En France la COVID 19 c’est un airbus A320 qui se crache par jour sans survivant, Macron ce soir a confirmé qu’il etait urgent de ne rien faire !! Sans compter ceux de plus en plus jeunes en réanimation, ce qui n’est pas sans séquelles… C’est face à la destruction de l’hôpital public, à laquelle elle a participé en portant la loi HPST d’obligation d’équilibre budgétaire des hôpitaux et des restrictions des moyensL L’inconscience de Roselyne Bachelot nous annonçant qu’elle a des gens formidables et qu’elle bénéficie du meilleur, alors qu’on nous laisse entrevoir que d’autres attendent, que c’est l’heure des choix.Pas la moindre idée, elle imagine une france inquiète pour elle, très Marie antoinette la dame… OUi c’est un “révélateur” dont ceux dont la fonction est d’agir pour la transformation de la société devraient tirer quelque chose… L’urgence du socialisme par exemple … À gauche, la nécessité de l’autocritique et d’une stratégie offensive claire comme réponse à la crise du Coronavirus. Ce texte d’un de nos lecteurs belge analyse comment la pandémie actuelle a agi comme un puissant révélateur d’une crise majeure, peut-être organique. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Mars 2021
La pandémie actuelle a agi comme un puissant révélateur d’une crise majeure, peut-être organique (1), de ce que Gramsci qualifiait de bloc historique (2). Il nous semble que l’analyse de cette crise soit le premier préalable à la définition d’alternatives progressistes aux niveaux régional, national et international.
Revenons tout d’abord sur les concepts de bloc historique et de crise organique : c’est « l’unité dialectique-le point d’indistinction-entre la structure [c’est-à-dire la base économique] et la superstructure à un moment donné du développement capitaliste » (3). Dans le dixième cahier (4), le communiste sarde dit que dans le bloc historique, «le contenu économico-social et la forme éthico-politique s’identifient concrètement». Le bloc historique doit, dans cette conception, être en mesure de faire face à des crises, définies comme le moment où, selon la citation désormais célèbre, «(…) l’ancien se meurt et (…) le nouveau ne peut pas naître» (5).
Gramsci définit, cependant, un autre type de crise, générale celle-là. Il s’agit de la crise “organique” à laquelle le bloc historique n’est pas en mesure de résister durablement. C’est à l’occasion des crises de ce type que les changements révolutionnaires (progressistes ou non, par mouvement des masses ou par le haut) deviennent
possibles.
La crise actuelle est-elle de cet ordre ? Dans les sociétés « occidentales », la crise du COVID 19 a permis de mettre à nu de manière dramatique les ravages causés par quarante ans de néolibéralisme : destruction avancée des mécanismes de solidarité et des services publics, notamment dans le secteur de la santé, désindustrialisation massive, ne sont que quelques-unes des manifestations, déjà connues à gauche, mais qui ont pris ici des proportions inconnues, et ont eu des conséquences encore plus dramatiques, entraînant le décès de dizaines de milliers de personnes. Au sein des états européens, la pandémie a révélé les disparités internes au niveau social avec la plus grande cruauté (6). En Belgique, cela est apparu très clairement, en ce qui concerne les disparités entre régions en termes de mortalité. Alors que la densité de population est plus élevée en Flandre, la Wallonie a un taux de mortalité lié au COVID19 plus élevé. Si on y regarde de plus près, les effets d’une pauvreté plus grande et d’un moindre accès aux soins de santé jouent à plein. Ces effets dévastateurs de la pauvreté ont été aussi marqués à Bruxelles. Au niveau politique, la cacophonie a été grande également, l’absence de gouvernement de plein exercice en début de pandémie, les logiques concurrentes entre les différentes entités fédérées et le manque de clarté en matière de prise de décisions n’auront certainement pas amélioré la situation, ni renforcé l’adhésion des populations aux institutions. On pointera finalement les effets de la désindustrialisation sur le manque de capacité à produire des équipements de protection individuels, notamment en direction des services de santé…
Un autre aspect inquiétant pour les forces de progrès est la mise au jour de tendances néfastes, qui
dépassent le simple cadre des forces politiques de droite et d’extrême-droite : méfiance envers les
sciences et la méthode scientifique, plus grande visibilité des courants obscurantistes et réactionnaires divers, méfiance envers le politique (et l’action politique et collective), tendances individualistes, et de manière générale, une intériorisation de l’idéologie dominante. Face à cela, les dirigeants politiques des centres impérialistes ont beau jeu de faire porter la responsabilité de leurs manquements sur les comportements individuels des populations, qu’ils ont contribué à « dresser » dans cet ethos néolibéral. On assiste donc à un phénomène contradictoire où les conditions objectives d’un changement de cap radical de nos sociétés sont réunies, où le pouvoir des capitalistes et de leurs représentants est ébranlé, mais où, à gauche, en Europe, une majorité de forces sont atomisées, sans perspectives, parfois tétanisées et donc réduites à une relative impuissance ou à la protestation, incapable de s’engouffrer dans la brèche et dans une longue lutte pour la transition vers une société socialiste.
Si on regarde du côté de pays ayant lutté pour leur indépendance nationale et le socialisme, comme
la République Populaire de Chine, Cuba ou le Vietnam, que constate-t-on ? Là, et malgré les difficultés internes ou imposées par l’impérialisme (le blocus criminel imposé à Cuba par les ÉtatsUnis ), il apparaît clairement que ces pays et sociétés ont été bien plus en mesure d’encaisser le choc provoqué par le COVID-19. Les facteurs d’explication sont multiples : rôle des pouvoirs et services publics, rôle dirigeant d’organisations politiques orientées vers la satisfaction des besoins populaires, confiance et moyens investis dans la science, et orientations internationalistes affirmées dans la coopération (7). Sans idéaliser excessivement ces pays, il est manifeste, au vu des résultats obtenus que nous avons beaucoup à en apprendre. À ce sujet, il serait important, au sein de la gauche des centres impérialistes, de se défaire d’une attitude condescendante à l’encontre des pays socialistes et progressistes, encore trop présente, reflet de l’influence de l’idéologie dominante jusque dans nos rangs, et de plutôt essayer de comprendre, d’étudier et de tirer des enseignements concrets pour faire avancer nos luttes.
En partant de ces constats, que pouvons-nous proposer comme orientations générales ? Avant de passer aux propositions politiques générales, il nous semble important d’avoir un regard autocritique sur nos propres organisations. Il est certainement temps de réfléchir et d’agir, à la fois dans nos cadres nationaux respectifs mais également à l’échelle européenne, sur la meilleure manière de diffuser une culture progressiste, solidaire, et critique qui fasse honneur au combat rationaliste qui a été porté par la gauche de transformation depuis le XIXe siècle. Il est également temps de se départir de l’attitude eurocentriste condescendante qui voudrait que les expériences socialistes du « Sud Global » n’auraient rien à nous apprendre et à nous apporter autre qu’un « exotisme » désuet, relique des révolutions du vingtième siècle : la Chine, le Vietnam et Cuba ne sont pas des amas de clichés révolutionnaires, ce sont des pays socialistes traversés de contradictions nombreuses et faisant face à des défis de taille, mais ayant une vision d’avenir.
Pour le reste, la crise du coronavirus et les réponses des pays socialistes nous donnent des orientations générales claires, à adapter en fonction de notre contexte particulier : renforcement des services publics, renforcement du rôle de l’État dans l’économie au service de la population et non du Capital, coopération internationale, financement de la recherche et développement de capacités techniques et industrielles, entre autres sont des points centraux de la lutte à mener, loin d’une simple volonté réformiste d’atténuation des maux du capitalisme, mais pour une rupture radicale, seule à même, au cours d’un processus révolutionnaire ininterrompu par étapes (8), de sortir de manière progressiste de la crise actuelle mais aussi de faire face au désastre environnemental qui s’annonce si la machine infernale du capitalisme n’est pas arrêtée.
1 D’AGOSTINO (F.), La crise sociale en Belgique à la lumière de Gramsci, décembre 2014, consultable ici :
http://archive.acjj.be/publications/nos-analyses/la-crise-sociale-en-belgique-a-la, consulté le 13/01/2021.
2 Ibid.
3 DURAND (C.) et KEUCHEYAN (R.), Un césarisme bureaucratique, dans DURAND (C.), sous la dir. De, En finir
avec l’Europe, La Fabrique, Paris, 2013, p.97.
4 GRAMSCI (A.), Guerre de mouvement et guerre de position. Textes choisis et présentés par Razmig Keucheyan, La Fabrique, Paris, 2011, p 64.
5 Ibid., p. 38
6 Pour le cas de la Belgique, voir, e.a., DUPRET (X.), Coronavirus et points de vue de classe. De l’Asie à la Belgique… , avril 2020, consultable en ligne ici : https://www.acjj.be/coronavirus-et-points-de-vue-de-classe-delasie-a-la-belgique/, consulté le 13/01/2021.
7 Voir, e.a., COLLECTIF, Corona Shock and Socialism, juillet 2020, consultable en ligne :
https://www.thetricontinental.org/studies-3-coronashock-and-socialism/
8 AMIN (S.), Le bicentenaire de la naissance de Marx. 1818-2018, Delga, Paris, 2018, p.91
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