Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ziouganov : soit un changement de cap, soit un “Maïdan” russe.

Le 1er juin, le président du Comité central du KPRF, chef de la faction du KPRF à la Douma d’État, Guennadi Ziouganov, a pris la parole lors de la session plénière de la Douma d’État. Nous publions le texte de son discours. Marianne qui a traduit cette prise de parole est en train de nous traduire la lettre ouverte au Président Poutine dont il est question ici. C’est un texte important et long mais dont nous avons ici un aperçu qui reflète l’inquiétude des communistes russes face à l’offensive menée par les USA et les occidentaux qui veulent poursuivre le démantèlement entamé à la chute de l’URSS. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

Service de presse de la fraction de la Douma du KPRF.

1 juin 2021

https://kprf.ru/party-live/cknews/203034.html

Chers collègues !

Aujourd’hui, ma lettre ouverte au président a été publiée dans les journaux la Pravda et Sovetskaya Rossiya et sur les ressources Internet de notre parti, qui totalisent 100 sites. Tout d’abord, c’est lié au fait que c’est le 30e anniversaire de la destruction par traîtrise de notre grande patrie soviétique commune et aussi au fait que, littéralement, dans deux semaines, Poutine rencontrera Biden. Et cette réunion commencera dans le même hôtel où Gorbatchev a cédé notre pays à Reagan. Puis vint Reykjavik et, à Malte, Gorbatchev signa en fait une reddition totale à Bush.

Puis ils ont fait venir des “experts” qui ont formé notre “cinquième colonne”. Ils ont rédigé quatre lois, et ces lois ont constitué la base de la destruction d’un pays uni, au mépris des résultats du référendum général, dans lequel une majorité absolue de citoyens a voté pour la préservation de l’Union des républiques socialistes soviétiques.

Permettez-moi de vous rappeler ces quatre lois qui ont été adoptées par l’organe représentatif suprême du pays. 

La première était une déclaration sur la souveraineté de la Russie, qui stipulait que les lois de la Fédération de Russie, à partir de ce jour, étaient plus importantes que les lois de l’Union. Avec cet instrument de démolition, ils n’ont pas seulement ruiné les frontières, mais, en fait, ils ont corrompu les âmes et créé une mer de réfugiés, ainsi qu’une anarchie totale dans le pays.

Quant aux deuxième et troisième lois, j’ai eu des frissons en les lisant. Elles ont été introduits par ceux qui ont ensuite organisé la privatisation et s’appelaient “Sur la liberté du commerce” et “Sur la liberté des prix”.

La hausse frénétique des prix a paralysé l’ensemble du marché intérieur. Ensuite, tout le commerce et le marché intérieur ont été confiés aux étrangers. En conséquence, 80 000 entreprises ont péri et, par décret d’Eltsine, 50 000 fermes collectives ont été liquidées. C’est pourquoi aujourd’hui le pays brûle de Voronej à l’Extrême-Orient.

Une autre loi relative à la privatisation a également été adoptée. J’ai publié une liste complète de ceux qui sont venus en Russie depuis l’autre côté de l’océan pour superviser cette politique destructrice. Ils se sont assis dans les bureaux de Tchoubais et ont fixé le prix de nos entreprises de leur propre main. Or Mikhalkov, dans son “Besogon” [‘exorciste’, son émission télévisée, NdT], montre brillamment que des unités de production de 10 000 travailleurs ont été vendues pour trois voitures de marque étrangère, mais qu’il n’y a eu aucune réaction des autorités. À l’époque, notre faction a fait appel à la Chambre des comptes, et celle-ci a mené une enquête sur ce vol criminel de privatisation. Le document correspondant se trouve à la Douma d’État. Mais le parti au pouvoir ne l’a toujours pas examiné.

Je veux attirer l’attention particulière du président, du Conseil de sécurité et du gouvernement sur ma lettre ouverte et insister pour qu’elle soit discutée collectivement, car nous sommes maintenant dans une crise systémique et dans une guerre hybride. Et vous et moi avons le devoir de faire tout ce que nous pouvons pour empêcher une nouvelle fois la destruction de notre pays uni.

Dans son discours à l’Assemblée fédérale, le Président a fixé l’objectif de redevenir à tout prix l’une des cinq meilleures économies mondiales, de vaincre le déclin et le retard, et de tout faire pour que le pays ne devienne pas pauvre, mais qu’il fasse une percée dans les nouvelles technologies. Nous soutenons pleinement ce message et nous avons préparé 12 lois pour soutenir ce programme. Melnikov et Kashin, Kolomeitsev et Kharitonov, Savitskaya et Smolin les ont présentés. Ce sont des lois absolument bien pensées et bien raisonnées.

Tout d’abord, nous avons introduit une loi relative au budget de développement de 33 000 milliards de roubles. Pourquoi insistons-nous sur ce point ? Pour faire partie des cinq premières économies mondiales, nous devons avoir un taux de croissance d’au moins 3 à 4 %. Mais notre taux de croissance moyen au cours des dix dernières années se situe au niveau de 0,9 %. Pendant cette période, nous n’avons même pas connu une croissance de 10 % ! Alors que l’Europe a connu une croissance de 32 %, les Américains de 16 % et les Chinois de 101 %. Mais nos chiffres pour le premier trimestre de cette année étaient de moins un pour cent. Parce qu’avec le budget actuel, nous n’avons pas les ressources nécessaires pour faire un bond en avant. Mais nous pensons que la tâche n’est pas insurmontable.

Une fois de plus, j’en appelle à la direction du parti au pouvoir. Aujourd’hui, nous disposons d’énormes réserves dans lesquelles nous pouvons puiser – 13,8 trillions de roubles gelés dans le Fonds national de sécurité. Nous pourrions obtenir 5 000 milliards du Fonds pour soutenir les petites et moyennes entreprises, doubler les pensions, porter le salaire minimum à 25 000 roubles et doubler l’ensemble du secteur social – soins de santé, éducation, culture et science. Il n’y a aucun problème ici. Tout ce dont nous avons besoin, c’est d’une volonté politique.

J’ai été très surpris quand ils ont commencé à se vanter que nous avions fait du bon travail en aidant les citoyens pendant la pandémie. Nous avons aidé, comme l’a dit Mishustin, de 5 trillions de roubles. Mais cela représente 4,5 % du PIB. Les Américains ont aidé à hauteur de 12 % et les Allemands à hauteur de 37 %. Les Italiens et les Japonais ont contribué à hauteur de 20%, mais leur économie est plus puissante et plus avancée. Et nous continuons à avancer à un rythme qui nous fera inévitablement passer du 11e au 15e rang mondial. Mais alors Poutine n’aura rien à justifier dans 2 ou 3 ans. Et il y aura un défaut politique à cent pour cent avec les conséquences les plus graves.

C’est pourquoi je lui demande personnellement d’examiner nos propositions.

Mais je tiens à vous rappeler une fois de plus que nous avons travaillé ensemble depuis cinq ans. Pourquoi faisons-nous traîner l’adoption de la loi sur les enfants de la guerre ? Votons avant la fin de la convocation actuelle ! Nous avons présenté cette loi huit fois, et maintenant nous l’avons refaite. Les dix millions de personnes qui perçoivent une pension de 9 000 roubles à la campagne et de 12 000 à 14 000 roubles en ville vont enfin pouvoir respirer. Pensez-y : ce n’est pas seulement de la pauvreté, c’est une corde autour de leur cou ! Alors votons ! Maintenant, Kolomeitsev et Kashin vont présenter à nouveau le document.

La loi de nationalisation, nous l’avons introduite cinq fois. Et qu’est-ce qui vous empêche de l’adopter ? Tous les pays les plus développés du monde ont de telles lois, ainsi que des lois sur une échelle d’imposition progressive. Nous aurions pu facilement préparer un cadre législatif pour que le président tienne compte de nos réalisations et de nos décisions lorsqu’il donne ses instructions au gouvernement et prépare le budget pour les trois prochaines années.

En ce qui concerne la réglementation étatique des produits pétroliers, nous avons également introduit une excellente loi. Nous avons fait le bilan de l’expérience de la Norvège et de l’Azerbaïdjan. Et je ne comprends pas pourquoi vous ne voulez pas voter pour quelque chose qui est absolument évident.

Pour nous, la réglementation des prix des produits de première nécessité est une question primordiale. Regardez, en quatre mois, le prix de nos médicaments a augmenté de 10 à 20 %, ce qui est absolument inacceptable ! 

En Allemagne, l’État réglemente les prix à hauteur de 40 % et les gouvernements des Länder à hauteur de 20 %. Et nous, nous sommes totalement incapables de réguler les prix de l’essence, du carburant diesel et de l’électricité.

Hier, lors d’une réunion avec les secrétaires d’État, M. Kashin a dû se lever à la fin et dire : “Eh bien, allez-vous vous moquer encore longtemps des campagnes ! Il était indigné par la disparité des prix. En effet, c’est complètement révoltant !

Une loi afférente est prête, vous l’avez tous votée, mais trois personnalités du gouvernement – du précédent – sont venues se moquer de tout ce qui est lié au développement durable des campagnes et de l’industrie du bois.

Nous avons apporté de grands amendements aux lois sur les forêts, les terres et les eaux. Si vous les aviez adoptés, notre pays ne brûlerait pas comme il le fait maintenant – depuis avril. Il n’aurait plus jamais brûlé ! En effet, chaque ferme collective avait une brigade de pompiers ; nous avions des forestiers qui travaillaient sur chaque parcelle. Et maintenant, nous avons moins de forestiers qu’en Biélorussie, où le territoire et la population sont beaucoup plus modestes. Toute la Sibérie est en feu, et demain on nous présentera la note au niveau international pour la raison que les poumons de la planète sont en train de se consumer. Adoptons donc la loi en conséquence ; le problème est tout à fait soluble.

Les frais de logement et de services publics ne doivent pas dépasser 10 % du revenu familial total. Une telle règle existe déjà dans de nombreux pays. Pourquoi ne pas l’introduire ? Nous insistons depuis longtemps sur cette solution.

Et sur le soutien aux régions. Nous avons proposé de diviser la TVA : 60 % pour le trésor national et 40 % pour les autorités locales. Ce n’est qu’à cette condition que les régions disposeront des ressources nécessaires pour simplement survivre et assurer leur développement normal. Au minimum, ils auront tout ce dont ils ont besoin pour travailler efficacement.

Notre faction insiste sur l’examen des 10-12 questions les plus importantes lors des prochaines réunions. C’est tout à fait faisable. Nous allons vous envoyer la lettre ouverte au Président par courrier. Je vous invite à la lire. C’est un travail d’équipe. Et le principal appel que nous lançons est que les prochaines élections soient pacifiques et démocratiques.

Et pendant ce temps, des escrocs sont assis en haut lieu – y compris dans l’administration présidentielle. Ils créent de nouveaux partis afin de tromper les électeurs et de voler plus de votes. Mais c’est un chemin direct vers le Maidan russe. Et nous n’avons pas le droit de le permettre !

(Applaudissements.)

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