Quelques nouvelles des suites de l’affaire du Secours populaire mais aussi du rôle des communistes. Comme je vous l’avais expliqué le Secours populaire a pu rester dans le local de la mairie, mais la distribution de lait et de beurre a dû se faire dans un théâtre proche, le théâtre de l’Oeuvre. Le lait a été livré et entassé dans l’entrée et les familles ont dû rester dans la rue pour participer à la distribution. Il a suffit d’une matinée pour que le stock soit épuisé tant la situation est grave.
Cette solution ne peut être que provisoire parce que les familles ont honte d’être vues dans la rue et d’autre part c’est insuffisant par rapport à ce que le secours populaire récoltait au jour le jour dans les magasins d’alimentation, les boulangeries. Joséphine, une femme de Noailles est venue avec un feuille remplies de signatures, une pétition embryonnaire : “ce n’est pas possible, j’ai 800 euros par mois, avant j’avais ce que vous me donniez comment je fais”? Une autre femme renchérit “c’est ça la gauche!” , une autre explique dans le 13ème où c’est toujours la droite, ils ont tout!”
Il faut dire que les employés de mairie dans le premier arrondissement n’aident pas. Ils sont en fait entièrement acquis à la précédente municipalité et malgré les ordres de la nouvelle mairie tentent de chasser ceux qui se rendent vers le local “Vous n’avez plus rien à faire, la nouvelle maire ne veut pas de vous!” C’est une campagne parfaitement organisée dans laquelle le syndicat FO n’est pas en reste. Il faudrait que je vous raconte ce que je découvre à propos des employés et cadres de mairie, la manière dont une partie d’entre eux a choisi de saboter les élus inexpérimentés qui prennent leur fonction et à qui on ne transmet pas les dossiers. Les Marseillais l’ont compris, mais cette ville est rude et elle n’aime pas ceux qui se laissent faire. Une femme à la fenêtre qui voit la distribution dans la rue crie “là il y a des locaux de la mairie, pourquoi ils ne les ouvrent pas au lieu de vous mettre à la rue”.
Le théâtre ne permet pas d’accueillir les dons quotidiens en nourriture et cela pèse sur les maraudes pour les SDF qui n’ont que ça pour vivre. Le secours populaire a avec lui une vingtaine d’enfants qui sont devenus bénévoles : les copains du monde”. Ils sont fiers de distribuer avec Djaouida. Celle-ci, tout l’été, grâce à des donateurs, a pu les emmener dans de courtes vacances à la plage, à la campagne, il y avait même des séances de cinéma dans la grande salle de la mairie. Mais à leur tour, ils participaient aux maraudes et ils se sentaient utiles, ils recevaient mais ils donnaient aussi. Djaouida traverse tout le centre ville flanquée de ses “copains”, le caddy plein de la collecte; elle est attendue par tous ceux qui n’ont rien d’autre que ces distributions. Elle ne fait pas de politique dit-elle, seulement de la solidarité, mais elle voit les différences, ceux qui agissent face à la misère qui dévore cette ville. Ceux qui respectent la dignité et les autres…
La maire du secteur a chargé son premier adjoint communiste, Pellicani, de trouver un local pour que le secours populaire puisse poursuivre ses activités et que les familles ne soient plus obligées d’attendre dans la rue. Espérons qu’il va se bouger, on ne l’a pas beaucoup vu jusqu’ici… C’est urgent, Marseille parle beaucoup: le rumeur se répand vite, l’action de la nouvelle municipalité commence à être perçue défavorablement: “on ne les voit pas! ils n’agissent pas, ils ne nous défendent pas!” Le médecin du quartier se fait l’écho de la déception, sa clientèle se plaint… La rumeur est particulièrement dure pour la maire Rubirola. Les gens la miment comme un marionnette incapable d’assumer son rôle… Elle le savait qu’elle était malade… c’était pour placer les socialistes… malgré les casseroles…
Ceux que l’on voit ou plutôt que l’on commence à voir pour autre chose que distribuer des tracts électoraux, ce sont les communistes. Ils sont à la distribution, ils préparent un tract mais pour mobiliser la population pour les écoles, puis la propreté. Ils s’intéressent en particulier aux écoles parce que les enfants sont la préoccupation première de tous. Comment associer les habitants, comment ne pas avoir une réunion sans qu’elle ne débouche sur une action? Comment la préparer pour que ce ne soit pas de la parlote qui ne mène nulle part?
En ce qui concerne l’affaire du secours populaire, la section du parti communiste du premier arrondissement s’est totalement impliquée en particulier grâce à Hamid qui est adhérent et bénévole et elle est bien décidée à poursuivre la pression. Dans les locaux de la section, sont désormais organisés des soutiens scolaires : les copains du monde et ceux qui ont pris du retard à cause du confinement sont aidés par les militants dont certains sont enseignants dans l’école du quartier.
Il s’avère que je rencontre beaucoup de jeunes communistes ces derniers temps… Ils me remontent le moral, ils ne reçoivent que très peu d’aide de leur parti, de formation mais ils redécouvrent l’eau chaude du communisme: lier la discussion à l’action… Samedi, il est venu un jeune aixois qui fait une thèse d’histoire, il m’a interviewée. Chez lui aussi j’ai retrouvé cette ténacité, cette gravité mais aussi les interrogations sur comment agir, comment faire face et reconstruire… En riant je lui ai rappelé ce que l’on disait jadis : “quand le secrétaire de cellule passe, même le chien remue la queue pour le saluer.” L’image m’est venue de ces deux fois où j’ai vu le désert en fleur et je lui ai dit : notre société est comme le désert, il y a des graines partout, il suffit de quelques gouttes de pluie pour que ça germe, encore faut-il que la pluie l’atteigne, le parti communiste que j’ai connu partout créait la vie en luttant. A aucun de ces jeunes je n’ai envie de demander ce qu’ils ont voté au Congrès, ce qui m’intéresse c’est comment ils agissent, c’est plus fort que moi je déteste les tendances, les fractions dignes des sociaux démocrates.
Pour revenir à mes jeunes communistes du centre-ville, ils apprennent vite et certains commencent à se demander si on ne cherche pas à écarter systématiquement les communistes quitte à se tirer une balle dans le pied dans la reconquête des couches populaires.
Et à cause de cela, il s’intéressent également aux questions internationales… Ils sont communistes et plus ils vont sur le terrain, plus ils ont soif de comprendre et d’agir et plus ils ont conscience de la nécessité de ce parti… Ils renouent avec la vie, en reprenant pied dans les couches populaires et pas seulement avec les pratiques de couloir pour faire élire le secrétaire fédéral sénateur… Entre nous est-ce que dans un département comme les Bouches du Rhône, une ville comme Marseille, le secrétaire fédéral n’a pas assez de travail sans aller se faire élire sénateur… Surtout sénateur, tu m’élis et je te renvoie l’ascenseur pour les régionales, un vert, un PS, ou un FI tête de liste pour les régionales et plus si affinités, on te promet de nous battre contre un candidat communiste à la présidentielle… Comme si la seule légitimité était celle des élus, quitte à nouer des compromis perpétuels, alors que les communistes sont confrontés à la méfiance, au retrait des couches populaires face à des élus enferrés dans des jeux politiciens ? Je ne néglige pas l’importance des élus et le rôle en particulier des députés et maires communistes, il en faudrait beaucoup, mais sans un parti communiste organisé, proche de la classe ouvrière, des travailleurs, des couches populaires, ces élus sont hors sol, comme les autres.
Danielle Bleitrach
Vues : 450
etoilerouge6
Bien Danielle.FO refuse de nourrir les pauvres du centre ville que voilà des humaniste syndicaux.
joel faudot
personnellement je n’oppose pas l’exigence d’avoir des élus et le travail sur le terrain. Il faut des élus qui agissent en harmonie avec les camarades, fraternellement; qui ne font jamais de concessions, qui sachent à qui ils ont à faire. Nous souffrons beaucoup de notre invisibilité. Il faut parallelement, un gros travail e formation politique auquel les élus doivent participer parce que leur expérience est irremplaçable
Danielle Bleitrach
Joël,si lerôle des communistes état seulement d’être “visibles”, voir d’être présents sur les plateaux de télé, effectivement on peut se contenter d’élus , d’intellectuels qui parlent bien, comme les sociaux démocrates. Mais il me semble qu’en ce moment on oublie l’essentiel, le rapport des forces qu’il faut tenir, et ça non seulement cela nécessite de individus convaincus, formés, mais un collectif qui tient bon et ne plie pas. C’était ça la force du parti , ce que reconnaissaient les couches populaires, la classe ouvrière des gens avec un volonté d’acier.
j’étais il y a quelques minutes au téléphone avec un camarade qui e racontait qu’il venait de lire les mémoires de Joukov. Il a eu beaucoup de mal à se les procurer mais ne le regrette pas. Il m’expliquait que tout au long de ses mémoires Joukov met en avant le rôle de deux “volontés” dans la victoire. La première était celle incroyable de Staline, Joukov qui écrit en 62, après la destalinisation ne cesse de dire ce qu’a représenté cette volonté surhumaine. Et il insiste sur le rôle du parti et des communistes dans l’armée soviétique. Savez vous que 60% des effectifs du parti communiste a disparu dans la lutte contre le nazisme, cela explique beaucoup de chose…
Le capital a été confronté aux communistes et il a senti le vent du boulet… Il ne nous rendra jamais “visibles” et on peut supplier, dire que les médias sont infâmes, c’est vrai, mais ils ne sont pas idiots et ils se disent “on sait jamais, ils peuvent revenir, autant vaut prendre ses précautions même si nous avons eu quelques figues molles et pitres de première, ils se méfient et ils ont raison.
J’ai souvent été confrontée à des batailles et je sais par expérience que quand celles-ci sont engagées il faut tenir, ne pas céder d’un pouce, s’il n’y a pas ça on est assuré de perdre. Toute la formation des jeunes communistes doit tenir compte de cela… du fait que pour tenir bon rien ne vaut un collectif formé, sachant son but… Les élus en ont besoin autant que les autres…
joel faudot
je suis d’accord avec tout ce que tu écris mais je continue de penser qu’il n’y a pas de contradiction entre la constitution d’un parti offensif et l’utilité d’élus. je ne dissocie pas le corps et la tête et d’ailleurs, dans tes critiques (fondées) de certains de nos dirigeants tu accrédité l’idée de l’importance des représentants, de même lorsque tu mentionnes staline durant la guerre. Bien sur, les responsables ne sont pas nécessairement des élus, mais des élus faisant bien leur travail sont tres utiles
Danielle Bleitrach
il n’y a pas de véritable désaccord entre nous, sinon que je suis pour un parti de militants et pas seulement en période électorale et je pourrais longuement développer là-dessus. Je suis également pour un parti qui ait des dirigeants conscients du fait qu’ils sont le parti et pas des individualités. Mais je te le répète je ne pense pas qu’il y ait une trés grande différence entre nous …
papadopoulos georges
J’ai quitte Marseille en 1972, mais Marseille reste ma ville et a cette saine lecture je regrette de ne plus y etre. J’aime cette phrase de Danielle, “UN PARTI DE MILITANTS”.Elle a un sens plus que profond! La conscience communiste n’est pas seulement d’etre a jour de sa cotisation.