Histoire et société

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Lénine : Guerre et contre-révolution

TOPO EXPRESS

je mets la dernière main à mon propre récit de l’écroulement de cet hypocrite récit sur la pax america avec l’appel à un examen, une révision complète de toutes « les certitudes » en commençant pas la suprématie des USA garantie du néo-colonialisme d’autres prédateurs… Leur paix est l’équivalent de la guerre, leur démocratie est tyrannie, censure. Il y a bien sur entre toutes ces perceptions des différences, des comptes à régler mais là encore il faut revenir au critère de la pratique celui qui réellement s’emploie à faire sauter le carcan qui interdit l’initiative populaire, celle de la classe ouvrière, des damnés de la terre, le fait est que l’on ne peut plus penser dans le moule, la censure qui nous est encore imposée. Histoire et societe a depuis ses origines adopté cette exigence et va continuer. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Pensée le 5 octobre 2025 Mimmo Porcaro

Guerre et contre-révolution : se réconcilier avec Lénine

  1. DE LA PAIX À LA GUERRE

Nous vivons une époque troublée, une époque de guerre. Les idées développées durant la longue, hypocrite et sanglante « paix occidentale », l’ère de la prétendue unipolarité américaine et de la mondialisation tant vantée, sont désormais obsolètes. Aujourd’hui, alors que les États capitalistes, dont l’insignifiance avait été prophétisée, se militarisent intérieurement et extérieurement, ceux qui cherchent à transcender l’ordre social actuel ne peuvent se contenter d’une politique fondée uniquement sur l’affirmation de leur identité par le biais des réseaux sociaux , sans chercher à convaincre ceux qui pensent différemment ; ni d’une politique fondée uniquement sur la coexistence, certes conflictuelle, avec l’appareil d’État en place, sans jamais se soucier de rassembler la force nécessaire pour le transformer radicalement.
En temps de guerre, on ne peut agir ni penser comme en temps de paix. Et il nous faut revenir à la comparaison avec ceux qui ont agi et pensé pendant la guerre : en particulier avec Lénine, qui avait compris le lien fondamental entre guerre et transformation sociale, entre guerre et révolution. Bien sûr, nous ne sommes plus en 1917, et « l’ère de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne » s’est transformée (pour tenter une définition provisoire) en l’ère de l’impérialisme triadique et de la révolution anti-néolibérale . Une révolution dont l’objectif est le contrôle politique (voire public) des grands groupes capitalistes et de la circulation mondiale du capital elle-même, et qui peut prendre des formes très diverses , y compris socialistes et prolétariennes au sens le plus large. Mais en tout état de cause, il est toujours question d’impérialisme et de révolution : il est donc utile de relire Lénine, au-delà de toute sanctification ou condamnation, en surmontant l’effacement de sa pensée opéré pendant des décennies, tant par ceux qui l’ont répétée de manière abstraite, la stérilisant ainsi, que par ceux qui l’ont écartée parce qu’elle constituait un obstacle pour ceux qui voulaient éluder la question du pouvoir politique afin de mieux négocier avec lui .

Par conséquent, nous ne pouvons qu’accueillir avec satisfaction des articles tels que celui publié il y a quelque temps par Emiliano Brancaccio, intitulé « Le moment Lénine : entre dette, tarifs douaniers et guerre » 3 , dans lequel il soutient que le moment présent démontre la validité de la thèse de l’issue inévitablement belliqueuse des contradictions intercapitalistes, une thèse centrale du célèbre (et inutilement exorcisé) essai de Lénine sur l’impérialisme 4 .

Selon Brancaccio, nous vivons donc un « moment léniniste » ; cependant, l’auteur précise que « la référence n’est pas au révolutionnaire bolchevique, mais à l’infatigable chercheur », car la résignation actuelle de la classe exploitée implique que la guerre ne se heurte plus à des hypothèses révolutionnaires. « La révolution étant dissoute, les masses sont privées même de la consolation d’une science révélatrice. Moment léniniste, souvenons-nous de Lénine. »

Brancaccio a raison de ne pas prévoir de révolution à l’horizon : le lien entre la crise aiguë du capital et la perspective d’une révolution s’est révélé erroné (et dangereux), même en présence d’un mouvement de classe d’une ampleur incomparablement supérieure à celui que nous connaissons aujourd’hui. Cependant, l’absence de situation révolutionnaire ne signifie pas que nous devions nous fier uniquement à Lénine, car il a beaucoup à dire non seulement sur la phase pleinement révolutionnaire, mais aussi sur l’ensemble de l’espace politique qui s’ouvre (ou se ferme) en temps de guerre. Cela ressort clairement de la lecture de certains de ses textes de la période 1914-1917, contemporaine de son œuvre la plus célèbre, L’Impérialisme . Ces textes, ainsi que d’autres écrits, nous aident à envisager les conditions susceptibles de permettre, dans le cadre de la transition hégémonique mondiale, un processus de transition sociale – c’est-à-dire une transition du mode de production.

Parmi les nombreuses suggestions que suscitent ces pages, nous n’en retiendrons et n’exposerons brièvement que celles qui concernent l’importance de l’analyse concrète et de la méthode dialectique, la notion d’époque, celle de paix impérialiste et celle de situation révolutionnaire. Nous aborderons également la question nationale .

  1. ANALYSE CONCRÈTE. LA « DOUBLE LOYAUTÉ » DE LÉNINE

S’il est vrai que « le refus du concret est l’un des phénomènes les plus troublants de l’histoire de l’esprit humain » ⁵, il est tout aussi vrai que Lénine ne contribue en rien à cette dangereuse fuite. En réalité, l’attention portée à la spécificité de chaque formation socio-économique et la prise en compte de l’ analyse concrète de la situation concrète comme condition essentielle de l’action l’ont accompagné dès le début, de même que l’exhortation à mener une « agitation » de masse en parlant de vérités concrètes , c’est-à-dire de vérités directement observables par tous⁶ . Cet impératif théorique et pratique découle assurément de la comparaison avec une réalité – la réalité russe – très éloignée d’un modèle linéaire de développement capitaliste. Mais il découle aussi de la gravité, de la sévérité , auxquelles Lénine était contraint par l’inévitable comparaison avec le souvenir de son frère aîné, Alexandre, exécuté par le régime tsariste pour avoir organisé un attentat contre le souverain . 7 Sa mort a constitué à la fois un lourd héritage éthique et une exhortation constante – compte tenu de l’échec du terrorisme – à conjuguer l’impulsion morale à une analyse désabusée des faits. Ainsi, la pensée et les actions de Vladimir Ilitch résultent toujours d’une tension latente entre la compréhension des lois générales du capitalisme et de la lutte des classes et la prise en compte de leurs modalités d’application concrètes et spécifiques ; entre l’objectif historique de la révolution prolétarienne et la prise en compte des spécificités de chaque phase politique, et la nécessité qui en découle d’ adapter tactiques et slogans à chaque tournant décisif.

Cette « double fidélité » de Lénine – fidélité aux principes de valeurs et d’analyse, et simultanément à la situation donnée – se manifesta particulièrement au début de la Première Guerre mondiale, lorsque la brutalité du conflit européen et l’effondrement de la Deuxième Internationale exigeaient une réflexion radicale. Ce n’est pas un hasard si, précisément à ce moment-là, Lénine, tout en rassemblant des éléments pour l’étude de l’impérialisme, décida de s’attaquer à la Science de la logique de Hegel (à Berne, dans un isolement imposé par l’éloignement forcé de la Russie, mais aussi conforme à la solitude théorique qui accompagne tout moment crucial ) , afin de revenir aux sources de cette méthode dialectique qui, pour lui, était la seule forme de pensée capable de résister aux deux grands affrontements de l’époque : la guerre entre nations capitalistes et la scission du mouvement ouvrier international. Le philologue dira dans quelle mesure cette lecture de Hegel, restée au stade de réflexions synthétiques et de notes marginales rassemblées plus tard dans les Cahiers philosophiques <sup> 9 </sup>, constitue ou non une rupture avec certaines approches antérieures – notamment avec le matérialisme et l’empiriocriticisme<sup> 10 </sup>. Nous nous contenterons ici de souligner que la nécessité d’un lien entre l’analyse des lois générales et l’étude des formes particulières du capitalisme est non seulement constamment réaffirmée dans les Cahiers , mais aussi enrichie par sa présentation comme un lien entre le mouvement propre de la réalité – c’est-à-dire son développement logique interne – et le caractère discontinu que prend cette dynamique, sa progression par sauts qualitatifs et le changement constant de signe des phénomènes, de sorte que chacun d’eux peut avoir des significations totalement opposées et se transformer dialectiquement en son contraire <sup>11 </sup>. La variation inhérente à ce développement est donc consubstantielle au capitalisme ; elle résulte de la persistance d’une loi générale qui, toutefois, s’exprime de manière dialectique.

Tout ceci contribue à affirmer la nécessité de l’impérialisme – fruit non d’un choix politique mais de la logique interne du capitalisme – et la nécessité de transformer les tactiques en fonction des différentes phases et formes de l’impérialisme lui-même. Cette transformation, pourrait-on dire, constitue l’ objet spécifique de la politique prolétarienne, car elle saisit le moment où la paix impérialiste cède la place à la guerre impérialiste , où une lutte nationale réactionnaire devient une lutte progressiste et, surtout, le moment où la guerre impérialiste se mue en révolution prolétarienne . Et c’est précisément cette transformation de la guerre en révolution , mentionnée précédemment, qui est le principe directeur de Lénine de 1914 à 1917, la devise de toute une époque et, en fait, la connotation même de l’ère de l’impérialisme et, par conséquent, de la révolution prolétarienne. Mais tout cela, bien connu des léninistes comme de leurs détracteurs, ne se comprend pleinement que si l’on s’interroge sur l’interprétation particulière que Lénine donnait à la notion même d’époque.

  1. QU’EST-CE QU’UNE « ÈRE » ?

Pour Lénine, la notion d’époque constitue une prescription supplémentaire pour la concrétisation. En effet, pour lui, une époque n’est jamais l’affirmation linéaire d’un principe unique, d’une réalité unique. Elle a certes un protagoniste fondamental – en l’occurrence, l’impérialisme – mais ce protagoniste n’apparaît jamais seul sur la scène et, surtout, la contradiction fondamentale qu’il exprime ne se présente pas toujours ni partout avec le même degré de clarté et de nécessité.

Une époque est ainsi précisément parce qu’elle englobe un ensemble complexe de guerres et de phénomènes très hétérogènes, à la fois typiques et atypiques, de petite et de grande ampleur, touchant aussi bien les pays avancés que les pays en retard de développement. Ignorer ces conditions concrètes en utilisant des expressions génériques à propos d’« époque » revient à méconnaître le concept d’époque.<sup>12 </sup> C’est ce qu’affirmait Lénine. Il précise ailleurs : « À chaque époque, il y a et il y aura des mouvements partiels et individuels, tantôt en avant, tantôt en arrière ; il y a et il y aura diverses déviations par rapport au type et au rythme moyens de mouvement. Nous ne pouvons pas prévoir la rapidité ni le succès des mouvements historiques individuels d’une époque donnée. Mais nous pouvons savoir, et nous savons en fait, quelle classe est au centre de telle ou telle époque et détermine son contenu fondamental, la direction principale de son développement, les caractéristiques essentielles de la situation historique, etc. C’est seulement sur cette base, c’est-à-dire en tenant compte avant tout des principales caractéristiques spécifiques des différentes « époques » (et non des épisodes individuels de l’histoire de chaque pays), que nous pouvons construire correctement notre tactique ; et seule la connaissance des principales caractéristiques d’une ère donnée peut servir de base à la prise en compte des caractéristiques plus spécifiques de tel ou tel pays » 13 ].

Une époque est donc par nature hétérogène , discontinue et asynchrone . Une fois identifiée, par une analyse objective des faits clés, la classe sociale qui la domine – en l’occurrence, le capitalisme financier monopolistique –, il convient d’analyser les phénomènes hétérogènes qui s’y produisent et de les relier aux dynamiques fondamentales afin d’en évaluer correctement la portée politique, laquelle varie inévitablement dans le temps et l’espace.

Ce qui a été dit jusqu’ici est valable pour toute période historique. Mais le capitalisme, en plus des différences que l’histoire (précisément parce qu’elle est histoire ) engendre inévitablement, s’ajoute sa tendance intrinsèque au développement inégal et hiérarchique , faisant de ces différences et des déséquilibres qui en résultent la condition même de son fonctionnement. Ceci reste vrai même lorsque certaines phases, comme la mondialisation, semblent annoncer à tort un monde plat et homogène.

  1. « PAIX IMPÉRIALISTE »

L’illusion, évoquée précédemment, d’une interprétation pacifique de la mondialisation devient encore plus compréhensible grâce à une autre notion léniniste : celle de paix impérialiste , mentionnée plus haut, qui confirme la riche diversité des phénomènes caractérisant l’ère impérialiste. Se référant à Clausewitz, Lénine souligne que si la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, alors pour comprendre une guerre, et donc sa nature de classe, il est nécessaire de comprendre la politique qui l’a précédée. Or, il en va de même pour la paix . La guerre impérialiste, sauf révolution socialiste, est nécessairement suivie d’une paix impérialiste , c’est-à-dire de la continuation de la politique impérialiste sous d’autres formes .

« La guerre est la continuation, par des moyens violents, de la politique que les classes dirigeantes des puissances belligérantes menaient bien avant le début des hostilités. La paix est la continuation de cette même politique, tenant compte des changements survenus, à la suite des opérations militaires, dans le rapport de forces entre les belligérants.<sup>14</sup> La guerre impérialiste ne peut se terminer que par une paix impérialiste, à moins que la guerre en cours ne se transforme en guerre civile du prolétariat contre la bourgeoisie. <sup>15</sup> »

C’est précisément l’impérialisme qui a engendré la fausse paix des années de mondialisation, car elle n’aurait été possible sans la subordination militaire préalable de toute l’Europe et du Japon, sans la défaite, même indirectement militaire, de l’Union soviétique, sans la présence militaire américaine aux points stratégiques du globe, et sans les guerres menées par l’Occident en Irak et ailleurs. Et l’impérialisme, et donc une condition préalable aux guerres futures, serait une paix « trumpienne » : une pause limitée dans le temps et l’espace, fruit de la contraction temporaire nécessaire en raison des graves déséquilibres engendrés (en Occident et dans le monde entier) par une expansion mondialiste excessive . À l’instar de la mondialisation, Trump représente également un moment distinct et ultérieur de l’impérialisme : c’est le passage de la fiction de l’ordre international à la logique brutale des rapports de force purs ; de l’illusion de la domination unipolaire à l’acceptation réaliste, mais temporaire, de la multipolarité, comprise non comme un système d’équilibre, mais comme le théâtre d’une lutte permanente pour la domination.

Il convient d’ajouter, pour conclure sur ce point, que l’existence d’une paix impérialiste porteuse de guerres futures devrait inciter le pacifisme non pas à invoquer simplement la paix elle-même, mais à examiner les origines capitalistes de la guerre et de sa suspension temporaire et illusoire.

  1. ÈRE RÉVOLUTIONNAIRE = SITUATION RÉVOLUTIONNAIRE ?

Comme l’impérialisme, la révolution est aussi une époque16 et, par conséquent, « ne doit pas être considérée comme un acte isolé, mais comme une période de bouleversements économiques et politiques tumultueux, de lutte des classes très aiguë, de guerre civile, de révolutions et de contre-révolutions17 » . Et tout comme les contradictions de l’impérialisme ne se présentent pas de manière homogène et linéaire, la révolution n’est pas toujours à l’ordre du jour .

Pour qu’une situation révolutionnaire existe, il est nécessaire : 1) que les classes dominantes ne puissent maintenir leur pouvoir sans en modifier la forme, et donc qu’une lutte intense les anime ; 2) qu’il y ait une détérioration des conditions de vie des classes subordonnées ; 3) qu’en conséquence, l’activité des masses, poussées par la crise et par les classes supérieures elles-mêmes (mobilisation militaire, etc.) vers une action historique indépendante, s’intensifie significativement <sup>18 </sup>. Mais même cela ne suffit pas, car la révolution ne surgit pas de toutes les situations révolutionnaires, mais seulement de celles où une transformation subjective s’ajoute aux transformations objectives mentionnées ci-dessus, c’est-à-dire la capacité de la classe révolutionnaire à mener des actions révolutionnaires de masse suffisamment puissantes pour briser (ou du moins saper) l’ancien gouvernement qui, en période de crise, ne « tombera » jamais à moins d’y être « forcé de tomber »<sup> 19</sup> .

La situation révolutionnaire (et plus encore la révolution) est donc un événement singulier et exceptionnel . Cette thèse est renforcée par le fait que Lénine, tant dans son acceptation (expliquée dans les Cahiers philosophiques ) de la critique hégélienne de la causalité linéaire <sup>20</sup> , que, plus encore, dans sa description des nombreuses causes qui ont contribué à Octobre dans ses Lettres de loin (un petit chef-d’œuvre de théorie politique) <sup> 21</sup> , identifie d’autres facteurs « occasionnels », nombreux et hétérogènes, comme une condition nécessaire à l’expression de la contradiction structurelle et permanente entre les classes dans toute sa radicalité.

En résumé : Lénine distingue l’ époque révolutionnaire , la situation révolutionnaire et la révolution elle-même . Et c’est précisément dans ces distinctions que réside l’un des points de convergence les plus féconds avec sa pensée aujourd’hui. En effet, c’est précisément dans la tension, dans l’ écart entre l’époque révolutionnaire et la situation non révolutionnaire , que résident les problèmes politiques les plus importants et les plus irrésolus pour nous, en Europe et en Italie.

Nous vivons indéniablement une ère révolutionnaire, où la longue crise du mode de production capitaliste s’entremêle à celle de l’équilibre des pouvoirs internationaux qui l’a soutenu jusqu’ici, garantissant même la discipline sociale interne par le biais du dumping salarial , de la délocalisation, des restrictions extérieures ou de la « défense des frontières sacrées ». Tout cela exige et permet des transformations sociales décisives. Cependant, il est tout aussi indéniable que nous ne vivons pas dans une situation révolutionnaire : le conflit entre les classes dirigeantes n’a pas atteint un point critique, pas plus que le mécontentement des classes subalternes ; l’identification de classe politique et l’espoir du socialisme (et peut-être tout autre espoir) restent obscurcis par les conséquences de 1989 et par la fragmentation individualiste ; enfin, et surtout, bien que nous payions un lourd tribut à la militarisation, nous ne sommes pas encore directement engagés dans une guerre ouverte, et en tout état de cause, il n’existe pas (encore ?) d’armée de masse appelée au combat et tentée de retourner ses armes contre ses ennemis intérieurs. Nous devons nous préparer à un changement de paradigme social et géopolitique majeur, et pourtant nous n’y sommes pas encore directement contraints . Et sans contrainte, point de révolution.

Confondre l’ère révolutionnaire avec une situation révolutionnaire serait donc une erreur, tout comme il serait erroné de confondre l’absence d’une telle situation avec la disparition ou l’atténuation des contradictions qui la déchirent . En bref, il nous faut reconnaître simultanément le caractère radical de la situation et sa manifestation progressive dans notre pays, et être prêts à alterner entre des accélérations soudaines et des périodes de stagnation apparente.

Tout cela exige un style politique d’une grande complexité, fondé sur la clarté d’expression et la modération, ou du moins le réalisme, dans les propositions tactiques. Il s’agit de savoir adhérer à la situation concrète (c’est-à-dire à la forme effective, et donc universellement compréhensible, que prennent les contradictions fondamentales) et, simultanément, de regarder au-delà, vers d’éventuels développements radicaux : en somme, de savoir se positionner à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la situation, sachant que toute politique, si réaliste soit-elle, doit en définitive constituer un pas en avant vers l’accumulation des forces nécessaires à une transformation véritablement transcendante, car autrement, elle subira inévitablement une intensification des tendances réactionnaires.

Sans la construction de ce style politique et de sujets collectifs capables de l’interpréter, il est inévitable qu’en l’absence de révolution, l’ère révolutionnaire s’accompagne, comme c’est déjà le cas, d’ une véritable « situation réactionnaire », caractérisée par la tentative de liquider définitivement les vestiges de la démocratie et de l’État-providence. Et c’est peut-être aussi pour cette raison que Lénine considérait l’action dans les phases non révolutionnaires comme particulièrement importante : « Il n’est pas difficile d’être révolutionnaire quand la révolution a déjà éclaté et bat son plein […]. Il est beaucoup plus difficile – et beaucoup plus précieux – de savoir être révolutionnaire quand les conditions d’une lutte directe, ouverte, véritablement de masse, véritablement révolutionnaire ne sont pas encore réunies […] »<sup> 22</sup> .

  1. LA FORCE QUI N’EXISTE PAS ENCORE

L’adoption d’une attitude à la fois interne et externe face à la situation donnée (expression de la « double loyauté » mentionnée plus haut) a caractérisé l’activité de Lénine, surtout après 1914, et a abouti à une analyse lucide du conflit entre les pouvoirs et, en même temps, à une attention tournée vers l’avenir au pouvoir qui n’existait pas encore (et qui, en fait, avait été perdu précisément en août 1914), à savoir le mouvement révolutionnaire de classe.

À cet égard, il convient de noter que, bien que les éléments constitutifs d’un sujet de masse révolutionnaire fussent certainement présents à l’époque de Lénine, d’une manière incomparable à celle d’aujourd’hui, puisqu’il existait une armée prolétarienne métaphorique (le vaste, quoique confus, mouvement socialiste) et une armée réelle (les troupes impérialistes potentiellement insubordonnées), il est tout aussi vrai que, pour Lénine, le sujet politique ne découle en aucun cas linéairement d’une situation factuelle, c’est-à-dire qu’il ne préexiste pas à une politique de classe, mais en est en quelque sorte le résultat : le résultat d’une tactique qui permet à une avant-garde de se mettre à l’écoute des sentiments des masses et d’accompagner pas à pas l’ expérience directe des masses elles-mêmes (condition absolue de « conscience »), en s’habituant aux ralentissements et aux accélérations soudaines que tout cela implique<sup> 22 </sup>. Bien sûr, les « sentiments des masses » dont parlait Lénine étaient déjà une conséquence de la guerre ; Il s’agissait de « sentiments nouveaux et impétueux », de « peur et de désespoir, de haine de l’ennemi (utile seulement à la bourgeoisie), de haine du gouvernement et de la bourgeoisie elle-même » : quelque chose de bien différent de ce mélange d’apathie et de ressentiment sourd qui ronge nos rues. Mais d’un point de vue conceptuel, la question demeure la même : qu’il s’agisse de plaintes, de protestations, de mouvements concrets ou de révoltes, il doit toujours y avoir quelqu’un (un individu ou une alliance d’individus hétérogènes) capable d’indiquer une voie plus novatrice, fondée sur une vision stratégique claire. Qu’on le veuille ou non, et bien qu’une réédition complète des anciennes expériences organisationnelles (si critiquées, mais si regrettées) du mouvement ouvrier soit actuellement impensable, nous en revenons déjà – c’est-à-dire déjà dans une situation clairement non révolutionnaire – à la question du parti. Mais il faudra l’aborder séparément .

  1. EN RÉSUMÉ

En résumé, les idées que Lénine (du moins le Lénine des pages examinées ici) peut offrir à ceux qui souhaitent agir en socialistes dans la révolution antilibérale sont les suivantes :

Ne vous contentez pas de clamer vos idéaux, mais œuvrez à la construction de forces , même hétérogènes, et concentrez-les contre le pouvoir politique en place. Comprenez comment se manifestent concrètement les contradictions fondamentales et, ainsi, diffusez des vérités concrètes que chacun puisse comprendre. Comprenez que, dans toute formation sociale, les problèmes clés peuvent apparaître de manières très différentes et évoluer du jour au lendemain, ce qui exige des changements de tactique et de slogans . Gardez toujours à l’esprit la nécessité d’une rupture socialiste , même lorsque vous vous concentrez sur des objectifs apparemment « modérés » ou « rétrogrades ».

En trois mots : concrétude , agilité et ubiquité. La concrétude , c’est l’adhésion non pas à un socialisme générique, mais à ce qui pourrait/devrait émerger de la réalité spécifique dans laquelle nous évoluons. L’agilité , c’est la capacité de faire évoluer constamment nos méthodes de lutte et nos slogans. L’ubiquité , c’est la volonté d’être partout, c’est-à-dire dans tous les espaces sociaux et dans toutes les dimensions temporelles : dans le présent de l’action immédiate, dans le futur des perspectives d’avenir. Mais la concrétude est clairement le mot-clé : c’est elle qui détermine l’agilité et l’ubiquité , car c’est la réalité de la crise qui exige flexibilité et une attention portée au présent et à l’avenir. Et c’est, en définitive, ce qui nous engage à agir efficacement dans la réalité et la conjoncture spécifiques où nous vivons.

En réalité, il ne suffit pas de soutenir le nouveau monde qui émerge en dehors et contre l’hégémonie occidentale. Ce nouveau monde est la condition préalable à notre libération, laquelle, pour contribuer efficacement à la multipolarité, devra être notre propre œuvre, menée certes avec une grande attention à la dimension géopolitique, mais aussi avec une égale attention aux circonstances et aux modalités de notre évolution (ou de notre régression).

Aux communistes allemands de gauche qui rejetaient le parlementarisme comme étant « historiquement obsolète », Lénine répondit : « Le parlementarisme est “historiquement obsolète” au sens de l’ histoire mondiale ; c’est-à-dire que l’ ère du parlementarisme bourgeois est révolue et que l’ ère de la dictature du prolétariat a commencé . C’est incontestable. Mais à l’échelle de l’histoire mondiale, l’unité de mesure est la décennie. Dix ou vingt ans plus tôt, dix ou vingt ans plus tard, à l’échelle de l’histoire mondiale, cela ne compte pas ; c’est une bagatelle dont on ne peut même pas tenir compte approximativement. Mais c’est précisément pour cette raison que c’est une grave erreur d’utiliser l’échelle de l’histoire mondiale dans les problèmes de la politique pratique . » ²⁶ Le fait que l’hégémonie « à l’échelle de l’histoire mondiale » se déplace progressivement vers l’est ne signifie pas qu’une perspective socialiste se consolide de manière synchrone dans notre pays. Cela dépend. Et c’est dans ce « cela dépend » que réside toute l’approche léniniste ou matérialiste.

Tout ce qui précède, nous le répétons, est précieux pour celles et ceux qui reconnaissent la nécessité d’une rupture socialiste et, par conséquent, d’une transformation radicale du pouvoir d’État. Il y aura sans aucun doute de nombreux débats sur les formes actuelles de cette rupture et de cette transformation. Dans la phase émergente, réforme et révolution ne sont pas nécessairement incompatibles, mais se renforcent mutuellement, et la seule « violence révolutionnaire » acceptable et efficace est assurément celle qui répond, sur la base d’un consensus populaire, à la violation des normes constitutionnelles par autrui. De plus, concernant l’État, nous savons que sa transformation n’est pas équivalente à celle des rapports sociaux, étant donné que les racines du capitalisme dépassent le simple cadre politique ; nous savons qu’aucun pouvoir d’État ne peut gérer les sociétés contemporaines de manière autoritaire sans entretenir de relations avec les organisations sociales autonomes. Enfin, nous savons qu’aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir ne se « saisit », mais, surtout lorsqu’il s’agit du pouvoir des classes subalternes, il se construit sur les ruines des privatisations néolibérales, redéfinissant les structures internes et les relations internationales pour permettre des politiques socialistes, ou en d’autres termes, des politiques populaires. Nous savons tout cela. Mais le savoir ne signifie pas pour autant rejeter, une fois de plus , la question du pouvoir d’État et des ruptures nécessaires à sa transformation – une question qu’il faut aborder aujourd’hui. Lénine ne nous dit pas comment faire, mais il nous dit que nous le devons : reconnaître Lénine, c’est reconnaître la réalité.

  1. POST-SCRIPTUM SUR LA QUESTION NATIONALE

Il est important de noter qu’entre 1914 et 1917, l’impératif de l’analyse concrète a conduit Lénine à défendre la légitimité, voire l’utilité, des luttes nationales-démocratiques et la revendication de l’autodétermination nationale, non seulement dans les colonies, mais aussi dans les pays européens qui, du fait de leur héritage historique et du développement inégal du capitalisme, étaient soumis aux nations capitalistes « centrales » et, de ce fait, se trouvaient dans un rapport d’oppresseur à opprimé . On peut même affirmer que le principe même de l’analyse concrète (avec tout ce qu’il implique) a été, sinon fondé, du moins articulé et affiné précisément dans l’évaluation de la question nationale.

D’une manière générale, selon Lénine, une fois la révolution démocratique accomplie et l’État-nation capitaliste instauré, une guerre nationale était considérée comme impérialiste et la « défense de la patrie » devenait un slogan réactionnaire . Cependant, cette affirmation fut aussitôt contredite par une analyse plus approfondie.

En effet : « L’impérialisme déduit la reconnaissance de la défense de la patrie dans des guerres telles que, par exemple, celles de la Révolution française et de la guerre de Garibaldi en Europe, et le déni de la défense de la patrie dans la guerre impérialiste de 1914-1916, de l’analyse des détails historiques concrets de chaque guerre et nullement d’un « principe général » ou d’un point spécifique du programme . » De cette analyse découle le constat suivant : « Dans les pays avancés (Angleterre, France, Allemagne, etc.), la question nationale est réglée depuis longtemps et l’unité nationale a disparu ; objectivement , les tâches nationales n’existent plus. Par conséquent, seuls ces pays permettent désormais de démanteler les communautés nationales et d’établir des communautés de classes. Le problème se pose différemment dans les pays non avancés […], c’est-à-dire dans toute l’Europe de l’Est et dans toutes les colonies et semi-colonies . » nations dominantes et les nations opprimées , une différenciation fondamentale, essentielle et inévitable à l’ère impérialiste 29 ].

Partant de ce constat, Lénine mena une polémique féroce contre les courants de la gauche social-démocrate qui lui étaient les plus proches, souvent opposés à l’autodétermination des nations. La virulence de cette polémique tenait non seulement à la nécessité de reconnaître l’importance des luttes démocratiques pour l’autoformation du prolétariat, ni même à l’importance de tous les conflits susceptibles d’engendrer une vague révolutionnaire. Pour Lénine, la question de l’autodétermination était également cruciale car elle concernait la Russie elle-même, ou plutôt les nationalités opprimées par l’empire, qui se seraient révoltées contre le prolétariat si celui-ci avait proposé une restauration du centralisme tsariste. Dans ce contexte, le droit à l’autodétermination était considéré comme la condition préalable à une nouvelle unification volontaire : une unification qui, malgré d’innombrables contradictions, a bel et bien eu lieu . <sup> 30 </sup> À cet égard, il serait utile de rappeler à Vladimir Poutine, qui ne manque jamais une occasion de désigner son homonyme comme vaguement responsable de l’indépendance de l’Ukraine, que l’Union soviétique, et ce qu’il en reste dans la Russie actuelle, aurait été beaucoup moins puissante et n’aurait peut-être même pas existé sans la possibilité de l’autodétermination 31 .

Très bien. Mais en quoi ces observations peuvent-elles nous être utiles, à nous qui vivons depuis plus d’un siècle au cœur même du capitalisme européen ?

À mon avis, les thèses de Lénine nous aident au moins à comprendre la résurgence des questions nationales , même dans l’Europe hypercapitaliste et impérialiste d’aujourd’hui, et à interroger le lien actuel entre ces questions et les questions de classe. Certes, la situation est très différente de celle décrite par Lénine : mais c’est précisément parce que le principe du développement inégal a remarquablement bien fonctionné, engendrant un déséquilibre de pouvoir significatif entre les États-Unis et l’Europe, et au sein même de l’Europe, soulevant ainsi, d’une manière inédite, la question du rapport entre la lutte des classes et la reconquête de la souveraineté nationale, même dans les pays capitalistes actuels. Un affrontement entre nations européennes, ou entre certaines d’entre elles et les États-Unis, peut-il raviver la lutte des classes ? Ou bien, la reprise de cette lutte peut-elle aboutir à une politique authentique, autonome et efficace sans soulever une nouvelle question nationale – c’est-à-dire sans poser la question de la reconquête démocratique de la souveraineté nationale comme condition préalable à la construction de relations de coopération internationale, condition sine qua non de la transformation des rapports sociaux internes ?

Or, Lénine, d’une certaine manière, avait pressenti une situation comparable à celle que nous vivons . Dans une conversation avec Rosa Luxemburg, après avoir réaffirmé qu’une guerre nationale pouvait se transformer en guerre impérialiste et vice versa, il poursuivit :

Il est extrêmement improbable que la guerre impérialiste de 1914-1916 se transforme en guerre nationale, car la classe qui représente le progrès est le prolétariat, lequel tend objectivement à transformer cette guerre en guerre civile contre la bourgeoisie ; et aussi parce que les forces des deux coalitions ne sont pas très différentes et que le capital financier international a créé une bourgeoisie réactionnaire partout. Mais on ne peut pas affirmer qu’une telle transformation est impossible : si le prolétariat européen se révélait impuissant pendant encore vingt ans, si la guerre actuelle devait se terminer par des victoires de type napoléonien et la subjugation de toute une série d’États-nations autonomes, si l’impérialisme extra-européen (principalement américain et japonais) devait durer vingt ans sans parvenir au socialisme, par exemple en raison d’une guerre entre le Japon et les États-Unis, alors une guerre nationale majeure en Europe serait possible. Cela impliquerait une régression de plusieurs décennies pour l’Europe. C’est improbable. Mais ce n’est pas impossible, car il serait antidialectique, non scientifique et théoriquement erroné de représenter l’histoire mondiale ainsi. de cette manière. » comme une marche continue et régulière vers l’avant, sans aucun bond gigantesque en arrière 32 ».

L’échec (dans notre pays) de la transformation de la guerre impérialiste de 1914-1945 en une révolution socialiste, une victoire « napoléonienne » des États-Unis sur toute l’Europe et une victoire – quoique partielle – de l’Allemagne dans la réorganisation inégale du capitalisme européen. En bref, un grave déséquilibre des pouvoirs avec pour conséquence une distinction, sinon entre oppresseurs et opprimés, du moins entre gagnants et perdants, au sein même du système capitaliste le plus développé ; un déséquilibre qui constitue également un mécanisme fondamental de reproduction des rapports sociaux par le biais de « contraintes extérieures » atlantistes et pro-européennes. Bien que tout cela soit grandement compliqué par l’interpénétration du capital dans le Vieux Continent et à travers l’Occident, il est clair que notre redécouverte de la dimension nationale en Europe (qu’elle représente ou non un recul par rapport à une supposée linéarité historique), même si elle ne peut – et ne doit pas – être déduite des écrits de Lénine ou de quiconque, n’est pour autant pas incompatible avec l’orientation théorique générale de ce grand révolutionnaire et, à ce titre, « infatigable chercheur ».

Notes

[1] L’impérialisme « triadique », au sens de Samir Amin, est celui qui résulte de l’équilibre (aujourd’hui très instable) entre la superpuissance américaine et ses homologues européenne et japonaise, au détriment du reste du monde : voir Samir Amin, « Pour un monde multipolaire », El Viejo Topo.
[2] Pour une critique détaillée de ces positions, qui ont malheureusement dominé le mouvement altermondialiste et dont nous subissons encore les conséquences aujourd’hui, je vous renvoie à mon article « Occupons Lénine », dans Leo Panitch, Greg Albo et Vivek Chibber, La Question de stratégie , The Socialist Register 2013 , Merlin Press, Wellingborough, 2012, p. 84-97 (une traduction est disponible ici : https://www.controappuntoblog.org/2012/08/07/occupy-lenin-lultimo-saggio-di-mimmo-porcaro/). Sur ce sujet, voir aussi Stefano Calzolari, Mimmo Porcaro, L’invenzione della politica. Movimenti e potere , Punto Rosso, Milan, 2005.

[3]Emiliano Brancaccio, « MomentoLenin:tradebito,dazieguerra », https://www.econopoly.ilsole24ore.com/2025/03/10/momento-lenin-trump-cina-europariarmo/?refresh_ce=1

[4] Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme , Editori Riuniti, Rome, 1970.
[5] Elias Canetti, Pouvoir et survie , Adelphi, Milan, 1974, p. 13.
[6] Un exemple parmi tant d’autres, tiré des textes auxquels nous faisons référence : « La méthode de Marx consiste avant tout à considérer le contenu objectif du processus historique à un moment concret donné, dans une situation donnée, à comprendre avant tout quel mouvement et de quelle nature est la force motrice fondamentale du progrès possible dans une situation concrète. » [6] Lénine, Sous la bannière des autres, dans Œuvres complètes , Editori Riuniti, Rome, 1965-1967 (ci-après OC ), vol. 21, p. 127, italiques ajoutés. Quant à la « vérité concrète », voir les pages toujours pertinentes du troisième chapitre de Que faire ? Problemi scottanti del nostro movimento , de Vittorio Strada, Einaudi, Turin, 1971.
[7] Louis Fischer, Vita di Lenin , Il Saggiatore, Milan, 1967, vol. 1, chap. 1.
[8] Stathis Kouvélakis, Lénine lecteur de Hegel , https://sinistrainrete.info/marxismo/8398-stathis-kouvelakis-lenin-lettore-di-hegel.html.
[9] Lénine, Quaderni Filosofici , avec une introduction sur « Il marxismo e Hegel » de Lucio Colletti, Feltrinelli, Milan, 1970 ; voir aussi l’édition la plus récente PiGreco, Milan, 2021, avec introduction de Roberto Fineschi.
[10] Id., Materialismo ed empiriocriticismo , Editori Riuniti, Rome, 1973.
[11] Ibid , pp. 85-90, 112-113, 130-133 et passim.
[12] Id., Autour d’une caricature du marxisme et de tout « économisme impérialiste », OC, vol. 23, p. 34.
[13] Id., Sotto la bandiera altrui, OC, vol. 21, p. 129.
[14] Id., À propos du « Programma di pace », OC, vol. 22, pages 167-8.
[15] Id., Sulla Pace Separata, OC, vol . 23, p. 129.
[16] « La révolution socialiste n’est pas un acte isolé, une bataille isolée sur un seul front, mais toute une époque de conflits de classes aigus, une longue série de batailles sur tous les fronts, c’est-à-dire sur toutes les questions économiques et politiques, batailles qui ne peuvent se terminer que par l’expropriation de la bourgeoisie. » (Ibid., La rivoluzione socialista e l’autodecisione , OC , vol. 22, p. 148).
[17] (Ibid., Sulla parola d’ordine degli Stati uniti d’Europa, OC, vol. 21, p. 311-312).
[18] (Ibid., Il fallimento della II Internazionale), OC, vol.21, p.191.
[19] Idem, p. 192. Une définition similaire et mieux connue se trouve dans un ouvrage post-révolutionnaire important, L’estremismo, malattia infantile del comunismo , Editori Riuniti, Rome, 1970, p. 137, et précisé plus en détail à la p. 152.
[20] Id., Quaderni filosofici , cit., pp. 149-155, 169, 173.
[21] Id., Lettere da lontano , OC , vol. 23, pp. 299-331, en particulier p. 304. Ce texte figure parmi les sources d’un essai autrefois célèbre (et qu’il convient de reconsidérer) dans lequel Althusser posait théoriquement le problème, « pratiquement » résolu par Lénine, du rapport entre la contradiction fondamentale et ses conditions concrètes d’efficacité : Louis Althusser, Contraddizione e surdeterminazione , dans Per Marx , Editori Riuniti, Rome, 1974, p. 69-107.
[22] Ibid., L’estremismo , op. cit., p. 155.
[23] « Il faut comprendre […] que l’on ne peut gagner sans avoir appris la science de l’offensive et la science de la retraite. », Ibidem , p. 18.
[24] Ibid., La sconfitta del proprio government nella guerra imperialistica, OC, vol . 21, p. 253.
[25]Une contribution, quoique datée, à cette discussion peut être mon Machiavel 2017. Tra partito connettivo e partito Strategico , https://contropiano.org/documenti/2017/04/07/machiavelli-2017-partito-connettivo-partito-strategico-090665.
[26] Lénine, L’estremismo , cit . pp. 81-82, le dernier corsivo, c’est nous.
[27] Id., La rivoluzione socialiste e l’autodecisione, OC , vol.22, p. 152, corsivi nostri.
[28] Id. Autour d’une caricature du marxisme, cit. , p. 57, corsivi nostri.
[29] Id., La rivoluzione socialiste e l’autodecisione , cit., pp. 151-3, corsivi nostri.
[30] Edward H. Carr, La rivoluzione bolscevica, 1917-1923 , Einaudi, Turin, 1964, capp. XI et XII.
[31] Ibid, p. 364-367.
[32] Lénine, A proposito dell’opuscolo di Junius , OC, 22, 309-9.

Source : The Fionda

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