Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La vision de l’avenir

La Chine définit son nouveau plan quinquennal (double circulation et développement scientifique et technique) dans la vision pour 2035, une société socialiste moderne après que le 13e plan quinquennal a été réalisé (résorber la pauvreté et faire évoluer la production) malgré le covid et la guerre commerciale des USA. Compte rendu d’un sinologue italien (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société).

2020-10-30 11:25:24

La cinquième réunion du Plénum à Beijing traite du cœur des réformes contenues dans le nouveau plan quinquennal. Entre double circulation et Vision2035, les piliers de la Chine de l’avenir

Le 5e Plénum du 19e Cc du CPC s’est achevé jeudi 29, avec pour mission, entre autres, de définir les détails du 14e plan quinquennal (2021 – 2025) et de la stratégie « Vision 2035 », pour devenir un pays socialiste moderne. Ce n’est qu’alors que la Chine pourra envisager la première étape de la transition vers le socialisme et se fixer l’objectif ambitieux de devenir, d’ici le milieu du millénaire, un « pays socialiste puissant, démocratique, civil, harmonieux et moderne », tel que cela avait été établi dans le 18e Comité central.

Le premier objectif du centenaire, à savoir la « création d’une société modérément prospère dans tous les domaines », avec un PIB par habitant de 10 000 $ (double par rapport à 2010), a été atteint un an plus tôt que l’anniversaire du centenaire de la fondation du Parti. Déjà le 13ème plan quinquennal avait opéré une révolution copernicienne, mais c’est avec le nouveau plan que l’on fait référence explicitement à la demande intérieure et à l’innovation pour donner forme à la « double circulation », une vision proposée par Xi Jinping qui indique une corrélation entre la circulation économique nationale et internationale.

Les chiffres de l’économie sont encourageants : le PIB a augmenté de 4,9% entre juin et septembre, par rapport à la dernière période de 2019, en hausse de 0,7% sur un an, ce qui démontre que le pays a déjà récupéré ce qu’il a perdu en début d’année. Le FMI estime que la Chine sera la seule grande économie à terminer 2020, l’année du Covid, avec une croissance de la richesse nationale, contre un effondrement de 8,3% dans la zone euro et de 4,3% aux Etats-Unis. Le FMI calcule également que la contribution de la Chine à la croissance mondiale passera de 26,8 % en 2021 à 27,7 % en 2025, grâce à la production industrielle (passant de 5,6 % en août à 6,9 % en septembre), à la consommation et à la demande intérieure.

Le concept de « double circulation » sera plus clair dans les mois à venir, mais nous pouvons déjà voir comment cette stratégie s’appuie sur la transformation de l’économie chinoise qui, avec la « nouvelle normalité » d’abord, puis l’adoption du plan Chine 2025, a guidé la métamorphose vers un niveau qualitatif (et non plus quantitatif) de la production.

L’abandon d’un système basé plutôt sur une production massive et donc principalement axé sur les exportations, donc sur la « grande circulation internationale », conduit aujourd’hui la direction du parti à se concentrer sur la circulation interne. En fait, les données économiques nous indiquent que le rebond du PIB est également dû à l’augmentation significative des importations. Tout le contraire de la politique autarcique, décrite par les médias occidentaux : l’augmentation de la richesse du pays pousse sa capacité de dépenses intérieures et donc aussi les possibilités d’importation, comme en témoigne l’importance croissante de la China International Import Expo, la première foire aux importations organisée à Shanghai depuis 2018.

Face aux défis et aux turbulences internationales, la Chine doit s’assurer que son développement a une trajectoire stable et résiliente face aux chocs externes et réduire sa dépendance technologique de l’extérieur, pour se concentrer sur l’investissement dans l’innovation et la redistribution des ressources, ainsi que sur la minimisation des effets déséquilibrés du découplage et de la pandémie aux États-Unis.

Lors d’un récent voyage dans le Sud, Xi Jinping a confié à Shenzhen « la mission historique de prendre l’initiative de parvenir à la modernisation socialiste », pour devenir le leader d’un groupe d’activités industrielles capables de promouvoir le développement de la fabrication et des services, guidant également l’économie privée à contribuer à la réalisation de cet objectif important. Ce sera le nouveau pôle de productivité et d’innovation, qui nous parlera de la vision à moyen terme de la classe dirigeante chinoise, capable de redessiner les contours du nouveau développement et des réalités urbaines de la Chine de l’avenir.

L’auteur Francesco Maringiò est président de l’Association italo-chinoise pour la promotion de la nouvelle route de la soie.

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