Voici un article dans lequel un observateur turc résidant en Chine rend compte d’un phénomène que nous avions signalé dans ce blog dès le début de l’épidémie à Wuhan. La manière dont tout à coup derrière la Chine et sa compétition capitaliste apparaissait un tissu social collectiviste, les organisations de base du parti communiste crées par Mao et revitalisées avec Xi Jinping. Il nous décrit dans le détail qui sont ces comités de quartier, leur action, leur vocation. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)
The Secret of China’s Success: Neighborhood Committees (uwidata.com)
Alors que les États-Unis et l’Europe sont détruits par l’épidémie de Covid-19, la question « Comment la Chine a-t-elle arrêté l’épidémie et comment est-elle revenue à une vie normale ? » est devenue un thème de discussion fréquent. Les réponses des atlantistes sont superficielles : « Ils ont caché les données. » Les médias occidentaux, qui ont le plus à perdre de la fin du « rêve américain », ont commencé à se conduire comme une “anti-Chine”. Le fait que 95% des usines en Chine sont déjà ouvertes les rend fous, d’autant plus que 240.000 personnes devraient mourir aux Etats-Unis. Bloomberg, CNN et le New York Times fabriquent des articles dont la seule vocation est d’être hostile à la Chine, tandis que des sites web de provocation en Turquie tels que Independent Türkçe de Nevzat Çicek et Medyascope de Ruşen Çakır font la promotion de matériaux similaires. Malheureusement, ils sont même apparus sur la TRT appartenant à l’État.
Les Théories du complot diabolisant la Chine et Xi Jinping remplissent les sites de médias sociaux comme WhatsApp, Facebook et Twitter. Écrits sous les signatures de spécialistes des théories du complot, ils utilisent bien des stratégies pour diffuser de fausses informations.
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Le secret du succès de la Chine est en effet simple : la direction d’un État scientifique, populaire et apprécié de son peuple avec une société bien organisée. L’organisation et la culture de discipline de la Chine ont été essentielles à ses succès. Les comités de quartier en Chine, par exemple, ont été conçus comme les unités de gouvernement de base, et sont l’instrument le plus direct que le peuple a de participer à la gouvernance.
Wang Wenwen du Global Times a commenté la façon dont les « comités de quartier » travaillent dans son article du 31 mars: « De retour dans ma communauté résidentielle après quelques courses, j’ajuste mon masque et je retrousse une manche pour exposer un poignet nu. Contrôle de température, montrez votre laissez-passer de résident s’il vous plaît », a demandé le fonctionnaire masqué à la porte. Ces deux derniers mois, c’est la nouvelle normalité de Pékin. Personne ne peut s’y soustraire. C’est un impératif pour tout le monde afin de protéger la ville et mon quartier contre le coronavirus. Tout le monde l’accepte très bien : si vous êtes malade et que vous avez de la température, il ne vous viendrait pas à l’idée de sortir et de propager la maladie !
L’organisme qui applique cette consigne par quartier à l’entrée de chacun des immeubles et des lieux de travail, c’est le « Comité de quartier », « juweihui-居委会 ». Ils sont devant les entrées 24/7. Tous sont bénévoles. Ils prennent la température de chacun et travaillent dur pour empêcher la maladie de se propager. Cette permanence a été maintenue même dans le froid glacial de Pékin de février sans accroc.
Les comités de voisinage ont veillé sur les gens pendant les jours les plus difficiles de la lutte de la Chine contre le virus. Puis ils ont été en état d’alerte contre la possibilité d’une nouvelle vague d’infection, la ligne de défense la plus importante du pays est aujourd’hui également ces comités de quartier. Bien que l’épidémie ait été stoppée, ils continuent de prendre la température des gens.
LE CADEAU DE MAO
Les comités de quartier ont commencé comme à fonctionner en tant qu’unité de base urbaine dans les années 1950. En tant qu’unités d’autonomie gouvernementale du peuple, elles ont été institutionnalisées sur proposition de Mao Zedong, le fondateur de la Chine socialiste.
Le premier comité de quartier était formé des 200 qui se sont inscrits à la rue Shangyangshi de Hangzhou juste après la création de la République populaire de Chine le 23 octobre 1949. Ils se sont tous rendus aux urnes pour élire le président du comité de quartier. À la fin des années 1980, des comités de quartier ont été créés dans toutes les villes de Chine. Les membres des comités sont élus par les ménages et sont en activité pour trois ans. Le président et le secrétaire élus sont confirmés par les gouvernements locaux. Autrefois, les retraités étaient souvent choisis pour ce devoir, maintenant, il y a même des présidents qui ont un doctorat. Le niveau d’instruction le plus bas est un baccalauréat. Les adolescents sont souvent employés pour diverses activité. La source la plus importante est constituée par les volontaires qui se sont enregistrés.
Les responsabilités des comités de quartier sont les suivantes :
– informer les résidents locaux sur la Constitution, les politiques et les lois,
– collecter l’abonnement de l’immeuble et du chantier, et marquer les documents,
– Aider à soutenir les droits légitimes des résidents,
– Protéger les biens publics,
– Organiser des événements communautaires et des divertissements,
– Rétablissement de la paix sur des désaccords de bas niveau,
– Aider à la sécurité publique,
– Régir l’hygiène dans les espaces communs,
– Prise en charge des personnes âgées et handicapées, éducation des jeunes et amélioration de la sécurité sociale,
– Porter les besoins des citoyens à l’attention du gouvernement.
Le président du comité est responsable de la coordination. Dans chaque comité, il y a un vice-président. Chaque membre du comité est responsable d’un domaine spécifique. Ceux qui se voient confier ces fonctions sont chargés du gouvernement civil, de l’aide sociale et du soutien.
ILS ONT PERDU LEUR EMPRISE DANS LES ANNÉES 90
Puis le système des comités de quartier a été affaibli et a perdu son emprise entre 1992 et 2002 au cours d’une période d’enrichissement rapide et grossier. Les crimes économiques ont augmenté et la sécurité des villes a été perturbée au cours de ces années. Les bars installés devant les fenêtres restent de ces années comme un souvenir de ce moment dans le passé.
Le modèle de développement économique de ces années était la croissance axée sur l’exportation. Lors du 11e Plan quinquennal, les comités de quartier ont également été relancés lorsque le modèle de développement axé sur le marché intérieur a été adopté.
À partir de 2006, le Parti communiste chinois s’est concentré sur l’amélioration des comités de quartier. La relation entre le modèle économique et la démocratie publique fait l’objet d’un autre document.
AFFECTION PROFONDE POUR LE PEUPLE
Depuis l’élection de Xi Jinping au poste de secrétaire général du Parti communiste chinois, de grands efforts ont été déployés pour améliorer les organisations locales. Le président Xi a défini les organisations de base comme étant celles qui portent les principes fondamentaux du socialisme avec des caractéristiques chinoises. Xi Jinping a déclaré ce qui suit lors d’une discussion avec la délégation de Shanghai lors de la réunion annuelle du Congrès national du peuple et de la Conférence consultative politique du peuple chinois, le 5 mars 2014: « Sans une base solide, la terre tremble et les montagnes bougent. La gouvernance sociale doit être axée sur les villes et les communautés. Lorsque les services communautaires et les capacités de gestion sont améliorés, les collectivités deviennent plus stables. La vraie stabilité en Chine dépend de nos camarades qui travaillent au niveau local.
Il y a un vieil adage chinois qui dit : « Sans base solide, la terre tremble et les montagnes bougent. » Le président Xi cite fréquemment des proverbes et des classiques chinois, comme Mao avant lui.
Le Secrétaire général du Parti communiste chinois a fait cet appel aux organisations locales :
« ce qui est premier est l’affection pour le peuple. Afin de renforcer nos sentiments envers le peuple, il est nécessaire d’éprouver une affection profonde pour lui tout en menant notre travail. Les préoccupations des gens doivent être nos préoccupations. Les soucis du peuple doivent être nos soucis. Nous devons nous attaquer aux difficultés qui affligent les gens et nous efforcer de réaliser les espoirs qu’ils chérissent. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous pourrons faire un meilleur travail à cet égard dans les collectivités. Nous pouvons facilement voir à partir de leurs beaux gestes que lorsque vous montrez aux gens plus de chaleur, ils répondent avec plus d’affection, et quand vous faites plus pour le bien-être des gens, ils ont plus confiance en vous. Deuxièmement, il s’agit d’examiner les choses à partir du point de vue du peuple. Lorsque nous accomplissons des travaux de masse, nous devons toujours maintenir la position politique ferme selon laquelle le Parti n’existe que pour servir les intérêts du peuple et gouverner en son nom. Tant que nous mettons le peuple en premier et tant que nous adhérons à la ligne de masse, faire un bon travail de masse ne sera jamais trop difficile. Troisièmement, il y a les intérêts du peuple. Nous devons réaliser, sauvegarder et développer efficacement les intérêts du peuple. Leurs intérêts doivent primer lors de l’approfondissement des réformes, de la promotion du développement et du maintien de la stabilité. Nous devons toujours nous souvenir des difficultés de la population, en particulier de ceux dont la situation est la plus grave et essayer de résoudre de vrais problèmes et de vraies difficultés.
MOBILISATION CONTRE L’ÉPIDÉMIE
Les comités de quartier viennent des gens eux-mêmes depuis des décennies et ont été les plus petites unités gouvernementales à fournir l’ordre et la gouvernance dans la discipline. Les 50 ans et plus d’expérience des comités ont été activés lorsque la menace COVID-19 est apparue. Cela a été le terreau à partir duquel les gens montrent leurs remarquables capacités de mobilisation. Le secret était la grande discipline et la mobilisation du travail des comités de quartier, qui ont assuré 98% des besoins des 11 millions d’habitants de Wuhan en matière de dépistage médical. Ils ont subvenu aux besoins alimentaires quotidiens des gens qui ne pouvaient pas sortir un par un. La plupart des bâtiments de Wuhan sont vieux et n’ont pas d’ascenseurs. Il aurait été impossible de transporter du matériel par les escaliers sans les comités de quartier et les bénévoles. Le travail des comités de quartier dans le Jiangsu a été publié dans la presse chinoise. Ils ont frappé à la porte de toutes les maisons pour s’assurer que toute la population avait accès à la santé et à l’hygiène de base. Étant donné qu’ils ont mené ce travail au risque d’être malades, ils ont été salués par la société. Les présidents des comités de quartier notent qu’ils reçoivent en moyenne 600 appels téléphoniques par jour.
Conclusion
Les comités de voisinage aident à donner un sentiment d’appartenance à une nation et fournissent un sentiment de sécurité aux citoyens chinois. Ces comités font savoir aux gens qu’ils savent à qui s’adresser lorsqu’ils en ont besoin. Le travail opportun, minutieux et dévoué des comités de quartier a aidé à maintenir la distanciation sociale pendant l’épidémie et a diminué les nécessités pour lesquelles les gens avaient besoin de se déplacer, et donc ils ont empêché la propagation du virus. La Chine a une fois de plus prouvé la sagesse de l’adage : « le peuple organisé ne peut pas être vaincu ! »
Adnan Akfırat est représentant de la Chine et membre du Bureau des relations internationales du Parti patriotique de Turquie; Président de la Turkish-Chinese Business Development and Friendship Association (Turk-Cin Is Der); chercheur visiteur du Centre d’études turques de l’Université de Shanghai et du Centre de recherche sur la route de la soie de l’Université Shihezi. M. Akfirat vit à Shanghai depuis 2011.
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Jean François DRON
Je me rappellle que dans les années 75 -83 ma cellule avait ce genre de préoccupations. c’est pour çà que nous étions nombreu les gens nous étaient reconnaissants d nous préoccuper de leurs besoins. Maintenant ….élas