Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dix ans après la révolution en Libye, la nostalgie de l’ère Kadhafi

Printemps arabes.

Cet article est d’autant plus révélateur qu’il émane d’un journal qui est pro-occidental et que Thomas Sankara avait interdit à cause de cela comme la voix de l’impérialisme. Il y a dix ans quand je dénonçais ce qui se passait en Libye et l’assassinat de Kadhafi les éternelles mêmes voix se sont élevées pour m’accuser d’encourager les despotes mettant dans le même sac les critiques contre l’invasion impérialiste et une pseudo admiration que j’aurais eu pour le dirigeant libyen. Ce qui permettait de l’identifier à Fidel Castro ou Chavez. Comprendre qui était Kadhafi, de plus en plus compromis avec l’occident mais également jouant un rôle dans l’aide à l’unité africaine et la stabilité en Libye, analyser l’évolution de celui qui portait l’espoir de la décolonisation sans en masquer les défauts et surtout dénoncer le caractère illégal, illégitime d’une intervention qui engendrerait le chaos était insupportable à l’idéologie qui régnait alors sans partage dans la gauche et dans le PCF en matière de relations internationales. C’est d’ailleurs plus ou moins le cas, même si rétrospectivement certaines choses s’éclairent, la propagande stupide anti-dictateur qui permet à la France d’intervenir partout en défendant les seuls intérêts de ses monopoles et de ceux des USA et qui génère des victimes en grand nombre, a un coût prohibitif un budget de la guerre et engendre le terrorisme contre lequel nous sommes sensés lutter avec les seules armes tronquées d’une revendication “laïque” dévoyée par l’ignorance des causes qui engendre ce que l’on baptise l’Islamisation et qui n’est qu’un fascisme dont les principales victimes sont les musulmans. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Publié le 18/02/2021 – 13:04

Des Libyens agitent des drapeaux. Ils se rassemblent pour célébrer le dixième anniversaire de la révolution de 2011, dans la ville de Benghazi, le 17 février 2021.  ABDULLAH DOMA / AFP
Des Libyens agitent des drapeaux. Ils se rassemblent pour célébrer le dixième anniversaire de la révolution de 2011, dans la ville de Benghazi, le 17 février 2021.  ABDULLAH DOMA / AFP

Mercredi 17 février, les Libyens célébraient le dixième anniversaire de la révolution. Vécue comme un espoir, la chute du régime de Muammar Kadhafi laisse aujourd’hui un souvenir amer. Le pays est gangrené par des milices armées et l’objet d’une dispute entre grandes puissances. Un “cauchemar sans fin”, dit cet éditorialiste burkinabé.

17 février 2011… 17 février 2021. Cela fait exactement dix ans que l’étincelle de la révolution libyenne a jailli. Une minuscule lueur qui, contrairement aux attentes, allait provoquer un incendie qui, aujourd’hui encore, continue de ravager le pays tout entier, sans que quiconque ne sache ni comment ni quand on en viendra à bout.

En effet, dans le sillage du printemps arabe qui a soufflé sur la Tunisie, balayant le régime de Zine El-Abidine Ben Ali, puis sur l’Égypte en faisant de même avec le pouvoir militaire d’Hosni Moubarak, des Libyens ne voulant pas s’en laisser conter se sont lancés à l’assaut de la forteresse kadhafienne, symbole à leurs yeux de tout le mal-être du pays [Muammar Kadhafi a dirigé la Libye durant 42 ans].

De l’espoir à la guerre

Tout a commencé à Benghazi le 17 février 2011 lorsque, après deux jours de manifestations pour la libération d’un avocat militant des droits de l’homme, la foule est violemment dispersée. La colère grandit, se transforme en rébellion armée et, telle une traînée de poudre, finit par mettre le pays à feu et à sang.

Le 17 mars, le conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 1973 permettant l’intervention militaire de la communauté internationale pour“protéger la population civile libyenne”.

Le 20 août, les révolutionnaires prennent Tripoli, et le 20 octobre, des avions de l’Otan frappent un convoi qui tentait de fuir Syrte [proche de la ville natale de Muammar Kadhafi] avec Kadhafi et une centaine de ses fidèles. Le Guide, un de ses fils et 80 personnes seront massacrés.

Entre milices et armées étrangères

Dix ans après, le rêve qui avait nourri la révolution libyenne s’est révélé un cauchemar sans fin. L’État libyen n’existe plus et ce qui en tient lieu n’a aucune emprise sur le quotidien des populations livrées à elles-mêmes.

Telle une dépouille, le pays est à la merci d’une multitude de groupes armés qui s’en disputent les parties les plus charnues. Ce sont des puissances étrangères et régionales aux intérêts divergents qui s’affrontent pour le contrôle des gisements pétroliers et des positions géostratégiques.

Regretter Kadhafi

Le pays qui vivait certes sous la chape de plomb d’un demi-siècle de dictature pouvait alors s’enorgueillir de ses nombreux acquis sociaux, comme l’accès à la scolarité, à la santé et au logement. On objectera que durant les 42 ans de la Jamahiriya, il n’y avait pas de droits de l’homme, de démocratie et encore moins de liberté. Mais au moins, la situation n’aurait pas pu être pire que celle à laquelle le monde entier et les Libyens assistent aujourd’hui.

Voici donc le pays de Kadhafi au milieu du gué, qui aurait nettement préféré un impossible retour en arrière mais qui ne peut non plus avancer vers le rivage de la démocratie que lui faisaient miroiter les Occidentaux, à l’image de la France et du Royaume-Uni. Des alliés qui, il y a dix ans, à travers l’Otan, ont pesé de tous leurs armements pour mettre un point final aux quatre décennies de pouvoir du Guide et de sa Jamahiriya.

À LIRE AUSSIMoyen-Orient. Les “printemps arabes” résistent encore

Il faut dire donc que c’est certainement avec amertume que les Libyens commémoreront cette révolution dont l’âpreté des fruits leur reste, dix ans après, en travers de la gorge. Et beaucoup d’entre eux auraient certainement préféré la stabilité sous la férule du Guide, que cette chienlit sans fin.H. Marie OuédraogoLire l’article originalSOURCE

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Fondé en 1973, L’Observateur Paalga est aujourd’hui le plus lu des trois quotidiens burkinabés. Créé sous le nom de L’Observateur, il a été interdit sous le président burkinabé Thomas Sankara, de 1984 à 1987, puis au début de la

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