Voilà qui est dit clairement une fois de plus : sans la trahison de minables petits apparatchiks comme Eltsine et Gorbatchev, comme l’affirmait la CIA, jamais l’URSS n’aurait été vaincue… Eh bien, que l’on se rassure nous avons les mêmes en occident, ce sont mêmes les seuls aptes à assurer la pérennité d’un pareil système, aussi vermoulu, aussi autodestructeur. Mais l’eurocommunisme, qui allait harmonieusement avec le gorbatchévisme, a développé une telle bande de sectaires et d’opportunistes que l’on voit mal ce qui peut en sortir d’autre que le fascisme… Des politiciens, totalement les uns et les autres inféodés à l’impérialisme, capables par leur aptitude à l’étroitesse et aux divisions clientélistes comme aux compromis sans perspective, à demeurer là, vissés à leur convictions vénales ou non, à savoir une admiration sans borne pour le système qu’ils feignent de combattre, une ignorance et une vulgarité qui « fait peuple », un moralisme hypocrite et caricatural qui déshonore les meilleures causes. Le miracle est que dans de telles conditions il demeure et pas seulement en Russie des partis communistes. La question est de savoir ce que l’on peut en attendre et il est indispensable de faire la critique de la trahison dans cette perspective, ce qu’il est possible et nécessaire de construire, autrement c’est une rumination de plus. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)
L’Occident voit dans la Russie « une URSS 2.0 ». Et nous ?
Texte : Valery Badov
Les fondements de notre État actuel et les bases de notre économie répondent-ils pleinement à la vocation et à la destinée de la Grande Russie dans un monde multipolaire ?
« Il n’y a aucun espoir avant quarante ans ! » disait à l’époque le directeur de la CIA Casey au président Reagan à propos des chances réalistes des États-Unis de vaincre l’URSS. C’est ce qu’a déclaré Steve Bannon, conseiller de Donald Trump, dans une interview au journal « Le Figaro ».
Les Anglo-Saxons ont été « sauvés » par un minable petit-bourgeois couronné, le secrétaire général crypto-occidentaliste Gorbatchev. Sans un seul coup de feu (fait sans précédent dans l’histoire), la trahison des dirigeants de hasard a offert une victoire à l’Occident.
La signature de l’acte illégal de « dissolution » de l’Union soviétique par trois misérables conspirateurs dans la forêt de Bélovej a bouleversé l’ordre mondial. La nullité juridique de l’acte de création de la CEI a ouvert les portes de l’enfer géostratégique pour de nombreux pays d’Eurasie.
Les trois « souverains » et leur plèbe n’avaient pas conscience de l’ampleur homérique de leur méfait lorsqu’ils ont annoncé depuis la forêt, « sur ordre », à George Bush père la dissolution de l’URSS.
La communauté historique, le peuple soviétique, a été contrainte de manière inconcevable par les usurpateurs à se transformer en on ne sait quoi : les sujets d’États supposément indépendants sous le nom de CEI. Initialement instable, éphémère, détestée par les conspirateurs-fondateurs eux-mêmes, la confédération des ethnocraties s’est effondrée dans les premières semaines qui ont suivi les parades des « souverainetés » à Kiev et à Moscou.
Sous Eltsine, le nouveau Ugryum-Burcheev [personnage de l’Histoire d’une ville, roman satirique de Saltykov-Chtchedrine, NdT], le pouvoir ne se souciait pas de « subjectivité ». Le vice-président Routskoï, seul comme un doigt, s’est rebellé contre le statut « honorable » de la Russie « démocratique » — vassale de l’Amérique — en publiant dans les Izvestia un pamphlet accusateur intitulé « La communion chez McDonald’s ».
La rage anti-étatique, la dépravation des Stavroguine (cf. Les Démons de Dostoïevski) sous les traits de « occidentalisateurs », qui, sans aucune jugeote, avaient entrepris, à la manière de Chtchédrine, de « construire l’Amérique à Tetyushki », transperçaient de part en part les constructions « institutionnelles » improvisées des jeunes réformateurs. L’intention cachée de construire des institutions « démocratiques » de paille pour remplacer les institutions fondamentales, « totalitaires », était la dénationalisation de l’Empire russe reconstruit sous les traits d’une superpuissance : l’Union soviétique. Le désir séculaire des Anglo-Saxons se réalisait. « Tout cela avait été imaginé par Churchill en 1918 !… » (Vladimir Vysotski).
Sir Winston, avec sa poigne de fer, désespérait : il voyait avec son œil, mais ne pouvait mordre ! Le plan insensé de Churchill, pendant l’été paisible de 1945, dans une Europe libérée du nazisme, s’appelait « l’impensable ».
Une cinquantaine de divisions anglo-saxonnes, en marche avec les unités de la Wehrmacht allemande qui avaient conservé leur capacité de combat après la capitulation, devaient attaquer les troupes de l’ancien allié, l’URSS. Les commandants américains et britanniques ne se sont pas laissés entraîner dans l’aventure de Malbrough et Downing Street.
Hélas, « l’impensable » s’est bel et bien produit lorsque la superpuissance soviétique a atteint son apogée économique et militaire au tournant des années 70-80.
La queue de la nomenclature du Parti, les « enfants de l’Arbat » : de faux démocrates, une bande de nationalistes venus des confins de l’empire, des personnages de l’ombre, une bande de « siloviki » qui avaient changé de camp, se sont mis d’accord pour ouvrir les portes de Spassky [la Tour du sauveur au Kremlin, NdT] à l’ennemi. Le nouveau venu Grisha Otrepiev [un imposteur du Temps des Troubles, NdT], « Eltsine le défroqué » dans la morosité des années 90, sévissait dans les palais du Kremlin.
Le « secrétaire d’État » Bourbulis, ancien comptable du communisme scientifique originaire de Nizhny Taguil, ressemblait à un sorcier pratiquant une doctrine selon laquelle tous les États-nations existant sur terre devaient être… abolis. Calife pour une heure, Bourbulis osa surpasser son maître. Aux États-Unis, comme par le passé, on continuait à exalter le statut impérial de la Cité brillante sur la colline. La Pax Americana, disait-on, était l’ordre mondial parfait.
Les « Césars en vestes démocratiques », comme on surnommait les néoconservateurs, régnaient en maîtres au département d’État. Le camarade de classe du président Clinton, Strobe Talbott, vice-chef du département d’État, était un globaliste accompli. Il reprenait ouvertement les propos de Jacques Attali, gourou de cette doctrine, selon lesquels les États-nations sont une institution éphémère sur la voie d’un monde sans frontières, sans souverainetés et sans patries. Le Finintern [Internationale de la Finance, NdT et les sociétés transnationales (STN) deviendraient les « bergers » des peuples.
Strobe Talbott était le « curateur » sévère des acolytes d’Eltsine, qui s’efforçaient de castrer la perverse souveraineté des Moscovites. Dans ses mémoires, il a décrit sans fard comment il a facilement, « paternellement », tiré les ficelles de Bourbouline et Kozyrev.
Aujourd’hui, la dénationalisation de tout et de tous est la pierre angulaire de l’idéologie mondialiste de l’Union européenne. L’apparence insignifiante du social-démocrate Scholz, de l’analphabète Berbock, du fasciste invétéré Borrell et de l’imbécile Kallas n’est pas une grimace fortuite, mais l’incarnation de la dégénérescence de la démocratie occidentale.
Le spectre de la « dénationalisation » délibérée de la Russie a perduré jusqu’à la faillite financière et morale du yeltsinisme, le défaut de paiement de 1998. Et le revirement symbolique au-dessus de l’Atlantique de l’avion du chef du gouvernement Evgueni Primakov en signe de protestation contre le début des bombardements de la Yougoslavie par les forces aériennes des pays de l’OTAN. Le changement de garde au Kremlin en 2000 et la fin de l’ère Eltsine étaient inévitables.
Aujourd’hui, deux forces s’affrontent en Europe de l’Est : la Russie, défenseur résolu du Donbass russe, de la Novorossiya historique, et l’armée nazie de Bandera, proxy de l’OTAN. Les « chars » de combat de « l’Occident collectif » se sont avancés vers la frontière à Narva en Estonie, au lac Peïk, à Vyborg… Et c’est ainsi que les choses ont tourné dans ce nouveau conflit entre des civilisations qui, à l’origine, étaient étrangères l’une à l’autre, tant dans leurs pensées, leur vision géopolitique, leurs amis que leurs ennemis. La Russie est le prototype de l’URSS 2.0. Le chef de l’a NATO’OTAN, Rutte, appelle passionnément les Atlantistes à rester vigilants et à empêcher la renaissance de la grande puissance moscovite.
Cependant, les stigmates des années 90 « sans État » ne sont pas complètement effacés. L’ancien régime a légué un coefficient de Gini (rapport entre les revenus des classes supérieures et inférieures de la société) tout à fait intolérable, sans équivalent dans les pays qui se trouvent au même niveau de développement économique que la Russie. Et pour couronner le tout, l’absence tacite mais réelle d’un contrat social, due au nihilisme juridique et au manque de développement de l’instinct étatique dans les esprits, aux actions et aspirations des « dix mille plus riches ».
Views: 56



