face au pilonnage sur la question des Ouïghours, voilà un livre bien utile. Nul ne poura dire qu’il ne sait pas, puisqu’il y a là tous les élements pour se faire une opinion. Même si « un mensonge peut faire le tour de la terre, le temps que la vérité mette ses chaussures« , il est des circonstances et un contexte où tout ce qu’on vous a raconté s’effondre sous le poids de la réalité. Certes nous n’en sommes pas encore à renoncer à tous les fake news, les China bashing dont aujourd’hui nousdémontons une part du grotesque, mais s’impose une évidence non seulement le peuple français ne veut pas faire la guerre à la Russie, et encore moins à la Chine, mais le belliciste Macron est contraint avec son ministre de la guerre à un retropédalage par rapport à la colère populaire. Ce contexte est favorable à revoir certaines « idées reçues » et illusions qui sont en train d’être perdu sur la crédibilité de nos vaches sacrées: le génocide supposé du peuple Ouïghour en fait partie.
Ce livre est celui d’Elizabeth Martens : des Ouïghours sur la route de la soie paru en ce mois de septembre 2025, chez Delga. (1)
Ce livre nous offre sur un sujet ardu et épineux un ton honnête et lucide doublé du plaisir des récits de voyage. IL y a d’ailleurs le prétexte d’un voyage où l’auteur est invitée mais cela va bien au-delà, Elizabeth Martens connait déjà bien la Chine y a résidé alors que se multipliaient « les electrochocs » et les déconvenues en particulier la chute de l’URSS, le Tian an men et le Tibet, elle n’a donc pas la foi du charbonnier mais une vision réaliste des exploits et echecs . Elle y a été été formée durant des années à la médecine traditionnelle, face au Chinabashing elle apporte un témoignage, une présence qui n’est inféodée à personne mais qui ne supporte pas les calomnies, les propos injurieux . Elizabeth Martens, l’auteur, une belge a réalisé non seulement un témoignage vécu, vivant, plein de scènes de la vie quotidienn, mais elle l’a assorti d’une véritable érudition historique, linguistique, géographique et géopolitique. Le tout dans un contexte actuel, les BRICS,mais aussi la BRI ou route de la soie et l’extraordinaire accélération du développement chinois.
Parce qu’il y a eu d’autres livres qui démontaient le mensonge sur les Ouïghours, nous avons nous mêmes publiés de nombreux articles allant dans ce sens, il n’empêche l’opération allait bon train. La grande vertu de ce livre c’est de contextualiser les mensonges, les opérations de propagande dans la Chine réelle, sur le plan historique, géographique mais surtout sur celui de ce que représente le formidable développement chinois et aujourd’hui le rôle joué dans le baculement du monde.
Et ce constat de l’accélération, concernant le Xinjiang, est celui effectivement qui est essentiel pour comprendre la Chine aujourd’hui. C’est ce qui donne au cinema chinois une tonalité si particulière: dans des espaces immenses, dans la lutte pour leur maitrise, la parabole que trace le socialisme chinois prend des allures cyclopéennes, grandioses comme certaines réalisations qui donnent le vertige, mais qui a soumis à rude épreuve le peuple chinois . Ce peuple qui a serré les dents et a tiré de son travail seulement un tel exploit, vit des tensions qui n’ont rien d’étonnant et la force du livre d’Elizabeth Martens est qu’elle ne se contente pas de nous montrer un mouvement indépendantiste totalement provoqué par la CIA et d’autres prédateurs mais elle situe ses attentats et destabilisation dans ce contexte de victoires du développement sur la pauvreté mais aussi la brutalité des changements dans lesquels le gouvernement, ses relais locaux doivent matriser les tensions qu’il génère comme partout en Chine. . « Le rush du développement économique qui a touché le Xinjiang a eu pour conséquence la fin de l’extrême pauvreté en 2020. les habitants du Xinjiang semblent relativement déboussolés par la rapidité des événements. En me promenant dans les rues de Ürumqi, de Kashgar et de Kucha, j’avais la curieuse impression que les gens étaient les spectateurs ahuris des changements se produisant au pas de leur porte. Alors qu’ils n’ont été que des minorités ethniques de seconde zone durant soixante ans, ils sont tout à coup propulsés sur la première marche du podium du développement économique chinois. C’est un peu « too fast » pour eux. Le gouvernement central compte sans doute sur la jeune génération pour absorber le séisme; si les efforts restent localisés sur les projets éducatifs et sur la création d’emplois, autant les jeunes que les parents sont rassurés. « (p;72)
Le second aspect de ces tensions pour empêcher les fractures qui est également, sans doute, très proche de ce que vivent la plupart des chinois est l’art et la manière des Chinois de tater jusqu’où on peut défier les décisions gouvernementales et ce d’une manière collective. Deboussolé le Chinois n’en renonce pas pour autant à créer une négociation permanente, avec des colères, quand la pression qui s’exerce souvent par le biais de monopoles étrangers, devient trop forte… La force d’Elizabeth Martens est qu’elle nous invite à pénétrer au coeur de la contradiction du développement accéléré tandis que les puissances occidentales tentent d’y faire obstacle.
La Chine non seulement est dure à connaitre mais quand on croit avoir compris, la situation s’est déjà transformée. Mais ici en pays Ouïghours cette toile de fond générale prend une tonalité plus facilement explosive parce qu’il y a une déstabilisation. la destabilisation est venue des pays limitrophe et des puissances occidentalesparmi lesquelles au premier rang les USA, la CIA et la NED ce qui met la zone sous surveillance . En effet, les régions autonomes en Chine jouissent d’un statut special dans lequel leur gouvernement local est maître de toutes décisions sauf celles qui concernent la défense et les affaires étrangères. Ces droits connaissent des restrictions au Xinjiang alors même que c’est aussi un lieu où le tourisme ne cesse de se développer. Mais il faut expliquer tout cela et Elizabeth met tout à plat, le public occidental est loin de soupçonner l’ampleur du phénomène du terrorisme en Chine. les médias occidentaux, qui pourtant savent ce que représentent les attentats comme celui du Bataclan à Paris, face à ces faits pourtant publiés par la Chine sont restés silencieux « et on détourné les regards » et ils ont trouvé aliment pour accuser les autorités chinoises de terroriser les Ouïghours. le monde à l’envers! dit Elizabeth Martens après nous avoir longuemet décrit la nature de la dite campagne de propagande.
Elizabeth Martens nousprésente d’abord l’histoire du Xinjiang ou le pays Ouighour qui fait 5 fois la France, donc la région autonome la plus grande de la Chine,le sixième du territoire. Avec de grandes ressources, une agriculture variée et on rêve quand on connait l’Asie centrale et ses oasis de ces fruits au goût incomparable,ces treilles… Mais c’est aussi la plus grande base de production de coton, avec un développement scientifique et technique remarquable et des technique d’irrigation au goutte à goutte pour économiser l’eau et une mécanisation des récoltes qui par parenthèse s’inscrit a contrario du thème du travail forcé. Comme le thème du génocide est contredit par le doublement de la population.
En revanche, le fait qu’actuellement la moitié des agriculteurs sont engagés avec l’aide des financements publics dans cette production du coton, dit aussi ce que cherche la propangande visant au boycott, certainement pas l’intérêt des populations . Les Etats-Unis et les puissances occidentales qui créent de telles campagnes se moquent totalement des « independantistes » qu’ils soutiennent et qui sans eux n’existeraient pas, leur volonté est de les utiliser pour destabiliser la Chine quitte à condamner toute la population qui vit du coton à la misère .Là encore nous sommes sur la réalité des pseudos campagnes humanitaires de la destabilisation comme celles qui précédent les invasions et surtout créent les guerres dites au nom de la liberté et des droits de l’homme, ce sont des drames permanents qui partout ne généèrent que massacre et régression, freinent tout ce qui va dans le sens de l’émancipation humaine et de la paix.
Elizabeth Martens a constitué un dossier remarquable sur cette question du terrorisme qui met en danger non seulement la population multiethnique du Xinjiang mais a agi sur tout le territoire chinois dans des lieux publics . Effectivement, le Xinjiang a une population multiethnique, la région autonome est habitée par 12 des 56 nationalités de la Chine avec deux populations principales les Ouighours (45%) et les Han (40%). Là encore comme partout la destabilisation créée de toute pièce et soutenue par une intense propagande vise en fait à créer les conditions d’une fascisation obscurantiste et fanatique d’une partie de la population s’attaquant à ceux qui résident là tout en étant considéré comme des ennemis colonisateurs. C’est une situation dont Elizabeth Martens montre qu’elle a déjà été utilisée dès le démantèlement de la Chine des Qing pour se partager le pays.On s’étonne parfois en Europe que les pays du sud, ceux d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine réagissent aussi faiblement à l’invasion de l’Ukraine, mais ils ont une expérience et des exemples qui leur font douter des campagnes occidentales.
Dans ce livre vivant, et dense, nous abordons non seulement la question du terrorisme mais aussi celle du développement du Xinjiang, agricole, touristique mais assi la culture, la religion. La véritable contextualisation même si elle éclairée par un long développement historique est celle qui aujourd’hui met les Ouighours au coeur des Nouvelles Routes de la soie, vers l’Asie, vers l’Europe, l’Afrique, l’Amérique latine. Donc ce pays Ouïghours est considéré dans un basculement mondial et ici la problematique de ce livre rejoint le notre en mettant en avant les rapports priviligiés avec le sud, l’esprit de Bandung et le G77. (2) Elizabeth Martens , comme nous, et comme tous ceux qui connaissent un peu le dossier de ce monde multipolaire face à la situation de l’hégémon occidental.
l’Europe mise sur le mauvais cheval, son comportement est incohérent, elle s’enlise, s’endette, s’effondre et se fait la caisse de résonnance de propagande dont le seul objectif est d’entretenir l’idée d’une Chine menaçante. Disons le clairement, cette propaande et l’aliénation en vue de la guerre, l’anticommunisme, n’a rien d’obligatoire. Il est stupéfiant de voir que la gauche s’est faite le principal diffuseur de ce récit mensonger non seulement avec des gens au passé de trafiquant d’arme comme Glucksman, mais qu’il y a eu au dernier congrès du PCF un vote incroyable approuvant cette propagande. Alors qu’il est aisé de lire un livre comme celui d’ELiabeth Martens pour éviter de choisir l’autodestruction programmée.
Mais nous le répétons ce qui se passe en ce moment et singulièrement les deux évenements du week end à savoir d’abord cette fête de l’humanjté avec le discours conquérant accés sur les luttes, un pacte social pour le pays et pour la paix proposé à une gauche divisée, gavée de propagande et la portant elle même a contrario de ses intérêts réels et d’autres interventions comme celle de la CGT, la volonté de lutter pour autre destin nous dit que le temps est venu où les mensonges ne feront plus le tour de la terre pour mieux bloquer le peuple français mais où il aura besoin d’entendre là aussi les paroles de paix et de coopération iternationale. L’autre événement est alors que le landernau poltico-médiatique continuait son invraisemblable propagande et provocations belliciste, le ministre de la guerre était obligé dans sa méthode et son discours de désamorcer ou de tenter de désamorcer la colère populaire, mais ça ne fait pas le compte, il faut avancer encore jusqu’à la vérité de ce qui est possible et nécessaire. (3)
Danielle Bleitrach
(1) 187 pages, 20 euros.vous pouvez le commander aux Editions Delga. 38 rue Dunois. 75013 Paris.
(2) Danielle Bleitrach, Marianne Dunlop, Jean Jullien, Franck Marsal, quand la France s’éveillera à la Chine, la longue marche vers un monde multipolaire, Delga, avril 2025.
(3) A ce titre l’équipe redactionnelle d’Histoireetsociete est en train de se mettre en position d’un apport à cette avancée. La rubrique poète vos papiers s’ouvre désormais aux compte-rendus livres, articles d’auteurs qui venus d’horizons divers contribuent à cette important débat d’idées. Il y a en effets la nécessité de rassembler ceux qui cherchent une solution et sont conscients au moins d’une partie de l’ampleur du bouleversement.
Views: 4