Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Toujours à propos de “l’affaire Polanski”

Un souvenir de dames du temps jadis

L’affaire Polanski me fait souvenir de cette réunion qu’avait organisé le PCF pour le droit à l’avortement. Gisèle Moreau avait fait venir jacques Duclos comme principal orateur. Quand tout à coup un groupe de femmes s’est présentée en révolutionnaires de l’an II avec des piques et au bout du mou bien sanguinolent. Jacques Duclos de sa voix de basse rocailleuse qui n’avait nul besoin du micro avait hurlé “mais vous êtes des malades!”

Quand Gisèle me racontait cette histoire en riant aux larmes, elle me confiait à quel point elle aurait aimé se retrouver ailleurs qu’à la tribune. Elle m’avait entre autres anecdotes narré cette réaction de Jacques Duclos alors que j’étais sa plume pour le livre qu’elle écrivait au nom du parti et qui s’intitulait libre et Egales. Gaston Plissonnier nous avait installées à Bazainville, la folie du XVIII ème dans laquelle Maurice Thorez avait fini ses jours et qui servait à accueillir les hôtes du parti dans les réunions internationales et parfois était le lieu secret de différents contacts(1). Il y avait un potager où nous allions cueillir les légumes pour nous distraire de notre labeur. Gisèle discutait beaucoup, elle ne se contentait pas de me donner des indications, elle était à la fois une travailleuse acharnée à l’ouvrage et drôle comme un titi parisien. Nous avions la même vitalité, le même investissement et un sens de l’humour complémentaire. Nous lisions tout ce que le parti avait édité sur la question depuis quasiment sa fondation. Et nous n’avions pas moins ri en trouvant cette fois une brochure de jeannette Thorez Vermeerch qui s’opposait au planning familial et confrontée à une femme qu avait déjà quatre enfants , un mari qui buvait et la frappait, Jeanette avait juré à la brave dame que dans une France socialiste tout s’arrangerait.

Nous avons également été un peu déçues sur la question de l’éducation sexuelle, Gayssot qui s’était arrogé la maîtrise de la question, était sensé la traiter dans un livre dont je ne rappelle plus la portée générale, mais simplement qu’il renvoyait son lecteur à la page 300 où il affirmait avoir tout dit sur la question et où on trouvait simplement une phrase disant que c’était une bonne chose.

Gisèle a du beaucoup travailler pour combler les vides et nous avions décidé Gisèle et moi que l’attitude juste devait se trouver entre les deux celle des femmes avec une pique sanguinolente pour réclamer le droit à l’avortement et la confiance de jeanette dans le fait que le socialisme résoudrait tous les problèmes, avec tout de même la conscience de l’importance du socialisme dans l’évolution de la condition féminine, après 15 jours de ce dur labeur , de l’aube à la nuit, où notre amitié s’était encore approfondie, nous avions beaucoup réfléchi, beaucoup échangé, cela m’a durablement marqué.

Je n’ai pas beaucoup changé d’avis…

danielle Bleitrach

(1) Une merveille qui a été vendue comme tant d’autres propriétés du PCF et dont personne ne sait à quoi a servi l’argent…

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