Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« Pour vaincre, il faut renforcer l’arrière ». Conférence de presse de Ziouganov à la Douma le 21 octobre 2025

Comme toujours, les communistes sont à l’avant-garde de la lutte contre l’impérialisme et contre le fascisme, mais nos amis du KPRF sont toujours inquiets, à juste titre, des manœuvres de la cinquième colonne oligarchique en Russie qui risquent de retarder ou même compromettre la victoire. Toujours est-il que Ziouganov salue les progrès des initiatives diplomatiques pour la paix, pour ramener la paix dans « sa chère Ukraine » (note et traduction de Marianne Dunlop pour Histoire et Société)

Пресс-подход Г.А. Зюганова в Госдуме 21 октября 2025

– Bonjour. Vous pouvez nous féliciter. Le championnat russe de trois disciplines échiquéennes est terminé. L’équipe du KPRF a confirmé son titre de championne absolue d’échecs. Nous sommes également champions de mini-football. Le football et les échecs sont les sports les plus populaires.

Lorsque V.V. Poutine m’a demandé pourquoi l’équipe du KPRF jouait si bien au football et aux échecs, j’ai répondu que nous réfléchissions mieux que les autres, courions plus vite que les autres et frappions plus juste que les autres.

D.G. Novikov a récemment participé à un grand forum international sur les formes collectives de gestion, depuis les Soviets jusqu’aux inventions de la révolution cubaine et de nos amis vénézuéliens. Je remercie et félicite Dmitri Georgievitch.

Une magnifique exposition en l’honneur de Sergueï Ivanovitch Ozhegov (1) vient d’ouvrir ses portes. Je vous conseille d’aller la voir, car il n’y a probablement pas une seule personne instruite qui n’ait jamais eu entre les mains son Dictionnaire explicatif de la langue russe. Ce même dictionnaire qu’il a préparé avant la guerre et qu’il a révisé à plusieurs reprises. À l’époque, il contenait 50 000 mots, et dans la dernière édition, il en compte déjà 110 000.

Nous poursuivons cette glorieuse tradition. Pourquoi ? Parce que le monde russe est attaqué, avant tout la langue russe. Elle a été interdite en Ukraine, et c’est précisément ainsi que la guerre a commencé. Retenez bien ceci : chaque fois qu’on interdit à un homme de parler sa langue maternelle, il prend les armes pour défendre son droit d’être un homme, son droit de proclamer et de préserver les meilleures traditions de son peuple (2).

Au cours des années de la soi-disant perestroïka et des réformes d’Eltsine et de Gaïdar, nous avons perdu environ 100 millions de personnes qui parlaient russe.

Dans de nombreux pays, on a cessé de traduire en russe, notamment les modes d’emploi de tous les produits de consommation courante, alors qu’auparavant, cela se faisait très bien.

Récemment, le président a publié un décret à ce sujet. Notre faction et notre parti luttent activement pour que les meilleures traditions de l’école russo-soviétique soient rétablies dans les écoles, une école qui commençait par la langue russe, la belle littérature, nos classiques. C’est la tâche principale : former des personnes hautement cultivées.

Nous venons de voir partir le ministre des Finances Siluanov, qui s’est entretenu avec nous. Avec son équipe, il a présenté le budget que nous approuverons demain. Nous avons déjà publié dans les journaux « Pravda » et « Sovetskaya Rossiya » : le pays a un besoin vital d’un budget de développement. Notre version du budget est supérieure à celle du gouvernement de 10 billions.

Siluanov est un homme assez instruit et préparé, ses thèses de maîtrise et de doctorat sont consacrées au processus budgétaire et à l’interaction avec les régions. Mais si vous voulez respecter les directives du président et « devancer le reste du monde », les taux de croissance ne doivent pas être inférieurs aux taux mondiaux. Au cours des dix dernières années, le taux mondial était de 3 à 4 %, tandis que le nôtre était de 1 %. Autrement dit, chaque année, nous nous éloignons de plus en plus des pays qui étaient autrefois derrière nous. Ils ont déjà créé de nouveaux satellites, de superbes voitures, des téléphones, des systèmes de communication et même des équipements aéronautiques très sophistiqués, tandis que nous faisons du surplace, sans résoudre le problème principal. Pourquoi ? Parce qu’avec un taux de croissance de 1 %, il est impossible de disposer de ressources suffisantes pour se développer.

Pour atteindre les taux de croissance mondiaux, il faut revoir la politique financière et économique ainsi que l’ensemble de la politique budgétaire. Perdre de la vitesse, c’est perdre le pouls du pays. Staline en parlait déjà avant la guerre : à l’époque, notre taux de croissance moyen était de 14 %. Le parti chinois s’est assuré une croissance stable de 10 % pendant 30 ans.

La Russie a récemment atteint un taux de croissance économique de 4 %, supérieur au taux mondial. Le président et le gouvernement en étaient fiers, j’étais convaincu qu’ils feraient tout pour maintenir ce rythme. Mais au lieu de cela, le taux bancaire a été porté à 20 % (il est actuellement de 17 %), ce qui empêche les producteurs de se développer davantage.

Pour que la Russie dispose d’une sécurité alimentaire, il faut consacrer au moins 5 % du budget total à l’agriculture. À titre de comparaison, l’URSS consacrait 15 % à l’agriculture, contre 1,3 % pour la Russie actuelle. Soit dit en passant, la Russie dispose de quatre fois moins de machines agricoles par hectare que nos voisins de la fraternelle Biélorussie, et même moins que le Kazakhstan. C’est pourquoi nous ne pouvons pas récolter en deux semaines (la récolte prend 30 à 40 jours), ce qui entraîne des pertes pouvant atteindre 30 %.

Les magnifiques usines de production de machines agricoles sont à la portion congrue : on ne veut pas leur allouer de fonds supplémentaires, et les villages ne reçoivent pas les ressources nécessaires. Ces usines ont produit des tracteurs et des moissonneuses-batteuses, mais ceux-ci restent aujourd’hui dans les cours et ne trouvent pas preneur.

Il existe une autre règle d’or liée à la santé et à la durée de vie. Il faut consacrer au moins 7 % du budget à la médecine, à l’aide sociale et à tout le reste. Chez nous, on a dépensé seulement 5 % pour le « covid », et maintenant on dépense 3,5 %. Il faut doubler ce chiffre !

Une fois de plus, un « budget d’extinction et de famine » a été présenté à la Douma. Pour que vous soyez éduqués et alphabétisés, que vous maîtrisiez les nouvelles technologies et que vous vous développiez à un rythme rapide, il est indispensable d’investir au moins 7 % dans l’éducation. Même lorsque les fascistes étaient aux portes de Moscou, nous dépensions 6 %. Et dans les années 50, nous dépensions 20 % pour l’éducation et la science, c’est pourquoi nous sommes devenus la puissance la plus cosmique, la plus intelligente et la plus avancée.

Aujourd’hui, un projet de budget a été présenté à la Douma, qui suit le schéma tracé par Eltsine, Tchoubaïs et Gaïdar : nous dépouillons les gens, nous vendons tout ce qui reste et nous augmentons les impôts. C’est une option qui mène à une impasse totale.

Vous voulez consolider notre victoire ? Alors renforcez nos arrières ! Quand la moitié de la population vit avec 25 000 à 30 000 roubles, vous ne renforcez pas vos arrières. Avec cet argent, les gens ne peuvent pas se renforcer, se nourrir, étudier, s’habiller et aller de l’avant. Notre « budget de développement » part justement de ce constat.

Nous avons préparé et justifié notre programme, et montré son efficacité à l’aide de l’exemple des entreprises populaires. Par exemple, dans la région d’Orel, nous avons montré comment il est possible d’obtenir un rendement supérieur à 100 quintaux par hectare sur des terres non noires, afin d’approvisionner le pays en blé, à partir duquel on peut fabriquer 200 types de denrées alimentaires. Vous pourriez alors baisser les prix de 20 à 30 % dans tous les magasins. Mais comme ils ne le veulent pas, les prix continuent d’augmenter pour les pommes de terre, l’essence, les services publics, le diesel et les impôts. En conséquence, vous pouvez me prouver ce que vous voulez, mais vous n’irez jamais de l’avant et vous ne consoliderez jamais votre victoire. Vous n’avez rien pour cela !

Notre tâche consiste désormais à expliquer cela aux autorités, à la Douma et à « Russie unie », qui ne veut pas réfléchir et ne veut pas assumer la responsabilité d’un tel budget, qui perpétue la tradition de ralentissement plutôt que de rattrapage par rapport aux taux mondiaux. Ne pas investir dans la science, l’éducation, le domaine socioculturel, le maintien de la santé des citoyens, mais les saigner à blanc ! Nous ne pouvons pas voter pour cela. Ce serait injuste, incorrect et indigne.

Mais nous lutterons avec beaucoup de persévérance et de détermination pour le « budget du développement ». Nous invitons une fois de plus le gouvernement de Michoustine et « Russie unie » avec Medvedev à venir voir par eux-mêmes. Ils se sont tous récemment rendus en Chine, au Vietnam et en RPDC. Novikov vient juste de rentrer. Il était en Chine, en RPDC et au Vietnam. Ils ont vu de leurs propres yeux ce qu’il est possible de faire même dans un contexte de sanctions et ce qu’il est possible d’accomplir en 20 à 30 ans.

Nous devons adopter le budget de la victoire, je pense que le président soutiendra cette idée, car il a officiellement déclaré que le capitalisme était dans l’impasse. Il va maintenant se rendre aux négociations, nous lui en sommes très reconnaissants — nous pensons qu’il mènera les négociations avec Trump au moment opportun, et Budapest est un bon endroit pour cette rencontre. Il faut maintenant montrer que nous sommes non seulement capables d’avancer sur le front et d’écraser les nazis et les bandéristes, mais aussi d’avoir des taux de croissance supérieurs à ceux du reste du monde, qui convaincront l’autre partie de prendre une décision en faveur d’une paix digne de nous et garantissant notre sécurité à l’avenir.

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