mercredi à 22 h25 sur Arte, passe un documentaire de Michaël Kloft.
Quand j’ai écrit mon livre sur Fritz Lang et Bertolt Brecht, j’ai bien évidemment été confrontée à cette femme qui fut la cinéaste officielle du III e Reich, j’ai visionné ses films, surtout le triomphe de la volonté. Et je crois que le parti du documentaire dont on nous annonce qu’il contredit le plaidoyer qui fut le sien pour échapper à ses responsabilités est parfaitement juste.
C’est un être immonde, qu’elle ait pu trouver en France des cinéphiles capables de cautionner l’idée qu’elle ne s’occupait que de son art et subissait la haine de Goebbels est une de ces fictions, que des idiots utiles ont défendu. Comme certains ont osé défendre l’innocence politique de Heil!degger . Certains de ces défenseurs ont existé non sans un pseudo snobisme qui ne les a pas empêché d’être des “anti-staliniens” jusque dans les rangs des communistes d’alors. La mansuétude au nom de l’art , voir de l’utilisation abusive du comité central d’Argenteuil pour défendre de franches ordures mais pour accabler les communistes qui les combattaient a été le travers de cette critique. Il y eut déjà des “cinéphiles” pour oser la comparaison entre Eisenstein, cinéaste de propagande de l’URSS, avec Leni Riefenstahl, cinéaste de propagande de l’Allemagne nazie. Dans l’étude que j’ai faite sur Brecht et Lang, le nazisme n’a jamais été éradiqué, j’ai tenté de montrer comment dans l’ouverture de son film (les Bourreaux meurent aussi), Fritz Lang qui lui n’a jamais cédé à ces fascinations esthétiques, dénonce le film de Riefenstahl (le triomphe de la volonté) sur le Congrès du parti à Nuremberg. Que les nazis aient tenté de parodier l’Union soviétique, ses arts de masse que sont le cinéma et l’architecture est un fait, mais créer un signe d’égalité pour prétendre abstraire les gens qui s’étaient mis au service de l’extermination et de l’avilissement est déja l’illustration de qui va s’amplifier et qui aujourd’hui tente d’aboutir à la criminalisation des communistes en Europe. Donc un documentaire qui dit qui a été réellement la nazie Léni Riefenstahl est le bienvenu.
On connait son utilisation de tsiganes condamnés à la mort dans les camps d’extermination, mais ses relations avec un de ses opérateurs Zielke disent aussi le narcissisme, le caractère impitoyable de cette femme. Pendant le tournage du prologue des films olympiques, il y a eu des désaccords entre Zielke et Riefenstahl. Selon les notes de Zielke, elle aurait voulu être filmée nue, mais Zielke n’aurait capté que ses mains. Peu après, il fut interné le 13 février 1937 et emmené à l’hôpital psychiatrique de Haar. Là, on lui a diagnostiqué une prétendue schizophrénie et Zielke fut stérilisé de force. Selon lui, c’était Riefenstahl qui était responsable de l’admission, mais il ne put le prouver. En outre, des expériences médicales auraient été menées sur lui dans l’établissement. En août 1942, cinq ans après l’admission forcée, Zielke, qui était considéré comme incurable, fut libéré, apparemment grâce à Riefenstah qui avait besoin de ses compétences et l’employa immédiatement comme caméraman pour son film Tiefland, celui où elle utilisait les tziganes.
Ici nous reproduisons un article d’un chercheur David Holbrook Culbert qui a exploité les carnets de Goebbels et qui montre ce qu’il faut penser de la prétendue hostilité de Goebbels et de cette femme ne vivant que pour son art.
photo : le triomphe de la volonté de Léni Riefenstahl
Leni Riefenstahl et les carnet de Goebbels
le numéro d’octobre 2007 du Historical Journal of Film, Radio and Television, David Holbrook Culbert, professeur au département d’histoire de l’Université d’État de Louisiane, à Baton Rouge, revient sur les références que fait Joseph Goebbels à Leni Riefenstahl dans son Journal entre 1929 et 19441. Culbert avait déjà consacré deux articles à la question en 1993 et 1995 dans la même revue2, il avait réalisé une interview de la cinéaste en 1979 dans le cadre du Centre pour l’Histoire orale T. Harry Williams de son université3 et publié plusieurs autres articles4.
2-Ce qui l’a amené à revenir sur le sujet, c’est la nouvelle édition en 14 volumes du Tagebücher von Joseph Goebbels – qui en a connu plusieurs, toutes lacunaires et fautives jusqu’alors –, conduite par l’Institut für Zeitgeschichte (Institut d’histoire contemporaine) à Munich sous la direction d’Elke Fröhlich et publiée par Klaus Saur entre 1998 et 2006. La période de 1934-1935 – qui intéresse particulièrement les historiens en raison des événements évoqués – notamment l’assassinat de Röhm et des siens lors de la « Nuit des longs couteaux » et le Congrès du Parti nazi à Nuremberg – apparaît dans cette nouvelle édition et, par contrecoup, « l’entrée » de Leni Riefenstahl dans le cercle des dirigeants nazis.
3-On sait que Riefenstahl, dès l’après-guerre, a argué de son « extériorité » d’avec le régime nazi en s’appuyant essentiellement sur sa non-appartenance au parti national-socialiste5 et surtout sur l’hostilité que lui aurait portée continûment Goebbels, ministre de la Propagande. Celui-ci n’aurait eu de cesse d’entraver son travail – qu’elle a toujours qualifié de purement « artistique »
4-Cet argumentaire avait déjà été fortement ébranlé par le travail de Glenn B. Infield sur les rapports de la cinéaste avec le IIIe Reich qui se fondait en partie sur l’exploitation d’archives allemandes (notamment du ministère de la Propagande)6. Mais à cette époque le Journal de Goebbels n’était que très partiellement édité – toute une partie, aujourd’hui accessible, se trouvait alors à Moscou – et l’auteur accréditait encore la thèse de l’hostilité du ministre à l’endroit de la réalisatrice.
5La bibliographie concernant Leni Riefenstahl est énorme et cela dès les années 1920-1930. L’actrice puis la cinéaste était une « star » et, en plein nazisme, on ne compte pas les articles la concernant qui spéculent sur ses relations amoureuses avec Hitler. On en fait même l’inspiratrice de celui-ci… Elle-même n’a pas été chiche en interviews, déclarations de toutes sortes et publications. Si elle a renié son livre Inter den kulissen der Reichsparteitag-films [Zentralverlag der NSDAP, München, 1935] (Dans les coulisses du film sur le Jour du Parti) édité par l’Imprimerie centrale du Parti national socialiste et préfacé par Hitler – qu’en avril 1935, pourtant, elle dédicaçait à Martin Bormann et dont elle fait état comme sien dans une lettre à Mussolini… –, ses Mémoires (1987) et ses interviews filmées ont tenté de baliser le terrain selon ses propres vues, c’est-à-dire de banaliser son implication dans l’appareil de propagande idéologique nazi. Mais alors qu’en Allemagne et aux États-Unis de nombreux travaux d’envergure ont paru à son sujet7 – sans compter des études particulières en revues –, en France, en dehors de la recherche de Jérôme Bimbenet centrée sur les rapports de Riefenstahl et de la France8, aucun travail d’ensemble n’a été conduit sur cette cinéaste depuis la traduction du livre d’Infield – jamais réédité par les éditions du Seuil9. La bibliographie française n’est pourtant pas mince elle non plus ! On peut le mesurer en consultant la recension internationale et française établie par un chercheur belge, Luc Deneulin10. Mais elle consiste avant tout en « points de vue », « opinions », anecdotes ou dithyrambes. On y cherche en vain des travaux d’investigations qui dépasseraient les redites et interrogeraient l’argumentaire de la cinéaste fondé sur quelques invariants : dimension artistique de son travail et non de propagande11, assimilation de sa situation à celle d’Eisenstein12 et enfin conflit avec Goebbels (on avait déjà évoqué tout cela dans 1895 n°40, à l’occasion du centenaire de la cinéaste13). Internet offre sans doute peu de sujets comparables, aux entrées aussi nombreuses, aussi richement illustrés, en particulier d’extraits de films ou de films entiers (Youtube offre Jour de liberté ! Notre Wehrmacht en intégralité). Mais la plupart de ces « sites » reprennent la version de la cinéaste. Certains des « liens » que propose le site de la Cinémathèque française participent allégrement de cette entreprise de « brouillage » historique, tandis que sur « documentaires.org » les lieux communs sont portés à un degré élevé d’exaltation
6-Unique initiative à contre-courant, la traduction toute récente (mai 2008) de la biographie de Steven Bach, sous titrée en français : « une ambition allemande »14.
7-Or c’est pour réagir à cette biographie « où il ne retrouve pas l’être qu’il a connu » que, dans le dernier numéro de Cinéma 014, Kewin Brownlow – avec qui Paul Rotha avait polémiqué au sujet de la cinéaste en 1966 et qui introduisait en 1983 à une réédition de Schönheit im Olympischen Kampf(Deutscher Verlag, Berlin, 1937) sous le titre Olimpia à New York puis chez Taschen, ainsi qu’à l’édition d’Africa – évoque une rencontre qu’il avait organisée le 14 octobre 1970 entre la cinéaste et George Stevens (« l’homme qui a filmé l’ouverture des camps de la mort » – pour employer une formule figée et fallacieuse puisque – Delage nous l’apprend – ce n’est pas Stevens qui a tourné ce film mais Ray Kellog !15). Il y reprend à nouveau quelques-uns des arguments « classiques » de la « défense », tandis que Bernard Eisenschitz – qui accrédite la version riefenstahlienne de sa « persécution »16 – justifie la publication de ce témoignage pour sa valeur de document et s’appuie sur les Histoire(s) du cinéma de Godard (« le regard de Stevens ») et… le « travelling de Kapo »17.
8-Soucieux à notre tour mettre à la disposition des lecteurs un « document », nous avons demandé à David Culbert de pouvoir reprendre la recension qu’il a faite des références à Leni Riefenstahl dans le Journal de Goebbels, ce qu’il a volontiers accepté, mettant en outre généreusement à notre disposition la version allemande des textes – qu’il a publiés en anglais.
9-Nous sommes donc repartis de la langue originale en tâchant au maximum de respecter l’idiolecte du diariste qui est assez brutal : nombreuses abréviations, phrases sans verbe, raccourcis, allusions et une assez constante vulgarité d’expression.
10-Il était par ailleurs nécessaire d’apporter quelques renseignements supplémentaires ou de compléter certains passages pour expliciter certains noms de personnes, lieux, titres de films, etc. évoqués par l’auteur. On trouvera entre crochets les ajouts de mots ou explicitations de mots (titres de films notamment) et en notes les renseignements supplémentaires. Une partie de ces éclaircissements proviennent de l’édition allemande et des apports de David Culbert.
11-Il va de soi que ce « document » ne dit pas la vérité, mais comme l’écrit justement Culbert dans son introduction, les « souvenirs » de Riefenstahl écrit plus de 50 ans après les faits en sont plus éloignés encore. Comme il est de règle en matière historique la confrontation des sources et la suspicion à l’endroit des témoignages personnels sont évidemment requis ici comme ailleurs.
12-NB. Dans le texte ci-dessous, le patronyme de Leni Riefenstahl est noté : Riefenstahl, Riefenst., Rief., Rie, Ri. avec ou sans le prénom, Leni, celui-ci apparaissant également seul à l’occasion. On ne l’a pas complété à chaque occurrence.
14[sans référence de page] 1er décembre 1929. Le soir je vois avec Erika le film Piz Palu [Die Weiße Hölle von Piz Palü – l’Enfer blanc de Piz Palu, d’Arnold Fanck et Georg-Wilhelm Pabst]. Un film de montagne et de neige qui m’impressionne profondément. Joue là-dedans la ravissante Leni Riefenstahl. Une merveilleuse enfant, pleine de grâce et de charme !
15Partie I, Vol. 2/III Octobre 1932-Mars 1934
Munich, Saur, 2005
16[p. 50] 3 novembre 1932. [Hôtel] Kaiserhof [résidence de Hitler à Berlin]. Comme je pars, arrive aussi Leni Riefenstahl pour aller au chef [Hitler]. Très sympathique…
Kaiserhof. Magda [épouse de Goebbels] vient aussi. Je fais connaissance avec la Riefenstahl. Il [sic], très sympathique, intelligent et agréable personne. Nous conversons longtemps. Elle est très enthousiaste pour nous.
17[p. 52] 5 novembre 1932. Le soir tard Leni Riefenst. Chez nous. Elle discute jusqu’à 4 heures du matin. Une chose intelligente et amusante. Elle donne l’impression d’être très sympathique. Madga aussi l’apprécie.
18[p. 53] 7 novembre 1932. Le soir les invités arrivent. Toute la maison pleine. Madame v[on] D. et Erika, Auwi[officier SS], v[on] Arnin, et Madame L. Riefenstahl, Helldorff et Schaeffer.
19[p. 61] 17 novembre 1932. À la maison Bronnon et Leni Riefenstahl. Film Madame Docteur discuté. Formidable sujet. Mais encore beaucoup de problèmes18. L. R. ne fait pas bonne impression. Elle se plaint terriblement de [Luis] Trenker. Mauvais signe !
20[p. 65] 22 novembre 1932. Le soir Hitler chez nous. Leni Riefensthal aussi. C’est très agréable. Leni R. danse. Bonne et efficace. Une souple gazelle.
21[p. 75] 6 décembre 1932. À la maison très grande société. 40 personnes… La Riefenstahl flirte avec Goering… La Slezak tend son Hitler. Ça dure jusqu’à quatre heures du matin.
22[p. 77] 8 décembre 1932. Dans la soirée chez Leni Riefenstahl. Avec Magda, Hitler, Brückner, Hanf[staengl]. Musique, discours. Tout très agréable. Jusqu’à 3 heures du matin.
23[p. 80] 11 décembre 1932. Chez Goering au palais. Nombreuse société. Balbo, l’Italien. Ministre de l’Aviation là… Leni Riefenst. Aussi là. Très agréable. Et Madame Sonnemann. Extraordinairement sympathique. Magda et L. Riefenst. badinent avec Balbo… Ça dure jusqu’à 5 heures du matin.
24[p. 85] 17 décembre 1932. À la maison. Hitler là. Auwi. Plus tard L. Riefenstahl. Hitler raconte. Comme toujours, très agréable.
25[p. 165] 9 avril 1933. Luis Trenker. Mieux que je ne pensais. Leni Riefenstahl l’a plutôt déprécié. Parce qu’elle l’a aimé autrefois. Mais il a des idées et de l’instinct. Le reste m’intéresse moins.
26[p. 188] 17 mai 1933. Après-m[idi]. Leni Riefenstahl. Elle raconte ses projets. Je lui suggère un film sur Hitler. Cela l’enthousiasme. Le soir avec Magda et L. Riefenstahl à Butterfly. A été bien chanté et joué. Après nous discutons au Traube [Hôtel-restaurant réputé situé Reinhardstraße, non loin du Deutsche Theater].
27[p. 193] 26 mai 1933. Hier : merveilleuse excursion à Heiligendamm [sur la Baltique. Maison de vacances de Goebbels]. Notre pique-nique raté. Mer magnifique ! Chef [Hitler] avec. Leni Riefenstahl aussi. Merveilleux voyage de retour. En route on a quand même encore pique-niqué.
28[p. 205] 12 juin 1933. À Schaumburg [-Lippe, prince Friedrich Christian zu, adjudant attaché à Goebbels] avec Mme Riefenstahl discuter de nouveaux films. Elle est la seule parmi les stars qui nous comprenne.
29[p. 206] 14 juin 1933. La Riefenstahl a parlé avec Hitler. Elle commence donc son film.
30[p. 208] 16 juin 1933. Travail à la maison. Traversé la soirée avec Hitler. Plus tard je suis chez lui. Philipp von Hessen et L. Riefenstahl. Très agréable. Au lit tard. 4 heures de sommeil.
31[p. 211] 20 juin 1933. Discuté à fond avec Riefenstahl de son film.
32[p. 221] 4 juillet 1933. Puis à la maison. H[au]ptm[ann] [Capitaine] Rettelsky [policier] et L. Riefenstahl.
33[p. 224] 9 juillet 1933. Excursion à Seckendorf. Fabuleux été ! Là scènes filmées de « Blut und Scholle » [Du sollst nicht begehren, Richard Schneider-Edenkoben, 1933]. Riefenstahl avec. Tard à Berlin.
34[p. 227] 14 juillet 1933. Chez Hitler pour midi…. Chez Hitler vu le film de [Hans] Albers. Merdique. Riefenstahl, Gerda Maurus et Mari[anne] Winckelstern. Trois belles femmes. Surtout la Winckelstern.
Hitler raconte.
35[p. 230] 18 juillet 1933. Dans la soirée à la maison. Punch. Visite : G. Maurus, L. Riefenstahl, Auwi, H[au]ptm[ann] [Capitaine] Weiss et Kampmann. La visite jusqu’à 3 heures du matin.
36[p. 230] 19 juillet 1933. Soir Correll, Koehn, et Riefenstahl. Film Mme Docteur. J’aide autant que je peux.
37[p. 246] 14 août 1933. À la maison. Discussion avec L. Riefenstahl. Questions de cinéma.
38[p. 247] 16 août 1933. Détente. Passé le temps avec les femmes. Leni Riefenstahl arrive. Spécialement de Berlin.
39[p. 248] 17 août 1933. Sinon travailler. Livre sera magnifique. Leni Rief. retour à nouveau.
40[p. 254] 27 août 1933. Avec le Führer à l’exposition de la Radio. Avec lui à midi. Leni Riefenst. aussi là. Elle tourne notre film sur la Journée du Parti [5e Congrès]. Se réjouit beaucoup.
- 19 Avec Leni Riefenstahl. Une version américaine a été tournée, supervisée par Tay Garnett.
41[p. 261] 5 septembre 1933. Film SOS Eisberg [SOS Iceberg, Arnold Fanck]19. Prises de vues de la nature grandioses. Action très pâle. Leni Riefenstahl fait une impression fortement conventionnelle. Ça ne lui a pas réussi.
42[p. 265] 11 septembre 1933. À Wannsee [lac de Berlin] avec L. Riefenst. Conseiller sur le film de Nuremberg. Elle est sur le chemin d’apporter quelque chose.
43[p. 271] 19 septembre 1933. Chez Hitler. Riefenst. là. Se plaint de [Arnold] Raether [producteur exécutif sur Sieg des Glaubens]. Plus querelleuse. Raether libre et totalement innocent. Hitler contre le Conseil d’Etat…
44[p. 273] 21 septembre 1933. Je rétablis la paix entre Leni Rie et Raether. Les gens de cinéma sont toujours en bagarre.
45[p. 275] 23 septembre 1933. Je parle avec Leni Rief. Elle pleure parce qu’elle croit qu’elle est faussement traitée par le Parti. Je parle de ça avec elle.
46[p. 287] 9 octobre 1933. Après-m[idi]. Pour un café avec la Riefenstahl et Cemnitzer [Kemnitzer]… [à Aida]. Après chez nous à la maison. Leni Ri. et Willi Fritsch. Parlé cinéma.
47[p. 292] 16 octobre 1933. à 8 heures Berlin. À la maison agréable société. Leni Riefenstahl, Helldors, Fritsch et Ren[ate] Müller. Parlé de tout
48[p. 325] 29 novembre 1933. Soir dîner pour Alfieri… Hitler arrive plus tard. Film Sieg des Glaubens [la Victoire de la foi]. Brillante symphonie SA. La Riefenstahl a bien œuvré. Elle est complètement épuisée par le travail. Hitler ému. Sera un succès gigantesque. Jusque tard dans la nuit. Alfieri invite Hitler à à Rome.
49[p. 328] 2 décembre 1933 [Première du] Film Sieg des Glaubens. Il agit devant la masse un peu plus faiblement que dans un lieu intime. Malgré tout un coup retentissant. De brillantes festivités. Salle pleine. Tout [est] couvert. Sous l’explosion de joie sans fin cette symphonie des images s’achève. Chez Hitler. Grande société… Jusqu’à 3 heures du matin. Leni Riefenstahl est heureuse. Peut vraiment l’être. A fait un bon travail.
50[p. 344] 25 décembre 1933. Après-m[idi] Fais des visites. Riefenstahl et d’autres.
51Vol. 3/I avril 1934-février 1936
Munich, Saur, 2005
52[p. 43] 4 mai 1934. Avec Leni Riefenstahl questions de cinéma, surtout le film sur le Jour du Parti [6e Congrès du Parti] [Triumph des Willens].
53[p. 98] 26 août 1934. Samedi : tôt déjà sorti pour Berlin. Discuté du film sur le Jour du Parti avec L. Riefenstahl. Ça ne sera pas beaucoup. Elle est trop nerveuse. Fonctionnaires du ministère prêtant serment au Führer.
54[pp. 101-102] 6 septembre 1934. [vols avec Hitler de l’Obersalzburg à Munich, puis à Nuremberg] Mercredi : au Congrès. Nous attendons le Führer. Grande cérémonie. Sommités du Parti, de l’État, entrée solennelle de la R[eichs]W[ehr]. Le Dankgebet [Actions de grâce]. Fanfares et mauvaises Ouvertures de Wagner.
55[p. 103] 8 septembre 1934. Revue de l’O[rganisation du] P[arti]. Un tableau extraordinaire. Seulement des choses ne marchent pas. Mais après ça va quand même. [Robert] Ley bégaye. Bon gars. Führer parle brillamment. Quelle image devant les drapeaux !
56[p. 103] 10 septembre 1934. Au stade de la J[eunessse] H[itlérienne]. Ces 60.000 garçons et filles. Un tableau magnifique, le plus beau de tout le Congrès. Le Führer parle bien. Tonnerre d’applaudissements. « Unsere Fahne flatter uns voran » [Notre drapeau flotte devant nous, Horst-Wessel-Lied, hymne du parti nazi]… Repas chez Führer. Avec tous ceux du Reich et les Gauleiters. Chef parle brièvement. Des erreurs et imperfections du Jour du Parti. Prochaine fois ce sera mieux.
57[p. 104] 11 Septembre 1934. Esplanade Zeppelin. Manœuvres fantastiques de la R[eich] W[ehr]. Précises et accomplies. Grandes scènes de batailles… Pauvre idiot de [Ernst] Roehm, qui voulait détruire ça. Le Führer aussi est entièrement emporté.
58[p. 121] 17 octobre 1934. Midi avec Hitler. Beaucoup de gens… Führer très enthousiaste de Hl. Johanna de Paula Wesselly qu’il a vu dimanche [Sainte Jeanne de G-B.Shaw, mis en scène par Heinz Hilpert]… Leni Riefenstahl raconte sur le film du Jour du Parti. Il sera bien.
59[p. 140] 22 novembre 1934. Après-m[idi] chez Leni Riefenstahl merveilleuses prises de vues du film du Parti. La Leni peut en faire. Celle-là si c’était un homme !
60[p. 206] 26 mars 1935. Ensuite Führer… Avec lui et Goering vu sa nouvelle pièce de travail. Beau et digne. Après-m[idi] film de Nuremberg. Un show grandiose. Sauf dans la dernière partie un peu longuet. Sinon superbe dans la représentation. Le chef-d’œuvre de Leni.
61[p. 207] 28 mars 1935. Leni Riefenstahl me parle du film du Jour du Parti. Elle doit absolument [partir] en vacances.
62[p. 209] 30 mars 1935. Le film du Jour du Parti à l’Ufa-Palast [-am-Zoo, Berlin]. Une Première réjouissante. Le plus grand succès de Leni. Mais le film a effectivement des lenteurs. Sinon grand show de notre Volonté. Naturellement critiques enthousiastes. Après ça encore longtemps chez le Führer. Importante société.
63[p. 211] 3 avril 1935. Soir avec Magda Butterfly avec Teiko Kiwa. La japonaise joue de façon émouvante. Sa voix se pose parfois naïvement fausse. Mais quand même une grande impression. Leni Riefenstahl aussi avec nous. Ensuite club du théâtre. Une soirée agréable amusante.
64[p. 222] 25 avril 1935. Mercredi : tôt à Berlin. Tout de suite au travail. Discussions avec Funk. Prix littéraire et du film. Riefenstahl et Moeller. Celui-ci magnifiques poésies visionnaires.
65[p. 225] 3 mai 1935. Staatoper [Opéra] RKK. Mon discours fait une impression prodigieuse20. Prix [national] du film L. Riefenstahl, prix littéraire W. E. Moeller. Tous sont contents. Chancellerie du Reich. M’en suis sorti avec un œil bleu [situation sauvée].
66[p. 254] 28 juin 1935. Chaleur tropicale. Leni Riefenstahl fait bon accueil au prix du film. Discuté en détail avec elle le plan du film des Olympiades. Chez le Führer midi.
67[p. 277] 17 août 1935. Mlle Riefenstahl fait un compte rendu sur travaux préparatoires au film des Olympiades. Elle est un morceau d’intelligence !
68[p. 278] 19 août 1935. [À Nuremberg ; visites des sites du Congrès du Parti]. Grandiose. Nous sommes tous enthousiastes, surtout du Luitpoldhain.
69[p. 279] 21 août 1935. Un million et demi [de marks] accordés au filmdes Olympiades.
70[p. 283] 27 août 1935. [Rapports à Hitler] Mais les films allemands à Venise [festival du film] de grand succès. Surtout le film du Jour du Parti [Triumph des Willens].
71[p. 286] 2 septembre 1935. Passé en revue le train de l’exposition des Olympiades. Fait par notre ministère [de la Propagande]. Magnifique !
- 21 Riefenstahl avait sollicité Streicher pour évincer «le juif Béla Balàcs [sic] » de toute prétention (…)
72[p. 288] 6 septembre 1935. [Julius Streicher] dans la question juive… Mais son papier quelquefois n’est que pornographie21.
73[p. 291] 11 septembre 1935. Encore jusqu’à trois heures du matin. Le Führer et Streicher. […]
74[p. 294] 17 septembre 1935. La judéité est fortement frappée. Nous avons depuis beaucoup d’années enfin eu le courage de la prendre par les cornes.
75[p. 294] 17 septembre 1935. [Nuremberg]. À la journée de la Wehrmacht. Spectaculaire parade avec tous les types d’armes. Tanks, artillerie lourde. Extraordinaire. Nous sommes à nouveau un pouvoir. Le Führer parle bien devant les soldats22.
76[p. 305] 5 octobre 1935. Avec Leni Riefenstahl discuté à fond son film des Olympiades. Une femme qui sait ce qu’elle veut ! À la maison avec L. Riefenstahl. Affaires du film terminées. Encore beaucoup à travailler.
77[p. 305] 9 octobre 1935. À la maison beaucoup de travail. Soir avec Riefenstahl et [Luise] Ullrich regardé des films. Longue discussion. Une mauvaise chose, Das Stahltier [l’Animal d’acier de Willy Zielke23]. Merveilleuses scènes dans Viktoria [de Carl Hoffmann]. Un film médical Ewige Mask [le Masque de toujours, Werner Hochbaum, 193524]. Pourra pas être montré. Trop accablant.
78[pp. 309-310] 13 octobre 1935. Samedi : travail de bureau. Après longue discussion avec le Führer… Interdictions des films doivent seulement être décidées ou annulées par moi. Contrat avec Leni Riefenstahl pour le film des Olympiades approuvé. En outre en tout mon sens cautionné, j’en suis très heureux.
79[p. 324] 7 novembre 1935. Mlle Riefenstahl reçoit son contrat pour le film sur les Olympiades. Pour 1,5 million. Elle est très heureuse25.
80Vol. 3/II. Mars 1936-février 1937
Munich, Saur, 2001
81[pp. 101-102] 9 juin 1936. Puis repas en l’honneur d[e Bernardo] Attolico d’Edda Mussolini-Ciano. Importante société… Leni Riefenstahl reçoit présentée solennellement la Coppa-Mussolini [pour Triumph des Willens].
82[p. 144] 31 juillet 1936. Plus tard arrive encore Dino Alfieri, le ministre italien de la Propagande… Leni Riefenstahl fait de la gymnastique autour du bâtiment.
83[p. 150] 6 août 1936. Après-m[idi]. Stade [olympique de Berlin]. Marche et saut. Nous ne rapportons pas beaucoup. Je contiens la Riefenstahl qui se comporte de façon indescriptible. Une femme hystérique. Justement [ce n’est] pas un homme !
84[p. 170] 30 août 1936. [Vols de Berlin à Munich et à Venise] Soir dîner… Puis un film en plein-air. Jugend der Welt [Jeunesse des Jeux olympiques mondiaux d’hiver] de [Hans] Weidemann, bien réalisé. Kaiser von Kalifornien [l’Empereur de Californie]de Trenker, un succès tempétueux. Doit recevoir le premier prix… Juste pas dormi. Les moustiques empoisonnés piquent. Insupportable chaleur.
85[p. 174] 4 septembre 1936. Grands prix à Venise. La Coupe Mussolini pour Kaiser von Kalifornien ; Coupe Luce pour Weidemann [Jugend der Welt]. Triomphe pour l’art cinématographique allemand.
869 septembre 1936. [au congrès du Parti à Nuremberg].
87[p. 186] 18 septembre 1936. Ministère : Riefenstahl à Kalgen contre Weidemann. Mais elle est gravement hystérique. De nouveau un signe que les femmes ne peuvent pas maîtriser de telles missions.
88[p. 225] 25 octobre 1936. Vérification sur le film des Olympiades ; la Riefenstahl a fait un travail terrible dans l’économie. Intervenir !
89[p. 240] 6 novembre 1936. Mlle Riefenstahl est hystérique envers moi. Avec cette furie il est impossible de travailler. Elle veut pour son film un demi million en plus et en faire deux avec ça. Ça pue dans sa boutique comme jamais. Je suis froid jusqu’au cœur là. Elle pleure. C’est la dernière arme des femmes. Mais avec moi ça ne marche plus. Elle doit travailler et tenir sa place.
90Vol. 4. Mars-novembre 1937.
Munich, Saur, 2000
91[p. 182] 16 juin 1937. La presse étrangère sort une méchante provocation contre Leni Riefenstahl et moi. Je publie un très tranchant démenti là-dessus26.
92[p. 205] 1er juillet 1937. Avec Führer chez Leni Riefenstahl pour le déjeuner. Elle s’est construit une charmante maisonnette. Nous conversons longuement. Elle est si exaltée.
93[p. 420] 24 novembre 1937. Soir avec Magda et Madame V. Arent chez Mlle Riefenstahl. Regardé en partie le film des Olympiades. Incroyablement bon. Superbement photographié et mis en scène. Un très grand résultat. Dans certains passages, profondément émouvant. La Leni peut déjà beaucoup. Je suis enthousiaste. Et Leni très heureuse.
94[p. 424] 27 novembre 1937. Soir dîner chez le Führer pour la Hongrie. Je raconte au Führer le film des Olympiades de Riefenstahl. Il se réjouit beaucoup qu’il soit si réussi. Nous devons faire quelque chose pour offrir un petit présent honorifique à Leni. Elle l’a gagné. A renoncé si longtemps à la célébrité et la reconnaissance.
95Vol. 5. Décembre 1937-Juillet 1938
Munich, Saur, 2000
96[p. 43] 9 décembre 1937. Et Leni Riefenstahl, Diehl et Heinz Rühmann nommés au Comité des Artistes de la Tobis.
97[p. 224] 22 mars 1938. Avec Mlle Riefenstahl débattu le film des Olympiades. Elle est contente que le travail soit fini. Je l’envoie immédiatement à Hollywood pour étudier la technique de là-bas.
98[p. 267] 22 avril 1938. Le film des Olympiades domine toute la presse. On entend un seul hymne de louange. Je transfère encore 100 000 marks à Leni Riefenstahl.
99[p. 269] 23 avril 1938. Mlle Riefenstahl est très heureuses des 100 000 marks. Elle les a aussi gagnés.
100[p. 270] 23 avril 1938. Soir avec le Führer à la Philharmonie. Furtwaengler dirige la Philharmonie de Vienne. Beau et gracieux. (…) Mais combien cet homme est un chef d’orchestre de génie, on sort de là comme saoul. Comme nous sommes donc riches nous les Allemands.
- 27 Cf. « Dr. Goebbels an Leni Riefenstahl », Film-Kurier, n°102, 3 mai 1938.
101[p. 283] 2 mai 1938. Maison de l’Opéra allemand… Je parle. Avec un grand succès. Prix du film à Riefenstahl27.
102[p. 373] 8 juillet 1938. Leni Riefenstahl me raconte les succès du film sur les Olympiades à l’étranger. Et des intrigues contre à Paris et Bruxelles. Mais le film s’établit partout avec son succès de bombe. C’est encourageant. Riefenstahl est une sacrée bonne femme.
103[p. 374] 9 juillet 1938. Vol pour Dresde. Riefenstahl vole avec moi. Venu prendre Magda Dresde… et ensuite vol pour Munich.
- 28 Voir « Dr. Goebbels beglùckwùnscht Leni Riefenstahl », Völkischer Beobachter, 2 septembre1938.
104Vol. 6. Août 1938-Juin 1939.
Munich, Saur, 199828
105[p. 155] 21 octobre 1938. Mlle Riefenstahl me raconte les grands succès du film des Olympiades dans les pays nordiques. Elle a vraiment fait quelque chose pour la reconnaissance de la chose allemande. Donc elle voyage avec le film en Amérique. Je lui donne pour ça encore quelques règles générales de conduite
106[p. 249] 5 février 1939. Soir Leni Riefenstahl me fait un rapport sur son voyage en Amérique. Elle me fait un compte rendu exhaustif, indiquant que tout n’est pas merveilleux. Il n’y a là rien à faire. Les Juifs règnent par la terreur et le boycott. Mais pour combien de temps encore ?29
107[p. 387] 21 juin 1939. Le Führer me seconde… Il financera personnellement le filmsurPenthesilée de L. Riefenstahl30. C’est juste. Je ne le peux pas avec mon fonds et je n’ai pas vraiment confiance dans le projet.
108Vol. 7. Juillet 1939-mars 1940
Munich, Saur, 1998
109[p. 371] 30 mars 1940. Leni Riefenstahl a des problèmes avec son nouveau film Tiefland31. Mais je ne vais pas m’ingérer trop fort dans cette affaire.
110Vol. 8. avril 1940-novembre 1940
Munich, Saur, 1998
111[p. 31] 2 avril 1940. Leni Riefenstahl me fait un rapport sur les travaux préparatoires de son film Tiefland. Son scénario est très bien fait.
112[p. 34] 4 avril 1940. Leni Riefenstahl ne doit pas se rendre en Espagne. La Méditerranée est trop peu sûre.
113Vol. 9. Décembre 1940-Juillet 1940
Munich, Saur, 1998
114[p. 37] 6 décembre 1940. Leni Riefenstahl me fait un rapport concernant son travail sur le film Tiefland, qui est très ambitieux et coûteux. Mais elle peut aussi me montrer quelques magnifiques scènes. Elle a déjà quelque chose, et quand c’est fait correctement, il en sortira quelque chose.
115[p. 165] 1er mars 1941. Mlle Riefenstahl me cause des soucis avec son film Tiefland. Une personne hystérique, qui a chaque jour quelque chose de nouveau.
116[p. 176] 8 mars 1941. [Dr Max] Winckler me fait un rapport. L’industrie du cinéma a de magnifique recettes. 60 millions. En un an. Nous établissons là-dessus de bonnes locations de films. Ça fait par an encore 30 millions. Avec ça je construis de nouvelles salles de cinéma à l’Est et à l’Ouest… Le nouveau film de Riefenstahl nous cause des soucis. Ça va engloutir une énorme somme d’argent.
117Partie II, Vol. 6. Octobre 1942-décembre 1942.
Munich, Saur, 1996
118[p. 456] 16 décembre 1942. Leni Riefenstahl me fait un rapport sur son film Tiefland. Cela a créé une vraie cascade de complications. Jusqu’à présent pour ce film cinq millions ont déjà disparu et cela va durer encore un an avant qu’il soit fini. Mme Riefenstahl, sous le coup du travail et sous le coup de la responsabilité, est devenue très malade. Je lui conseille de manière pressante d’abord une fois de partir se reposer avant qu’elle cherche à poursuivre le travail. Je suis heureux de n’avoir rien à voir avec cette navrante situation, et par conséquent rien dont je puisse être tenu pour responsable.
119Partie II, Vol. 12.
Munich, Saur, 1995
120[p. 205] 27 avril 1944. Si le Führer est opposé aux postes publics pour les femmes, il veut bien dans un cas ou dans un autre déroger à cette règle… Comme ça cela lui convient tout à fait dans cette affaire… Que Madame Riefenstahl qui est une réalisatrice de renom… pour exposer les choses carrément, il n’a rien contre ça…Haut de page
Notes
1 D. Culbert, « The New Goebbels Diary Entries (2006) and Leni Riefenstahl », Historical Journal of Film, Radio and Television, vol. 27, n°4, pp. 549-559.
2 « Leni Riefenstahl and the diaries of Joseph Goebbels », ibid., vol.13, n°1, 1993 et « Joseph Goebbels and his diaries », ibid., vol.15, n°1, 1995.
3 Trois heures d’entretien dont la transcription de 19 pages est disponible sur le site de LSU Librairies, Baton Rouge.
4 D. Culbert, Martin Loiperdinger, « Leni Riefenstahl, the USA and the Nazi Party Rally Films, Nuremberg 1933-34, Sieg des Glaubens and Triumph des Willens », ibid., n°1, 1988 et « Leni Riefenstahl’s Tag der Freiheit, the 1935 Nazi Party Rally Film » ibid., n° 1, 1992.
5 Avant tout dans ses mémoires (Memoiren, Munich, Knaus, 1987 ; trad. franç. en 1997 aux éditions Grasset) mais parmi tant d’autres : « Leni Riefenstahl persiste : Je n’ai jamais été nazie » Historian° 589, janvier 1996.
6 G. B. Infield, Leni Riefenstahl : the fallen film goddess, New York, Crowell, 1976. L’auteur établissait notamment que le financement des films de Riefenstahl n’avait rien d’indépendant comme elle le prétendait, que la société qui portait son nom était en fait abondée par le régime (y compris pour Olimpia).
7 Très récemment : Jürgen Trimborn, Riefenstahl, eine deutsche Karriere, Berlin, 2002 (trad. anglaise : Leni Riefenstahl : a life, New York, Faber & Faber, 2007) ; Steven Bach, Leni : the life and work of Leni Riefenstahl, New York, Knopf, 2007.
8 J. Bimbenet, Quand la cinéaste de Hitler fascinait la France. Leni Riefenstahl, Panazol, Lavauzelle, 2006.
9 G. B. Infield, Leni Riefenstahl et le IIIe Reich. Cinéma et idéologie 1930-1946, Paris, Seuil, « Fiction & Cie », 1978.
10 Consultable sur le site : users.skynet.be/deneulin/LRBIBFR.html.
11 Cf. Jean-Michel Frodon : « Leni Riefenstahl, propagandiste malgré elle », le Monde, 14 novembre 1997.
12 Voir Oksana Bulgakowa, « “Riefenstein” : Demontage eines Klischees » dans Leni Riefenstahl, Filmmuseum Postdam, Berlin, Henschel, 1999, pp. 132-143.
13 Le « culte » et la « réhabilitation » de Riefenstahl hors d’Allemagne prennent un tour particulier au début des années 1960, auxquels réagit Ulrich Gregor (« Müssen wir “Leni” rehabilitieren ? Ein neuer Riefenstahl-Kult im Ausland. “Echte Kunst” oder effektvolle Propaganda ? », Filmreport, 12 avril 1965). En France se détache l’interview de M. Delahaye dans les Cahiers du Cinéma, (« Leni et le loup », n° 176, septembre 1965) et aux États-Unis Film Culture avec le numéro du printemps 1973 (n° 56-57) dont elle fait la couverture.
14 Steven Bach, Leni Riefenstahl une ambition allemande. Biographie, Arles, Jacqueline Chambon-Actes Sud, 2008, 543 p. Ouvrage bien documenté quoique l’origine des informations (beaucoup à partir d’entretiens menés par Peggy Wallace avant 1975 et une large compilation d’ouvrages généraux sur la période comme sur Riefenstahl) ne soit pas toujours clairement indiquée. C’est avant tout le régime narratif qui peut agacer (reconstitution). Mais Bach a utilisé le Journal de Goebbels et ses citations recoupent le document ci-dessous.
15 « Le premier film projeté en audience [au procès de Nuremberg] le 29 novembre 1945, sous le titre les Camps de concentration nazis (PS-2430), fut réalisé sous la direction du lieutenant de marine Ray Kellogg, adjoint de John Ford à la direction de la FPB/OSS. Le Colonel George Stevens, alors en service au corps des transmissions des Forces expéditionnaires alliées, attaché au Grand Quartier général, souvent cité comme étant le réalisateur du film, n’y a apposé son affidavit qu’en sa qualité de responsable, entre le 1er mars et le 8 mai 1945, des images tournées dans les camps de concentration nazis et les camps de prisonniers libérés par les Alliés. » (C. Delage, la Vérité par l’image, Paris, Denoël, 2006, p. 129).
16 Propos étayé sur une citation du Journal de Goebbels, l’exclamation : « Eben kein Mann ! » [Justement pas un homme ! ] (6 août 1936). Or, on le verra ci-dessous, cette notation évidemment « machiste » doit être reliée à une autre : « Die wenn ein Mann waere ! » [Celle-là si c’était un homme !] (22 novembre 1934). Toute une part des rapports de Goebbels (et des autres, y compris sans doute le « Chef ») avec Riefenstahl tient dans ce paradoxe d’une femme qui les « bluffe » par son brio, qui est « la seule qui nous comprenne », etc., et qui dès lors bouscule leurs convictions viriloïdes. Isoler un des mouvements du balancier n’est certainement pas pertinent.
17 Parmi quelques « perles » tirées de ce dialogue parfois paradoxal (Stevens remerciant en quelque sorte Riefenstahl de lui avoir fait mesurer le danger nazi tant son film sur le Congrès du Parti était réussi) relevons l’inévitable chassé-croisé sur « art-et-propagande » qui forme 90% de la littérature consacrée à la cinéaste et ne « tient » qu’à la condition de contourner l’analyse de Benjamin que Susan Sontag a développée sur le cas précis de Riefenstahl, celle de « l’esthétique fasciste ». Stevens sacrifie au rapprochement Riefenstahl-Eisenstein sur un mode quelque peu dérisoire : « Pour moi tout film est de la propagande. La scène avec la mère et le bébé : le public voit ça et il comprend que la mère doit protéger le bébé, en un sens c’est de la propagande pour le courage de la mère ». Riefenstahl dénie, elle, tout caractère de propagande au Triomphe de la volonté puisqu’elle montrait ce qu’elle voyait, simplement, et elle a ces mots : « Et après la guerre, je suis devant un tribunal, un tribunal juif. »…
18 Il s’agit en fait de Mademoiselle Docteur, projet de l’Ufa que devait réaliser Frank Wysbar sur un scénario de Gerhard Menzel et dont Leni Riefenstahl devait incarner le personnage principal, une espionne travaillant pour l’Allemagne durant la Première Guerre mondiale. Selon certaines sources, la Wehrmacht s’opposait à ce type de film. C’est G-W. Pabst qui réalisera ce sujet en France en 1937.
19 Avec Leni Riefenstahl. Une version américaine a été tournée, supervisée par Tay Garnett.
20 Voir J. Goebbels, « Rede zur Verleihung des Nationales Filmpreises an Leni Riefenstahl », Völkischer Beobachter, 2 mai 1935.
21 Riefenstahl avait sollicité Streicher pour évincer «le juif Béla Balàcs [sic] » de toute prétention à se faire payer son travail sur le scénario de Der Blaue Licht. Il disparaîtra de ce fait du générique dans la réédition du film en 1938.
22 Riefenstahl tourne un film, Tag der Freiheit ! Unsere Wehrmacht (Jour de liberté ! Notre Wehrmacht) autour de cet événement et utilise largement les scènes d’exercices afin de satisfaire l’armée qui se trouvait insuffisamment exaltée dans Triumph des Willenset s’en était plainte auprès de Hitler. Le tournage eut lieu entre le 10 et le 16 septembre.
23 W. Zielke, opérateur de renom et réalisateur de ce film consacré aux chemins de fer allemands, collabore au film sur la Wehrmacht et à celui des Olympiades ; il est l’auteur du prologue et de nombreuses photos qu’on retrouve dans l’album Schönheit im Olympischen Kampfréédité après la guerre sous le nom d’Olimpia et signé de la seule Riefenstahl.
24 Film autrichien et suisse tourné à Vienne par le réalisateur Hochbaum, exilé politique. Le film aborde un cas de schizophrénie « d’après les théories du Juif Freud ».
25 Le contrat est daté du 15 octobre 1935 (reproduit dans Infield, op. cit., pp. 148-149).
26 Cf. « La disgrâce de Leni Riefenstahl », Paris Soir, 14 juin 1937, p. 1 ; « Lügen über Leni Riefenstahl », Film-Kurier, 16 juin 1937.
27 Cf. « Dr. Goebbels an Leni Riefenstahl », Film-Kurier, n°102, 3 mai 1938.
28 Voir « Dr. Goebbels beglùckwùnscht Leni Riefenstahl », Völkischer Beobachter, 2 septembre1938.
29 Cf. « Leni Riefenstahl angry », The New York Times, 28 janvier 1939 ; « Aus Amerika zurùck. Leni Riefenstahl sprach gestern in Paris. Boykott gab es nur in Hollywood wo die Antinazi-Liga gegen sie arbeitete », Film-Kurier, n°24, 28 janvier 1939 ; « Gespräch mit Leni Riefenstahl. Nur Disney empfing mich in Hollywood », Hamburger Tageblatt, 30 janvier 1939.
30 Ce projet de film d’après la pièce de Kleist reprenait un rôle que Max Reinhardt avait proposé à Riefenstahl.
31 Reprise du projet abandonné 4 ans plus tôt. Le tournage doit notamment se dérouler en Espagne (l’histoire est inspirée d’une pièce catalane du XIXe s). Riefenstahl doit engager des réalisateurs « de seconde équipe » et envisage successivement Will Forst, Helmut Käutner, Veit Harlan et même Arnold Fanck, mais tous sont occupés et c’est finalement G. W. Pabst, revenu en Allemagne, qui est engagé.Haut de page
Pour citer cet article
Référence électronique
François Albera, « Leni Riefenstahl dans le Journal de Joseph Goebbels (1929-1944) », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze [En ligne], 55 | 2008, mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 17 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/1895/4108 ; DOI : https://doi.org/10.4000/1895.4108Haut de page
Auteur
François Albera
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Yannick H
Merci pour cet instructif article, la vie de Leni Riefenstahl me fait penser à cette tirade du film soviétique La Belle, “la vérité est parfois dite par des salauds”.
Concernant Olympia, longtemps dénommé les Dieux du Stade en France, il semblerait que le montage d’origine ait disparu et qu’il ne subsiste que des versions expurgées des passages de propagande nazie projetés à l’époque.
Après restera à savoir si ces passages étaient imposés par l’administration de Goebbels en contre partie de financement ?