Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« Nous resterons sur place jusqu’à ce que nous obtenions plus de riz pour Cuba. »

J’avais prévu de publier cet article hier, dans la continuité de l’article sur Fidel, et la création des relations entre le Vietnam et Cuba. Un bug sur le site nous a occupé une bonne partie de la journée, et a décalé une série de publications à ce matin. La profonde continuité historique entre ces deux moments des relations entre les peuples héros demeure. Elle montre la difficulté de la tâche du développement, la modestie nécessaire pour accomplir ce développement, sur des décennies de travail acharné, pour résoudre, dans l’adversité, chaque difficulté. L’agriculture n’est pas la tâche la moins difficile et les régimes socialistes y ont toujours accordé une grande importance. A l’inverse de l’industrie, lorsque vous testez de nouvelles conditions de production dans l’agriculture, vous devez attendre l’ensemble du cycle biologique, en général un an, pour en tirer les leçons et modifier les paramètres de culture. Si cela a fonctionné, vous pensez reproduire la réussite, mais les conditions climatiques changent et vos paramètres ne fonctionnent plus. Il faut une longue expérience, et les besoins et les conditions de culture évoluent constamment. A Montpellier, un camarade m’expliquait comment l’UE avait détruit l’agriculture bulgare lors du renversement de l’économie socialiste. J’espère que nous pourrons avoir un article là-dessus, pour montrer – encore une fois – le mépris avec lequel l’occident a traité les réussites du socialisme, sans les dépasser dans un certain nombre de cas. (note de Franck Marsal pour Histoire&Société)

Plus de 1 170 tonnes de riz destiné à la consommation ont été distribuées à Pinar del Rio et Artemisa, issues de la récolte d’une partie des mille hectares plantés par Cuba et le Vietnam, avec des rendements d’environ sept tonnes par hectare. La solidarité entre communistes vietnamiens et cubains a une force morale qui est celle de deux peuples qui savent ce qu’est combattre l’impérialisme et qui pourtant connaissent le prix réel de la victoire : assurer le développement matériel autant que moral du peuple… Un exemple parmi d’autres de la lutte… (note de Danielle Bleitrach pour Histoireetsociete)

Auteur: Ronald Suárez Rivas | internet@granma.cu

25 août 2025

Comme prévu, les rendements sont en moyenne d’environ sept tonnes par hectare Photo: Ronald Suárez Rivas

Pinar del Rio.– Du haut du barrage, sans quitter des yeux un champ fraîchement ensemencé, Ariel Garcia Pérez, directeur de l’Entreprise agro-industrielle céréalière Los Palacios (EAIG), affirme que jusqu’à présent le travail avance bien.

« La production et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Grâce à cette coopération et aux ressources qu’elle nous a fournies, nous avons atteint nos objectifs. »

Nous sommes sur les terrasses plates de la ferme Cubanacan, l’épicentre du Programme conjoint Vietnam-Cuba pour la production de riz à Pinar del Rio.

Fin 2024, ces vastes champs du sud de Vueltabajo [région la plus à l’ouest de la province de Pinar del Rio] ont fait la une des journaux : c’était les premières terres du pays accordées en usufruit à une entreprise étrangère pour exploitation. Dix mois plus tard, Cubanacan affiche les résultats obtenus.

Comme prévu, après une première récolte, les rendements moyens sont d’environ sept tonnes par hectare.

La différence est énorme par rapport au reste de la région rizicole de Pinar del Rio, où, en raison du manque d’intrants, de carburant et de pièces de rechange pour les machines, les récoltes donnent actuellement environ 1,5 tonne par hectare.

NOUVEAUX MODÈLES ET PLUS DE ZONES

Au total, la superficie actuellement occupée directement par l’entreprise vietnamienne VMA-Agri dans la province s’élève à 1 000 hectares, qui ont été entièrement plantés, et dont une grande partie a également été récoltée.

Plus de 1 170 tonnes de riz destiné à la consommation ont été distribuées à Vueltabajo et dans la province d’Artemisa grâce à cette expérience, et des moissonneuses-batteuses et des camions continuent de couper et de transporter le riz vers l’usine.

Le directeur de l’EAIG souligne que de nouvelles plantations sont actuellement en cours dans ces mêmes zones.

Par ailleurs, des travaux sont menés avec un groupe d’agriculteurs usufruitiers cubains sur des terres voisines et à la ferme Caribe, dans la municipalité de Consolacion del Sur. Un deuxième modèle de coopération est mis en œuvre : la partie vietnamienne fournit les semences, les intrants et les conseils techniques, tandis que les agriculteurs sont responsables de la production.

« C’est un système que nous avons déjà testé expérimentalement et nous sommes convaincus que cela fonctionnera », a-t-il déclaré.

Fin juillet, Radio Guama a rapporté l’histoire d’un agriculteur de la Coopérative de Crédit et Services Abel Santamaria, de Los Palacios, qui avait obtenu environ huit tonnes par hectare grâce à ce mode de fonctionnement.

Au terme du mois d’août, à la fin de la période de plantation, Garcia Pérez estime que près de 800 hectares devraient être prêts, entre les municipalités de Los Palacios, avec 300 ha, et Consolacion del Sur, avec 500.

Pour le directeur de l’EAIG, le Programme conjoint Vietnam-Cuba est un moyen important de stimuler la production d’un aliment indispensable sur les tables cubaines.

« Il y a plusieurs année que le programme rizicole n’a pas accès au « paquet technologique ». Aujourd’hui, le secteur d’État  ne peut pas semer davantage, parce que nous n’en disposons pas. Il y a des terres, de l’eau, des systèmes d’ingénierie et des ouvriers agricoles, mais nous manquons des intrants nécessaires à la production.

Sans eux, prévient-il, il est pratiquement impossible d’obtenir de bonnes récoltes à grande échelle.

« Ce serait planter, dépenser beaucoup de pétrole, car il faut de toute façon préparer la terre, mais sans obtenir les rendements nécessaires.

« Les cultures plantées en dehors du projet vietnamien produisent entre 1,5 et 1,7 tonne par hectare. Dépasser les deux tonnes est extrêmement difficile. »

Face à cette réalité, le directeur affirme que la priorité absolue a été donnée aux zones travaillées avec le Vietnam.

NOUVELLES EXPÉRIENCES, NOUVEAUX SAVOIRS

Associer les deux systèmes de production n’a pas été si simple. Même s’il s’agit d’une culture pour laquelle tout est écrit, les méthodes de production des deux pays diffèrent.

Alors que les Vietnamiens assurent la plantation manuellement ou avec des drones, à Cuba, les grandes exploitations rizicoles du « secteur spécialisé » dépendent de l’aviation.

Le directeur de l’EAIG rappelle que dans un premier temps, la partie étrangère avait refusé d’utiliser des avions, et avait tenté de pratiquer à sa manière.

Mais les champs sont trop grands pour être plantés par des humains, et les drones disponibles dans le pays ne sont pas adaptés à ce processus.

Faire en sorte qu’ils reprennent les semis au même endroit où ils s’étaient arrêtés, en calculant à vue d’œil dans une zone aussi vaste et sans repères, était pratiquement impossible. Certaines zones ont reçu le double de semences, tandis que d’autres n’en ont reçu aucune.

Il a ensuite été convenu d’essayer avec l’aviation, ce qui s’est révélé être l’option la plus viable parmi toutes celles disponibles.

Garcia Pérez commente que cela s’est également avéré être la méthode la plus efficace pour appliquer les intrants.

« Au début, ils utilisaient un tracteur et un fumigateur, jusqu’à l’apparition d’un nuisible qu’ils avaient du mal à contrôler. La zone était très vaste et les insectes se déplaçaient au bruit du matériel. Nous les avons donc convaincus d’utiliser l’avion, car au moment où les insectes le détecteraient, il serait déjà au-dessus d’eux. Ils ont constaté l’efficacité de la méthode et, depuis, ils ont continué à l’utiliser.

Pour la partie cubaine, ce fut également une étape d’apprentissage.

Carlos Felipe Diaz Romero, directeur adjoint de la production de l’UEB de Cubanacan, explique par exemple qu’ici ils n’avaient jamais utilisé de semences hybrides.

La nouvelle variété, importée du Vietnam, permet une réduction significative des normes de plantation.

Traditionnellement, il fallait environ 130 kilogrammes pour couvrir un hectare, mais l’hybride asiatique ne nécessite que 40 à 45 kilogrammes.

« La différence est énorme. Trois fois moins que ce que nous utilisions auparavant. Donc, nous avons de nouvelles expériences et de nouvelles connaissances. »

LE MEILLEUR DES DEUX PAYS

Néanmoins, les spécialistes vietnamiens assurent que les résultats obtenus jusqu’à présent peuvent être améliorés.

Le docteur en sciences Pham Ngoc Tu, responsable du groupe qui travaille à Pinar del Rio, explique que, depuis le début, ils ont eu une relation étroite avec leurs homologues cubains.

« Nous avons unifié les idées, en définissant ce qu’il y a de mieux dans la technologie cubaine, ce qu’il y a de mieux dans la technologie vietnamienne, et nous l’avons appliqué. »

Toutefois, il insiste sur un détail des plus importants : l’importance de maintenir la discipline face à une culture très exigeante. « Il faut tenir compte de la date à laquelle nous avons planté, à quel moment nous apportons des engrais et quand nous appliquons des pesticides. L’essentiel est de respecter le calendrier de chaque activité. »

Même si cela peut paraître évident, il s’agit d’un problème qui affecte régulièrement le secteur rizicole de l’Île, et même le programme conjoint avec le Vietnam n’y échappe pas.

« La production exige de nombreuses activités simultanées. Parfois, nous les réalisons à temps, parfois non, en raison de difficultés », explique Pham Ngoc Tu.

Le jour où le journal Granma était présent dans les champs de Los Palacios, par exemple, l’avion chargé de réaliser l’ensemencement est tombé en panne et n’a pas pu voler, si bien que pour éviter que les graines, qui étaient déjà prégermées, ne soient perdues, il a été décidé de réunir une trentaine d’hommes et d’effectuer le travail manuellement.

Reina de los Santos, une femme, avec 20 ans d’expérience comme responsable d’une parcelle dans ces mêmes zones où elle travaille maintenant, embauchée par l’entreprise VMA-Agri, explique que jamais ils n’avaient planté de cette façon auparavant, et bien que la productivité ne soit pas la même, ni la qualité du travail, ils ont pu pour le moins éviter les problèmes avec les semences et les retards dans le programme.

Ceci n’est qu’un exemple de la rigueur avec laquelle le personnel vietnamien a entrepris un projet qui confirme les liens de fraternité entre les deux nations.

« Nous sommes venus avec une mission non seulement économique, mais aussi en raison de l’amitié entre les deux pays. Aujourd’hui, la production de riz est très importante ici comme là-bas, si bien que nous resterons ici jusqu’à ce que nous obtenions davantage de riz pour Cuba », déclare Pham Ngoc Tu.

Motivé par les réalisations dans le cadre d’un programme dans lequel les mécanismes sont encore en cours d’ajustement, afin d’optimiser les processus avec l’introduction de nouvelles machines, le directeur de l’Entreprise agro-industrielle des céréales est également optimiste.

« Cela faisait longtemps que nous n’avions pas obtenu d’aussi bons rendements sur ces terres. C’est pourquoi la partie vietnamienne est satisfaite de constater les résultats du travail quotidien, et la partie cubaine encore plus satisfaite. »

Views: 84

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.