Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La route de la soie chinoise et la santé, une mise en acte de la communauté de destin pour l’humanité de Xi Jinping

Ce que nous poursuivons dans ce blog c’est comprendre la transformation du monde dans lequel s’inscrit notre action de citoyens, de marxistes, de communistes. Pour cela, nous choisissons d’aller outre le cadre politicien immédiat, nous tablons sur un petit groupe de lecteurs, intervenants parfois qui souhaitent approfondir. Lire d’abord, puis étudier le livre de Xi Jinping “construisons une communauté de destin”, est indispensable parce qu’il s’agit avec ce dirigeant et son pays du plus puissant acteur conscient de ce qui se réalise dès aujourd’hui en matière de changement d’époque. Nous avons là un projet politique d’une grande ampleur, celui de la construction socialiste qui convainc ou prétend convaincre par l’exemple. Il faut en analyser les dimensions théoriques, mais celles-ci ne peuvent jamais être isolées des”faits”. Comme disait Engels, “la preuve du pudding c’est qu’on le mange”. Nous allons continuer à étudier le projet à la fois ce qui est dit, comment nos sociétés le perçoivent et les faits tels qu’ils remontent à la surface de la déformation médiatique.

On mesure mal ce qu’est “le socialisme à la chinoise” et comment il a mis au service de sa réalisation toute son action politique même celle qui nous paraît le plus inspirée par de simples intérêts commerciaux. Il s’agit pour celui qui au sein d’un collectif, le parti communiste chinois, a pris la tête du processus, d’abord de sortir définitivement sa population de la misère et 2020 devait être l’année où les poches d’extrême-pauvreté seraient résorbées. Très justement, la Chine explique que c’est un importante contribution à l’humanité que de sortir un quart de celle-ci de la misère et de lui faire atteindre une situation de moyenne aisance.

Quels que soient les événements, les vents contraire, les Chinois, du gouvernement au citoyen, en saisissent les opportunités pour réaliser les objectifs, la planification et l’information des citoyens cela sert à cela. Il faut attendre les conclusions des deux sessions du parlement chinois pour voir le bilan dans ce domaine, mais ce que l’on peut observer déjà, c’est que la tendance à ré-orienter l’économie chinoise vers le marché intérieur et le bien-être de la population s’est accentué comme réponse à la fermeture des marchés étrangers.

Mais cet objectif intérieur est accompagné dans la planification chinoise, annuelle mais aussi sur plus de trente ans, d’un vaste projet, celui de la route de la soie. On ne peut comprendre la communauté de destin proposée à l’humanité sans se référer à cette vision d’un développement beaucoup plus large et l’épidémie nous permet paradoxalement de mieux comprendre de quoi il s’agit. De mesurer combien les critiques injustes et folles adressées à la Chine ont pour principal effet de nous interdire de voir ce qui se met en œuvre et qui influe sur le destin de l’humanité.

Au titre des accusations dénuées de fondement contre la Chine durant l’épidémie, il y a eu celles qui portaient contre la route de la soie accusée d’avoir été un vecteur de l’épidémie, ce qui est une injustice supplémentaire parce qu’après avoir affronté des pertes humaines, économiques énormes, la Chine a mené une politique d’aide étrangère totalement désintéressée et d’un grande ampleur, d’abord en Italie pour l’Europe, mais son action s’est étendue bien au-delà.

“Au 10 avril de cette année, la Chine a envoyé 12 groupes d’experts médicaux en Serbie, au Cambodge, au Pakistan, en Iran, en Irak, au Laos, au Venezuela, au Myanmar et dans d’autres pays, afin de les aider dans la bataille contre le COVID-19 », a noté Zhao Lijian, un représentant officiel de la Chine à MFA lors d’une réunion d’information pour les journalistes début avril 2020. Au total, les entreprises publiques et privées ont livré plus de 1,8 million de masques, 210 000 systèmes de test, 36 000 blouses spéciales et plusieurs milliers de respirateurs à respiration artificielle. Ce n’est probablement pas la fin de l’aide de la Chine.

Parce que la politique de la Chine se pense sur le long terme et cette aide sanitaire fait partie de sa politique que Xi Jinping a définie comme “une communauté de destin pour l’humanité”. Ce que l’humanité a en commun c’est la nécessité de répondre à de grands défis : alimentaires, environnementaux, sanitaires.

Loin d’être ce vecteur d’épidémie qu’a voulu en faire notre presse, le projet route de la soie incluait une dimension santé. De la route de la soie , nous ne voyons que les échanges commerciaux, mais il était envisagé dans le projet de constituer un large cadre pour la prévention et le contrôle des maladies infectieuses, la création de centres de services médicaux de qualité et les soins de santé, la formation et la recherche médicales, et enfin, le développement de l’assistance internationale dans ce domaine. Cette idée de «coopération dans le domaine de la santé au sein de la BRI» est apparue pour la première fois en 2015 dans le cadre d’un plan triennal 2015-2017 pour atteindre ces objectifs. Xi Jinping, lors d’une discussion avec le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, a souligné la nécessité de créer une «Route de la soie de la santé».(1)

La route de la soie est à peine en train de se mettre en place et c’est une des interrogations de la période que de savoir si la Chine d’une part pourra dans le cadre de la récupération de son économie apporter les mêmes financements et surtout quelles seront les conditions de la reprise de l’économie mondiale.

Mais pas plus que la Chine ne renonce à ses objectifs intérieurs de réduction de la pauvreté, elle ne renonce à ces objectifs externes ceux d’agir en faveur du bien commun. Il y a une dimension de la mentalité chinoise que culturellement nous ignorons qui est la nécessité de donner pour la communauté si nous voulons être estimé. Il faudrait longuement développer ce trait culturel, mais on le retrouve partout de la famille jusqu’à l’entrepreneur qui doit contribuer par sa philanthropie à réaliser le projet et le plan. La Chine veille à ce que ses grands entrepreneurs interviennent dans le cadre de ses objectifs planificateurs y compris par leurs dons qui sont intégrés au plan. C’est d’ailleurs cette “obligation du don” qui me fait penser que nous ne percevons pas directement quelquefois ce dont nous parlent les Chinois. L’Amérique a aussi ses “philanthropes”, certains agissent visiblement en liaison avec la CIA et ses interventions de pillage, comme le bien connu Soros. C’est pourquoi il est nécessaire de resituer chaque fait dans un projet de société, voir et comprendre ce qu’ailleurs j’ai défini comme “un appareillage conceptuel”.

On a vu Ali baba, le commerce en ligne qui sera probablement un des grands bénéficiaires de la réorganisation post épidémie livrer des avions entiers de masques y compris aux Etats-Unis et être empêché par le blocus cubain. Alibaba fait avec Huawei partie de ces sociétés dont nous ignorons les formes de propriété réelle et qui ont choisi de totalement s’intégrer à la planification socialiste ce qui en fait les bêtes noires des Etats-Unis.

Ainsi, par exemple, Huawei et ZTE, la plus grande société qui produit des équipements de télécommunications et des téléphones mobiles, ont investi dans la technologie des soins de santé dans un certain nombre de pays africains. La Chine est devenue partenaire du Centre africain de contrôle des maladies (CDC Afrique). Mais cela a été fait en dehors des limites de l’initiative Belt and Road, sans qu’une structure distincte ne soit créée, car la société opérait dans ce domaine au niveau bilatéral avec des partenaires individuels.

Et comme la Chine n’agit jamais sans une certaine cohérence, cet effort de la Chine pour aider d’autres gouvernements à surmonter le COVID-19 donnera, étape par étape, un dynamisme à l’Initiative de la Ceinture et de la Route pour compenser ce qui n’a pas été réalisé auparavant par sa composante «Route de la soie de la santé»? Même si et c’est là ce qu’il faudra voir les investissements énormes consentis jusqu’ici sont freinés par les nécessités de surmonter le coût de l’épidémie et de la crise économique mondiale.

Danielle Bleitrach

(1) Cette relation entre l’Italie et la Chine se renouvelle depuis avec une certaine constante. L’Italie a été le premier membre du Groupe des Sept (G7) à rejoindre l’initiative la Ceinture et la Route proposée par la Chine. Au cours de la conversation téléphonique récente avril 2020, M. Xi a déclaré à M. Conte que la Chine était disposée à travailler avec l’Italie pour contribuer à la coopération internationale dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 et à la construction d’une Route de la Soie saine. M. Xi a effectué une visite d’Etat en Italie en 2019, au cours de laquelle les deux pays ont signé un protocole d’accord pour faire avancer conjointement la construction de la Ceinture et la Route. Après la visite, M. Conte s’est rendu à Beijing pour le deuxième Forum de la Ceinture et la Route pour la coopération internationale.

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