Histoire et société

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Cuba asphyxiée depuis la Suisse

Le sort réservé à Cuba devrait soulever la conscience de tous en particulier celle des communistes, mais bien au-delà. Une injustice aussi démente dont tous les pays sont plus ou moins complices dira à tous ce que fut l’impérialisme qui est le nôtre à nous occident et combien nous n’avons pas le droit de juger des autres (note de Danielle Bleitrach)

Les patients cubains du Covid-19 n’auront pas droit aux respirateurs suisses, sur ordre des Etats-unis, à l’instar d’autres équipements médicaux. Mais le blocus exercé depuis la Suisse est aussi financier.JEUDI 23 AVRIL 2020 LAURA HUNTER CET ARTICLE VOUS EST OFFERT PAR LE COURRIERChaque jour Le Courrier vous offre de nouveaux articles à lire. Abonnez-vous pour soutenir un média indépendant et critique.JE M’ABONNE

Cuba asphyxiée depuis la Suisse
Huit organisations suisses dénoncent «un blocus qui met en danger la vie de nombreux Cubains». MEDICUBA

CUBA

Double peine pour Cuba. Alors que le pays mobilise actuellement des efforts importants contre le coronavirus à l’intérieur de ses frontières (lire ci-dessous) et bien au-delà, il doit aussi faire face au renforcement du blocus imposé par Washington et à ses effets extraterritoriaux. Parallèlement aux difficultés d’approvisionnement en nourriture, carburant et devises internationales, le gouvernement cubain se voit maintenant refuser des commandes de respirateurs artificiels et d’autres équipements médicaux nécessaires à la lutte contre le Covid-19. Diverses organisations suisses de solidarité avec l’île sont, elles, de plus en plus entravées dans leurs activités. Pas étonnant, puisque l’offensive de Washington contre Cuba passe toujours plus par la Suisse.

Invoquant les sanctions commerciales, financières et économiques étasuniennes, les entreprises helvétiques IMT Médical AG et Acutronic Médical Systems AG ont refusé de livrer à l’île des ventilateurs de haute technologie, essentiels pour le traitement des patients touchés par le coronavirus, a communiqué à mi-avril le Ministère cubain des relations extérieures. Ces deux sociétés qui se décrivent comme des «leaders mondiaux» dans le développement et la fabrication de ces équipements ont pourtant fait affaire avec Cuba par le passé. Mais rachetées par la société étasunienne Vyaire Medical Inc il y a deux ans, elles auraient récemment reçu l’ordre de suspendre toutes leurs relations commerciales avec l’île.

Aide d’urgence bloquée

Contactées par notre rédaction, les deux firmes n’ont pas pu donner suite. Et pour cause: leur département de communication, seul habilité à se prononcer, a été délocalisé aux Etats-Unis.

Les autorités cubaines ont également annoncé la semaine dernière qu’un envoi d’aide d’urgence offert par une fondation chinoise pour lutter contre le Covid-19 avait été bloqué. La société de fret n’a pas accepté d’expédier ce matériel à Cuba, sous prétexte que son principal actionnaire est une société étasunienne soumise à l’embargo commercial sur Cuba. «Bien que l’île dispose d’un système de santé efficace et d’une solide expérience dans la lutte contre les épidémies, le blocus des Etats-Unis fait peser un fardeau énorme sur le pays et met en danger la vie de nombreux Cubains», déplorent huit organisations suisses qui ont signé cette semaine un communiqué de presse alarmant.

Censurer même le nom Cuba

Selon la Centrale sanitaire Suisse romande, Solifonds, Medico International Schweiz et cinq organisations spécialisées dans le soutien à l’Amérique latine, «l’effet extraterritorial renforcé du blocus entrave et rend plus coûteuses les relations économiques et commerciales de Cuba avec presque tous les pays du monde, y compris la Suisse». Ce malgré le fait que le gouvernement helvétique entretient des relations historiques d’amitié et de coopération avec Cuba, relèvent les signataires.

Si, depuis septembre passé, les banques helvétiques avaient suspendu tous les paiements internationaux vers Cuba, «un niveau supérieur d’arbitraire a été atteint», soulignent les ONG. L’UBS, la Banque Cler et la Banque cantonale bâloise ont en effet refusé des transferts de dons entre établissements locaux effectués par leurs clients, partisans de mediCuba-Suisse et de l’Association Suisse-Cuba, simplement à cause de la mention du nom de l’île dans la transaction. Ces dons étaient destinés à soutenir le projet d’aide d’urgence #CubavsCovid19, qui vise à récolter des fonds pour livrer des réactifs de test et des équipements de protection qui font défaut à l’île.

Ponce Pilate fédéral

D’autres solutions sont en train d’être trouvées afin que ces organisations de la société civile suisse puissent mener à bien ce projet. Mais «une telle action est tout simplement inacceptable et viole les droits et libertés des citoyens suisses», dénoncent les organisations signataires qui demandent que la Suisse prenne des mesures. D’une part «pour que Cuba puisse acquérir les équipements nécessaires à la lutte contre le Covid-19 auprès des fournisseurs helvétiques habituel», et d’autre part «pour que les banques suisses n’empêchent pas le transfert des dons des citoyens suisses à leur intention». Plus largement, elles exigent que la Suisse ne soit pas «complice de cette politique étasunienne illégale et criminelle».

Si la Banque cantonale de Bâle n’a pas répondu à nos sollicitations, la Banque Cler a elle confirmé qu’elle refusait tout paiement en lien avec Cuba au vu des sanctions de l’OFAC, organisme de contrôle des actifs étrangers qui dépend du Département du trésor des Etats-Unis. Du côté d’UBS, on allègue également qu’«en tant que banque active au plan mondial, elle est tenue de se conformer à de nombreuses exigences légales et réglementaires. En matière de sanctions, UBS a défini une norme appliquée dans l’ensemble du groupe et qui, en l’état, respecte en tout cas les sanctions actuellement prises par la Suisse, l’ONU, l’Union européenne et les Etats-Unis ».

Une réponse ambiguë, car tant la Suisse, l’ONU que l’UE condamnent l’embargo sur Cuba, ce que nous a confirmé le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Cependant, relève son porte-parole, «les entreprises privées suisses, y inclus les banques, sont seules responsables d’estimer les risques juridiques et de réputation liés à leurs opérations commerciales. Le gouvernement fédéral ne peut pas obliger les entreprises privées à effectuer certaines livraisons ou certains paiements, même dans le domaine humanitaire.»

Même son de cloche à l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), qui ne sent pas concernée par les réclamations de ces organisations suisses: «Il s’agit de relations de droit privé, entre des clients et leurs banques, ou avec des entreprises qui sont libres de vendre ou non.»

Humanitaire à mi-temps

Une impuissance qui heurte la faîtière des principales ONG de Suisse, Alliance Sud. Interpellé par notre rédaction, son porte-parole, Daniel Hitzig, déplore que le caractère humanitaire et la neutralité helvétiques soient désormais invoqués «au cas par cas, tant qu’ils correspondent au mainstream du camp occidental ou aux règles imposées par les Etats-Unis».

CUBA SE (DÉ)BAT

Quarante-deux jours après l’arrivée du Covid-19 à Cuba, 1189 cas confirmés et quarante décès sont comptabilisés par le Ministère de la santé publique. Selon les pronostics, un plateau devrait être atteint à Cuba durant les deux premières semaines de mai. Un bilan plutôt encourageant si l’on en croit ces chiffres, rendu possible par des mesures drastiques mises en place rapidement, que l’on peut regrouper en trois axes: prévention, traitement et information.

Mesure phare, l’île pourtant fortement dépendante du tourisme a fermé ses frontières. Ecoles, centres culturels, restaurants et grands magasins ont suivi, tout comme la suspension de tous les transports interprovinciaux, les consignes de distanciation physique et le couvre-feu à respecter sous peine de sanctions. Les masques, la plupart du temps confectionnés artisanalement au sein des foyers et réutilisables, sont obligatoires.

Surtout, il y a la visite systématique et régulière de docteurs et d’étudiants en médecine dans tous les foyers de l’île grâce au système décentralisé de santé publique. S’enquérant de l’état des résidents et distribuant de l’homéopathie censée renforcer les défenses immunitaires, le personnel de santé mobile peut ainsi orienter la population tout en ayant un œil sur «le terrain».

Ensuite, le traitement: des tests massifs sont réalisés et les patients suspects sont automatiquement mis en quarantaine, tout comme leurs proches. Ce traçage et cette politique d’isolement semblent avoir permis un certain contrôle des nouvelles infections. Ainsi, la province de Granma qui comptabilisait dix cas à la fin mars n’a pas connu de nouveaux infectés. Ajoutons la mise en quarantaine de quartiers entiers et la décontamination des rues au moyen de nettoyeurs à haute pression et de chlore.

Des mesures économiques et sociales sont venues accompagner ce plan. Les denrées alimentaires auparavant destinées aux touristes sont maintenant vendues à la population à des prix accessibles, de manière rationnée pour assurer un approvisionnement équitable.

Malgré cette mesure, l’accès à des produits alimentaires et sanitaires, déjà compliquée en temps normal à l’aune du blocus, est désormais d’autant plus difficile. Il n’est pas rare, surtout dans les grandes villes, de devoir faire la queue pendant 2 à 3 heures pour faire ses courses. Dans ce contexte, la décision du gouvernement de suspendre temporairement les factures d’électricité, de gaz et d’eau a représenté un grand soulagement pour la population.

Enfin, dernier pan de ce programme d’urgence, l’information: chaque jour, le décompte des cas infectés, récupérés, suspectés ou décédés est rendu public. Des conférences de presse sont organisées régulièrement pour tenir la population informée de la situation dans le pays, mais aussi pour donner des nouvelles des brigades de médecins cubains parties en renfort aux quatre coins du monde. De plus, l’accès à internet est devenu moins coûteux à certaines heures. Les fake news sont identifiées et expliquées, à l’image de ce photo-montage qui montrait de présupposés camions-morgue parqués devant un hôpital havanais. Sur les réseaux sociaux, la tâche est ardue. Des appels à occuper la rue de manière massive pour manifester contre le gouvernement cubain, certes isolés mais répétitifs, circulent. Des opposants au régime, depuis ou hors de Cuba, profitent de la situation de crise pour demander une «aide humanitaire» à l’image des opposants vénézuéliens anti-Maduro l’an dernier. LHR

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2 Commentaires

  • Gourmel Michel
    Gourmel Michel

    Couvid-19 : Le fiasco de 8.500 respirateurs pour les cas graves.
    En France on n’ pas besoin d’être asphyxié par les autres.
    Résumé d’une catastrophe. Pour une fois, pour une fois, exceptionnellement, le gouvernement EM avait levé le petit doit pour l’hôpital et les gens qui ne sont rien ! Incroyable !
    La France disposait de 5 000 lits de réanimations au début de la crise. Le ministère de la Santé veut en équiper 14 000 (en tout sans doute puisqu’il ne commande que 10.000 respirateurs). Encore faut-il les doter du matériel qui doit aller avec.
    L’État commande 10.000 appareils à 3.000 € pièce soit une facture de 30 millions €.
    Bien sûr, l’état s’adresse au privé qui est l’alpha et l’oméga de EM, c’est sans doute pour cela que EM a enfin daigné faire quelque chose pour le peuple. Il s’adresse à Air Liquide, qui précise qu’elle ne réalisera aucune marge sur ces appareils. Air Liquide s’associe à 3 autres fleurons de l’industrie privée française.
    Sur le site d’Air Liquide on peut lire : “Face au besoin de respirateurs pour traiter les patients les plus sévèrement atteints par le Covid-19, Air Liquide, PSA, Schneider Electric, Valeo relèvent le défi de produire 10 000 respirateurs.”
    Dans un premier temps, l’État souhaite que soient produit 5 000 respirateurs “T60” et autant d’un modèle plus basique, utilisé depuis 1998, qu’on appelle “l’Osiris 3”. Mais le “T60” est complexe à assembler. Air Liquide propose donc de produire plus de modèles de type “Osiris” qui, eux, ne nécessitent que 300 composants. Résultat : 8 500 “Osiris 3”, contre 1 600 “T60”, seront fabriqués dans un délai record de 50 jours. Le projet est sur les rails. L’alliance fait appel à 240 volontaires. La production démarre le 6 avril.
    Mais les 8 500 respirateurs “Osiris” posent problème. Air Liquide décrit ce modèle comme un “ventilateur de transport léger et simple d’utilisation”. Autrement dit, un appareil qu’on utilise dans les ambulances, mais pas dans les salles de réanimation.
    Le 3 avril 2020, un message transmis aux milieux hospitaliers par le ministère de la Santé et le centre de crise sanitaire, précise ce que doit être l’usage de chaque modèle de respirateur :
    Dans la liste des appareils pouvant être utilisés pour traiter des patients malades, l’Osiris 3 n’apparait que dans la 5ème catégorie, la toute dernière. Il n’est jugé utile que dans les cas de transports les plus simples, mais pas pour une salle de réanimation où sont traités les malades à risques.
    “Je ne l’utiliserai pas en réanimation”
    “Ce n’est clairement pas, pour être pudique, un respirateur adapté à la prise en charge d’une détresse respiratoire aiguë compliquée”, explique Philippe Meyer, médecin réanimateur à l’hôpital Necker à Paris. “On a un peu l’impression qu’on a fait un effet d’annonce pour montrer qu’on était capable de produire 10 000 respirateurs. Mais personnellement je n’utiliserais pas un ‘Osiris’ en réanimation. C’est très clair.”
    Son confrère anesthésiste et réanimateur au CHU de Nantes, Yves Rebufat, se montre encore plus critique. “Si vous vous en servez pour un syndrome respiratoire aigu, vous avez un risque de tuer le patient au bout de 3 jours. Parce que ce n’est pas fait pour ça. Les malades du Covid-19 ne sont pas faciles à ventiler. Il faut des respirateurs performants avec des systèmes de contrôle des pressions et des volumes.” Il poursuit :
    “Au mieux, on peut s’en servir pour transporter un patient une ½ h pour un scanner, mais c’est le maximum qu’on puisse demander à cet appareil.”
    Une vision des choses partagée par d’autres experts en dispositifs médicaux que nous avons consultés.
    Quand le gouvernement qui dispose de la puissance publique, du pouvoir de réquisition, de crédits quasiment illimités, explique qu’il a fait n’importe quoi :
    Si, comme le soutiennent les médecins que nous avons interrogés, ces respirateurs ne sont pas adaptés aux malades du Covid-19, pourquoi donc en avoir commandé autant ? “Le choix a été fait en lien avec le ministère de la Santé, mais aussi en tenant compte de la disponibilité des pièces critiques”, nous a-t-on expliqué au cabinet d’Agnès Pannier Runacher. “Se posait la question de produire en un temps record dans un contexte où les chaines logistiques sont fortement impactées par le ralentissement de l’économie.” Quand il s’agit d’attaquer les manifestations rien ne l’arrête, mais ici, le gouvernent avait le pouvoir de faire redémarrer tout ce qui était nécessaire à la production, mais ne l’a pas fait.
    Alors que faire de ces appareils ?
    Se pose aussi la question de l’usage qui sera fait de ces respirateurs. À Orsay et à Garches, un dispositif (Clear-M) mis au point par le commissariat à l’énergie atomique (CEA), destiné à améliorer les capacités de l’Osiris, a été testé sur des patients Covid-19 en phase de récupération. On a transformé ces appareils simples en appareil un peu plus complexes. Mais cela n’en fait pas pour autant un outil de thérapie adapté à des patients en situation de détresse respiratoire. Ce dispositif devra faire l’objet de nouveaux essais cliniques, puis d’une homologation, avant d’être commercialisé. On n’en est qu’au début des essais.
    Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie ;
    #COVID19 | Commande de 10.000 respirateurs : mise au point du Gouvernement.
    « Cette polémique est infondée et nauséabonde sur un sujet aussi important qui a été traité avec le plus grand sérieux ».
    NDLR. Qu’est-ce que ce serait s’ils avaient fait n’importe quoi ? Mais on n’est pas au bout de nos surprises, cyniquement le communiqué officiel déclare en chapeau de son article :
    «À l’heure où l’on compte plus de 5.000 malades en réanimation, l’heure n’est pas à la polémique sur les prétendus excès de moyens engagés par le gouvernement pour protéger les français»
    EM vit dans un monde parallèle qu’il s’est inventé : Non seulement, à part cette énorme connerie sur les masques respiratoires pour les malades graves, ils n’ont rien voulu faire sur les masques pour l’ensemble de la population, les tests, la chloroquine, etc… mais ils s’inventent un monde où ils seraient poursuivis pour trop aider le peuple qu’il méprise !
    https://twitter.com/AgnesRunacher/status/1253264323230736384
    Suit toute une série de mensonges, qui tiennent compte justement des critiques virulentes, tout en faisant croire que c’était leur idée de départ de faire de petits respirateurs légers, ce qui est totalement faux, tout en mettant la faute sur le dos des autres, curieux qu’il y ait faute puisque ce serait la volonté du gouvernement depuis le départ ! Etc… etc … mensonges, mensonges.

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  • etoilerouge6
    etoilerouge6

    Demander une aide humanitaire à des pays qui ont une attitude anti humaine l’opposition castriste est véritablement d’une hypocrisie assassine. Que peut-on faire? Y compris financièrement? Mais aussi comment envoyer des bateaux de vivres? Que fait la CHINE concrètement pour CUBA?

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