Il va y avoir un compte-rendu et peut-être la publication in extenso puisque PAM (Pierre-Alain Millet de Vénissieux) a enregistré et Gilbert Rémond pris des photos. Mais ce qui s’impose avant toute chose à mes yeux c’est l’hommage aux organisateurs et la leçon politique, culturelle qu’il faut tirer de ce débat. J’en tire deux idées fortes, la première est de bien mesurer en quoi il est indispensable pour les communistes, enfin pour toute force « révolutionnaire », d’avoir des « médiateurs culturels »… Pas seulement pour l’accès à la culture des militants et du peuple, mais parce qu’ Il faut reconstruire une idée sur le fond et qui est l’idée, le chaînon « manquant » pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui y compris sur les questions de l’emploi, des salaires, de l’éducation et de l’écologie. Ce qu’il faut reconstituer, en particulier chez les jeunes, mais aussi dans tout un monde français laissé en jachère c’est le rôle central des forces productives matérielles dans la dynamique y compris de l’écologie et du malaise dans la civilisation sans se limiter à ce rapport aux forces productives matérielles il faut recréer une appropriation scientifique, technique et culturelle… Une appropriation qui est celle de la Chine et son parti communiste de ces forces productives matérielles et humaines… Un travail théorique et pratique sans lequel on ne peut pas comprendre la nature du basculement historique que nous sommes en train de vivre dont l’apport de notre livre.
Disons qu’en pleines vacances scolaires de la Toussaint, la réussite a été impressionnante grâce au travail de Gilbert associé (et c’est la le talent de Gilbert, savoir fédérer dans la bataille du livre) à des multiples militants associatifs dont le plupart sont proches du marxisme et continuent un travail de lecture, très peu sont encore membres du parti, parfois comme Elena ils appartiennent à d’autres partis comme le KKE. Mais la plupart ne sont plus adhérents de quoi que ce soit si ce n’est de leur monde de travail, en général le service public. Le véritable compte-rendu qu’il faudrait faire est celui non du débat mais du public et c’est ce que je tente ici. A savoir, l’exploit malgré toutes les censures, malgré les fêtes de la Toussaint, d’avoir rassemblé plus d’une quarantaine de personnes, remplissant complètement la salle de la librairie. Je ne dirai pas les noms, c’est ma faiblesse, chacun le sait, je ne les retiens pas mais cela n’enlève pas, au contraire, ma perméabilité aux individus. Il faudrait citer celui qui a animé les débats, un ami instituteur non membre du parti qui a une revue Germinal, qui tourne autour des FAITS, concrets et des textes du marxisme, il publie des livres extraordinairement soignés et c’est un esprit précis qui a su contenir parfois mon mode de penser « baroque »…
Et toujours dans ce salut à ceux qui ont fait le succès de cette soirée, l’extraordinaire c’est la salle… très peu de membres du parti officiels, au mieux quatre mais disons la qualité : Pam (Pierre-Alain Millet), Gilbert Rémond et un camarade de Vaux-en-Velin, en revanche Gilbert Rémond avait fait un travail formidable avec les libraires, des gens jeunes et dynamiques très implantés dans le milieu étudiant, d’ailleurs une quinzaine d’entre eux, étudiants, qui étaient divisés en deux groupes dont l’un est décidé à travailler avec « l’Improbable » le groupe de lecture animé par Gilbert qui comprend d’anciens camarades et des gens épris de culture proches ou appartenant au service public de la santé.
Ce que j’en retire c’est qu’il faut savoir sortir du PCF stricto sensu pour créer ce genre de groupe de défense du livre, des gens qui se sont tout à fait prêts à travailler avec les communistes… Il faut oser le contact avec des libraires combattifs. Ceux-là étaient fantastiques, prêts à s’engager dans des aventures autour d’un livre. La librairie est animée par des quadragénaires extraordinaires, qui offrent mélangés des livres d’occasion et des nouveaux et qui a fait de notre livre un événement. La salle bourrée à craquer.
Donc un public compétent, exigeant et c’est surtout la deuxième partie du débat qui a été intéressante quand la salle a pris le pouvoir sur un thème central, est-ce que la Chine est un impérialisme ? J’ai parlé d’ailleurs du livre d’Herrera à ce propos…
Le fond de ce qu’il faut reconstituer en particulier chez les jeunes mais dans tout un monde français laissé en jachère c’est le rôle central des forces productives matérielles dans la dynamique y compris de l’écologie et du malaise dans la civilisation… Une appropriation par la Chine et son parti communiste de ces forces productives matérielles et humaines… Un travail théorique et pratique sans lequel on ne peut pas comprendre la nature du basculement historique que nous sommes en train de vivre dont l’apport de notre livre.
Ce débat qui a duré plus de deux heures a été suivi d’un repas dans un restaurant chinois authentique dont la patronne m’a longuement expliqué à quel point son pays la Chine était formidable et à quel point la situation s’améliorait. Mais il faudrait citer chaque conversation, chaque individu de ce prolongement d’une soirée que l’on cherche à éterniser, tous ces gens qui tout à coup deviennent si proches, dont l’histoire était un univers, ce travailleur chez les personnes âgées avec qui spontanément la confiance s’installait sur la question des femmes… sur sa propre histoire familiale, l’épouse du libraire, une caribéenne avec qui je retrouvais mes chères îles…
Bref, ce débat était celui de l’ouverture dont je rêve depuis tant de temps. Ce qui était déjà le cas en Ardèche, lors du débat de Joyeuse dans lequel Mireille s’était impliquée avec le PCF mais bien au-delà.
J’ai envoyé à l’équipe et en particulier à Delga et à Franck des commentaires enthousiastes en leur disant mon problème, à savoir que je suis déjà dans un futur livre et comme par hasard notre ami de Shenzhen, Rodi nous a offert un texte passionnant dans le blog sur la parabole des aveugles… qui cadre totalement avec le ressenti autour de notre livre, ce bougé collectif, minuscule certes mais qui nous dit ce que nos forces lilliputiennes peuvent accomplir …
Dans le train du retour, une discussion formidable avec une comédienne et un jeune haïtien professeur d’économie à qui j’ai fini par offrir notre livre, une discussion sur le Sud, la situation de l’Europe et le monde multipolaire… il m’a aidée, porté les bagages simplement, tout paraissait être empreint de solidarité…Pourquoi ce monde-là est-il brouillé par le crétinisme de ceux qui prétendent nous représenter et qui ne savent qu’exhiber notre déclin, notre fermeture à la réalité, nos frilosités…
C’est vrai que je suis déjà dans un livre qui n’a pas encore été écrit. C’est vrai que nous allons tous voyager, Marianne en Chine, moi en Algérie et Franck, cela se prépare, en Hongrie pour porter notre livre et le poursuivre dans les débats… comme celui-ci … Franck va aller à Castel Sarrazin et dans le Gers, Marianne en Isère… Mais grâce à des gens comme Gilbert Rémond et tant d’autres il s’agit d’avenir y compris pour une vieille dame de 87 ans qui passe le relais… pour une monde déjà là et pourtant inconnu.
Danielle Bleitrach
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