Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Comment john Wayne s’est-il pris pour john Wayne et nous pour les défenseurs des droits de l’homme ?

Bref, pourquoi l’Amérique s’est-elle prise pour un cow-boy stupide? Pourquoi, nous prenons-nous pour les défenseurs des droits de l’homme après avoir mené des croisades, colonisé et martyrisé des continents entiers, après avoir été à l’origine de deux guerres mondiales, de l’extermination nazie, et aux côtés de notre rejeton sanglants, les USA, avoir continué au-delà du colonialisme à imposer notre pillage au nom de l’excellence de notre civilisation ? Pas nous , nos capitalistes, me direz-vous, oui! mais comment se fait-il que depuis 20 ans l’ensemble de la gauche ait adopté cette vision ? Celle qui en rajoute dans la haine de l’URSS et de tous les socialisme existant, mais conserve une part de tendresse pour les bonnes œuvres de la CIA ?… Peut-être parce que comme john Wayne cette gauche-là s’est bien gardée de mener la lutte des classes et l’a alors jugée dépassée tout en la parodiant sur des terrains où le risque était moindre.

Parfois je me demande pourquoi je me suis retrouvée dans cette histoire, celle d’une vie, d’un engagement, pourquoi avoir été communiste et plus encore l’être restée avec un entêtement que certains considéreront avec suspicion. Le plus souvent je me réponds qu’il était impossible de faire autrement…

Les autres fois je me réfugie dans un cinéma et je deviens quelqu’un d’autre, mais je ne prends jamais pour John Wayne, toujours pour l’indien, Je suis sûre que c’est pareil pour vous. Entre nous le problème de John Wayne c’est qu’il s’est pris pour John Wayne pour oublier qu’il était un pauvre mec. Fidel Castro ne s’est jamais pris pour le leader maximo, au contraire il s’est désincarné dans son peuple… c’est ça que nos adversaires ne comprennent pas… Staline lui-même disait à son fils, tu n’es pas Staline, je ne suis pas Staline, Staline c’est le pouvoir des soviets… même lui ne se prenait pas pour John Wayne mais pour le moujik, a-t-il bien ou mal agi, ça c’est un autre problème, en tous les cas nous n’avons pas déserté, discutons de ce que nous espérions, de ce que nous avons réalisé… et de ce qu’il nous faut faire… (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

Kết quả hình ảnh cho john Wayne et l'indien

Un documentaire consacré à John Wayne a été publié sur arte, la chaîne qui ne cesse de nous rappeler les méfaits vrais ou inventés du “communisme”. John Wayne, son regard acéré, sa collection de chapeaux de cow-boy, sa démarche chaloupée dans les déserts du Far West, l’icône du justicier, revenu d’à peu près tout, c’est l’Amérique un peu rude mais protectrice sur vos écrans. Mais le réalisateur Jean-Baptiste Pérétié n’avait pas l’intention de faire l’apologie de John Wayne, c’est sur les traces de l’obsession patriotique de l’acteur hollywoodien qu’il s’est lancé, histoire de comprendre comment la vedette s’était mué en un réactionnaire militant, mais à l’inverse de ceux à qui on laisse carte blanche sur l’histoire de l’Union soviétique, la démystification de John Wayne et se ses semblables s’accompagne toujours d’un peu de tendresse.

John Wayne était mal parti

Pour ses premiers pas au cinéma, on ne lui offre que des rôles de silhouettes muettes, son jeu est toujours un peu coincé et en plus il porte un prénom de fille « Marion », Marion Morrisson, même s’il se fait appeler « Duke » pour rétablir sa vérité. Mais il a un physique de jeune premier et l’affection de John Ford, l’espoir est permis. Il entre bientôt dans le radar de la Fox, toujours en quête de chair fraîche, et se laisse docilement rebaptiser John Wayne. Il enchaîne les westerns de série B au kilomètre, une chevauchée répétitive et sans fin qui s’achève grâce avec celle de Ford, La Chevauchée fantastique en 1939. John Wayne avance de quelques pas sur le chemin de la célébrité et reçoit un coup de main salutaire qui le sort définitivement de l’industrie du cinéma de seconde zone.

Le soldat américain par excellence… après la guerre

Les Etats-Unis entrent en guerre en 1941 et les stars d’Hollywood s’engagent, comme James Stewart ou Clark Gable, pour défendre leur patrie en danger. Tous sauf John Wayne, qui tergiverse et se trouve surtout très occupé en l’absence de ses congénères puisqu’il tourne treize films pendant ce temps-là. Il le regrette amèrement après-guerre. John Ford, toujours, qui a filmé le conflit de près, l’humilie sur les tournages en évoquant sa couardise. La blessure est profonde et pris de remords Wayne devient un « super patriote » à tel point qu’il devient le militaire par excellence, plus exactement le soldat américain par excellence. Les témoignages de vétérans sont à mourir de rire, qui décrivent comment mettre son casque à la John Wayne ou encore comment « faire une John Wayne », c’est à dire un acte de témérité totalement inutile mais très virile au combat. La star combat sans relâche à l’écran et participe pleinement à éliminer les supposés communistes du sol américain en devenant président de « l’Alliance cinématographie pour la préservation de l’idéal américain », il dénonce et incite à dénoncer, sa guerre est déclarée !

Un cow-boy déchu

Il déclare d’ailleurs publiquement sa flamme conservatrice, donne la fessée à répétition aux femmes dans les films et devient un parangon de machiste réactionnaire au fil des années 1960 avant de se planter lamentablement sur la guerre du Vietnam qu’il soutient corps et âmes jusqu’au déplorable film de propagande Les Bérets Verts, tourné en 1968. John Wayne a perdu une partie de ses fans qui ne peuvent plus le regarder qu’en cachette, lors de séance de régressions coupables. John Wayne n’est plus un dieu de la guerre, c’est un beauf. Toutefois Jean-Baptiste Pérétié ne cache pas une certaine tendresse pour le cow-boy déchu. John Wayne, c’est l’histoire d’une star d’Hollywood qui n’a jamais réussi à sortir d’une guerre qu’il n’a pourtant jamais faite.

par Anaïs Kien

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