Hier Franck nous a présenté l’originalité et la force du cinéma cubain, il me semble indispensable de faire percevoir, y compris par cette photo d’une salle mobilisée autour de la culture, dans une période de lutte intense dans laquelle les dirigeants ont repris la tenue militaire, à quel point l’image peut être « dialectique » quand elle dit l’histoire, l’épopée. A ce titre il me souvient de ce moment où malgré la chute de l’URSS, la débâcle partout au sein des partis communistes de l’eurocommunisme, le repli des forces progressistes, la trahison de la « gauche », la fin du mouvement ouvrier assumée par des dirigeants pusillanimes, Fidel Castro et le peuple cubain ont choisi de résister. Il y a eu, dans cette période spéciale où l’on crevait de faim et le ventre vide on faisait des kilomètres à pied pour être au travail, ce qu’on ignore souvent un grand débat national, dans les entreprises, dans les quartiers. Cela n’avait rien de formel et le peuple cubain n’est pas facile à endormir avec des paroles. Ce n’était pas rien, j’ai assisté à ces débats exigeants, ces rassemblements dans les quartiers. Il en ressorti du concret : puisque l’on ne pouvait pas tout conserver il fallait privilégier la santé et l’éducation. Certes c’était le choix des besoins basiques du peuple, de ses enfants, mais aussi l’avenir et à son niveau le plus pointu possible ce qui impliquait des centres de recherche et de culture. Le cinéma, grâce à Abel Prieto alors ministre de la culture, ne fut pas abandonné pas plus que le festival autour du livre et il resta ce que la Révolution en avait fait, une exigence artistique des équipes de réalisation, et un lieu national de débat démocratique et d’ouverture sur l’international en particulier vers d’autres pays du sud. Apparaissait alors ce « monde bolivarien » qui trouva dans le peuple frère vénézuélien, Chavez, un compagnon privilégié. Là aussi le débat permanent du dirigeant avec son peuple s’appuyait sur une stratégie pour l’indépendance pétrolière qu’il paya probablement de sa vie. Il rencontra Poutine dans ce combat, l’OPEP… des gens pas toujours fréquentables… C’est dire si à Cuba, le cinéma ne fait pas du cinéma mais est une agora. C’est là un des secrets de la projection en salle que cette agora, ces frémissements du public ou l’art et la manière de joindre la sensibilité d’un moment à la compréhension d’une époque, l’épopée… . (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
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En ce moment même, le cinéma Yara est plein à craquer pour assister à la présentation spéciale du dernier film de Cubacine ICAIC, « Cinco Historias de Amor y un Bolerón Desesperado », du réalisateur Arturo Santana.
Une très bonne énergie se dégage parmi les nombreux acteurs, techniciens et producteurs qui montent sur scène pour remercier les spectateurs de leur présence, dans cette aventure du samedi qui consiste à voir pour la première fois sur grand écran notre film, produit par l’ICAIC et la société de production audiovisuelle « i4 Films ».
C’est ainsi que débute la première projection cinématographique de notre 1er Festival et Concours national du film… Nous avons déjà reçu plus de quinze productions audiovisuelles inscrites la semaine dernière pour concourir dans plusieurs des catégories annoncées pour les Prix « Titón »
Le cinéma de Villa Clara attend ensuite la deuxième projection spéciale du film de Santana, et le cinéma Pinar del Río annonce la sienne le 13 décembre au cinéma Praga pour « Mijaín », de Rolando Almirante, Ángel Alderete et Hector Villar.
Le corojo se brise à nouveau !
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