Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La vérité derrière le mythe du “massacre de la place Tiananmen”(1) par Dennis Etler

– Article d’opinion du Dr Dennis Etler dans le magazine ‘Military Watch’[Observatoire Militaire]. Nous allons publier trois articles qui nous paraissent susceptibles d’éclairer ce qu’a été réellement le Tiananmen. Tout part du constat qu’il y a eu effectivement répression et morts mais que cela ne s’est pas passé sur la place Tiananmen et que c’est une invention des journalistes. Ce fait apparemment secondaire puisque nul ne nie la répression est le point de départ d’autres réflexions. Donc nous vous présentons trois perspectives historiques de la manière dont aujourd’hui on peut analyser ce que l’on continue à appeler “le massacre du Tiananmen” ses causes, ses conséquences. Voici donc aujourd’hui une analyse sur la tiananmen révolution de couleur et sur la nécessité pour le gouvernement chinois d’y faire face. Zhao Ziyang, le premier ministre chinois était le Gorbatchev de l’événement mais nous verrons dans le troisième article que Gorbatchev avait envoyé ses propres émissaires. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Catherine Winch)

[Note :  Military Watch est un magazine américain fondé par Abraham Ait Tahir qui n’est pas spécialement pro chinois, loin de là]

https://militarywatchmagazine.com/article/the-truth-behind-the-myth-of-the-tiananmen-square-massacre-opinion-piece-by-dr-dennis-etler

6 juin 2019

Dennis Etler est ancien professeur d’anthropologie au Cabrillo College, en Californie, et un expert en relations sino-américaines.

Bien qu’il soit bien établi qu’aucun “massacre” n’a eu lieu sur la place Tiananmen le 4 juin 1989, le terme est encore largement utilisé pour désigner les violences qui ont eu lieu à Pékin cette nuit-là. C’est un fait bien établi que la violence a été provoquée par des agents provocateurs, principalement des jeunes chômeurs à la dérive depuis le passage de la Chine de l’économie planifiée de l’ère Mao Zedong à l’économie socialiste de marché de l’ère Deng Xiaoping. Des foules de ces jeunes gens déboussolés se sont déchaînées, incendiant des véhicules de l’APL, incinérant leurs occupants et mettant le feu à des convois entiers de véhicules de l’armée envoyés pour assurer l’ordre dans la capitale. Il ne fait aucun doute pour quiconque que des agents de la CIA américaine et du Guomindang basé à Taiwan étaient impliqués dans le recrutement de ces jeunes gens. Mais qu’est-ce qui a conduit à cette insurrection que l’Occident refuse de lâcher ?

Après la révolution culturelle, mais avant que les réformes économiques de Deng n’entrent en jeu, la Chine se trouvait entre deux mondes, sans aucun ancrage idéologique. Les anciennes façons de faire étaient discréditées, mais les nouvelles approches de l’organisation de l’économie et de la société n’étaient pas encore pleinement développées. Les idées libérales occidentales de “liberté” et de “démocratie” ont trouvé un soutien auprès d’un segment croissant d’étudiants et d’intellectuels. Beaucoup d’autres craignaient de perdre les avantages sociaux et économiques, connus sous le nom de “bol de riz en fer”, auxquels ils s’étaient habitués lorsque l’État contrôlait entièrement l’économie chinoise. Les temps changeaient rapidement. L’Union soviétique et le bloc socialiste implosaient et la Chine semblait être le dernier État communiste debout. Si la Chine succombait, il était peu probable que les autres États socialistes survivants, la Corée du Nord, le Viêt Nam et Cuba, durent beaucoup plus longtemps. Ainsi, les États-Unis voulaient-ils sauter sur l’occasion, espérant pousser la Chine dans le précipice comme en URSS et en Europe de l’Est. Ils cherchaient un Gorbatchev chinois, et ils l’ont trouvé en la personne de l’ancien Premier ministre chinois, puis du secrétaire général du Parti communiste chinois, Zhao Ziyang. Comme nous le verrons, les États-Unis étaient bien placés pour fomenter ce que l’on appellera plus tard une “révolution de couleur” en Chine. Voyons donc plus en détail la distribution des personnages dans les coulisses de ce que l’on appellera plus tard le “massacre de la place Tiananmen”.

James R. Lilley, agent principal de la CIA en Asie, était ambassadeur des États-Unis en Chine avant, pendant et après l’incident de Tiananmen.

George Soros, instigateur des “révolutions de couleur” ultérieures, avait une ONG basée en Chine, le Fonds pour la Réforme et l’Ouverture de la Chine, qui soutenait les protestations, et le Secrétaire Général Zhao Ziyang – un néo-libéral en attente qui sera plus tard appelé le Gorbatchev de la Chine. L’ambassadeur Lilley a un passé fascinant, étant né en Chine d’un cadre du secteur pétrolier américain qui y était en poste avant la Seconde Guerre mondiale. Il avait une nounou chinoise et était donc de langue maternelle chinoise et anglaise. De retour aux États-Unis avant l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, il a ensuite fréquenté la Phillips Exeter Academy prep school et l’université de Yale. Sa maîtrise du chinois et son éducation l’ont conduit à la CIA où il est devenu le meilleur agent asiatique. “En tant qu’agent de la CIA, Lilley a travaillé dans des pays d’Asie, notamment au Laos, au Japon, à Hong Kong, à Taïwan et en Chine. Au Laos, il a travaillé à saper l’insurrection communiste et a aidé à introduire un certain nombre d’agents de la CIA en Chine. En 1975, Lilley a été nommé au poste d’agent national de renseignement pour la Chine, ce qui en a fait l’expert le plus important sur la Chine dans la communauté du renseignement américain. Au début de l’administration de Ronald Reagan, il a été nommé au Conseil National de Sécurité, où il a servi comme expert principal sur l’Asie de l’Est. De 1981 à 1984, il a été directeur de l’Institut américain à Taiwan, qui sert de liaison diplomatique non officielle avec le gouvernement de la République de Chine…” Voilà pour Lilley.

Les références anticommunistes de George Soros sont également bien documentées et son parrainage des causes, des organisations de réflexion et des ONG néo-libérales est bien connu et documenté. “Soros est un partisan bien connu des causes politiques progressistes-libérales. Il a joué un rôle important dans la transition pacifique du communisme au capitalisme en Hongrie (1984-89) et a fourni l’une des plus importantes dotations d’enseignement supérieur d’Europe à l’Université d’Europe centrale de Budapest. Soros est également le président de l’Open Society Foundation”. Comme le documente Godfree Roberts dans “Tiananmen Square, 1989 – Revisited” : “En 1986, Soros a doté son Fonds pour la Réforme et l’Ouverture de la Chine d’un million de dollars – une somme énorme pour la Chine à l’époque – pour promouvoir les échanges culturels et intellectuels avec l’Institut pour la Réforme Structurelle Economique de Zhao. En 1988, le National Endowment for Democracy [Fonds National pour la Démocratie] a ouvert deux bureaux en Chine, donné régulièrement des séminaires sur la démocratie, parrainé certains écrivains et publications chinois et recruté des étudiants chinois étudiant aux États-Unis. En février 1989, deux mois avant que la CIA ne lance sa campagne de déstabilisation de Tiananmen, le président Bush a effectué sa première et unique visite en Chine.

“Lorsque les manifestations étudiantes ont éclaté fin avril, le NED a envoyé des milliers de lettres incendiaires de Washington à des destinataires en Chine et a excité l’opinion publique par le biais des émissions de radio sur ondes courtes de Voice of America (VOA), en mandarin, dans toute la Chine les jours de manifestations. À Nanjing, les étudiants universitaires faisaient retentir des haut-parleurs puissants lorsque la VOA décrivait les événements en Chine. “Deng a fait arrêter le stratège de la CIA Gene Sharp et l’a fait expulser vers le Hong Kong britannique, d’où il a dirigé l’insurrection, comme il le raconte dans ses mémoires, Lutte Non-Violente en Chine. Un autre agent de la CIA, le chef de la VOA à Pékin, Alan Pessin, a fourni des encouragements, des provocations, des conseils stratégiques et tactiques dans des émissions diffusées 24 heures sur 24 et les étudiants qui étaient là parlent encore de la terre promise de la VOA, “la liberté et la démocratie”. […]” Voilà pour Soros.

 Zhao Ziyang, ancien premier ministre chinois et secrétaire général du Parti communiste chinois au moment des manifestations de Tiananmen, était le Gorbatchev de la Chine. Zhao a déclaré dans ses mémoires que “la Chine devrait adopter une presse libre, la liberté d’organisation, un système judiciaire indépendant et une démocratie parlementaire multipartite”. Il a également appelé à “la privatisation des entreprises d’État, la séparation du Parti et de l’État, et des réformes générales de l’économie de marché”. Une partie de son programme économique a été mise en œuvre, mais son paquet complet de réformes économiques et politiques aurait conduit à la formation d’une démocratie sociale multipartite pour remplacer l’État socialiste unitaire dirigé par le PCC. Voilà pour Zhao.

Ainsi, on peut voir que Lilley, Soros et Zhao formaient un triumvirat parfait, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du PCC, qui était extrêmement bien placé et bien renseigné sur toutes les méthodes permettant de déstabiliser et de renverser les États socialistes établis. Penser que lorsque l’Union soviétique et d’autres États socialistes dirigés par des partis communistes implosaient, des gens comme Lilley, Soros et Zhao Ziyang ne conspiraient pas activement pour faire tomber la RPC et la convertir en un État vassal des États-Unis dépasse les limites de la crédulité. Quel aurait donc été le résultat si le PCC n’était pas intervenu et n’avait pas réprimé les troubles et si Zhao Ziyang et ses partisans, tant étrangers que nationaux, étaient parvenus à mettre en œuvre leur programme “pro-démocratie” ? Selon David Shambaugh, un soi-disant “expert de la Chine”, la Chine serait un meilleur endroit si les réformes économiques et politiques néo-libérales de Zhao avaient été adoptées. Pour le citer : “Si Zhao était resté au pouvoir et avait pu poursuivre cette stratégie de double réforme, la question se pose de savoir si lui et la Chine auraient connu le même sort que Gorbatchev et l’ex-Union soviétique, ou si cette stratégie aurait fonctionné en Chine, contrairement à l’URSS”. Mais, en ce qui concerne les États-Unis et l’Occident en général, la stratégie a fonctionné en URSS. Et ils auraient fait tout leur possible pour s’assurer qu’elle fonctionne également en Chine si Zhao avait mis en œuvre son programme contre-révolutionnaire. Heureusement, les “éminences grises” du PCC ont réussi à déjouer les machinations du marionnettiste de Zhao, George Soros, célèbre pour ses révolutions de couleur.

Que serait la Chine aujourd’hui si Zhao Ziyang avait conservé le pouvoir ? Elle serait un vassal docile des États-Unis en Asie de l’Est.

Comme l’affirment Shambaugh et al., la Chine aurait “une société civile et des médias beaucoup plus ouverts (c’est-à-dire contrôlés par les ONG néo-libérales américaines et les conglomérats privés) ; elle tolérerait une certaine dissidence (c’est-à-dire des collaborateurs anticommunistes) ; elle émanciperait les huit “partis démocratiques” (c’est-à-dire en permettant leur infiltration par des agents étrangers) et elle donnerait des pouvoirs au Congrès national du peuple et aux congrès populaires provinciaux (c’est-à-dire en détruisant le système de démocratie consensuelle de la Chine) ; elle établirait une fonction publique professionnelle de style hongkongais (c’est-à-dire en permettant que les sinécures anticommunistes se métastasent dans l’appareil d’État) ; elle séparerait le Parti de l’État (c’est-à-dire l’effondrement du contrôle du Parti et l’établissement d’une “démocratie représentative” oligarchique) ; elle obligerait l’armée à se soumettre à l’État et à la Constitution plutôt que de demeurer un outil du Parti communiste (c’est-à-dire permettre un coup d’État militaire chaque fois que les États-Unis le jugent nécessaire) ; un contrôle plus strict des possibilités de corruption et le renforcement des mécanismes de contrôle non partisans (c’est-à-dire en faisant de la corruption une partie intégrante du système, comme aux États-Unis et dans d’autres démocraties occidentales) ; elle encouragerait des mécanismes de retour d’information plus importants au sein du Parti (c’est-à-dire en encourageant le fractionnement) ; et (enfin) elle procéderait à des élections gouvernementales directes et progressives, jusqu’à ce que les fonctionnaires du niveau central soient inclus (c’est-à-dire en permettant l’achat et la vente de politiciens au plus offrant étranger). En d’autres termes, tous les fantasmes du néo-libéralisme. La Chine serait descendue dans l’enfer qui a englouti l’Union soviétique et serait restée aussi sous-développée que la plus grande démocratie du monde, l’Inde.

Ainsi, si les manifestations de Tiananmen avaient réussi et si le programme de Lilley, Soros et Zhao avait été pleinement mis en œuvre, le miracle économique des 30 dernières années, mené par l’État, n’aurait pas vu le jour et la Chine aurait été neutralisée en tant que rival potentiel des États-Unis, telle qu’elle le devient de plus en plus tous les jours. C’est pourquoi les États-Unis et les médias à leur solde continuent de déplorer le jour où le PCC a ouvert les yeux et a fait dérailler le mouvement contre-révolutionnaire inspiré par les États-Unis que les manifestations de Tiananmen étaient devenues. Et c’est pourquoi les médias et les politiciens occidentaux continuent de ressasser sa répression 30 ans plus tard.

Les déclarations, points de vue et opinions exprimés ici ne représentent pas nécessairement ceux du magazine Military Watch.

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