Domaine public; Iakov Berliner/Sputnik; Russia beyond
Lev Vygotski a été une figure emblématique pour plusieurs générations de psychologues en Russie et à l’étranger. Ses concepts et ses théories, développés il y a près de 100 ans, ont transcendé la géographie et le temps et sont encore utilisés de nos jours, en particulier pour ses implications dans l’éducation. Dans un temps où les proclamations bruyantes en faveur de la laïcité servent de cache misère à la situation de l’éducation nationale, il est bon de voir l’apport des communistes que l’on retrouve dans le plan Langevin-Wallon qui avec la suppression des ministres communistes sur ordre des Etats-Unis, n’a jamais pu être réellement appliqué. (note de Danielle Bleitrach)
la biographie que lui consacre Wikipedia est une bonne initiation si on l’agrémente de quelques réflexions y compris d’appréciations des Russes eux-mêmes. .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lev_Vygotski
Lev Semionovitch Vygotsky (en russe : Лев Семёнович Выго́тский ; en biélorusse : Леў Сямёнавіч Выго́цкі), né le 5 novembre 1896 selon l’ancien calendrier russe à Orcha, dans l’Empire russe (aujourd’hui en Biélorussie) près de Vitebsk et mort le 11 juin 1934 à Moscou, est un pédagogue psychologue soviétique, connu pour ses recherches en psychologie du développement et sa théorie historico-culturelle du psychisme.
Hors de l’Union soviétique, il a été découvert dans les années 1960. C’est un penseur qui a introduit la notion du développement intellectuel de l’enfant comme une fonction des groupes humains plutôt que comme un processus individuel. Ses contributions sont estimées actuellement par les tenants du constructivisme social comme primordiales dans l’évolution de notre compréhension du développement de l’enfant.
Considéré par beaucoup comme l’un des psychologues les plus influents du XXe siècle, Vygotski n’a pourtant jamais reçu de formation officielle dans ce domaine. Il a étudié la médecine et le droit et a grandi à Gomel, en actuelle Biélorussie (qui appartenait alors à l’Empire russe), dans une famille juive aisée. Étudiant brillant au dire de tous, il a été autorisé à entrer à l’Université de Moscou, malgré des lois discriminatoires limitant le nombre de juifs pouvant recevoir une éducation supérieure.Archives personnelles
Lev Vygotsky est né à Orcha dans une famille juive. Second d’une famille de huit enfants, il grandit à Homiel. Dans son adolescence il s’intéresse au jeu d’échecs, apprend l’espéranto qu’il utilise pour l’échange de timbres car il se passionne pour la philatélie et décide d’écrire son nom de famille Vygotsky, au lieu de Vygodski. Malgré le numerus clausus qui frappe alors les Juifs (l’histoire et la philosophie lui sont interdites car elles conduisent au professorat, et un Juif ne peut avoir d’emploi de fonctionnaire), il s’inscrit en philosophie, histoire puis en droit à l’Université de Moscou (1913-1917). En 1915, il écrit un essai sur Hamlet.
Ayant terminé ses études en 1917, il rentre à Homiel, dans la perspective d’enseigner la psychologie.
C’est alors que la révolution d’Octobre abolit toutes les discriminations antisémites. Il se jette dans l’activité politique et devient député de l’Armée rouge tout en continuant ses travaux en pédagogie.
Son activité devient débordante, il est au centre de l’activité intellectuelle et culturelle de Homiel. Il enseigne la langue et la littérature russes à l’École du travail pour les ouvriers adultes, donne des cours de psychologie et de logique à l’Institut pédagogique, d’esthétique et d’histoire de l’art au Conservatoire, dirige la rubrique théâtrale d’un journal, fonde une revue littéraire avec des camarades. C’est dans cette période qu’il lit Spinoza et Hegel, Marx et Engels, Freud, Ivan Pavlov et Aleksandr Potebnia (linguiste à Kharkov).
En 1919, il contracte la tuberculose et doit faire un séjour en sanatorium en 1920.
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des réalisations de Vygotsky
The Vigotsky Project (CC BY-SA 3.0)
À l’Institut pédagogique, il crée un laboratoire de psychologie pour étudier les jeunes enfants du jardin d’enfants. Il en tire des matériaux pour son livre Psychologie pédagogique qui paraît en 1926.
En 1924, il épouse Rosa N. Sméjova (?-1979). Ils auront deux filles, Gita Lvovna et A. L. Vygodskaïa.
La même année, il présente un rapport sur Méthodes de recherches réflexologique et psychologique au 2e Congrès panrusse de psycho-neurologie à Léningrad. Il approfondit ce thème peu après dans La Conscience comme problème de la psychologie du comportement, produisant une si vive impression que Konstantin N. Kornilov, leader du courant marxiste en psychologie et nouveau directeur de l’Institut de psychologie de l’Université de Moscou, lui propose de prendre part à sa reconstruction sur de nouvelles bases.
Vygotsky travaille à l’Institut de psychologie de Moscou avec Alexandre Luria et Leontiev. Il cherche à reformuler la théorie psychologique sur des bases marxistes et à inventer des démarches pédagogiques pour lutter contre l’analphabétisme et résoudre des problèmes de défectologie (de la surdité au retard mental).
En 1925, il crée un laboratoire de psychologie pour l’enfance anormale, transformé en Institut de défectologie expérimentale du commissariat du peuple pour l’Éducation qu’il dirigera.
Délégué au Congrès international sur l’éducation des sourds-muets qui se tient en Angleterre au printemps 1925, il visite l’Allemagne, les Pays-Bas et la France.
De retour en URSS, il entre à l’hôpital pour une grave rechute de tuberculose et il y achève sa thèse Psychologie de l’art, qu’il soutient à l’automne, mais qu’il ne parviendra pas à faire éditer. De nouveau à l’hôpital en 1926, il y écrit un essai sur La Signification historique de la crise en psychologie, non publié.
Sa santé s’améliore et il reprend une large activité de recherche avec ses élèves, source d’une conception nouvelle, historico-culturelle du psychisme, et d’enseignement en psychologie, sciences sociales, éducation et défectologie. Tous ces travaux ne sont que partiellement publiés. Lecteur assidu de Freud, Piaget, Köhler, Stern, Gesell et autres, il publie des préfaces aux éditions de ces auteurs.
Début 1929, comme sa réputation s’étend en URSS, il est invité à séjourner plusieurs mois à Tachkent pour former des pédagogues et des psychologues à l’université d’Asie centrale. En 1930, il dirige un séminaire avec Luria, Eisenstein et le linguiste Nicolas Marr à Moscou.
Vygotski a créé la théorie de la « zone proximale de développement » (ZPD), qui a fourni aux psychologues du monde entier une nouvelle approche pour évaluer et mesurer les processus fondamentaux du développement.
Selon lui, à tout âge, un enfant ne peut acquérir qu’une certaine quantité de connaissances. En d’autres termes, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un enfant de quatre ans en moyenne vous batte aux échecs. Les parents, dit-il, devraient se concentrer sur la zone dite proximale de développement de l’enfant. Cela peut être perçu comme un défi qu’un enfant ne peut pas relever seul à un moment donné, mais qu’il ne tardera pas à résoudre.
La dynamique du développement de l’élève à l’école peut également être évaluée en utilisant les paramètres de la ZPD. Si un enfant peut étudier quelque chose par lui-même, certaines choses ne peuvent être confrontées qu’avec l’aide d’un parent ou d’un enseignant.
« Le développement est un processus continu auto-conditionné, et non une marionnette guidée par la traction de deux ficelles. Un enfant n’émerge en tant qu’individu distinct qu’à travers l’interaction et une participation active dans la vie des autres ».Iakov Berliner/Sputnik
Vygotski a par ailleurs cimenté le « Premier Amendement » de l’enfant, le droit au jeu, que la plupart des psychologues considèrent comme le tenant et l’aboutissant de l’éducation préscolaire.
Vygotski pensait que le jeu pouvait stimuler le développement de la pensée, de la mémoire, de l’imagination et des capacités d’action. Il y a cent ans, le psychologue soviétique a ainsi été le visionnaire de qui est prouvé aujourd’hui : si un enfant ne dispose pas d’un espace de jeu à l’âge préscolaire, il peut éprouver plus tard des problèmes d’apprentissage.
Le jeu aide l’enfant à évoluer. « C’est une source de développement », pensait Vygostski. Les enfants peuvent développer des capacités de réflexion, de résolution de problèmes et de raisonnement en jouant. Le jeu est une activité clé qui contribue à créer une zone proximale de développement, à motiver la participation, à créer des plans d’action dans une situation imaginaire.
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Ouvrir une voie à la psychologie moderne
Domaine public
Vygotski a travaillé main dans la main avec Alexandre Louria, le père fondateur de la neuropsychologie russe. Ensemble, ils ont mené une série de croisières de recherche en psychologie du développement, en pédagogie et en psychopathologie.
Vygotski n’a voyagé à l’étranger qu’une seule fois, mais ses concepts ont fait le tour du monde. Ses travaux ont été réimprimés et traduits dans de nombreuses langues. Les travaux historiques et culturels de Vygotski sur la relation entre le langage et la pensée et sa théorie du développement par l’action et les relations sont devenus la base de la psychologie moderne.
Face à la critique
À partir de 1931, des critiques émergent contre sa théorie historico-culturelle et le groupe des années 1920 se scinde, Luria, Galpérine, Zaporojets vont à Karkov et Vygotsky va régulièrement à Léningrad avec Elkonine et Joséfina Schif.
En 1933, il entreprend une vaste synthèse, Pensée et langage, pour répondre aux diverses critiques qui lui sont faites. Au printemps 1934, il est hospitalisé et c’est depuis son lit qu’il dictera le dernier chapitre de Pensée et langage, publié peu après sa mort dans la nuit du 10 au 11 juin 1934. Il est enterré au cimetière de Novodevitchi.
Sa bibliographie est considérable : 180 titres dont 80 non publiés.
Ses idées ont un rôle important dans la réflexion théorique en psychologie et en pédagogie, même s’il a été victime de la censure, dès 1936, car ses textes ont été considérés par les autorités staliniennes comme « antimarxistes et antiprolétariens », de même que tous les textes traitant de pédologie (science du développement de l’enfant)[réf. nécessaire].
Sa théorie
Vygotsky élabore une théorie des fonctions psychiques supérieures grâce à la méthode génétique, conçue comme une « histoire sociale » c’est-à-dire qu’en référence à la théorie sur l’« excentration » de Leontiev. « les transmissions ne sont pas simplement d’ordre héréditaires, mais aussi culturelles ».[réf. souhaitée] Pour Vygotski, l’apprentissage est un processus d’appropriation de ces systèmes, un processus d’appropriation de ces outils.
Plus simplement, Vygotsky dit que l’intelligence se développerait grâce à certains outils psychologiques que l’enfant trouverait dans son environnement parmi lesquels le langage (outil fondamental). Ainsi, l’activité pratique serait intériorisée en activités mentales de plus en plus complexes grâce aux mots, source de la formation des concepts.
Pour Vygotsky, le langage dit « égocentrique » de l’enfant4 a un caractère social et se transformera ensuite en langage dit « intérieur » chez l’adulte et serait un médiateur nécessaire dans le développement et le fonctionnement de la pensée.
Il présente à partir de travaux expérimentaux le développement des concepts sous forme de complexes5 chez le tout petit enfant, jusqu’aux concepts élaborés, employés par les adultes.
Zone proximale de développement
Article détaillé : Zone proximale de développement.
Le travail de Vygotsky articule plusieurs concepts clés qui sont essentiels dans la compréhension du développement précoce de l’enfant. Un des plus importants est celui concernant les zones de développement dont la zone proximale de développement (ZPD)6 qui décrit l’espace entre les tâches que l’enfant peut réaliser lui-même et celles qu’il parvient à réaliser avec l’aide d’une personne plus avancée dans ce domaine. La ZPD est donc tout ce que l’enfant peut maîtriser quand une aide appropriée lui est donnée.
Vygotsky pensait que les enfants peuvent réaliser et maîtriser des problèmes difficiles quand ils sont guidés et aidés par une personne compétente, généralement un adulte, au cours d’une collaboration. Ainsi, l’éducateur a bien une fonction, il n’a pas qu’à attendre que l’enfant construise par lui-même, en toute autonomie, ses savoirs, par une maturation psychologique plus ou moins naturelle . C’est là une critique du concept d’éducation négative développé par Jean-Jacques Rousseau .
Œuvres
Attention pour les recherches bibliographiques, la transcription de son nom est soit Vygotsky (en anglais), soit Vygotsky (en français). Certains ouvrages ne sont référencés que sous l’une des deux graphies seulement.
- Hamlet (texte de jeunesse, 1915)
- Méthodes de recherches réflexologique et psychologique (1924)
- Psychologie de l’art (thèse, 1925), publiée en français en 2005 (Éditions La Dispute, Paris)
- La conscience comme problème de la psychologie du comportement (article, 1925), publié en français en 2003 dans Conscience, inconscient, émotions (Éditions La Dispute, Paris)
- Psychologie pédagogique (1926)
- Signification historique de la crise en psychologie (1926), publié en français en 1999 (Éditions Delachaux et Niestlé, Lausanne)
- Psychisme, conscience, inconscient (article, 1930), publié en français en 2003 dans Conscience, inconscient, émotions (Éditions La Dispute, Paris)
- Histoire du développement des fonctions psychiques supérieures (1930-1931)
- La théorie des émotions de Spinoza et de Descartes à la lumière de la psycho-neurologie contemporaine (article, 1933)
- Étude des émotions, publié en français en 1998 sous le titre Théorie des émotions (Éditions L’Harmattan, Paris)
- Défectologie et déficience mentale
- Apprentissage et développement à l’âge préscolaire
- Pensée et langage (1934) (traduction de Françoise Sève, avant-propos de Lucien Sève), suivi de « Commentaires sur les remarques critiques de Vygotsky » de Jean Piaget, (Collection « Terrains», Éditions Sociales, Paris, 1985) ; Rééditions : La Dispute, Paris, 19
Iouri Abramotchkine/Sputnik
Après la sortie en anglais de son grand opus Pensée et langage au début des années 1960, les idées de Vygotski se sont répandues dans le monde entier, avec de nombreux adeptes aux États-Unis et en Europe. Lorsque l’un d’entre eux, le psychologue américain primé Urie Bronfenbrenner, s’est rendu en URSS, il a fait une déclaration étourdissante à la fille de Vygotski : « J’espère que vous savez que votre père est Dieu pour nous ? ». Elle n’en avait absolument pas conscience.
Ses étudiants et ses proches collaborateurs considéraient Vygotski comme un génie. Il y avait un intérêt mutuel des deux côtés. Le pionnier de la psychologie soviétique a eu une vie courte mais pleine de sens. Vygotski est mort de la tuberculose en 1934, à l’âge de 37 ans seulement. Une partie importante de ses travaux a été publiée par ses étudiants à titre posthume.
Nous nous somme également inspiré de Russia Beyond qui dans cet autre article, nous vous relatons l’incroyable destin de Mikhaïl Yankovski, cet ancien ennemi de la Russie devenu éminent scientifique et industriel du pays.
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Denis Lemercier
Il est bien admis maintenant que Vygotski a joué un rôle très important dans le développement de la psychologie moderne. Et bien plus spécialement ce qui est remarquable relève du fait que ses élaborations théoriques se sont fondées sur le marxisme. En effet, la psychologie soviétique dès les premiers jours de son existence s’est donnée pour objectif d’élaborer une science fondée sur le matérialisme dialectique, sur le marxisme. C’est pourquoi le conditionnement historico-social du psychisme humain pris une telle importance dans son développement.
Les travaux de L. Vygotski par la critique théorique des conceptions biologiques naturalistes de l’homme et le développement qu’il leur a opposé d’une théorie du développement historico-culturel constitua l’étape décisive de l’élaboration de la psychologie soviétique.
Ses collaborateurs les plus célèbres sur Luria et Léontiev. C’est sur eux que je voudrais m’arrêter un peu parce que je trouve qu’en France (et sans doute ailleurs) le déséquilibre trop grand entre ce qui peut être la notoriété de Vygotski et celles de Luria et surtout Léontiev. Il est impossible évidemment de savoir ce qu’auraient été travaux de Luria et Léontiev sans l’impulsion que Vygotski donna à la psychologie soviétique. Il n’empêche qu’en l’état actuel des choses il me semble nécessaire de rétablir un certain équilibre entre les œuvres de ces trois grands psychologues soviétiques.
J’ai bien sûr pu faire bénéficier mes étudiants – élèves instituteurs aux professeurs des écoles – des apports psycholiques et pédagogiques de Vygotski. Notamment, ce qui est connu sous la forme de zone proximale (ou proche ou prochaine, suivant les traductions) de développement mais aussi ce qui concerne la double abstraction – et cognitive, et affective – que connaît le passage du langage oral au langage parlé, question essentielle pour ce qui concerne l’apprentissage de la lecture.
Mon intérêt pour Vygotski a été tel que j’ai acheté les six volumes de ses œuvres complètes – dans la mesure où l’édition peut en être vraiment complète – en russe. Malheureusement ma connaissance insuffisante du russe a été un handicap pour en apprécier toute la saveur.
Je voudrais maintenant relever qu’il existe une édition aux PUF d’un ouvrage – véritable manuel – de Luria paru en 1978 et qui a pour titre « Les fonctions corticales supérieures de l’homme », ouvrage de neuropsychologie dont Luria a été le fondateur en URSS et dont on peut considérer qu’il est un des fondateurs de celle-ci au niveau mondial. Je tenais absolument à signaler cet ouvrage parce qu’il établit bien le développement de la neuropsychologie sur les bases du développement socio-historique des êtres humains, ce qui n’est pas toujours le cas de la neuropsychologie dominante pour laquelle le biologisme est parfois prégnant.
Pour ce qui concerne Léontiev, son grand apport à la psychologie, grâce à sa démarche dialectique et historique, socio-historique, fut d’élaborer un système psychologique achevé, ce qui ne fut pas le cas de Vygotski qui mourut beaucoup trop tôt. Ce système psychologique achevé se cristallise en quelque sorte dans la définition qu’il a pu donner de la psychologie. Je vais tout simplement citer un passage de son ouvrage essentiel : « Activité, conscience, personnalité » paru en France en 1984. Voici ce passage, il dit, concernant son ouvrage, qu’il est « un essai de compréhension psychologique des catégories les plus importantes pour l’édification d’un système cohérent de la psychologie en tant que science de la genèse, du fonctionnement et de la structure de reflet psychique de la réalité qui médiatise la vie des individus ». Il ajoute même, parlant de ce reflet psychique, qu’il médiatise la vie des individus, au cours de leur processus d’activité.
Ce système psychologique achevé – autant qu’une théorie scientifique puisse un jour être achevée – est exposé dans un ouvrage paru aux Editions sociales en 1976 et dont le titre est : « Le développement du psychisme, problèmes ». Léontiev y expose le développement des différentes formes de psychisme ; d’abord le développement du psychisme animal qui passe par les stades du psychisme sensoriel élémentaire, du psychisme perceptif et du stade de l’intellect pour passer à l’apparition de la conscience humaine et à son développement historique jusque dans la société de classes. Léontiev y établit, chez les animaux, la loi de non correspondance directe entre la structure de l’activité et le reflet psychique, la correspondance ne pouvant exister que comme moment signifiant le passage au degré supérieur de développement, par exemple du psychisme sensoriel au psychisme perceptif.
Léontiev insiste bien sur le fait que, je cite « Le passage à la conscience humaine, fondée sur le passage des formes humaines de vie et à l’activité travail, qui est social par nature n’est pas liée seulement à la transformation de la structure fondamentale de l’activité et à l’apparition d’une nouvelle forme de reflet de la réalité… l’essentiel, lors du passage à l’humanité, c’est la modification des lois préside développement du psychisme. Dans le monde animal, les lois générales qui gouvernent les lois du développement psychique sont celles de l’évolution biologique ; lorsqu’on arrive à l’homme, le psychisme est soumis aux lois du développement socio-historique. »
Léontiev a notamment fait faire des pas de géant à connaissance de la forme spécifiquement humaine du psychisme : la conscience. Un hommage lui fut rendu en URSS à travers un ouvrage paru en russe en 1983 et qui a pour titre : « Alexis Léontiev et la psychologie contemporaine ». On y trouve sous son nom une bibliographie de 85 titres.