Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le Hamas accepte de libérer des otages, mais rejette le poste de gouverneur étranger de Gaza

La guerre au Proche Orient épuise non seulement le peuple palestinien, affamé et bombardé à Gaza, isolé et colonisé en Cisjordanie, mais également l’ensemble des acteurs. La capacité, tant politique qu’économique d’une économie US en crise et menacée de dépassement irrattrapable par la Chine à soutenir les conflits multiples dans lesquels son hégémonisme et son militarisme l’ont engagée atteint aussi ses limites. Les tentatives de Trump de déléguer le conflit contre la Russie à l’UE ne fonctionnent … que sur le papier. Sur le papier, en effet, l’UE s’est engagée, elle va payer les 1350 milliards d’achats d’énergie et d’investissements aux USA, elle va payer en sus les 15 % de droits de douanes et les constants achats d’armes pour le pouvoir nationaliste de Kiev. Mais en pratique, on n’est pas capable de faire grand chose. Les drones inconnus survolent les aéroports européens et personne n’ose ou n’est capable de dire et surtout de prouver d’où ils viennent. Le fameux pétrolier russe, arraisonné à grand bruit médiatique par les forces spéciales françaises a repris la mer librement avec son commandant. La transformation du « ministère de la défense » en « ministère de la guerre » et le discours – très médiatique lui aussi de Peter Hegseth, désormais donc « secrétaire d’état à la Guerre » mettant en cause les femmes, les minorités sexuelles et l’obésité des soldats et des généraux US dans le déclassement de l’armée des USA ne sont pas davantage convaincants. C’est plutôt l’obésité du complexe militaro-industriel que Peter Hegseth aurait dû évoquer. Les USA ont un budget militaire supérieur aux budgets réunis des 10 autres pays les plus dépensiers dans le monde. Mais le seul domaine dans lequel les armements états-uniens semblent imbattables, c’est leur coût faramineux, pour une efficacité qui ne semble pas atteindre le stade du « game changer » (l’armement qui change la donne sur le terrain) tant vanté. Donald Trump a répété pendant des semaines que le bombardement états-unien contre les sites nucléaires iraniens avait « oblitéré le programme nucléaire iranien » sans convaincre personne. On pourrait multiplier les exemples. Dans ce mouvement général d’épuisement, la politique reprend le dessus et les options s’ouvrent, le débat international change de nature. L’isolement d’Israël ne cesse de s’accroître. La reconnaissance par certains pays européens de l’état Palestinien n’a relâché qu’un temps la pression populaire. Chacun conçoit que cette reconnaissance n’apporte pas en elle-même de solution. Comme à son habitude, Trump joue de sa puissance médiatique pour « récupérer » à son profit politique cette situation et se présenter comme un faiseur de paix. Mais, comme l’ont montré les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine, l’enjeu est la dynamique des rapports de forces et non les prétendus « talents de négociateur ». Même Netanyahu et Trump sont amenés progressivement à le reconnaître, le monde ne peut plus être gouverné comme avant, comme au temps où un pays, un groupe de pays hégémoniques dictaient ce que devait être l’opinion de la « communauté internationale ». Que cela prenne la forme de parties de poker menteur, de cessez-le-feu signés puis violés, de déclarations sans lendemain et de positions affichées en décalage complet avec la pratique ne change pas la réalité. Le fait est que la tentative israélienne, en septembre, de briser les négociations en bombardant la délégation du Hamas sur le territoire du Qatar a lamentablement échoué et qu’il fallut donc reprendre les négociations d’un plan de paix dont les lignes sont celles du cessez-le-feu signé l’an passé puis rompu, qui devait déjà, à sa troisième étape, permettre la libération des otages. (note de Franck Marsal pour Histoire&Société)

Le président américain Donald Trump a salué la déclaration et a exigé qu’Israël cesse « immédiatement » de bombarder Gaza

04/10/2025

Par Yasmine El-Sabawi à Washington
3 octobre 2025

Le Hamas a accepté de libérer tous les prisonniers israéliens détenus à Gaza vendredi, après ce qu’il a décrit comme des « consultations approfondies » avec les dirigeants, les factions palestiniennes et les médiateurs

L’annonce intervient quelques heures seulement après que le président américain Donald Trump a averti sur son compte TruthSocial que le Hamas devrait « LIBÉRER LES OTAGES, TOUS, Y COMPRIS LES CORPS DE CEUX QUI SONT MORTS, MAINTENANT ! Un accord doit être conclu avec le Hamas d’ici dimanche soir à 18 heures, heure de Washington.

Il survient également cinq jours après que Trump a annoncé son plan en 20 points pour Gaza aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

« Le mouvement annonce son accord pour libérer tous les prisonniers israéliens, vivants et morts, selon la formule d’échange contenue dans la proposition du président Trump, à condition que les conditions sur le terrain pour l’échange soient remplies », a déclaré le Hamas dans un communiqué.

Dans ce contexte, le mouvement affirme qu’il est prêt à entamer immédiatement des négociations par l’intermédiaire des médiateurs pour discuter des détails de cette affaire. Le mouvement renouvelle également son accord de remettre l’administration de la bande de Gaza à un corps palestinien d’indépendants (technocrates), sur la base du consensus national palestinien et du soutien arabe et islamique », a ajouté le groupe.

Trump, sur son compte TruthSocial, a répondu en exigeant qu’Israël cesse immédiatement de bombarder Gaza afin que les captifs puissent être livrés en toute sécurité.

« Sur la base de la déclaration qui vient d’être publiée par le Hamas, je crois qu’ils sont prêts pour une paix durable. Israël doit immédiatement cesser les bombardements de Gaza, afin que nous puissions faire sortir les otages en toute sécurité et rapidement ! a écrit Trump.

« À l’heure actuelle, c’est beaucoup trop dangereux de faire ça. Nous sommes déjà en discussion sur les détails à régler. Il ne s’agit pas seulement de Gaza, il s’agit de la paix au Moyen-Orient », a-t-il déclaré.

La réponse de Trump a pris le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par surprise, a rapporté le correspondant à Washington de la Douzième chaîne, Barak Ravid, citant un haut responsable israélien.

Points à négocier

Le Hamas n’a pas déclaré qu’il était d’accord avec le plan complet en 20 points tel qu’il a été présenté et, au cours de la semaine écoulée, a déclaré à plusieurs reprises qu’il devait négocier un certain nombre de points supplémentaires.

L’un d’entre eux est la revendication d’une Gaza démilitarisée.

Un responsable du Hamas, Mousa Abu Marzouk, a déclaré à Al Jazeera que le groupe ne désarmerait pas avant la fin de l’occupation israélienne.

« Les autres questions mentionnées dans la proposition du président Trump concernant l’avenir de la bande de Gaza et les droits inhérents du peuple palestinien sont liées à une position nationale globale basée sur les lois et résolutions internationales pertinentes, et sont discutées dans un cadre national », a déclaré le communiqué du Hamas.

Un haut représentant du Hamas à Doha, Osama Hamdan, a déclaré à la chaîne de télévision Al Araby que le Hamas n’accepterait pas le poste de gouverneur étranger de l’enclave et qu’elle devait être dirigée par des Palestiniens, même de manière transitoire.

Un thème dominant du plan en 20 points implique une équipe de milliardaires et de personnalités sionistes de premier plan dirigée par Tony Blair.

Trump a également publié la déclaration officielle du Hamas à ce sujet sur son compte TruthSocial. C’est la première fois qu’un président américain présente au public américain le texte intégral de la correspondance du Hamas.

L’attachée de presse de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a également partagé une photo de Trump dans le bureau ovale, semblant prononcer des remarques devant une caméra, affirmant qu’il répondait à « l’acceptation » par le Hamas de son « plan de paix ».

Le plan proposé par Trump

Le plan en 20 points proposé par Trump donne la priorité générale à la définition par Israël de la situation à Gaza et à ses préoccupations déclarées en matière de sécurité, en commençant par le point 1, qui dit que « Gaza sera une zone déradicalisée et exempte de terrorisme qui ne constitue pas une menace pour ses voisins ».

Le plan a été largement critiqué comme étant une « pensée coloniale » pour avoir tenté de céder le sort du peuple palestinien à des intérêts étrangers.

Le plan proposait que Gaza soit réaménagée pour le « bénéfice » de la population de Gaza « qui a plus qu’assez souffert ». L’aide totale reprendrait immédiatement après l’acceptation de l’accord par toutes les parties, mais met en garde la déclaration en disant qu’« au minimum, les quantités d’aide seront conformes à ce qui a été inclus dans l’accord du 19 janvier 2025 ».

Il ajoute que le passage de Rafah serait également ouvert dans les deux sens, conformément au même mécanisme que celui décrit dans l’accord de janvier.

Le point le plus pertinent de l’accord est qu’il mettrait effectivement fin au rôle de la Fondation humanitaire pour Gaza, controversée et scandaleuse, et donnerait la responsabilité de distribuer de l’aide aux Nations Unies et à ses agences, ainsi qu’à la Croix-Rouge et à d’autres institutions internationales « qui ne sont associées de quelque manière que ce soit à l’une ou l’autre des parties ».

Le plan pivote ensuite vers la Gaza d’après-guerre et un « Conseil de paix » qui aurait la supervision du gouvernement technocratique de transition temporaire en place. Le Hamas a accepté un gouvernement de transition, mais qui découle d’un consensus palestinien. Il a catégoriquement rejeté le poste de gouverneur étranger de Gaza et le désarmement avant la fin de l’occupation.

Le plan vante ensuite un « plan de développement économique de Trump » pour revitaliser Gaza, qui présente de nombreux parallèles avec le plan « Riviera » de Gaza que Trump avait initialement proposé.

Mais contrairement à ce plan initial, il stipule que « personne ne sera forcé de quitter Gaza » et que si quelqu’un le fait, il sera libre d’y retourner ».

Le plan envisage une « Force internationale de stabilisation » (FSI) qui serait mise en place en tandem avec des « partenaires arabes et internationaux » et qui serait chargée d’établir le contrôle et la stabilité dans l’enclave, à l’instar des plans antérieurs évoqués d’une force arabe ou régionale de « maintien de la paix ».

Le plan déclare catégoriquement qu’« Israël n’occupera pas ou n’annexera pas Gaza », mais il laisse la fenêtre ouverte à beaucoup d’interprétations et met la balle dans le camp d’Israël pour se retirer de la bande de Gaza. Il indique qu’Israël retirera ses troupes sur la base de « normes, d’étapes et de calendriers liés à la démilitarisation » que les forces israéliennes, les FSI, les garants et les États-Unis acceptent.

Il ajoute que les forces israéliennes « remettraient progressivement le territoire qu’elles occupent » aux FSI conformément à un accord avec le gouvernement de transition, « à l’exception d’une présence du périmètre de sécurité qui restera jusqu’à ce que Gaza soit correctement protégée de toute menace terroriste résurgente ».

Trump a tenu à souligner que, lors de leur rencontre, Netanyahu était fermement opposé à la création d’un État palestinien.

Le point 18 du plan publié souligne qu’après le réaménagement de Gaza et la réforme de l’Autorité palestinienne, « les conditions pourraient enfin être réunies pour une voie crédible vers l’autodétermination palestinienne et un État, que nous reconnaissons comme l’aspiration du peuple palestinien ».

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