Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les copains du monde et le PCF à Marseille

Voici des nouvelles des copains du monde à Marseille, ces enfants dont je vous avais montré récemment la mobilisation pour la maraude du secours populaire.

D’abord des nouvelles sur leur local. Vous vous souvenez peut-être que nous vous avions raconté la manière dont la nouvelle municipalité avait voulu expulser le Secours populaire. Notre hypothèse était que la nouvelle maire (FIet vert) avait agi sous la pression des agents de l’ancienne municipalité, en arguant des questions d’hygiène. Une tactique très au point pour déconsidérer des élus inexpérimentés. Nous avions relayé la protestation des familles et eu une discussion avec la maire du premier arrondissement. Une discussion franche et fructueuse rapportée ici. Nous vous avions montré comment les militants communistes de la section du premier se sont battu et ont fait pression sur leurs élus. Le Secours populaire a désormais un local temporaire à Velten, proche de la porte d’Aix, en attendant d’en avoir un dans le centre ville et en particulier du quartier Noailles où se trouve l’essentiel de la population du centre qui a déjà été traumatisée par l’écroulement des logements de la rue d’Aubagne.

Voici des figures dont je vous avais parlé, ces enfants qui se sont rassemblés dans le Secours populaire pour apporter la solidarité dans le quartier à la suite du choc de l’écroulement, des morts et des familles à la rue: les copains du Monde de Marseille. Ces enfants ont déjà été l’objet de divers reportages y compris de télévision, ils sont une trentaine. J’ai tous les jours grâce à ma fille Djaouida, qui dirige le Secours populaire du centre ville, le récit de leurs expéditions à travers le département. S’il n’y avait pas ce foutu coronavirus, j’irais avec eux comme je le faisais jadis : ils sont invités partout par des municipalités communistes et par des entrepreneurs d’origine maghrébine et ils créent le lien avec des restaurateurs, petits commerçants qui leur fournissent de quoi alimenter leur maraude, SDF, chabani, retraités sans moyens. Djaouida, ma fille et sa copine, toutes deux bénévoles, les encadrent dans des expéditions, calanques, piscines, cinéma, cela fait plusieurs années que cela dure, des entreprises de transport leur offrent les cars gratuits pour un mercredi dans la campagne aixoise. C’est une conception du don, je reçois et je rends ce qui m’a été donné, et pour ces enfants c’est une initiation qui leur est devenue naturelle.

Depuis qu’Hamid, mon gendre a pris sa carte au parti du premier arrondissement au début de 2020, les copains du monde ont découvert les camarades. Cela a coïncidé avec le confinement et les élections municipales. Les copains du monde ne font pas de politique, ils sont la solidarité et l’enfance mais ils renouent avec une très ancienne tradition, celle du communisme municipal avec ses colonies de vacances, ce souci des communistes de sortir les enfants prolétariens, de les aider à découvrir qu’un autre monde était possible. Ils ne le savent pas mais ils redécouvrent quelque chose qui est né avec le parti communiste et le secours populaire que jadis on appelait rouge.

Je vous avais parlé de l’investissement des militants communistes de la section du premier arrondissement de Marseille aux côtés du Secours populaire et des copains du monde, en particulier du jeune secrétaire de Section, Étienne, et d’autres jeunes communistes. Ils font partie de ceux qui agissent, mais je vous parlerai un de ces jours d’une autre section où des jeunes impulsent des actions sur l’emploi. Ceux du premier arrondissement multiplient les réunions depuis la rentrée et ils ont adopté un principe: pas une réunion sans une action et un compte-rendu envoyé à chaque adhérent. Ils sont très mobilisés sur l’école, c’est le moyen de toucher la population du centre-ville et d’ouvrir avec elle un dialogue.

Voici des photos que militants du PCF et bénévoles du secours populaire nous envoient sur le soutien scolaire qui a lieu dans les locaux du parti communiste. Là il s’agit de deux cours, celui du soutien aux ados qui rattrapent leur retard en anglais comme ils le font en mathématiques.

Rattrapage, cours d’anglais, mais dans un autre coin de la salle, il y a un cours pour les enfants d’autres pays et qu’il faut aider à acquérir le français. Les profs communistes et les bénévoles du Secours populaire travaillent ensemble…

A la vue de ces photos, remue-ménage dans ma tête… Les enseignants n’ignorent pas que depuis la rentrée scolaire, le nombre de clusters en milieu scolaire et universitaire ne cesse d’augmenter. C’est devenu le premier foyer d’épidémie en Île-de-France. Malgré cela, le gouvernement a décidé d’alléger le protocole sanitaire dans les écoles depuis le 23 septembre, suscitant l’incompréhension du corps enseignant. Ces enseignants-là continuent à prendre des risques pour lutter contre les inégalités dont sont victimes ces enfants. Un acte a contrario…

Le cours d’anglais fait par une prof communiste est très apprécié parce que les enfants adorent les langues et sont curieux de tout ce qui pourra les amener à voyager… La plupart sont déjà bilingues ce qui facilite l’apprentissage et les faux débats sur l’arabe n’ont pas cours ici, ces enfants sont “les copains du monde”.

Ils ont organisé la solidarité pour les sinistrés de Nice et vont bientôt grâce à la SNCF aller porter le fruit de leur collecte à Nice où les attendent d’autres bénévoles du secours populaire. Comme dit l’un d’entre eux “c’est bien de collecter pour des pays étrangers, mais quand il y a un malheur chez nous, il faut s’en occuper”.

Comment vous dire l’essentiel: toute la journée cette société explique à ces enfants qu’ils n’ont rien à attendre de personne, qu’il faut s’en sortir tout seul ou à la limite entre soi contre les autres… Tous les jours, à chaque coin de rue, le discours du pouvoir est relayé par des actes d’indifférence, de mépris… Il n’y a pas de masque débrouille-toi… Et quand il y a des masques si tu les refuses c’est ça être un homme libre, un caïd, un voyou qui se moque des autres… Quelqu’un dont la vie est un fardeau pour tous, comme ceux qui nous gouvernent… Et il y a là, dans ce local, comme une herbe qui s’obstine à pousser entre les pavés pour dire qu’ils croient en autre chose, qu’ils font confiance. Ce sont les valeurs des communistes même si souvent j’ai l’impression qu’ils les ont oubliées, qu’ils sont devenus comme les autres… Se faire élire et utiliser jusqu’au bout ce pauvre appareil épuisé que d’autres ont gagné au prix de leur sang… Laisser humilier l’un des leurs, parce qu’on n’a pas le temps de voir…

Et ceux-là dans cette section enseignent encore malgré ce qu’on fait de leur métier, comme les soignants qui soignent alors qu’ils n’en peuvent plus… Et cette petite fille qui tend son cahier si propre, si bien écrit me dit “regarde-moi comme j’ai envie d’apprendre…” A contrario…

Je vous ai dit que je rêve d’un socialisme d’expérimentation dans lequel on rassemblerait les expériences réussies… et il n’y aurait pas de petite expérimentation.

Le socialisme bien sûr ne se limite pas à une initiative locale, si touchante soit-elle. C’est pour cela que l’on a besoin d’un parti, pour conquérir le pouvoir d’État, un parti qui développerait une politique de l’enfance, et pour cela devrait imposer sa logique de coopération, de justice, de paix et de solidarité à tous. En particulier à ceux qui n’en veulent pas et aujourd’hui nous imposent concurrence, égoïsme, profit, solitude, bref le capitalisme. Pour que soient créées les conditions qui rendent possible toutes les actions de ceux qui veulent changer la vie au ras du sol et qui doivent soulever de lourds obstacles dans leur propre vie pour qu’il en soit ainsi… Et pour cela il faut un autre type de démocratie, celle qui s’attaquerait à l’origine de tous les maux, la dictature du profit. Il faut pour cela une avant-garde capable de faire le lien entre le quotidien et l’attaque sans pitié de tous ceux qui créent les guerres, détruisent le droit à la santé, à l’éducation et interdisent aux copains du monde de devenir ce qu’ils sont déjà, des enfants curieux, généreux qui se sentent parfaitement français sans faux débat et opération pour recruter des voix sur le dos de ceux qui souffrent à la Macron, le Pen et autres charognards du malheur. Qu’enfin la politique ne soit plus cette manière de n’agir que pour son intérêt et cette manière d’utiliser les autres au lieu de les servir pour que la vie devienne vivable pour tous.

Ce n’était rien qu’un peu de chaleur mais cela m’a réchauffé le cœur… Il y a eu comme ça dans la journée des gens, des petites mains qui sont venus me dire “Ne t’inquiète pas, on est là, tels que tu nous as imaginés…”

Danielle Bleitrach

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 390

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Martin
    Martin

    Merci Danielle pour cet article qui redonne espoir.

    J’en profite pour te passer un lien qui concerne l’histoire de la “Greta”.Il s’agit d’un article écrit par la biologiste Élisabeth Martens (voir Wikipedia ).
    J’en ai pris connaissance sur le site du “Grand soir” et je trouve ses explications extrêmement intéressantes.

    J’espère que tu pourras ouvrir le lien ci-dessous.

    Donc bonne lecture

    Michel

    https://www.legrandsoir.info/d-une-greta-thunberg-chinoise-aux-altruistes-efficaces.html

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.