Cette analyse du rôle réel de Joe Biden – au delà des paroles – en Ukraine renforce la mise en garde de la Russie sur le fait que l’Ukraine ne survivra pas aux interventions de l’OTAN pour la forcer non seulement à être un bastion anti-russe mais à ne cesser d’accroître la pression contre la Russie avec laquelle la lie une histoire et des intérêts que rien ne peut abolir. Ce qui se passe en Ukraine, non seulement le déchirement avec le Donbass, voire Odessa, les intérêts déchaînés des oligarques et le poids sans cesse accru de l’extrême-droite est aussi le produit de cette tentative d’arracher l’Ukraine au monde russe, de la faire se haïr elle-même jusqu’au grotesque. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)
2 avril 2021
https://vz.ru/opinions/2021/4/2/1091323.html
Le président américain Joe Biden, alors qu’il était toujours vice-président de l’administration Barack Obama, a publiquement plaidé pour une solution pacifique au problème du Donbass. Il a soutenu les accords de Minsk. L’administration Obama n’a pas officiellement fourni d’armes meurtrières à l’Ukraine.
Et s’exprimant à la Verkhovna Rada en septembre 2015, Biden a déclaré : “Il est important qu’il y ait des États autonomes et indépendants qui résolvent leurs problèmes par eux-mêmes, aient leur propre système éducatif, un gouvernement.” En fait, il a proposé de fédéraliser l’Ukraine, ce qui a choqué les nationalistes locaux.
Mais vous devez faire attention non pas aux paroles de Joe Biden, mais à ses actions. En 2013, le vice-président de l’époque Biden a “exprimé sa déception” lorsque le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a reporté la signature de l’accord d’association avec l’UE. En outre, Biden a déclaré que les États-Unis continuaient de soutenir le peuple ukrainien et son espoir d’intégration européenne. A l’époque, Euromaidan n’en était qu’à ses débuts, et ces mots de Biden ont été un signal pour les manifestants que les États-Unis étaient avec eux.
Selon les souvenirs de Biden lui-même, il a appelé Ianoukovitch à plusieurs reprises en 2013-2014 et a exigé de ne pas utiliser la force contre les maidanistes. En particulier, dans son livre Promise Me, Dad, Biden affirme que la veille du coup d’État à Kiev, il a appelé Ianoukovitch et lui a demandé de rappeler ses hommes et de partir. Dans le même livre, Biden écrit avec une joie non dissimulée qu’après la fuite de Ianoukovitch, le pouvoir est passé entre les mains du «jeune patriote» Arseniy Yatsenyuk.
Autrement dit, Joe Biden admet qu’il a contribué au renversement anticonstitutionnel du gouvernement légitime en Ukraine, qu’il a forcé Ianoukovitch à fuir et à éliminer les forces de l’ordre de la rue. Si les auteurs directs du coup d’État étaient les maidanistes (à la fois les chefs des manifestations et les émeutiers ordinaires), Biden, quant à lui, a exercé une pression psychologique sur Ianoukovitch, ne lui a pas permis dans un premier temps d’ordonner aux forces de l’ordre de rétablir l’ordre dans le pays, puis l’a contraint à fuir, et pour cela il est complice du renversement du dirigeant légalement élu du pays. Cela signifie qu’il n’est pas moins coupable de ce qui s’est passé que ceux qui ont pris d’assaut physiquement l’administration présidentielle de l’Ukraine.
Photo: REUTERS / Jonathan Ernst
Ianoukovitch s’est avéré être un personnage faible à la fois en tant que président et en tant que personne, mais cela ne justifie en aucun cas Biden, qui non seulement a fait pression sur lui moralement, mais s’en est également vanté par la suite. La guerre dans le Donbass a été le résultat du rejet par les habitants de la région du nouveau régime de Kiev, arrivé illégalement au pouvoir. Et puisque Biden était complice du coup d’État, cela signifie qu’il est responsable de toutes les conséquences de cet acte illégal, y compris de la guerre dans le Donbass.
Après la mise en place du régime de Maidan en Ukraine, Biden a été surnommé le «proconsul» de l’Ukraine, car il a supervisé la “question ukrainienne” à Washington et a en fait dirigé le pays de 2014 à 2017. Biden lui-même n’a pas caché l’influence qu’il avait sur l’Ukraine, il s’est vanté d’avoir parlé avec le président ukrainien Petro Porochenko plus souvent qu’avec sa femme. Après avoir démissionné de son poste de vice-président, il a déclaré aux journalistes qu’il était venu en Ukraine 12 à 13 fois au cours de son mandat.
Biden s’est également vanté d’avoir révoqué le procureur général d’ Ukraine Viktor Shokin. Il l’a fait par le biais du chantage, mettant le gouvernement ukrainien devant un choix: soit la démission du procureur général, soit l’Ukraine ne recevra pas l’aide financière des États-Unis d’un milliard de dollars. Shokin n’a pas plu à Biden car il a ouvert une enquête contre la société de production de gaz Burisma, dont un membre du conseil d’administration était le fils même du vice-président, Hunter Biden, qui a reçu des sommes importantes de Burisma.
Cependant, le véritable rôle de Joe Biden dans la gouvernance de l’Ukraine est devenu clair après la publication des enregistrements de ses conversations avec Porochenko, rendus publics par le député ukrainien Andriy Derkach. Porochenko rendait compte au vice-président de l’augmentation des tarifs des services publics pour les Ukrainiens. Biden a décidé qui serait le procureur général et le Premier ministre de l’Ukraine. Biden a exigé de nationaliser Privatbank, ce qui a été fait. Et Porochenko a toujours trouvé des excuses et flatté l’Américain.
Si Biden voulait vraiment la paix, avec ce genre de pouvoir, n’aurait-il pas pu forcer les dirigeants ukrainiens à se conformer aux accords de Minsk? Je pense que si. Mais on peut supposer que Biden n’aime pas beaucoup les accords de Minsk, bien qu’il les soutienne publiquement. En 2016, il l’a dit concernant le statut spécial du Donbass: «Quand vous dites que le Donbass devrait recevoir un statut spécial et que vous allez le fixer dans la constitution, c’est comme dire:« D’accord, le Texas aura un statut spécial, car nous aimerions que le Mexique ait plus d’influence au Texas et nous allons l’obtenir par le biais du Congrès américain. » Autrement dit, il a dessiné une structure politique qui serait inacceptable aux États-Unis. Si Biden était partisan de la mise en œuvre des accords de Minsk, il ne ferait pas de telles analogies.
Lorsque les États-Unis ont voulu “éteindre” les situations de conflit en Ukraine, ils ont trouvé un moyen de le faire. Par exemple, il existe une version selon laquelle l’ambassadeur américain en Ukraine Jeffrey Payet a joué un rôle clé dans la résolution de l’incident de Mukachevo en 2015, lorsque Secteur droit * (une organisation interdite en Fédération de Russie) s’est battu en Transcarpatie avec la police et la Garde National de l’Ukraine. L’ambassadeur s’est personnellement rendu en avion dans la région. Mais les Américains n’ont jamais vraiment essayé d’arrêter la guerre dans le Donbass. Par conséquent, tous leurs discours sur le monde ne sont rien d’autre qu’une vitrine. En 2020, en tant que candidat à la présidence américaine, Biden a promis de fournir à l’Ukraine des armes létales, ce qui, bien sûr, a fait le jeu des “faucons” ukrainiens qui veulent que la guerre se termine victorieusement.
Par ses actions, Joe Biden a contribué au début de la guerre et au fait qu’elle ne s’est pas arrêtée jusqu’à présent. Et sur sa conscience, il y a beaucoup de personnes innocentes dans le Donbass qui sont mortes des balles et des obus ukrainiens.
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