KPRF.ru a rendu compte de la conférence scientifique et pratique internationale qui s’est tenue à Ivanovo sur le thème : « Le pouvoir des Soviets : hier, aujourd’hui, demain ». Parallèlement, nous avons annoncé la publication du rapport présenté lors de la conférence par le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État, D.G. Novikov. Nous proposons à nos lecteurs le texte de son intervention.

Дмитрий Новиков: “Советы – действенная форма народовластия, рождённая трудящимися”
KPRF.ru a rendu compte de la conférence scientifique et pratique internationale qui s’est tenue à Ivanovo sur le thème : « Le pouvoir des Soviets : hier, aujourd’hui, demain ». Parallèlement, nous avons annoncé la publication du rapport présenté lors de la conférence par le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État, D.G. Novikov. Nous proposons à nos lecteurs le texte de son intervention.

Volkov Vassily Romanovitch (1909 – 1988). »Ce que nous voulons », 1952.Musée régional des beaux-arts d’Omsk. M.A. Vrubelya.
Chers participants à la conférence !
Nous sommes réunis pour discuter d’un sujet historique important et extrêmement actuel. Permettez-moi de remercier les organisateurs de notre forum pour avoir pris l’initiative de le mettre en place. Je tiens à exprimer ma gratitude particulière à l’université d’État d’Ivanovo. Au nom du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, du groupe communiste à la Douma d’État et du président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, G.A. Ziouganov, je souhaite sincèrement la bienvenue à toutes les personnes présentes.
Il y a 120 ans, dans le feu de la première révolution russe, les ouvriers d’Ivanovo-Voznesensk et d’Alapaïevsk ont présenté au monde une initiative populaire exceptionnelle : les Soviets. Il ne s’agissait pas d’un club d’intérêt commun, ni d’un simple forum de discussion sur des questions politiques. Il s’agissait d’organes de pouvoir efficaces, nés de la révolution. Ils prenaient en charge l’organisation de la production, maintenaient l’ordre public et défendaient les intérêts des travailleurs.
Les révolutions et la lutte des classes sont inhérentes à l’histoire mondiale. Et elles ne sont pas une invention de Karl Marx, comme l’affirment parfois des citoyens qui ont des lacunes en histoire. Avant Marx, les historiens de la Grande Révolution française avaient scientifiquement déterminé l’existence d’une lutte des classes dans la société. Il ne restait plus à Marx ou à Lénine qu’à souligner que son existence dans une société divisée en classes antagonistes était tout à fait naturelle.
La lutte politique engendre l’organisation politique. Les formes d’auto-organisation des ouvriers et des paysans étaient connues avant même la première révolution russe. Rappelons-nous l’importance considérable que la création et l’activité de la Commune de Paris ont eue pour le mouvement de libération mondial. En 1871, elle a mis en œuvre toute une série de mesures révolutionnaires qui permettent de la caractériser comme un État d’un type nouveau, socialiste.
Dans son ouvrage « Le marxisme et l’État », V. I. Lénine soulignait particulièrement que la Commune avait détruit l’ancien appareil bureaucratique de l’État et l’avait remplacé par un nouvel appareil, étroitement lié aux masses populaires. Elle a détruit le système parlementaire bourgeois et l’a remplacé par « une corporation à la fois législative et exécutive ». La Commune a introduit la responsabilité et la révocabilité à tout moment de tous les fonctionnaires.
Au cours de ses 72 jours d’existence, la Commune de Paris n’a réussi à montrer au monde que les prémices d’une forme d’organisation étatique dans le cadre de laquelle la transition du capitalisme au socialisme est possible. Le processus de construction d’un nouveau système socialiste n’a pas été pleinement mis en œuvre.
Les premiers conseils à Ivanovo-Voznesensk, tout comme la Commune de Paris, ont existé pendant 72 jours, du 15 mai au 27 juillet 1905. Ce sont eux qui sont devenus, selon les mots de J.V. Staline, «la forme politique recherchée et enfin trouvée», dans le cadre de laquelle la victoire du socialisme pouvait être remportée.
Comment et pourquoi cela s’est-il produit ? Tout d’abord, l’idée des Soviets était proche et compréhensible pour la majorité de la population laborieuse de Russie. Les paysans qui avaient émigré vers les villes et étaient devenus ouvriers conservaient dans leur mémoire l’expérience de la vie communautaire au village, la pratique de la résolution des questions importantes par la paix, l’assemblée, le conseil de tous les membres adultes de la communauté de travail.
En tant qu’organes de gestion publique, les Soviets étaient en quelque sorte le prolongement de l’expérience de la communauté russe. Ils étaient désormais nécessaires dans le nouveau contexte urbain et avaient une nouvelle essence de classe. La proximité des Soviets avec le mode de vie rural traditionnel a contribué à leur rapide expansion.
V.I. Lénine a joué un rôle important dans le soutien politique aux conseils. Il y voyait non seulement une forme organisationnelle pour déployer un vaste mouvement de grève. Le fondateur du bolchevisme considérait les conseils comme une forme du futur système étatique.
Dans son article « La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », Lénine soulignait que « les Soviets sont l’organisation directe des travailleurs et des masses exploitées, qui leur permet d’organiser eux-mêmes l’État et de le diriger… C’est précisément l’avant-garde des travailleurs et des exploités, le prolétariat urbain, qui bénéficie de cet avantage, car il est le mieux uni par les grandes entreprises ; il lui est plus facile de choisir et de contrôler les élus. L’organisation soviétique facilite automatiquement l’union de tous les travailleurs et exploités autour de leur avant-garde, le prolétariat ».
Vladimir Ilitch est arrivé à la conclusion que la meilleure forme politique de la dictature du prolétariat n’était pas la république démocratique parlementaire, mais la république des Soviets. Sur cette base, en avril 1917, il a proposé sa formule pour le développement du processus révolutionnaire en Russie. La question s’est posée objectivement après la révolution bourgeoise de février.
En avançant le slogan de l’organisation d’une république des Soviets, Lénine entendait par là la meilleure forme politique de la dictature du prolétariat. Et il considérait la dictature du prolétariat comme l’organisation la plus démocratique du pouvoir d’État. Je rappelle que dans la tradition marxiste-léniniste, la dictature est un terme politico-philosophique. Il n’évalue pas la dureté des méthodes de gestion, mais l’essence et le sens du pouvoir étatique, qui est toujours un moyen de réaliser la volonté des classes dirigeantes, et donc une dictature.
Comme le soulignait Lénine, même dans la république la plus démocratique, même dans la république la plus libre, tant que le capital règne en maître, tant que la terre reste une propriété privée, l’État est toujours dirigé par une petite minorité de capitalistes ou de riches. Dans la République soviétique, seuls les ouvriers et les paysans travailleurs, à l’exclusion des exploiteurs, constituent des organisations de masse – les Soviets – auxquels est transféré le pouvoir d’État. C’est là que résidait la supériorité fondamentale et décisive du pouvoir soviétique sur la démocratie bourgeoise.
Pour V.I. Lénine, avril 1917 est le moment où l’histoire a donné à la Russie la possibilité de passer d’une révolution bourgeoise à une révolution socialiste. De plus, la situation évoluait de telle manière que la transition pouvait se faire par des moyens pacifiques. À un certain stade, c’est ainsi que se présentait la répartition des forces sociales et de classe.
En fin de compte, la méthodologie politique de Lénine a été la clé de la victoire des bolcheviks en octobre 1917. La forme soviétique d’organisation de l’État a permis d’établir une alliance étroite entre le prolétariat et la population paysanne laborieuse. Cela concernait aussi bien la Russie elle-même que ses périphéries. La voie était ouverte pour résoudre la question de la terre et celle du pouvoir en faveur du socialisme. C’est sur cette même base que la question nationale a été résolue.
La fédération et l’autonomie dans l’organisation de l’État ont été mises en œuvre précisément par le biais des Soviets. Toutes les nationalités ont eu la possibilité de créer des organes de pouvoir, une administration locale, des tribunaux, des écoles et d’autres institutions sociales, politiques et culturelles. Les travailleurs se sont vu garantir la plénitude des droits de leur langue maternelle.
Dans l’ensemble, l’État soviétique a mené des transformations dans l’intérêt de la population laborieuse. À cette fin, une nouvelle législation a été créée et développée.
Le système soviétique était à plusieurs niveaux, démocratique et contrôlé par le peuple, depuis les assemblées rurales et d’usine jusqu’au Congrès panrusse des Soviets. Dès novembre 1917, un décret sur le droit de révocation des députés a été adopté : tout électeur pouvait révoquer un délégué qui avait trahi les intérêts du peuple.
Le député – ouvrier ou paysan, constamment lié à son collectif, révocable à tout moment et ne bénéficiant d’aucun privilège – est l’antithèse du politicien bourgeois carriériste et vénal. Telle est la démocratie en action.
Le 30 décembre 1922, l’Union des républiques socialistes soviétiques a été créée. Les constitutions de l’URSS et des républiques fédérées ont consacré les Soviets comme fondement du système étatique. Le Congrès des Soviets de l’URSS est devenu l’organe suprême du pouvoir. Il se réunissait chaque année et élisait le Comité exécutif central. Le CEC, à son tour, formait le Présidium et le Conseil des Commissaires du peuple, le gouvernement du pays.
Dans deux mois, notre pays aura l’occasion de célébrer non seulement le 103e anniversaire de la création de l’Union soviétique, mais aussi deux autres anniversaires importants. Cela fera 200 ans depuis le soulèvement des décembristes sur la place du Sénat à Saint-Pétersbourg et 120 ans depuis le soulèvement armé à Moscou, événement culminant de la première révolution russe. Ces deux dates sont directement liées. Les événements révolutionnaires de 1905-1907 ont été prédéterminés par la défaite du soulèvement des décembristes. Par conséquent, les objectifs de la première phase du mouvement révolutionnaire russe n’ont pas été atteints avant le début du siècle suivant.
La démocratisation du système politique dans notre pays avait pris un retard considérable. Dans le cadre de la première révolution russe, cette tâche a été résolue dans deux directions. D’une part, la Douma d’État apparaît comme une concession de l’autocratie tsariste au mouvement révolutionnaire. D’autre part, les conseils des députés ouvriers et paysans voient le jour.
À cet égard, il convient de bien garder à l’esprit au moins deux circonstances. L’une d’elles est que, au nom des droits civils et des libertés démocratiques, pour le droit de voter et d’être élus, les gens se sont levés pour lutter, prêts à se battre sur les barricades, à aller en prison et au bagne. Cette leçon historique pose directement la question de l’état de la démocratie moderne, de la qualité du processus électoral, de l’introduction du vote électronique à distance, dont il est impossible de déterminer la fiabilité à ce stade.
La deuxième circonstance est liée au fait que la Douma d’État et les Soviets sont apparus simultanément dans l’histoire russe, au cours de la première révolution russe. Leur comparaison offre une bonne occasion d’aborder la question des différents modèles de démocratie et de se demander si tous ces modèles sont des formes efficaces de souveraineté populaire.
Dans la réalité actuelle, la crise de la démocratie occidentale est évidente. Elle se manifeste, par exemple, par des répressions politiques à l’encontre des opposants. Celles-ci sont de plus en plus évidentes en France, en Allemagne et dans d’autres pays. Que dire des violations monstrueuses qui ont eu lieu lors des élections en Roumanie et en Moldavie ?
Une série de discussions d’experts récentes révèlent une tendance à la polarisation de la vie politique dans de nombreux pays. Les forces de gauche et de droite renforcent leurs positions. La crise des systèmes politiques bourgeois s’aggrave, tout comme le désir des citoyens de comprendre sur quelle base idéologique telle ou telle force politique propose de surmonter les phénomènes de crise.
La question est de plus en plus de savoir comment garantir l’intégralité des droits civils tout en les associant au développement efficace des pays. À son époque, le modèle de gestion soviétique a démontré un fort potentiel à cet égard. Il a permis : un essor industriel et l’élimination de l’analphabétisme, la mise en place d’un système de santé et d’éducation gratuit et de qualité, de larges garanties sociales, la victoire sur le fascisme et l’accès à l’espace. L’URSS se considérait à juste titre comme le bastion de la paix, de la justice et du progrès pour toute l’humanité.
En 1936, une nouvelle Constitution a été adoptée. Elle a aboli les restrictions de classe et de statut social précédemment introduites et a instauré des élections universelles, égales et directes au scrutin secret. Le Conseil suprême de l’URSS est devenu l’autorité suprême. Ses deux chambres représentaient à la fois le principe territorial et le principe national de l’organisation d’un État multinational.
La démocratisation du système étatique soviétique a impliqué de nouvelles couches de citoyens dans la gestion du pouvoir, élargi la base sociale du pouvoir soviétique, renforcé l’alliance entre la classe ouvrière et la paysannerie et consolidé l’amitié entre les peuples de l’URSS. Cela a accru l’autorité du pouvoir en place et l’a renforcé. La dictature de la classe ouvrière est devenue à la fois plus puissante et plus souple.
La destruction de l’URSS en 1991 s’est accompagnée de la légalisation de la contre-révolution antisoviétique. La Constitution de 1993, adoptée à la hâte après la dissolution du Conseil suprême et du Congrès des députés du peuple, a supprimé les Soviets en tant que fondement du système étatique.
Dans l’ancienne URSS et dans plusieurs de ses pays alliés, on assista à une restauration du capitalisme. Cela signifiait la domination incontestée de ce système sur la planète. Cela conduisit à une offensive à grande échelle contre les droits des travailleurs dans le monde, à une augmentation de la pauvreté mondiale, à une stratification sociale monstrueuse, à la perte de perspectives d’avenir pour des centaines de millions de personnes.
Les anciennes républiques de l’Union soviétique et les pays d’Europe de l’Est ne sont pas les seuls à avoir été confrontés à ce type de problèmes. Les autres États européens ont également connu une « libération » des larges garanties sociales introduites sous la pression des succès du socialisme réel. Aujourd’hui, ce processus arrive à son terme logique. Le chancelier allemand Merz déclare ouvertement que le gouvernement allemand n’est plus en mesure de préserver les principes de l’État social.
Les succès du capitalisme mondial dans sa lutte contre l’URSS se sont traduits par de lourdes pertes pour l’humanité. Le système fondé sur la maximisation des profits d’une minorité oligarchique se trouve de plus en plus dans une impasse. En témoignent les nouvelles crises économiques, la montée du militarisme, la violation des normes et principes établis du droit international, la pratique croissante des sanctions, la résurgence du fascisme en tant que phénomène influent.
Dans ces conditions, le socialisme n’est pas un rêve abstrait, mais une nécessité capable d’assurer la survie et le développement de l’humanité. Cela vaut également pour la Russie. Aujourd’hui, on tente de gagner la guerre contre l’Occident collectif, sans changements socio-économiques et sociopolitiques fondamentaux à l’intérieur de notre pays. Mais conserver le modèle étatique propre à l’Occident bourgeois tout en essayant de le vaincre semble assez naïf.
Dans les prochains jours, Pékin accueillera le Forum du socialisme mondial. L’Académie chinoise des sciences sociales l’organise chaque année depuis déjà quinze ans. Il s’agit d’une grande plateforme internationale à laquelle participent des experts de nombreux pays du monde entier, scientifiques et politiciens. Je suis convaincu que les participants au forum aborderont dans leurs discussions l’importance des formes avancées d’organisation du pouvoir étatique.
L’expérience acquise par les travailleurs russes grâce aux conseils s’est poursuivie et développée dans d’autres pays. Lorsque certains observateurs s’interrogent sur les raisons de la stabilité du système politique actuel à Cuba, ils doivent comprendre le rôle important que jouent les comités de défense de la révolution. Créés à l’initiative de Fidel Castro, ils jouent un rôle important dans l’auto-organisation des citoyens.
Hugo Chávez a suivi la même voie à son époque au Venezuela. À son appel, un vaste réseau de comités bolivariens autogérés a été créé dans le pays. Aujourd’hui, ils constituent un facteur important de soutien au Parti socialiste unifié du Venezuela et au président Nicolás Maduro.
La Grande Révolution socialiste d’octobre a offert au monde l’expérience historique d’une forme vivante et efficace de démocratie directe. Le pouvoir des Soviets n’est pas seulement une page de l’histoire. Il fait partie de l’avenir. La vie elle-même, avec ses contradictions croissantes, prouve une fois de plus que pour sortir de l’impasse du capitalisme, il faut un mode d’organisation plus parfait de l’État et de la société. Et l’expérience des Soviets reste ici l’exemple efficace auquel nous devrons naturellement nous référer à nouveau.

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