“Le communisme ne se laissera pas interdire” – Le leader du DKP affronte la menace des autorités concernant le statut du parti. On souhaiterait voir le parti communiste français dénoncer ce qui se passe en Allemagne, non seulement par internationalisme le plus basique, mais parce que partout en Europe monte la même menace. Nous l’avons souligné à plusieurs reprises l’incroyable identification du nazisme au communisme aboutit partout à ce que soit de fait favorisée l’extrême-droite héritière du nazisme mais qu’en revanche soit réprimés, interdits les communistes et toutes les forces syndicales et associatives qui défendent les intérêts des travailleurs et la perspective socialiste en luttant pour la paix. Pourquoi le secteur international du PCF, pourquoi l’Humanité qui ne craint pas de relayer la propagande mensongère de la CIA contre la Chine demeurent-ils aussi silencieux quand il s’agit de dénoncer la répression dont sont victimes les communistes en Europe même? (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)
10 juillet 2021
https://de.rt.com/inland/120505-kommunismus-lasst-sich-nicht-verbieten/
Le leader du DKP, Patrik Köbele, accuse le commissaire fédéral aux élections d’avoir évincé le DKP pour des motifs peu convaincants. Le DKP avait déjà indiqué son intention de se présenter aux élections d’avril 2020. Le fonctionnaire électoral a quant à lui assuré que les critères formels avaient été respectés.
Dans une interview accordée à RT DE, le leader du parti communiste allemand Patrik Köbele a mis en garde contre le fait de penser que le retrait du statut de parti au DKP demandé par le commissaire fédéral aux élections, qu’il taxe d’ “interdiction pure et simple du parti”, et la non-admission aux élections du Bundestag étaient dirigés uniquement contre son parti. Il constate une tendance à l’action de l’État contre les organisations démocratiques :
“Cela rejoint les attaques contre la presse, contre d’autres associations progressistes dont le statut d’organisme à but non lucratif a été retiré. À cet égard, je crois qu’il est nécessaire que le grand public démocratique dise : ce n’est pas la voie à suivre.”
La décision de ne pas admettre son parti aux élections du Bundestag ne concerne pas seulement les élections. Si le statut de parti du DKP est révoqué, le DKP ne sera plus couvert par la protection prévue pour les partis par la Loi fondamentale.
En outre, les membres et sympathisants du DKP ne pourront plus déduire leurs cotisations et leurs dons de leurs impôts. Cela représenterait une “charge considérable” pour les finances du DKP. Köbele a été scandalisé par cette décision :
“En fait, c’est un moyen pour nous détruire.”
Le chef du parti a admis que le DKP avait soumis ses derniers états financiers en retard. Cela s’explique par le fait que la préparation des rapports est un processus très compliqué. Il fallait rendre compte non seulement des finances de l’exécutif du parti, mais aussi des finances de toutes les subdivisions telles que les associations de district et de comté.
“C’est un problème pour un petit parti avec peu de permanents. Mais c’est aussi un problème dans un autre sens : le peu de permanents dont nous disposons est obligé de se consacrer principalement à la comptabilité. Ce n’est pas la vision que nous, en tant que parti communiste, avons de notre mission.”
M. Köbele a vivement critiqué le commissaire électoral fédéral, affirmant qu’il jouait un “jeu déloyal” avec le DKP. Selon les documents du DKP, le parti avait déjà annoncé sa participation aux élections fédérales en avril de l’année dernière. Le même mois, le commissaire fédéral aux élections avait envoyé une lettre au DKP l’avertissant que le parti perdrait son statut s’il ne présentait pas un “état des comptes pour six ans”. Il s’agit, selon lui, d’une interprétation très différente de la décision actuelle.
En mai, le DKP avait même reçu la confirmation que “les conditions formelles (pour la participation à l’élection) ont été remplies”. Köbele accuse le commissaire fédéral aux élections d’avoir laissé le parti croire jusqu’à hier que “tout allait bien”. Il a déclaré que le DKP avait recueilli des milliers de signatures – comme l’exige la loi – pour être admis aux élections.
Le leader du DKP a noté que pour la troisième fois dans l’histoire de l’Allemagne, il y avait une tentative d’éliminer le parti communiste. Aujourd’hui, a-t-il dit, cela ne se fait plus par des “moyens brutaux” mais “évidemment par des moyens bureaucratiques”. Il attribue cela au fait que le DKP, malgré sa faiblesse, “porte ombrage aux gouvernants” parce que le parti “défend constamment une politique de paix, la paix avec la Russie et la République populaire de Chine”, et que le parti dénonce et combat “l’exploitation de la pandémie de Coronavirus pour le démantèlement social et démocratique”. En outre, le DKP assure “la perpétuation de la vision du monde organisée du marxisme” en Allemagne.
M. Köbele s’est montré optimiste quant aux chances de succès du recours devant la Cour constitutionnelle fédérale. Il a déclaré que la décision serait probablement qualifiée d’”indéfendable”. Il a ajouté :
“Le communisme ne saurait être interdit.”
Il a promis que les membres du DKP continueraient à se battre même si le parti était effectivement déchu de son statut, car ils ne voudraient pas capituler devant “le capitalisme et les guerres impérialistes”.
“C’est aussi ce qu’a montré le mouvement communiste en Allemagne en un peu plus de 100 ans : nous ne laisserons personne nous abattre, pas même un agent électoral fédéral.”
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