Cet article est comme un cri que l’on a envie de pousser devant tous les complotismes, tous ces gens qui jouent à se faire peur dans les réseaux sociaux avec les dangers supposés du pistage et de la 5 G, Mais dans quel monde vous croyez-vous exactement, celui ou on peut torturer Julian Assange ou nos gouvernements peuvent manifester leur complicité face à cette torture d’un homme qui n’a rien fait d’autre que de nous mettre en garde contre leurs mensonges, leurs corruptions. lutter pour la liberté, ce serait lutter sans relâche pour libérer Assange, par qu’il est concrètement tout ce que nous prétendons défendre et incarner. Le proclamer comme le font nos gouvernants et faire le contraire est simplement la démonstration de l’hypocrisie de notre monde. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société).
© JUSTIN TALLIS Source: AFP
Le fondateur de Wikileaks Julian Assange, depuis l’ambassade d’Equateur à Londres, le 19 mai 2017.
Quelles actions le chef de l’Etat et ses ministres ont-ils menées envers ceux qui clamaient «droit de manifester, droit d’informer, même combat» lorsqu’ils se mobilisaient sur les ronds points et manifestaient leur soutien à Julian Assange ?
Quelles actions ont par ailleurs été menées par l’exécutif en faveur d’Assange ? Sa demande d’asile avait été rejetée par le Président Hollande, les réponses aux courriers que nous avons envoyés les uns les autres depuis plus de six années n’ont jamais été à la hauteur des enjeux, leurs signataires ayant fait fi des valeurs de notre pays.
Un ancien policier habitué à faire du «profiling» pour protéger les Présidents français m’a régulièrement répété qu’il faut toujours vérifier le mode opératoire afin de comprendre la signification réelle des actions d’une personne au-delà de ce que ses mots prétendent. A juste titre, sur le traitement du dossier d’Assange, nous sommes à même de nous demander quel exemple de société les présidents François Hollande et Emmanuel Macron ont montré à nos enfants, au-delà de leurs mots, de leurs envolées lyriques et de leurs beaux discours.
Comment expliquer l’indifférence quasi institutionnalisée à l’égard du traitement d’Assange depuis 2012 ?
Wikileaks a été créé en France et a commencé à publier en France. Le quotidien Le Monde a collaboré avec le media dirigé par Assange jusqu’à le nommer «Homme de l’année» en 2010. Si l’une des publications françaises les plus distribuées et lues à l’étranger, considérée par ailleurs comme «journal de référence», comprenait à l’époque l’utilité des révélations faites par Wikileaks, comment expliquer l’indifférence quasi institutionnalisée à l’égard du traitement d’Assange depuis 2012 ?
Voici exposée la problématique des humains qui finissent par se corrompre et qui, pour mieux masquer la corruption de leurs esprits, détournent le regard en accusant les autres. Nous avons notamment lu certains articles de presse, entendu certains journalistes indiquer qu’Assange avait mis des personnes en danger, notamment des agents américains ou moyen-orientaux. Or aucune plainte n’a jamais été déposée en ce sens, aucune enquête n’est venue démontrer ces graves accusations. Ce processus de lâcheté est le même que celui qui est employé par ceux qui courent d’un plateau de télévision à un autre, qui tentent de se faire passer pour des chevaliers blancs mais qui sont, au quotidien dans leurs actions, aussi peu recommandables que ceux qu’ils sont censés combattre. Pour prouver quelque chose, on se doit de coller à la vérité des faits et uniquement à elle. Quand on regarde de près l’attitude de certains diseurs de vérité auto-proclamés, on comprend qu’ils ne cherchent pas la vérité mais une part de celle-ci pour la transformer en leur vérité. C’est ainsi que l’on définit un esprit corrompu : cette part de vérité leur permet de vivre des vies bien moins difficiles que celles d’Assange et des véritables lanceurs d’alerte parce que ces personnes sont souples avec la corruption qu’elles dénoncent dans certains cas mais ferment les yeux dans d’autres. Les citoyens les plus critiqués, ceux qui subissent les traitements et les violences psychologiques les plus extrêmes, seront demain les guides d’un monde plus éthique puisqu’ils sont «Incorruptibles», tout comme l’était Eliot Ness qui a continué le combat alors que certains de ses hommes avaient été tués par Al Capone.
Les pétitions émanant de médecins, d’avocats, de journalistes du monde entier en faveur d’Assange ne fonctionnent pas. Elles renforcent même l’effet de torture subi par le journaliste car il ne se passe rien une fois leur contenu publié. Chacun de ceux qui sont «aux affaires» se renvoie la balle de la responsabilité, en toute violation des lois internationales. Personne ne sait qui prend les décisions au sein des administrations et dans les cabinets ministériels. Il appartient à la société civile mondiale de demander des comptes afin que l’on sache qui décide de la torture d’Assange, qui laisse perdurer des conditions de détention aussi inhumaines.
Comment ne pas imaginer que les enfants d’Assange soient déstabilisés face à la violence psychologique qu’est le mensonge des adultes ?
Nous apprenons chacun à nos enfants à dire la vérité. Comment leur expliquer que nos dirigeants ne font preuve d’aucune humanité envers les hommes dont le métier est d’informer ? Quels mots trouver pour expliquer que l’on met en prison ceux qui publient la vérité ? Comment justifier que le pays des droits de l’homme favorise d’un côté l’accueil et la protection de dictateurs et préfère de l’autre refuser d’accorder asile et protection à ceux qui défendent les intérêts stratégiques de notre nation ?
Comment ne pas imaginer que les enfants d’Assange soient déstabilisés face à la violence psychologique qu’est le mensonge des adultes : mensonges d’Etat, mensonges de dirigeants économiques, politiques, contre-vérités médiatiques, etc. ? Comment ses enfants comprennent-ils notre société et comment peuvent-ils y adhérer alors qu’ils vivent des traumatismes et des injustices aussi graves ? Comment peuvent-ils accepter que leur père soit traité comme un ennemi public, soit maltraité parce qu’il publie des documents dont l’authenticité de l’origine a été vérifiée ?
Qui pense aux enfants d’Assange ? L’histoire nous a appris que seules les pires dictatures séparent des enfants de leurs parents. La peine qui leur est infligée est à la hauteur des mensonges de nos Etats. Il est inacceptable que des enfants soient frappés par le manque d’éthique de nos dirigeants politiques. Comment ces enfants peuvent-ils comprendre le monde par le prisme d’un père enfermé parce que sa seule faute est de publier la vérité ? Qui pourrait nous indiquer quelle loi valide l’emprisonnement des personnes qui informent ?
Dans une incohérence inouïe, notre exécutif mime être composé de gens bien sous tous rapports, qui démontrent par leurs actions qu’ils sont corrompus par tout un système ; leurs actions contrastent étrangement avec celles des chercheurs et des diseurs de vérité. Nos dirigeants politiques français ne peuvent ignorer que les dysfonctionnements continuent s’il n’y a pas d’alerte : Julian Assange et Chelsea Manning, lanceuse d’alerte de l’armée américaine ayant fourni les preuves d’exactions et de bavures de militaires notamment à Bagdad et en Afghanistan, n’ont mis personne en danger. Au contraire, ils ont sauvé des vies en étant un contre-pouvoir ; ils ont permis un éveil des consciences de part le monde grâce au partage d’informations totalement inaccessibles au grand public jusque là.
Mes propres enfants sont les premiers à même de comprendre la souffrance des enfants d’Assange puisqu’ils sont eux-mêmes confrontés à une violence inouïe depuis plus de dix ans. Ils ne peuvent pas approuver cette société dont ils se sentent exclus, ils se posent énormément de questions et notamment pourquoi leur mère a été séparée d’eux. Nous souffrons depuis plus de dix années de problèmes aussi violents qu’injustes alors que j’ai respecté toutes les lois de notre pays en dénonçant le système de fraude fiscale de la banque UBS puis en aidant l’Etat, qui m’a contrainte par le droit à lui fournir des informations concernant cette fraude pendant plus d’une année alors que j’étais encore une cadre de cette banque.
Pourquoi le ministère des Finances n’applique-t-il pas la loi à mon égard ? Pourquoi aider la France n’apporte-t-il que des ennuis ? Tous les parents se posent la question de savoir quel monde ils laisseront à leurs enfants. La gestion de la crise liée au Covid-19 permet à beaucoup de comprendre que le cœur dirigeant la société encense les esprits corrompus et condamne ceux qui tentent de dire la vérité. Les mensonges d’Etat, les guerres inutiles, les multinationales prédatrices, la corruption organisée internationalement et les mensonges d’esprits corrompus relayés non-stop par les media mainstream ont de quoi anéantir les plus valeureux. Cependant, la majorité des citoyens a compris que la domination des media par des intérêts privés influence son contenu. Sans les révélations de media indépendants tels que Wikileaks – voire créés sous l’impulsion de Wikileaks – le journalisme n’est plus. Lire aussi «Tenez bon Julian» : trois syndicats de journalistes unissent leurs plumes dans une lettre à Assange Pour que la France redevienne à la hauteur de ce que représente internationalement le pays de la déclaration des droits de l’homme, nous nous devons d’incarner ses valeurs individuellement et collectivement. Nous mobiliser tous ensemble pour Assange est impératif face à la culture bien orchestrée de l’entre-soi, du mensonge et des esprits corrompus sinon nous serons tous condamnés à subir le même sort que le journaliste : ne pas se sentir concernés, ne pas se mobiliser pour la libération de Julian signifie ne pas se battre pour ses propres droits en matière d’accès à l’information, c’est alors accepter une presse aux ordres qui décide de ce qui peut être connu des citoyens ou ce qui doit leur être caché.
Assange rassemble tous les combats chers aux valeurs de notre République, ceux de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, des droits de l’homme et des questions liées à ce qu’est une société libre.
Nous devons nous lever pour qu’Assange bénéficie d’un procès humain et équitable afin que la vérité soit établie, il n’est pas question de le laisser seul, pointé du doigt comme un «ennemi public» pour éviter que d’autres ne suivent le chemin de la transparence. Ne serait-ce pas un mauvais calcul de certains pensants de vouloir faire de la vie d’Assange un épouvantail dissuasif à l’heure où des milliards d’individus vivent un confinement et peuvent manifester quelque sympathie pour cet homme, comprenant ce que signifient la privation de liberté de circuler et celle d’être séparés d’êtres chers ? Ne serait-ce pas un mauvais calcul que de pousser les confinés à chercher des complots contre la vérité ? Ne serait-ce pas déstabilisant pour les Etats qui ont pratiqué ces stratégies dans le passé mais qui, aujourd’hui, étant donné le vécu de milliards d’individus sur la planète, reconditionnent les visions du monde ?
Assange rassemble tous les combats chers aux valeurs de notre République, ceux de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, des droits de l’homme et des questions liées à ce qu’est une société libre.
Par ses révélations, Assange a participé à la défense de nos propres intérêts de Français. Alors même que le Président Macron citait «Les jours heureux» lors de sa dernière allocution télévisée, Julian Assange incarne l’exemple même de la Résistance en ce début de XXIe siècle. Il catalyse ce que nos démocraties font subir aux citoyens intègres et qui disent la vérité. Le journaliste a grandement participé à l’éveil des consciences à l’international cette dernière décennie en exposant la responsabilité de ceux qui nous gouvernent. Son esprit d’équipe et son intelligence à protéger les lanceurs d’alerte tout en donnant de la visibilité à leurs dénonciations démontrent son combat pour la vérité et pour le droit à l’information. Une rupture s’est petit à petit créée entre l’exécutif et les citoyens de notre pays car les réponses données n’ont pas été à la hauteur des enjeux ni des attentes de ceux qui œuvrent à une société différente où prévalent les notions de solidarité, de bienveillance, d’échanges, de partage, de transparence ou encore d’éthique. Le journaliste s’inscrit dans ces valeurs d’humanisme, c’est pourquoi son histoire est révélatrice de l’hypocrisie de nos dirigeants quant à leur rapport à la vérité.
La libération d’Assange est l’affaire de tous les Français, à commencer par les journalistes car l’abandon de nos «élites» politiques prouve que le droit à l’information est en grand danger. Les Français, en faisant preuve de volonté en matière du devoir d’informer qu’ont les media, se montreront à la hauteur des enjeux puisque la liberté d’expression est au coeur de notre constitution. Par sa propre histoire familiale, Assange, père d’un enfant vivant sur notre territoire, ne peut que rassembler les Français du pays de la liberté, pays aujourd’hui en quête de sens. Nous sommes chacun la France, écoutée partout dans le monde ; la majorité d’entre nous a honte que rien n’ait été fait au plus haut niveau de l’Etat pour protéger et accueillir le journaliste sur notre territoire. Au-delà de la honte, les prises de position de nos dirigeants politiques ont fortement nui à notre réputation internationale.
Selon Joseph Kessel, la France représente «la culture la plus fine, l’humanisme le plus doux, la liberté la plus fière…». En ces jours de confinement, ce sujet pourrait être débattu avec vos propres enfants pour que Assange et les siens retrouvent leur dignité et une vie dans une démocratie. Faisons preuve de sensibilité, d’unité et de solidarité sur ce dossier car nous avons tous à y gagner au nom des valeurs de liberté de notre patrie. La France résonnera alors de nouveau dans le concert des nations.
Stephanie Gibaud
Stéphanie Gibaud est l’auteure de l’ouvrage La Traque des Lanceurs d’Alerte, préfacé par Julian Assange.En charge de la communication de la banque UBS, elle a fourni à l’Etat français des informations qui ont largement contribué à identifier, pour le compte du Ministère des Finances, 38.000 comptes offshore estimés à 12 milliards d’Euros. Alors que UBS a été condamnée par la justice française à l’amende record de 4,5 milliards d’Euros en 2019, Stéphanie Gibaud se démène en justice pour que son travail auprès des services de l’Etat soit reconnu, comme la loi l’autorise.
En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/opinions/74365-pourquoi-ce-qui-arrive-a-assange-est-important-pour-la-france
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