Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Burkina Faso : enfin la vérité sur l’assassinat du président Sankara ?

Après le dosseir du Rwanda qui a montré la responsabilité écrasante de François Mitterrand, la vérité sur l’assassinat du président Sankara va-t-il au-delà d’une rivalité personnelle avec Blaise Compaore montrer le rôle de la France et de ses services secrets? C’est la certitude dont ne cessent de faire preuve tous ceux qui connaissent le dossier. Là encore tous ceux qui veulent faire dénoncer l’immigration refusent de voir le rôle joué par les gouvernements français dans le pillage, l’intervention militaire, les assassinats pour empêcher ces pays de conquérir leur droit au développement. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Publié le 14/04/2021 – 15:32

La nouvelle statue de Thomas Sankara, érigée en hommage devant le Conseil de l’Entente, à Ouagadougou, le 17 mai 2020.  PHOTO / OLYMPIA DE MAISMONT / AFP
La nouvelle statue de Thomas Sankara, érigée en hommage devant le Conseil de l’Entente, à Ouagadougou, le 17 mai 2020.  PHOTO / OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Thomas Sankara, alors président du Burkina Faso, a été assassiné en 1987. Mais qui a orchestré l’élimination du Che Guevara d’Afrique ? Trente-trois ans plus tard, son successeur à la tête de l’État et “frère d’armes”, Blaise Compaoré, vient d’être mis en examen, explique ce site burkinabé.

Il y a bientôt trente-quatre ans Thomas Sankara mourait criblé de balles. C’était le jeudi 15 octobre 1987. Le père de la révolution burkinabè d’août 1983 est resté sur le carreau, avec douze de ses compagnons, canardés sur le perron d’un des bâtiments des locaux du Conseil de l’Entente [bâtiment officiel situé dans le centre de la capitale, Ouagadougou].

L’onde de choc provoquée par ce drame a traversé le pays entier, cette Haute-Volta qui a été rebaptisée Burkina Faso par le “Che Guevara africain” [figure de l’anticolonialisme, Thomas Sankara a rebaptisé son pays Burkina Faso, littéralement “pays des hommes intègres”, en 1984]. L’espoir de tout un peuple, notamment d’une jeunesse africaine qui avait trouvé son héros, s’était écroulé comme un château de cartes.

Le fringant capitaine qui faisait trembler “les corrompus et les corrupteurs, qui mettait à rude épreuve la conscience de nombre de dirigeants, qui entendait détruire le néocolonialisme, l’impérialisme et le népotisme…, ce fringant capitaine venait donc de passer de vie à trépas.

Compaoré, principal suspect

Le dossier de ce “jeudi sanglant” a été remis au goût du jour par une autre révolution, celle d’octobre 2014 qui a contraint le “frère d’armes” de Thomas Sankara à démissionner [après vingt-sept ans au pouvoir]. Blaise Compaoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, vient d’être mise en accusation, ce 13 avril, pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavres, dans l’affaire dite Thomas Sankara. [Thomas Sankara et Blaise Compaoré étaient tous les deux militaires et étaient très proches jusqu’aux derniers mois de Sankara. Compaoré est l’un des principaux suspects de l’assassinat de son prédécesseur.] À LIRE AUSSI Afrique du sud. Sankara, modèle au pays de Mandela

L’affaire connaît ainsi le rebondissement qui pourrait conduire enfin à la vérité sur ce dossier dont les ramifications passent, selon des archives, des témoins et la presse, par plusieurs pays, notamment la France et la Côte d’Ivoire. Certes, le tribunal militaire de Ouagadougou poursuit également le général Gilbert Diendéré, l’ombre protectrice armée de Blaise Compaoré [et ex-chef d’État-major particulier du président], et un autre de ses hommes, très craint à l’époque, Hyacinthe Kafando, qui serait le présumé chef du commando qui aurait occis “Thom Sank”.

Un héros immortel

Une vingtaine de personnes comparaîtront devant le tribunal militaire de Ouagadougou, mais il faut reconnaître que le personnage le plus emblématique du dossier est Blaise Compaoré. Ce jugement dont la date n’est pas encore connue, et qui a longtemps semblé [inimaginable] est désormais possible.

Cependant, malgré le déclassement de certains documents promis par Emmanuel Macron, des pans entiers de ce dossier pourraient demeurer secrets pour raison d’État.

Autre question, et pas des moindres : celle de la présence de Blaise Compaoré. L’ancien président est devenu, entre-temps, citoyen ivoirien [après sa chute en 2014, Compaoré a trouvé refuge en Côte d’Ivoire voisine. Le président ivoirien, Alassane Ouattara, fidèle allié, lui a octroyé la citoyenneté de son pays]. La Côte d’Ivoire lâchera-t-elle un de ses ressortissants, qui constitue, par ailleurs, une référence importante de l’histoire politique au pays de l’éléphant ?À LIRE AUSSI Burkina Faso. Trente ans après son assassinat, le héros Sankara toujours en vie

L’affaire Thomas Sankara, si elle aboutit, permettra sans doute à la famille de l’illustre défunt et celles de ses douze compagnons de connaître enfin la vérité sur les auteurs et les commanditaires de la basse besogne. Mais quoi qu’il en soit, [trente-trois ans après son assassinat] Thomas Sankara refuse de mourir dans les esprits des révolutionnaires. Il n’est certes pas un saint mais demeure un immortel. Morin Yamongbe Lire l’article original

SOURCE WAKAT SÉRA Ouagadougouwww.wakatsera.com

Lancé en 2017, Wakat Séra est un site d’informations du Burkina Faso. Outre les articles traitant de l’actualité, il propose des analyses souvent sans concession sur la politique burkinabè et africaine.

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