J’irai voir le film de Konchalovsky, je n’en rate aucun. Je comprends et partage les propos ci-dessous du député communiste russe Viatcheslav Tetiokine et on peut les étendre à tous ceux parmi les cinéastes qui produisent une oeuvre pour les marchés occidentaux et des festivals comme Venise ou Cannes. Une de mes convictions est qu’il n’existe de cinéma que national et un cinéma “apatride” conçu pour un public abstrait, pour la “profession”, pour les financements internationaux est en général un produit castré.
En ce qui concerne le propos du député communiste russe sur l’illustre famille de l’auteur , il pourrait même être plus virulent sur l’opportunisme de la famille Mikhalkov (Konchalovsky a pris le nom de sa mère une poétesse), si le père est effectivement l’auteur de l’hymne soviétique, il en a écrit trois fois les paroles une première fois sous Staline, une seconde fois à la “destalinisation” de Khrouchtchev et les a réécrites pour Poutine. N. Mikhalkov, le grand cinéaste, est effectivement un patriote mais qui lui aussi passe de l’URSS à Poutine et conserve la direction de l’Union des cinéastes. C’est vrai que Konchalovsky est le seul “dissident” qui choisit l’exil aux Etats-Unis, mais à son retour il témoignera dans son grand film, “les nuits blanches du facteur” de toute l’ambiguïté d’un cinéma sensible à l’égard de la Russie profonde, de son rapport au chamanisme mais aussi à l’URSS.
Konchalovsky est peut-être un snob qui veut être admis par les cinéphiles occidentaux, en partager les crédits pour la création, mais son cinéma va bien au-delà de cette complaisance. Je n’ai pas encore vu “chers camarades” et j’en rendrai compte ici après l’avoir vu mais déjà je m’interroge sur la période dans laquelle intervient la répression ouvrière qu’il décrit, cela se passe en 1962, après la destalinisation Khrouchtchevienne, qui a aussi coïncidé avec un passage de la participation ouvrière au primat des cadres… A ce que j’en ai lu les ouvriers croient en la dictature du prolétariat, en leurs droits face aux apparatchiks?
Et si depuis le premier maître, Konchalovsky n’en finissait pas de filmer la remise en cause de l’espérance soviétique ?… Je me souviens dans les nuits blanches du facteur, film tout entier imprégné de la nostalgie de l’URSS des petites gens, les laissés pour compte du retour des oligarques, il y avait des notations significatives, comme ce portrait de Ziouganov, le président actuel des communistes russes, les principaux opposants à Poutine, ce que la presse occidentale semble ignorer. Cette photographie du dirigeant communiste actuel, collé dans un coin d’une des maisons était une sorte de clin d’oeil, même si le plus significatif en matière de nostalgie est la séquence de la visite de l’ancienne maison du peuple déserté , il y aussi la bonté et délicatesse du facteur dernier vestige d’un service public dans un monde déserté par le retour du capitalisme.
Mais il y aussi son imprégnation de la nature russe, ce n’est pas pour rien qu’il a travaillé avec Andreï Tarkovski avec qui il coécrit plusieurs scénarios.Il a une écriture, c’est un musicien qui aborde paysages et relations entre les êtres comme une partition.
Il faut voir un film pour savoir ce que son auteur dit et que sa biographie ne révèle pas forcément.je serais très déçue si Konchalovsky en arrivait à produire un navet comme l’ombre de Staline, en rupture totale avec ce qu’est le peuple russe face à sa propre histoire pour n”être plus que le propagandiste de l’occident. J’attends ce film mais aussi son précédent celui sur Michel-Ange du même auteur, où l’histoire d’un génie déchiré entre les forces politiques qui s’affrontent en Italie. (note de danielle Bleitrach ,traduction de Marianne Dunlop)
Critique du film “chers camarades ” Par Viatcheslav Tetiokine, député communiste, conseiller politique principal du Président du KPRF
Andrei Konchalovsky, fils de l’auteur de l’hymne de l’URSS, le poète Mikhalkov, et frère du célèbre patriote N. Mikhalkov, montre au Festival du film de Venise un film assez antisoviétique “Chers Camarades” sur la répression des ouvriers à Novocherkassk en 1962. C’est l’une des pages noires de notre histoire. Cependant, le désir de M. Konchalovsky de gagner un peu plus d’argent sur ce drame est dégoûtant. Ce favori d’Hollywood, qui prend des airs de patriote, sait très bien que la russophobie paie bien à l’Ouest.
S’il voulait tant déchirer sa chemise sur la poitrine (je ne peux pas me taire !), il aurait fait un film sur le bombardement du Soviet suprême de Russie en octobre 1993. Une histoire sont beaucoup plus récente et beaucoup plus spectaculaire au cinéma. Absolument : en 1993, les gens ont été abattus non pas avec des armes à feu, mais par des tanks, et qui a fait beaucoup plus de morts!
Non, il va certainement faire un film comme ça. Mais seulement après le changement de pouvoir en Russie. Il l’appellera “Chers Messieurs” et le présentera à nouveau à Venise. La russophobie a toujours un prix. N’est-ce pas, M. Konchalovsky ?
Viatcheslav Tetiokine, député communiste, conseiller politique principal du Président du KPRF
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