Ce texte soulève plusieurs questions fondamentales dans la période que nous traversons, après des décennies d’une intense confusion idéologique qui a obscurci non seulement la compréhension des conditions historiques, mais la définition des tâches à résoudre et encore plus, celle de la méthode d’action politique. Le résumé que donne Ho Chi Minh de l’apport de Lenine est au fond simple. les nouvelles conditions historiques ont été clairement établies et les tâches qui en résultent peuvent être exprimées simplement. Sur cette base, il faut ensuite un long, acharné travail de réalisation qui doit être mené sans faiblir, sans hésiter et sans attendre. L’apport théorique de Lenine a porté non seulement sur la compréhension des conditions historiques, sur la formulation des tâches prioritaire, mais surtout sur la méthode, le travail acharné et patient autour de l’outil qu’est le parti révolutionnaire. Malgré les reculs de la fin du 20ème siècle, une poignée de pays ont franchi le seuil du socialisme et, sous la direction du parti communiste, travaillent sans relâche à le construire patiemment dans le développement des forces productives, ainsi qu’à changer les rapports internationaux, tant pour leur propre développement que pour libérer l’humanité de l’impérialisme et de la guerre. Pour nous autres, cette tâche de construction du parti et de conquête du pouvoir par la classe prolétarienne reste non résolue. Les contradictions s’accumulent autour de cette situation, entraînant régressions et confusion. Il ne faut pas réinventer la théorie mais principalement revoir les conditions de sa mise en pratique. Un long et acharné travail. (Note de Franck Marsal pour Histoire&Société).
Publié pour la première fois dans la revue soviétique Socialisme : Théorie et Pratique en septembre 1985 :
La vie de Hô Chi Minh (« sage » en vietnamien), figure emblématique de la lutte pour le bonheur du peuple, fut riche et mouvementée. De son vrai nom Nguyễn Tất Thịnh (1890-1969), il était le fils d’un instituteur de village. Il s’engagea très jeune dans la lutte révolutionnaire. À 15 ans, il servait d’intermédiaire entre les démocrates patriotes locaux et les colonialistes français qui régnaient sur le pays depuis le milieu du XIXe siècle.
Hô Chi Minh a commencé comme patriote, combattant pour la libération de son pays des oppresseurs étrangers, et a progressé régulièrement vers le socialisme scientifique. Il a lui-même écrit plus tard dans la brochure « Le chemin qui m’a conduit au léninisme » : « Pas à pas, au cours de la lutte, en étudiant le marxisme-léninisme et en participant à des actions concrètes, j’ai progressivement compris que seuls le socialisme et le communisme pouvaient libérer les nations opprimées et les peuples travailleurs du monde entier de l’esclavage. »
Révolutionnaire passionné et marxiste-léniniste convaincu, il fut reconnu comme le chef de la lutte de libération nationale du peuple vietnamien et le fondateur du premier État socialiste d’Asie du Sud-Est. Hô Chi Minh fut une figure marquante du mouvement communiste mondial, leader et organisateur de la révolution vietnamienne, et l’un des chefs de file du mouvement de libération nationale.
Vous trouverez ci-dessous plusieurs extraits des œuvres, articles et discours de Hô Chi Minh contenus dans le livre « Sur Lénine et le léninisme », publié à Moscou en 1970.
LA GRANDE RÉVOLUTION D’OCTOBRE ET LA LUTTE DES PEUPLES POUR LA LIBÉRATION
Le peuple vietnamien, dont le désir irrépressible d’accéder à l’indépendance s’était renforcé au fil des siècles, a lutté avec constance et sans compromis contre le joug odieux que les colonialistes français lui avaient imposé. Mais avant la Révolution d’Octobre, sa lutte se soldait invariablement par un échec, car elle était comme un navire voguant sur les mers de l’inconnu sans boussole.
La lumière de la Grande Révolution socialiste d’Octobre a percé le voile des ténèbres et illuminé l’horizon. Les thèses de Lénine sur les questions nationales et coloniales sont devenues un guide précieux dans notre lutte pour la libération nationale et dans l’éveil des pays d’Orient. Lénine a montré à notre peuple le chemin de la liberté et a mis en lumière le facteur décisif, le plus puissant et le plus efficace pour remporter la victoire : le parti.
C’est Lénine qui a inculqué aux communistes l’esprit de sacrifice face à l’épreuve et un dévouement sans faille à la révolution. Sans la foi inébranlable des révolutionnaires en la cause révolutionnaire, aucune révolution n’aurait été possible – telle est la leçon que Lénine nous a enseignée. Il a fait de nous, communistes, de fervents patriotes et des internationalistes prolétariens.
C’est Lénine qui a souligné que l’une des principales qualités requises d’un communiste est une foi inébranlable dans les masses et qu’un amour profond pour elles doit être le moteur de chacun de ses actes et de chacune de ses pensées. Lénine nous a donné l’exemple d’une grande simplicité et d’une extrême modestie, qualités qui caractérisent les véritables soldats de la révolution, les authentiques serviteurs du peuple.
SOUS LA DIRECTION DU PARTI
Suite à la victoire de la Révolution socialiste d’Octobre, qui a bouleversé le monde entier, le marxisme s’est progressivement répandu au Vietnam. Au début de 1930, le Parti communiste d’Indochine (aujourd’hui Parti des travailleurs du Vietnam) a été fondé et a pris fermement la tête de la révolution.
Peu après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le Vietnam fut occupé par les envahisseurs japonais qui, dans une tentative de prendre le contrôle du pays, s’allièrent aux colonialistes français. La politique judicieuse du parti contribua à l’essor du mouvement révolutionnaire.
Des bases de résistance furent établies. Les premières unités de l’Armée de libération du Vietnam furent formées. Le Parti communiste lança des attaques de guérilla contre les envahisseurs japonais (1942-1945) et participa activement à la lutte internationale contre le fascisme.
Toute cette lutte contre le fascisme a permis, immédiatement après sa défaite face à l’héroïque armée soviétique, d’organiser un soulèvement national visant à conquérir le pouvoir. Ce fut la révolution victorieuse d’août 1945 qui donna naissance à la République démocratique du Viêt Nam.
PASSER AU SOCIALISME EN CONTOURNANT LE CAPITALISME
La victoire de la révolution d’août 1945 fut une victoire pour l’enseignement de Lénine lors de la première révolution de libération nationale dans un pays colonial.
La construction du socialisme dans notre pays et notre intégration à la grande famille socialiste mondiale ont permis de concrétiser la thèse de Lénine selon laquelle un pays colonial arriéré pouvait accéder au socialisme sans passer par l’étape du développement capitaliste. Les succès remportés par la République démocratique du Vietnam dans tous les domaines sont dus, d’une part, à l’esprit de sacrifice, à l’héroïsme et à l’activité créatrice de notre peuple qui a mis en œuvre les préceptes de Lénine sur l’industrialisation et la collectivisation, et d’autre part, à l’aide désintéressée et fraternelle de l’Union soviétique et des autres pays socialistes.
Nous avons pu surmonter toutes nos difficultés et conduire le peuple à de glorieux succès précisément parce que le parti n’a pas isolé le mouvement révolutionnaire dans son propre pays du mouvement révolutionnaire du prolétariat mondial et du mouvement de libération nationale des peuples opprimés.
DEUX TÂCHES
Notre pays a été temporairement divisé en deux. (1) Dans le nord du Vietnam libéré, le socialisme se construit, tandis qu’au Sud, les impérialistes et leurs sbires sont au pouvoir. Ils veulent transformer le Sud-Vietnam en colonie américaine et en base militaire afin de déclencher une nouvelle guerre civile. Les impérialistes américains et leurs acolytes sont les pires ennemis du peuple vietnamien…
Dans les conditions actuelles, la révolution vietnamienne est confrontée à deux objectifs : d’une part, l’instauration du socialisme au Nord-Vietnam et, d’autre part, l’achèvement de la révolution démocratique nationale au Sud. Ces deux objectifs permettront de consolider la paix et de réunifier le pays sur la base de la démocratie.
LE PEUPLE VAINCRA
Quelles que soient les difficultés et les épreuves qu’ils endureront, notre peuple remportera une victoire totale. Les impérialistes américains seront contraints de se retirer de notre pays. Notre patrie sera réunifiée. Les peuples du Sud et du Nord vivront ensemble dans l’unité.
Puisse le parti tout entier et le peuple tout entier serrer les rangs et lutter pour la création d’un Vietnam pacifique, uni, indépendant, démocratique et prospère, et apporter une contribution digne à la cause de la révolution mondiale.
Notre pays est un avant-poste du socialisme en Asie du Sud-Est. Il est de notre devoir de contribuer activement au renforcement des forces de la communauté socialiste et à la défense de la paix en Asie du Sud-Est et dans le monde entier.
1) Ce texte a été écrit en 1960, alors que le pays était divisé en deux : le Nord-Vietnam, avec Hanoï pour capitale, proclamé République démocratique du Vietnam en septembre 1945, et le Sud-Vietnam, avec Saïgon pour capitale, gouverné par un gouvernement fantoche. En 1975, le pays a été réunifié et, en 1976, la République socialiste du Vietnam réunifiée a été proclamée, avec Hanoï pour capitale. Saïgon a été rebaptisée Hô Chi Minh-Ville.
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