Comment comprendre une société y compris à travers le prisme médiatique ? Bien sûr rien ne vaut l’observation sur le terrain, mais à défaut on peut et on doit construire un questionnement. Le mien est sur la question du socialisme de marché en utilisant toutes les informations à ma disposition. D’abord savoir qui parle, ici c’est le capital à la recherche du profit et des FAITS. Savoir que quand il dit que le système vietnamien est plus “libre” que le Chinois, cela veut simplement dire qu’il est plus “libéral” et que les entraves mises à l’enrichissement personnel sont minimales. Qu’il existe donc en Chine même des forces qui revendiquent ce “plus de liberté”. Comme facteur pour sortir du sous-développement, le capitalisme peut “voler” à tous les sens du terme mais dans une cage. La centralité fait partie de cette cage mais aussi sa capacité à mobiliser le non marchand, ce qu’on appelait le centralisme démocratique. Même si dans les deux pays ces forces capitalistes sont soumises à une contrainte collective, pas seulement l’Etat d’ailleurs. Et que celle-ci explique la capacité à faire face collectivement et plus efficacement (note et traduction de Danielle Bleitrach).
Vers des pays à plus bas coûts
Avec la hausse des salaires en Chine, une partie des producteurs, étrangers et chinois, ont déménagé ces dernières années leurs usines dans des pays à des prix de revient plus intéressants, principalement dans la région du Sud-Est asiatique. La guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a contribué aussi à cette migration. La crise sanitaire actuelle met en évidence la dépendance du monde entier envers la Chine au niveau de l’approvisionnement du matériel médical. Ce mouvement va encore prendre de l’ampleur.
Vers le Vietnam
Le Vietnam a été le grand gagnant de cette mutation, non seulement dans le secteur du textile mais aussi dans d’autres secteurs à plus forte valeur ajoutée. Le coréen Samsung a, par exemple, fermé ses usines en Chine et produit désormais la majorité de ses téléphones au Vietnam tout en entraînant avec lui d’autres sociétés coréennes. Quant à Apple, il reste fidèle à la Chine, où son marché est bien plus important que Samsung.
Certes, le Vietnam en termes d’infrastructures, de réseau de chaînes d’approvisionnement, et sources de matières premières reste en retard sur la Chine, mais les progrès sont rapides.
Avec une population de 100 millions d’habitants et une superficie de 330 000 km2 (60% de taille de la France), la croissance est soutenue et dépasse celle de la Chine ces dernières années.
Croisse du PIB des deux pays en % :
Chine | Vietnam | |
2015 | 6,91 | 6,68 |
2016 | 6,74 | 6,21 |
2017 | 6,76 | 6,81 |
2018 | 6,60 | 7,08 |
2019 | 6,10 | 6,80 |
Une économie robuste
Grâce à une réaction très rapide et de strictes mesures, l’épidémie du Covid n’a pas mis l’économie vietnamienne à l’arrêt. Sa croissance a quand même été freiné, le PIB affiche toutefois une hausse de 3,8% au premier trimestre 2020 contre une baisse de 6,8% pour son voisin chinois. La consommation des ménages vietnamiens tire la croissance à la hausse avec une contribution au PIB autour de 65% contre moins de 50% pour la Chine.
Une démocratisation plus avancée
Quelques articles de Chine, qui analysent le système politique vietnamien le trouvent assez avancé au niveau démocratique (par rapport à la Chine, doit-on comprendre). Le site « L’observateur, 观察者 », dans un article, Les « quatre chevaux » de la démocratisation avancée du système politique vietnamien, 越南政治体制“超前民主化”中的“四驾马车 » , rappelle que le pouvoir est moins concentré et plus partagé entre « quatre chevaux » : le secrétaire général du Parti, le président de l’Etat, le Premier ministre et le président de l’assemblée nationale, qui ont un réel pouvoir de contrôle et de contrepouvoir entre eux. De nombreuses mesures pour plus de transparence de la vie publique ont vu le jour.
Un terreau plus fertile
Le journaliste Wang Jian 王剑, dans sa chronique du 2 mai sur You Tube, expose quatre raisons qui expliquent cette démocratisation avancée par rapport à la Chine :
- Le Parti communiste vietnamien n’a pas eu de véritable grand leader après la mort de Hô Chi Minh en 1969.
- Le Sud du Vietnam a vécu jusqu’en 1975 dans un système plus démocratique qu’au Nord avec une économie plus développée. Un terreau plus fertile existait déjà pour la démocratie à l’ouverture du Vietnam à partir du milieu des années 80.
- Le pays n’a pas connu de grandes catastrophes comme le Grand bond en avant ou la Révolution culturelle.
- Le gouvernement central n’a jamais été aussi centralisé et fort qu’en Chine durant l’histoire.
Il est bien entendu un peu tôt pour dire que le Vietnam va ravir le titre d’ « Usine du monde ». La taille de son offre reste réduite par rapport au géant chinois et son principal atout en termes de prix de revient n’est pas toujours assez fort pour convaincre certains groupes à se diriger vers le Vietnam. Un long mouvement est enclenché assurément, on ne parlera pas de lame de fond.
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Brice Lu
La Chine est quand même devenu le temps du matérialisme, on collectionne les m2, comme des majorettes. 99% sont propriétaires dans les villes avec une moyenne de 1,5 appartement par personne.
https://forbiddencitynews.com/2020/05/06/cities-are-rich-in-china/
Danielle Bleitrach
en quoi le fait d’être matérialiste vous parait contradictoire avec le fait d’être socialiste? Il y a des tâches à accomplir… Si Cuba oublie un seul instant qu’il a le pire des ennemis à quelques centaines de kilomètres, il estfoutu.. et si la Chine oublie qu’elle a une population de un milliard quatre cent mille personnes à nourrir, elle ne tiendra pas plus… Comme disait Marx il y a des conditions matérielles dont on ne peut faire abstraction sauf en imagination… Autre chose est de se poser à partir de là un certain nombre de question, de se donner des buts par exemple la paix, éradiquer la misère, augmenter le niveau d’éducation et de santé et de juger des moyens…
Brice
Erreur de lien : https://forbiddencitynews.com/fr/2020/05/05/les-villes-chinoises-ont-de-largent/