Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Bolsonaro et la chloroquine comme unique panacée

Publié le 09/04/2020 18:17 – Mis à jour le: 09/04/2020 18:17

Comme Trump et dans une certaine mesure Macron, Bolsanaro cherche la recette miracle qui lui permettra d’échapper à ses responsabilités d’avoir pour des intérêts capitalistes laissé se développer l’épidémie. Le choix à ce stade de la chloroquine est pour le moins tardif parce que si ce médicament a une efficacité c’est comme prévention à l’attaque des poumons et pas dans le stade ultime. Mais quand les foules et les chefs d’Etat sont obscurantistes et à la recherche d’un viatique les peuples sont en danger. Et plus encore quand les prévisions d’un virologue contre le confinement coïncident de si près avec leur propre vision du monde et leur refus d’assurer le sort des plus pauvres. Nous avons au Brésil comme aux Etats-Unis, un effet social qu’il faut opposer à ceux qui pensent que l’on va ressortir avec des Etats renforcés, comme en Europe, face à l’incurie du centre, les Etats fédéraux s’effondrent et tentent de faire face les uns contre les autres ou mieux indépendamment les uns des autres, chacun avec son système propre (note et traduction de Danielle Bleitrach).

PartagezDepuis le site Web de Red : La déclaration officielle du président de la République, Jair Bolsonaro, mercredi soir (le 8) était une nouvelle manifestation de son mépris pour la situation dramatique du peuple. Répétant ses fausses analyses, il a de nouveau insisté pour assouplir la règle de base de l’endiguement de la transmission des coronavirus, l’isolement social, de nouveau dénoncé les gouverneurs qui prenaient des mesures de confinement et a réitéré la recette de la chloroquine comme panacée universelle contre Covid-19.

La question essentielle de la survie, de l’emploi et des revenus de la population face à la pandémie n’est jamais posée. Pour Bolsonaro, c’est une obligation individuelle et chacun doit se débrouiller pour assurer la santé et la vie. En pratique, cela signifie qu’il appartient aux couches sociales les plus vulnérables sur le plan économique de garantir, en plus de leur survie, le fonctionnement de l’économie.

Le président sait que suivant son propre ministre de la Santé, Luiz Henrique Mandetta, la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de pratiquement tous les scientifiques qui analysent le problème de l’isolement social est essentielle. En poursuivant dans l’irresponsabilité, il révèle, en plus de sa médiocrité bien connue, qu’il mise sur un signe de tête aux plus vulnérables pour maintenir sa base de soutien social.

Bolsonaro s’est adressé en particulier aux plus pauvres en disant qu’ils doivent aller au combat à la recherche de pain quotidien. Or, à ce moment-là, cette obligation appartient à l’État, au gouvernement. C’est un crime de la part du président d’en appeler aux plus vulnérables de la population pour retourner au travail juste au moment où tombe le nombre pléthorique de morts dans les zones les plus pauvres.

En même temps, il exonère l’État de ses responsabilités sociales, l’essence du programme gouvernemental qui a conduit ce projet énergétique à la victoire aux élections de 2018. L’irréductibilité de Bolsonaro, même face à la tragédie de Covid-19, est due aux engagements pris avec des secteurs qui bénéficient de la crise économique mondiale, le rentisme financier, couplé à leur incapacité à gérer le pays.

Les attaques contre les gouverneurs, répétées dans le discours prononcé le 8, s’inscrivent dans ce modèle dogmatique de gouvernement. Il est déjà plus qu’évident le besoin urgent de se tourner vers la conduite économique du pays, laissant de côté le sectarisme ultralibéral et néocolonial pour que l’État assume la conduite des politiques publiques d’aide au pays et à la population.

Les gouverneurs, ainsi que de larges expressions de la société, ont vite compris cette urgence et, face à l’immobilité du gouvernement fédéral, ont commencé à mettre en œuvre des actions conformes – bien que, dans de nombreux cas, insuffisantes – aux recommandations des autorités médicales et aux exigences de ceux qui ont été privés d’emplois et de revenus.

Le choc avec la politique de Bolsonaro était inévitable. Et le président, isolé parce qu’il imagine Joãozinho comme la bonne mesure, réagit brutalement et insiste sur ses fausses thèses, attaquant criminellement l’économie nationale et la vie des gens. Avec cette attitude, il a perdu l’autorité nécessaire pour le poste de président de la République.

Si tout cela ne suffisait pas, Bolsonaro a recommencé à prescrire de la chloroquine à ceux qui s’aventurent à suivre ses directives et à être infectés par le coronavirus. Si le médicament a une efficacité dans le traitement de la maladie, ce n’est pas à Bolsonaro de répondre, mais aux médecins et chercheurs. Comme le ministère de la Santé l’informe, le médicament est toujours en cours de test et on ne sait pas encore s’il contribue réellement à la guérison.

C’est encore un autre cas qui démontre l’incapacité totale de Bolsonaro à continuer à commander une nation qui a un besoin urgent d’actions concrètes pour faire face à la crise économique et à Covid-19.

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