L’attaque américaine au Nigéria, en violation du droit international, révèle le plan criminel de Trump pour dominer le monde. Elle vise à provoquer une crise totale pour déclencher un conflit généralisé. Vers une guerre systémique : l’impérialisme pirate frappe à nouveau. (Éditorial de Luciano Vasapollo) Lénine parlait d’un capitalisme « rentier » celui-ci est devenu « pirate »: Les pays du Nord ne disposent plus de capitaux industriels excédentaires à investir : ils doivent les acquérir, les arracher et les absorber. À l’instar des anciens pirates des mers, qui « attaquaient non pas les navires chargés de marchandises, mais les coffres d’or des corsaires, systématisés plus tard par l’Empire espagnol dans une accumulation primitive », le nouveau pirate d’aujourd’hui ne pille pas les biens : il pille le capital productif, des pays entiers, les sous-sols et la souveraineté. » et il existe comme le signalait Lénine une « aristocratie » ouvrière qui a accepté de partager « la rente » et qui aujourd’hui irait bien jusqu’à fermer les yeux sur le pillage en ne protestant que sur la faible part réservée aux rameurs locaux et allant même jusqu’à les diviser pour s’assurer des « postes ». (traduction de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
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26 décembre 2025

L’attaque américaine au Nigéria, présentée par l’administration Trump comme une opération antiterroriste, doit être interprétée pour ce qu’elle est réellement : un acte de guerre unilatéral, commis hors de tout cadre multilatéral, en violation flagrante du droit international et de tous les principes éthiques, politiques et même de bon sens. Les États-Unis, une fois de plus, se posent en gendarme du monde, se substituant instrumentalement aux Nations Unies et instrumentalisant le prétexte sécuritaire – la lutte contre Daech et la défense des communautés chrétiennes – pour servir leurs véritables desseins : l’exploitation des ressources, le contrôle géopolitique et l’expansion de leur influence militaire dans un pays qui possède l’un des plus importants gisements énergétiques du continent africain.
Nous sommes entrés dans la phase que j’ai définie dans mon précédent éditorial comme un impérialisme pirate : non pas un impérialisme qui exporte des capitaux vers les marchés en développement, mais un système prédateur qui les importe, les capte et les exproprie, incapable de régénérer en interne des capitaux d’investissement productifs. Les pays du Nord ne disposent plus de capitaux industriels excédentaires à investir : ils doivent les acquérir, les arracher et les absorber. À l’instar des anciens pirates des mers, qui « attaquaient non pas les navires chargés de marchandises, mais les coffres d’or des corsaires, systématisés plus tard par l’Empire espagnol dans une accumulation primitive », le nouveau pirate d’aujourd’hui ne pille pas les biens : il pille le capital productif, des pays entiers, les sous-sols et la souveraineté.
Le capitalisme n’est pas mort : sa forme a changé et sa crise n’est pas conjoncturelle, mais systémique. Nous assistons à la superposition de deux tendances : la surproduction et la suraccumulation. La masse des profits augmente, mais le taux de profit diminue. Ceci contraint le système à exiger des investissements réels, non financiers, toujours plus importants pour soutenir l’accumulation productive interne. Or, ces investissements font défaut car le mode de production capitaliste est dans une impasse : il accumule des profits, mais pas de capital d’investissement. Et lorsque le capital productif est rare, la finance devient un parasite, et non un moteur de croissance.
De l’effondrement des accords de Bretton Woods au premier choc pétrolier de 1972-1973, en passant par les crises de 2007-2008, l’impérialisme a tenté d’apaiser ses souffrances par des palliatifs : financiarisation, néolibéralisme, rentes immobilières, intérêts particuliers, économie verte et fausse économie verte. « Mais quand aucun palliatif ne fonctionne, il ne reste que l’économie de guerre : militarisme, guerre, police mondiale armée. » C’est dans ce contexte que s’inscrit l’attaque au Nigéria : non pas un incident isolé, mais un mécanisme systémique.
Trump n’agit pas pour contenir l’extrémisme : il agit pour l’exploiter. C’est la première fois de l’histoire que les États-Unis tentent véritablement d’incarner leur rôle unique de gendarme du monde sans contrôle. Pourquoi une première ? Parce que « tant que l’Union soviétique existait, personne ne pouvait se poser seul en gendarme du monde : l’opposition entre deux puissances créait un équilibre, même imposé ». Même après 1989, les États-Unis ont dû jouer un rôle de médiateur, confrontés à l’émergence du pôle européen, à la montée en puissance de la Chine, de la Russie et des puissances régionales non alignées.
Aujourd’hui, pourtant, l’administration Trump « mène une guerre contre tous : contre l’Union européenne à propos des droits de douane, contre la Chine et la Russie dans le cadre des rapports de force, contre l’Amérique latine, qu’elle considère comme sa zone d’influence, et contre le Venezuela, déjà victime d’attaques hybrides et militaires ». Elle soutient les coups d’État, les gouvernements d’extrême droite, les groupes fascistes et pro-nazis : Argentine, Honduras, tentatives de coup d’État partout où elle peut tirer profit de la situation. Et lorsqu’on évoque le terrorisme sioniste, on l’accuse d’antisémitisme, tout en tentant une médiation avec Israël pour s’emparer des ressources du Moyen-Orient. Une contradiction qui n’est qu’apparente : la seule cohérence réside dans la prédation.
Où sont les fonctions de l’ONU pour contrôler les conflits religieux au Nigéria ? Où sont les organisations internationales chargées de lutter contre le trafic de drogue ? Dépouillées de leurs pouvoirs. Remplacées. De simples instruments au service d’un impérialisme pirate. C’est le signe d’une crise totale : une puissance qui n’apporte aucune solution, mais absorbe, occupe et militarise.
Et ici, la question éthique des armes n’est pas secondaire : elle est centrale. Car les armes ne favorisent pas la paix, elles favorisent la guerre. Les arsenaux n’empêchent pas les conflits : ils les rendent possibles. L’industrie du Nord n’a pas disparu ; elle s’est restructurée en industrie de guerre. Les bombes ne sont pas la solution à la crise : elles sont le symptôme de la crise elle-même.
Il n’existe plus de zone d’alliance compacte. L’OTAN est une couverture que chacun tire de son côté. Il n’y a plus d’axe euro-atlantique unifié. Il y a des concurrents, non des alliés. Des prédateurs, non des médiateurs. Des pirates, non des gendarmes.
C’est pourquoi l’attaque au Nigéria est inacceptable. Juridiquement inacceptable, car elle viole le droit international. Politiquement inacceptable, car elle ouvre la voie à un monde de police mondiale armée. Éthiquement inacceptable, car elle détruit le fondement de toute communauté humaine : la reconnaissance d’autrui comme un être humain, et non comme une cible.
Une crise systémique ne se résout pas par une guerre systémique. La guerre totale n’instaure pas l’ordre : elle ne fait qu’engendrer davantage de guerres, de crises et de exactions. Car la guerre peut dévaster le monde, mais elle ne pourra jamais le sauver.
Luciano Vasapollo
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