Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Un groupe d’écoliers russes aux cheveux blonds aux yeux bleus traversent la frontière pour fréquenter l’école élémentaire en Chine

Cette petite histoire des enfants russes qui traversent la frontière tous les jours pour aller à l’école chinoise raconte la simple vérité de la cohabitation ethnique dans l’esprit pacifique d’une communauté de destin. Point n’est besoin pour cultiver l’amitié entre les peuples de les forcer à subir des monstres bureaucratiques contraignants et manipulateurs comme la soi-disant Union Européenne. Il suffit de laisser les peuples vivre, de garantir le respect à chaque communauté et de prendre soin de chaque enfant. Tout le contraire, même. (note de Franck Marsal pour Histoire&Société)

Les Russes ethniques (en russe Русские, Rousskié ; chinois simplifié : 俄罗斯族 ; chinois traditionnel : 俄羅斯族 ; pinyin : Éluósīzú) ou les Chinois russes forment un des 56 groupes ethniques officiellement reconnus en Chine. Ils sont généralement les descendants de Russes installés en Chine depuis le XVIIe siècle. Au XVIIe siècle, l’Empire russe a lancé plusieurs actions militaires contre l’Empire Qing. En 1644, un groupe de l’armée russe fut vaincu par l’armée Qing, une partie des captifs a été incorporée dans les Huit Bannières. Pendant la bataille de Yagsi, près de 100 Russes se sont rendus aux autorités Qing ; l’empereur Kangxi les a autorisés à rejoindre la bannière jaune bordée. Leurs descendants existent toujours à ce jour et sont connus sous le nom d’Albaziniens.

Mais le plus étrange de la rencontre entre Russes et Chinois concerne le Xinjiang, ce que nous considérons en France comme le pays Ouïghours. Il est difficile d’apprécier pour qui ignore totalement l’histoire russe et chinoise cette confrontation et les nombreux conflits et intégrations diverses de cette zone de contact traditionnelle (1).

De 1860 à 1884, de nombreux Russes ont immigré à Hulunbuir dans le but de prospecter l’or et de faire fortune, et, en 1900, les troupes russes sont entrées en Chine et ont détruit plusieurs sentinelles. En 1907, il y avait déjà 1 000 ménages de colons russes dans la bannière droite d’Ergun.

Pour faire simple, disons que les Russes ethniques en Chine sont des citoyens chinois. Beaucoup d’entre eux sont des descendants des cosaques. Il y a actuellement plus de 15 000 Russes de souche en Chine qui ont vécu toute leur vie en tant que citoyens chinois émanant de diverses vagues d’immigration et donnant lieu à des métissages subtils, mais toujours avec des retours des cheveux blonds et yeux bleus et pratique de la langue russe. De 1898 à 1917, des dizaines de milliers de travailleurs russes arrivèrent en Chine pour travailler dans le milieu de la construction et plus précisément à la construction du chemin de fer de la compagnie du chemin de fer de l’Est chinois en Mandchourie. Les travailleurs russes s’amalgamèrent et créèrent de toutes pièces la ville de Harbin. Bien que la ville de Harbin fût déjà chinoise à l’époque, elle arborait des caractéristiques typiquement russes. Son architecture était très similaire à celle de Saint-Pétersbourg et la langue de la majorité y était le russe. De 1904 à 1905, la Russie tsariste cherchait à avoir un port maritime pacifique se situant en eau chaude et dut déclarer la guerre aux Japonais pour arriver à leur fin. Durant cette guerre, l’armée russe installa une base militaire dans la ville de Harbin et y stationna 100 000 soldats. À la fin de la guerre, la majeure partie de ces militaires retournèrent en Russie mais un nombre non négligeable décida de rester et d’y prendre la nationalité. Jusqu’à 1917, Harbin ne comptait que des gens de la classe ouvrière et militaire.Mais entre 1917 et 1930 avec l’arrivée en masse de Russes qui fuyaient la Russie communiste arrivèrent des gens issus de l’art, des sciences, de l’intellectualisme et même des aristocrates. Harbin comptait plus de 120 000 Russes en 1922. Il faudrait encore pour être exhaustifs comprendre que quel que soit le type physique les influences russes, chinoises mais aussi japonaises ont partagé les groupes mais aussi donné une allure particulière aux conflits de voisinage.

Nous ne sommes donc qu’à un nouveau stade d’une permanente interpénétration qui fascine aujourd’hui les Chinois alors que pour les Russes, il y a une acceptation de leur double « nature », l’Europe, l’Asie avec la rôle de sentinelle entre les deux. Plus que jamais cette appartenance eurasiatique est devenue un enjeu non seulement économique et politique mais civilisationnel. (note d’histoireetsociete)

(1) à titre de curiosité ethnologique je vous recommande en particulier le groupe intitulé les vieux de la Montagne dont nous avions rencontré un adepte, ce sont les descendants des Russes à qui Pierre le Grand pris d’une passion pour la modernité occidentale avait prétendu de force couper la barbe et qui ont fui, on en trouve également au Xinjiang. Historiquement leur rencontre avec les Ouïghours avait donné lieu à quelques épisodes assez cocasses et dont l’histoire locale conserve la mémoire. Celui que nous avions rencontré en Moldavie vendait des poissons rouges sur le marché d’Odessa et était aussi pieux que communiste enthousiaste toujours aussi hostile aux moeurs occidentales comme nous en témoignons dans notre livre : Danielle Bleitrach, Marianne Dunlop, URSS vingt après, retour de l’Ukraine en Guerre. Delga 2015.

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Située près de la frontière avec la Russie, une école chinoise a ouvert ses portes à un groupe de jeunes écoliers russes.

Au 1er septembre, 127 enfants russes ont commencé leurs études à l’école primaire Heihe, une école publique de la province du Heilongjiang, comme indiqué dans un post partagé par l’ambassade de Chine en Russie sur son compte officiel WeChat. Ce nouveau groupe d’étudiants vient compléter les 89 élèves russes existants, culminant avec une communauté étudiante internationale dynamique de 216 personnes sur le campus.

Il ne faut qu’environ 20 minutes de l’autre côté de la frontière à Blagoveshchensk pour se rendre à l’école tous les jours. L’école a également mis en place une route transfrontalière de bus et des services de traduction pour les familles russes.

Dans une école où les enfants russes portent maintenant les mêmes uniformes que leurs pairs chinois, faisant des exercices matinaux et plongeant dans un programme d’études entièrement mené en chinois, un lien unique fleurit.

Ces expériences immersives non seulement forgent des connexions durables entre les jeunes éléves chinois et russes, mais elles sèment aussi les graines d’une collaboration prospective dans l’économie, la culture et la technologie. L’adoption de la langue chinoise sert de porte d’entrée pour la jeunesse russe pour démêler la tapisserie de la riche histoire, des traditions et des valeurs fondamentales de la Chine, favorisant ainsi une compréhension interculturelle plus profonde.

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