste et des forces progressistes en Afghanistan ? Que pense-t-on dans les campagnes afghanes, à la périphérie de Kaboul, silence ont en sais finalement rien ?
Rappelons que l’URSS a soutenu les mouvements socialistes dans le monde entier — y compris l’intervention contre Amin (storm 333 section aplha) — ; quelle est la base sociale des Talibans, des chefs de tribus ? Les communistes ont sillonné l’empire russe, les campagnes espagnoles, italienne, chinoise, cubaine pour convaincre avec succès les plus courageux des travailleurs de rejoindre le combat pour le socialisme.
On nous présente ces réactionnaires comme invincibles et le peuple afghan comme s’il était résigné à vivre éternellement en esclave et refusant la modernité.
Ceux qui se sont levés dans d’autres pays vivaient des conditions d’oppression également dures, la traque de la police et de l’armée des milices et des traîtres collaborateurs, la misère et le manque de moyens.
Le socialisme n’aurait plus d’avenir en Afghanistan ? Il est vrai qu’en Russie même cette option n’est pas envisagée par ceux qui sont au pouvoir et un nouveau cycle de révolutions socialistes serait un grand danger pour les bourgeois de toutes les nations y compris ceux qui nichent dans les pays socialistes actuellement.
Les socialistes d’avant la chute de l’URSS avaient beaucoup moins de complexes avec “l’ingérence” mais comprenaient aussi que si les luttes étaient nationales contre leurs oppresseurs il fallait la mener aussi à l’international.
Les brigades internationales en furent un bon exemple, comme le soutien à la RPDC, au Vietnam ou à l’Angola où un petit pays comme Cuba a soutenu la révolution malgré la trahison de l’URSS décadente.
Changement d’époque, quel gouffre entre ces premiers révolutionnaires dont l’engagement était total et ce que nous vivons aujourd’hui, la différence se trouve probablement dans la solidité de la formation des révolutionnaires communistes. Les révolutions qui ont réussi se sont toujorus appuyé sur des théories solides et diffusées auprès des révolutionnaires, des lumières au marxisme-léninisme.
“socialismo o muerte venceremos !” ce slogan était pris au pied de la lettre par les générations précédentes.
Danielle Bleitrach
oui être communiste avait une toute autre signification… c’estpeut-être ça le plus déroutant et le plus difficile à expliquer : il n’y a aucune hostilité envers ceux qui disent l’être mais un sentiment d’étrangeté… que sont mescompagnons devenus, ces révolutionnaires cotoyés sur toute la planète… je suis entre étrangeté, fou -rire et parfois indignation quand l’usurpation débouche sur le fascisme ou sur le soutien évident à l’impérialisme…Le paradoxe est que je ne retrouve pascesentiment dans la vie, je suis toujours aussi curieuse et parfois ravie des modes “d’engagement” et d’échange au quotidien, la cocasserie, la théâtralité du mode de survie de chacun…Je e suis donc pas sure que ce sentiment d’étrangeté soit simplement une question de vieillesse.
mais pour revenir à ce qu’on peut attendre de l’Afghanistan… pour le moment je n’ai vraiment pas confiance dans la “nouvelle alliance dunord” avecmassoud fils qui comme d’habitude tient bien la zone tadjik et le général Raşid Dostum qui a ressurgi allié ou non d’Erdogan… Ils ne manquent pas de ressources Massoud outre les ressourceshabiuelles du coin a une mine d’émeraude etune autre de lithium tout ça dans la plus grande illégalité mais avec le soutien de dieu sait qui ce qui fait que tout le monde s’en mefie;..Autrechose est l’état dramatique du pays, que nos chers collabos sur lesquels nous pleurons comme s’il s’agissait des fleurons de la démocratie ont détruit de fond en comble… Il y a bien sur les divisions tribales mais il ya aussi la colère du peuple afghan… avant de penser à faire un apartheid face aux Talibans on pourrait peut-être songer à ça en priorité… A l’état dans lequel l’occupation des Etats-unis et de leurs alliés ont laissé ce peuple, c’est comme ça que raisonnent les communistes…
Mais ceux qui nous enferment depuis des mois dans les conneries des antivax ou des passe alors que chez nous le 15 du mois il y a des gens qui ne saventplus quoibouffer … ceux qui se préoccupent des états d’âme des bobosmais oublient les difficultés de la rentrée ne peuvent ^pas avoir une attitude juste à l’égard de l’Afghanistan.
danielle Bleitrach