Cet éditorial du Global Times qui est l’organe officiel du gouvernement chinois n’est pas conçu certes pour nous faire connaitre ce qui ne va pas, mais sa tonalité, son style direct et franc, l’insistance mise sur le socialisme et le parti communiste par rapport aux échecs du capitalisme montre que là encore un vent d’optimisme souffle sur la capacité de la société et du pouvoir chinois de résoudre les problèmes. Les défis sont immenses mais la société les affronte, il y a une volonté et aussi la fin d’un complexe d’infériorité. (note et traduction de danielle Bleitrach)
Source: Global Times Publié: 05/09/2020 0:03:540
https://www.globaltimes.cn/content/1199945.shtml
Un coin de rue bondé mercredi soir à Wuhan, capitale de la province du Hubei en Chine centrale. Alors que la ville a levé le verrouillage pendant près de deux mois, la vie est lentement revenue à la normale. Photo: IC
La société chinoise est à sa période la plus stable de ces dernières années. Le prestige du Parti communiste chinois (PCC) en tant que parti au pouvoir à long terme s’est consolidé. Le monde extérieur, en particulier Washington, ne doit pas se méprendre sur la situation politique de la Chine, pour les raisons suivantes:
Premièrement, la Chine a mis l’épidémie de coronavirus sous contrôle strict. Alors que la plupart des pays comme les États-Unis et l’Inde sont la proie de la pandémie mondiale, la société chinoise revient à la normale avec un élan puissant. Cette grande réalisation a changé la compréhension fondamentale des gens du système chinois. Cette compréhension a dépassé les inquiétudes des gens dans le système chinois “défectueux” au stade précoce du coronavirus à Wuhan. Les gens croient maintenant que le système de leur pays est capable de faire face à toutes sortes de défis extrêmes. Ces missions apparemment impossibles pourraient être accomplies sous la direction du CPC.
La Chine est entourée par la pandémie à travers le monde, mais elle peut empêcher l’épidémie de recommencer. La Chine peut ramener à zéro le nombre de cas nouvellement confirmés et peut trouver et contrôler efficacement les cas importés. La Chine s’est si bien débrouillée qu’elle a développé toute une série d’expériences pour faire face à l’épidémie.
Deuxièmement, l’image des États-Unis s’effondre aux yeux du peuple chinois. Dans le passé, les Chinois admiraient les États-Unis qu’ils considéraient comme un paradis et où ils allaient soit pour l’immigration, soit pour étudier, soit pour faire fortune. Même Hong Kong et Taiwan étaient des terres de prospérité pour les peuples du continent.
Néanmoins, à mesure que les villes chinoises se développent rapidement, l’amélioration du niveau de vie remodèle les esprits. La guerre commerciale menée par les États-Unis contre la Chine a permis au peuple chinois de mieux comprendre les États-Unis. Le peuple chinois trouve que l’élite politique américaine est déraisonnable, bornée et simplement menteuse. Depuis l’éruption de la pandémie, il est encore plus choquant pour de nombreux Chinois que les États-Unis ne prêtent aucune attention à la science. Nous sommes confrontés vrai visage des États-Unis que nous admirions tant.
Troisièmement, le gouvernement chinois sert le peuple, contrairement au gouvernement américain qui sert le capital. La Chine est toujours confrontée à de nombreux problèmes et l’épidémie a affecté l’économie. Mais le peuple chinois s’est rendu compte qu’à des moments clés, les gens peuvent compter sur le PCC pour inverser la tendance. L’épidémie de Wuhan l’a prouvé, et la perte de contrôle dans de nombreuses régions du monde, y compris aux États-Unis, lui sert de repoussoir.
Face à des temps difficiles, la vie et la santé de la population, plutôt que le capital et les intérêts, sont prioritaires. Lorsque les souffrances des gens sont exposées sur Internet, le gouvernement réagit rapidement. Alors qu’aux États-Unis, comme de nombreuses personnes sont mortes de l’épidémie, le président et son équipe font preuve d’indifférence. Malgré les médias très développés, la misère des Américains n’attire guère l’attention ou suscite la sympathie de la classe supérieure. Plus de 180 000 personnes sont mortes et plus de 6 millions sont infectées, tandis que le soutien au gouvernement américain reste inchangé. À quel point le système de valeurs américain est-il tordu?
La Chine a ses propres problèmes, tels que la bureaucratie et le formalisme. Les gens en sont conscients et parlent de ces problèmes sans retenue. Éliminer ces problèmes chroniques est un défi à long terme pour la Chine.
Comparée à d’autres pays, la Chine est plus unie politiquement. La Chine marchera de l’avant et résoudra ses problèmes. Ceux qui essaient de creuser un fossé entre le PCC et le peuple chinois rêvent simplement de déplacer l’Himalaya de l’Asie vers l’Amérique.
Publié dans: EDITORIAL
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Bertrand Baller
En vous bafrant de Global Fun, vous n’allez pas comprendre la Chine, ni avec votre Delaunay qui ne voit que ce qu’il veut voir. Essayez de regarder ailleurs
Au cours des deux dernières décennies, les disparités de richesse ont toujours été un sujet tabou en Chine, et particulièrement ces derniers temps, alors que la pandémie de Covid-19 a impacté la population chinoise de manière inégale. Le Nobel d’économie Thomas Piketty (cf photo) vient de l’apprendre à ses dépens.
Lorsqu’il publia son best-seller « Le Capital au XXIème siècle » en 2013, un ouvrage argumentant que le capitalisme creuse les inégalités, celui-ci rencontra un succès immédiat en Chine où s’écoulèrent des centaines de milliers de copies. Le Président Xi Jinping lui-même y fit référence en mai 2016, prenant pour preuve les inégalités croissantes aux États-Unis et en Europe pour affirmer que les théories marxistes étaient plus que jamais d’actualité. Pourtant, avoir été cité par le Premier Secrétaire du Parti n’a pas suffi à exempter l’auteur français des contraintes de la censure.
En effet, la sortie programmée cette année de son nouvel essai « Capital et Idéologie », qui étend le spectre d’étude aux pays BRICS, a été retardée suite à la demande de son éditeur, le groupe Citic Press, de couper tous les passages traitant de la situation en Chine (au moins une dizaine de pages) – une requête rejetée par l’économiste.
Dans ce nouvel opus de 1 200 pages, Piketty souligne le paradoxe d’un système politique socialiste « aux caractéristiques chinoises » et d’une société hautement inégalitaire. Il dénonce par ailleurs l’opacité des données chinoises, « encore plus forte qu’en Russie », qui rend impossible de se faire une idée précise sur la manière dont les richesses du pays ont été distribuées ces dernières années. En 2006, le gouvernement central avait pourtant ordonné aux foyers aux revenus annuels supérieurs à 120 000 yuans de remplir une déclaration spécifique, mais la publication de ces données cessa cinq ans plus tard… De la même manière, la Chine ne rend plus public son coefficient de Gini , qui mesure les disparités des revenus au sein d’une population donnée, depuis l’an 2000, date à laquelle le pays a dépassé le seuil d’alerte de 0,40, craignant que cet index public ne contribue au mécontentement social. Depuis lors, le Bureau des Statistiques communique sporadiquement : en 2017, il situait toujours le coefficient au-dessus de 0,40, avec un pic à 0,491 en 2008. Des chiffres qui tranchaient avec un rapport d’une université de Chengdu qui l’évaluait à 0,61 en 2012.
Malgré ces difficultés d’accès aux données, l’économiste français a observé qu’au début des années 90, 10% des Chinois les plus riches détenaient 30% des richesses du pays. En 2015, cette part aurait augmenté pour atteindre les 41.5% – proche du niveau américain (47%). Et d’après le prix Nobel, il y a peu de signes de réformes concrètes pour lutter contre les inégalités sous le leadership de Xi Jinping : « emprisonner des oligarques et de hauts cadres qui se sont enrichis grâce aux pots-de-vin ne suffira pas à répondre au défi », commente-t-il.
Dernière lacune selon Piketty : l’absence de droits de succession. « Maintenant que deux tiers des capitaux chinois sont aux mains d’acteurs privés, il est surprenant de constater que ceux ayant bénéficié le plus de la privatisation et de la libéralisation de l’économie peuvent transmettre leur patrimoine à leur(s) héritier(s) sans payer aucune taxe ».
Naturellement, ces constats vont à l’encontre des objectifs affichés par le leadership chinois qui s’apprête à annoncer l’éradication de la grande pauvreté d’ici la fin de l’année (il ne restait officiellement que 5,5 millions de personnes gagnant moins de 2 300 yuans par an fin 2019), mais aussi avoir atteint son premier objectif centenaire d’une Chine devenue une « société modérément prospère » (un PIB de 2020 représentant le double de celui de 2010).
Ces victoires annoncées laissent sceptique He Keng (贺铿), ancien vice-directeur du Comité des Affaires financières et économiques de l’ANP (2008-2013) et membre de la « société Jiusan » (九三学社), un des 8 mini-partis tolérés par le Parti communiste. Interrogé lors d’un forum économique à Pékin le 23 août, le statisticien de 78 ans (cf photo) affirmait que la Chine ne peut se considérer comme « modérément prospère » alors que « seulement 300 millions de Chinois dépassent la barre des 30 000 yuans de revenus annuels (critère d’appartenance à la « classe moyenne »), contre 1,1 milliard considérés comme « pauvres », dont 600 millions vivant avec moins de 1 000 yuans par mois ». « Et à cause de la pandémie de Covid-19, l’écart de revenus entre ruraux et urbains s’est agrandi » ajoutait He Keng.
De fait, alors que les Chinois les plus riches ont réussi à sortir de la crise sanitaire presque indemnes financièrement, les plus pauvres ont du mal à boucler les fins de mois, ce qui pèse sur la demande domestique. Cela explique que les ventes de produits de luxe affichaient une croissance à deux chiffres dès le 2nd trimestre, tandis que le montant total des ventes au détail a chuté les cinq derniers mois (encore -1,1% en juillet), conséquence d’un pouvoir d’achat en berne et d’une certaine incertitude concernant l’avenir. Et le plan de relance de l’État chinois post-Covid-19 s’est essentiellement orienté vers les bons vieux investissements d’infrastructures, sans apporter d’aide directe aux ménages.
D’après Shen Jianguang, économiste chez JD Digits, le niveau de chômage chez les Chinois les plus modestes atteindrait près du double de la moyenne nationale qui est de 5,7%. Pour preuve, une étude menée en juin par l’université Beida auprès de 5 000 résidents urbains révélait que 11% d’entre eux avaient perdu leur travail et risquaient de retomber dans la pauvreté. De fait, si les citoyens les plus riches ont pu conserver leur emploi ou leur entreprise en travaillant de chez eux, cela n’a malheureusement pas été le cas pour les serveurs, coiffeurs, cuisiniers, agents de nettoyage, ouvriers… Et pour obtenir une maigre allocation chômage, encore faut-il détenir le hukou (permis de résidence) de la ville concernée, ce qui n’est pas le cas d’une écrasante majorité des travailleurs migrants, pourtant les plus menacés par des licenciements…
Cela pousse He Keng à penser qu’il est prématuré de considérer que d’ici la fin de l’année la Chine sera « modérément prospère ». « Les JO de Tokyo ont bien été reculés d’un an, pourquoi ne pas décaler cette échéance à un ou deux ans ? » argumente-t-il. Des propos qui ont fait le tour des réseaux sociaux avant d’être censurés… Toutefois, cette prise de position révèle le manque de consensus au sein de l’appareil à propos de cet objectif centenaire que le Parti s’est lui-même imposé, mais plus largement sur la stratégie à suivre pour relancer l’économie. Les récentes déclarations du Premier ministre Li Keqiang à propos des vendeurs ambulantsaccréditent également cette thèse…
Ce qui est sûr est que le problème des inégalités devient trop important pour continuer à être ignoré. Comment espérer faire de la demande domestique le nouveau pilier de l’économie (tel que le stipule la nouvelle stratégie de « circulation duale ») lorsqu’une partie non négligeable de la population n’a ni emploi stable et rémunérateur, ni accès aux avantages sociaux ? Encore une fois, sans réformes et améliorations structurelles (droit du sol, hukou, protection sociale…), point de salut.
Danielle Bleitrach
je répondrais brièvement:
1)vous avez le ton prétentieux, insultant et quasi colonialiste de vos pareils, imbuvable: Global times devient Globalfun ce qui n’apporte rien mais dit vos préventions et vos a priori à l’égard de la Chine. Global Times et les statistiques officielles chinoises valent les statistiques officielles françaises et ont fait d’énormes progrès, et autant que les statistiques des USA.
2) Jean claude Delaunay à l’inverse de votre Piketty vit en Chine et parle chinois et il vous répondra lui-même
3) Ce blog multiplie les références et vous avez ce jour même une opinion d’une tout autre source sur le logement en Chine et si vous étiez moins plein de prévention et de stéréotype vous ne vous seriez pas donné le ridicule de votre “démonstration”.
En particulier c’est dans vos fantasmes antichinois et anticommunistes que vous affirmez que nous nions ici le problème des inégalités, elles nous paraissent au contraire au coeur des questions posées aujourd’hui au socialisme à la chinoise et au gouvernement de XI jinping lui-même, mais nous n’oublions pas que toutes les statistiques mondiales montrent que si globalement la pauvreté a diminué dans le monde c’est à la Chine qu’on le doit et que ses statistiques dans ce domaine sont plus exigeantes que celle que l’occident établit à propos du sous développement. Nous avons ici en particulier publié un long texte de XI Jinping sur la question qui était tout sauf complaisant. Le paradoxe est que beaucoup de vos pareils trouvent dans Global Times de quoi critiquer la Chine et attribuent à la dissidence ce qui relevait du gouvernement central mettant au pas les notables du PCC au niveau local. Je pense à ce médecin de Wuhan qui a alerté et n’a pas été entendu, c’est le gouvernement central et Global Times l’a refleté qui en ont fait un héros pour la mise au pas de ceux qui n’avaient pas joué le rôle attendus d’eux, y compris la transparence. Si au lieu de rester dans vos fantasmes de maoistes déçus vous lisiez ce que nous écrivons peut être que cela nous éviterait vos éternelles certitudes pour et après contre.
Philippe, le Belge
Sans compter que Piketty n’a jamais été prix Nobel…