AIN : des tueurs à gages, des agents des services secrets devaient tuer un syndicaliste de la CGT, une cheffe d’entreprise écrouée. Tout cela existe à grande échelle en Amérique latine et dans d’autres lieux, cela aurait pu fournir matière à un polar de la grande époque aux États-Unis mais cela se passe dans le France profonde, Macron président et dit la manière dont le capitalisme de la haute finance au patronat local se croit tout puissant et bénéficie de complicités pour se débarrasser d’un syndicaliste CGT (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Murielle Millet, directrice générale de la société Apnyl, située à Izernore dans l’Ain, est soupçonnée d’avoir commandité l’assassinat d’un syndicaliste jugé “gênant”. Elle a été interpellée et incarcérée à Paris. Publié le 21/05/2021 à 14h56 • Mis à jour le 21/05/2021 à 22h01
Des tueurs à gages, des agents des services secrets, des francs-maçons, des chefs d’entreprises… le casting est digne d’un polar, mais il a failli coûter la vie à un délégué syndical d’une entreprise de la Plastics Vallée, près d’Oyonnax. La directrice générale de la société dans laquelle travaille cet homme, aurait commandité son assassinat. Elle vient d’être écrouée après une enquête menée par la brigade criminelle de Paris.
Le syndicaliste ne serait pas le seul à avoir eu un contrat sur sa tête.
Un syndicaliste jugé ”gênant”
Le représentant de la CGT qui travaille dans l’entreprise de plastique Apnyl, à l’entrée d’Izernore, aurait été dans le viseur de tueurs à gages dès 2018. Il devait soit être neutralisé, soit être éliminé contre 75 000 euros.
La directrice générale de cette entreprise spécialisée dans les pièces techniques en plastiques est Murielle Millet. C’est elle qui aurait commandité cet assassinat. Elle a été mise en examen, tout comme son mari, pour association de malfaiteurs dans le but de commettre un meurtre. Le couple a été interpellé et incarcéré à Paris selon nos confrères de RTL. Le couple dément être impliqué. Interview de la cheffe d’entreprise d’Izernore, le 15 mars 2021. Elle disait ne pas comprendre que l’on veuille s’en prendre à l’un de ses salariés.
Une enquête tentaculaire au casting étonnant et détonnant
L’enquête a été confiée à la brigade criminelle de Paris, l’élite de la police, car elle ne concerne pas que l’affaire d’Izernore. Elle révèle l’implication de tueurs à gages, d’agents du renseignement, de politiques et de francs-maçons de la loge Athanor, dissoute en février dernier.
Ce sont deux membres de la Loge Athanor qui ont incriminé Murielle Millet, la cheffe d’entreprise.
Le premier c’est Daniel Beaulieu, un ancien commandant de police de la DGSI, Direction générale du renseignement intérieur.
Le deuxième, c’est Frédéric Vaglio, son ”frère maçonnique”, ”vénérable” au sein de la Loge, ex-journaliste et communicant.
Les deux hommes se sont connus au sein de la loge maçonnique Athanor située à Puteaux, en région parisienne.
Tous deux sont poursuivis pour complicité de tentative de meurtre en bande organisée, participation à une association de malfaiteurs et complicité de vol avec violences, et ont été incarcérés.
Un procès-verbal glaçant
En janvier 2020, Frédéric Vaglio se serait rendu dans l’Ain pour visiter l’usine Apnyl de Murielle Millet et de son mari. Lors de la visite, Murielle Millet aurait dit à Frédéric Vaglio, en parlant du délégué syndical Hassan T. ”On a un mec qui n’arrête pas de nous emmerder et qu’on ne peut pas virer. Parfois j’aimerais bien lui casser la gueule, qu’est-ce qu’il peut nous embêter”.
C’est ce que Frédéric Vaglio déclare aux enquêteurs dans le procès-verbal. Il leur affirme en avoir informé Daniel Beaulieu.
”Après quinze jours de réflexion, poursuit-il, le couple était ok pour faire quelque chose”. Le montant du contrat est fixé à 75 000 euros.
Mais en juillet 2020, le contrat est arrêté. L’un des tueurs à gage contracte le covid et, à des centaines de kilomètres de là, un autre contrat échoue in extremis, celui de Marie-Hélène Dini, coach en entreprise.
Tout comme le syndicaliste Hassan T., Marie-Hélène Dini échappe elle aussi à la mort.
Une arrestation en juillet 2020 à Créteil a permis à l’enquête dans l’Ain d’avancer
En juillet 2020, deux agents de la DGSE, Direction générale de la sécurité extérieure, étaient en planque, devant le domicile d’une coach en entreprise, Marie-Hélène Dini. Leur mission : la tuer. La tentative d’assassinat a échoué in extremis grâce au signalement d’un riverain intrigué par le comportement étrange des deux hommes. Les deux militaires sont âgés de 28 et 25 ans et étaient affectés au centre parachutiste d’entraînement de Saran, dans le Loiret. Le centre dépend de la DGSE, Direction générale de la sécurité extérieure.
Le commanditaire présumé de l’assassinat Marie-Hélène Dini est un coach, lui aussi. Il s’agit de Jean-Luc Bagur. C’est un concurrent de Marie-Hélène Dini. Cette dernière envisageait de créer un syndicat pour encadrer les pratiques de la profession. Jean-Luc Bagur craignait de ne pas être labellisé et donc de perdre de l’argent. Il a été mis en examen pour complicité de destruction de biens appartenant à autrui et acquisition et détention d’arme de catégorie A et écroué.
La loge maçonnique Athanor est le dénominateur commun
L’athanor, selon la définition du Larousse est ”un fourneau dans lequel les alchimistes placent le récipient qui contient la matière de la pierre philosophale”.
Cette pierre qui permet de changer les métaux en argent ou en or, de guérir les maladies ou encore de prolonger la vie humaine… La philosophie de certains membres (”frères”) de la loge maçonnique Athanor, serait au contraire, d’éliminer les personnes jugées gênantes au profit des intérêts des ”frères” maçonniques. Le leitmotiv ressemble davantage à des règlements de comptes et résonne comme un réseau criminel.
Des membres d’Athanor mettent en œuvre des contrats de tueurs
A sa retraite, Daniel Beaulieu, un ancien commandant de la direction du renseignement intérieur crée, en 2009, une petite société d’intelligence économique.
Il est membre de la loge maçonnique Athanor depuis une vingtaine d’années.
En 2019, il est approché par le responsable de la loge également responsable d’une société de sécurité privée, pour recruter des hommes de main et mettre en œuvre des contrats de tueurs. Une dizaine de “contrats” de tueurs auraient été envisagés.
C’est la tentative d’assassinat de Marie-Hélène Dini, coach en entreprise qui a mis en lumière Athanor, loge maçonnique.
En son sein, selon plusieurs sources concordantes, d’anciens fonctionnaires de la DGSE, direction générale de la sécurité extérieure, d’anciens policiers ou encore d’anciens journalistes se côtoient.
En février 2021, la Grande Loge Nationale Française fait un communiqué. Selon elle, ”les registres de la Grande Loge Nationale Française ne mentionne aucune Loge ”Athanor” sur le territoire métropolitain. Tous les Maçons de la Grande Loge Nationale Française sont indignés poursuit le communiqué, et dénoncent des agissements qui sont à l’opposé des principes de la Franc-maçonnerie”.
En février 2021, la Loge Athanor est dissoute.
Plusieurs cibles dans le collimateur de la sombre officine
La coach d’entreprise Marie-Héléne Dini, le syndicaliste dans une entreprise de plasturgie dans l’Ain, Hassan T. n’étaient pas les seules cibles à abattre.
Mais, en 2018, un contrat avait été honoré. Il s’agit du meurtre de Laurent Pasquali, pilote de rallye amateur. Un couple de médecins avait investi 200 000 euros dans l’écurie du pilote. Ce dernier n’aurait pas honoré ses dettes de sponsoring. Son corps a été retrouvé fin 2019, en Haute-Loire, à 500 kilomètres de son domicile, enterré dans une forêt.
Les différentes perquisitions ont également relancé l’enquête sur la tuerie de Chevaline. Le 5 septembre 2012, trois membres de la famille Al-Hilli, des citoyens britanniques d’origine irakienne, et un cycliste savoyard, Sylvain Mollier, avaient été assassinés sur un parking sur les hauteurs du lac d’Annecy en Haute-Savoie.
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