Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La Pologne refuse de remettre à l’Allemagne un suspect ukrainien dans l’affaire Nord Stream, affirme Donald Tusk

La destruction des gazoducs NordStream, copropriétés de la Russie, est intervenue au début de la guerre russo-ukrainienne, après des années de bataille juridique et politique pour empêcher leur construction puis interdire leur mise en service (notamment le second tube, NordStream 2). Dans son discours de Valdaï (que nous publions aujourd’hui également), le président russe, Vladimir Poutine rappelle que l’URSS (en 1955) puis la Russie (en 2005) ont proposé leur adhésion à l’OTAN, en vue d’établir une sécurité collective en Europe. Cette proposition a été refusée à chaque fois. Les gazoducs NordStream constituaient, eux, la tentative d’établir un commerce stratégique favorable aux deux parties, la Russie et l’Europe. L’Europe a besoin d’énergie à bon marché et la Russie a besoin de vendre son gaz. La crise de l’industrie européenne de ces dernières années, les hausses des prix de l’énergie (pour lesquels l’hiver est annoncé comme « difficile ») confirment chaque jour que ce commerce était bien l’intérêt de l’Europe. Mais ce commerce avait des ennemis : d’abord les USA, qui voyait là s’éloigner un marché prometteur pour leur coûteux gaz de schiste, ensuite l’Ukraine et la Pologne qui percevaient, par les transits classiques, d’énormes royalties sur ce commerce et avaient en quelque sorte la main sur le robinet, leur permettant d’exercer un chantage politique constant vis à vis de l’UE. En refusant l’extradition de l’accusé ukrainien, avec les mots tout à fait clairs du premier ministre pro-UE Donald Tusk, la Pologne confirme que, derrière la détérioration des relations entre la Russie et l’UE se cachent des intérêts capitalistes égoïstes qui alimentent encore la perspective de la guerre généralisée. (note de Franck Marsal pour Histoire&Société)

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a déclaré mardi qu’il n’était pas dans l’intérêt de la Pologne de remettre à l’Allemagne un ressortissant ukrainien recherché pour son implication présumée dans les explosions ayant endommagé les gazoducs Nord Stream.

Donald Tusk a précisé que la décision finale concernant l’extradition de Volodymyr Z., arrêté près de Varsovie à la fin du mois de septembre, revenait à la justice. Il a toutefois réaffirmé l’opposition historique de la Pologne aux gazoducs Nord Stream, que Varsovie considère comme ayant rendu l’Europe trop dépendante de l’énergie russe.

« Le problème de l’Europe, le problème de l’Ukraine, le problème de la Lituanie et de la Pologne n’est pas que Nord Stream 2 ait été détruit, mais qu’il ait été construit », a déclaré Donald Tusk lors d’une conférence de presse.

« Il n’est certainement pas dans l’intérêt de la Pologne… de remettre ce citoyen à un pays étranger », a-t-il ajouté.

Les autorités allemandes n’ont pas immédiatement réagi à une demande de commentaire.

Un tribunal polonais a décidé lundi que Volodymyr Z. devait rester en détention pour une période supplémentaire de 40 jours, le temps qu’une décision soit prise concernant son éventuel transfert vers l’Allemagne sur la base d’un mandat d’arrêt européen.

Décrites par Moscou comme par les pays occidentaux comme un acte de sabotage, les explosions survenues en 2022 ont marqué une escalade dans le conflit ukrainien et ont réduit l’approvisionnement énergétique. Personne n’a revendiqué la responsabilité de ces attaques, et l’Ukraine a nié toute implication.

Un autre ressortissant ukrainien, soupçonné d’avoir coordonné les attaques, a été arrêté en Italie en août et prévoit de contester son extradition vers l’Allemagne.

L’avocat polonais de Volodymyr Z. a affirmé que son client n’avait rien à se reprocher et qu’il plaiderait non coupable.

Le parquet fédéral allemand avait indiqué dans un précédent communiqué que le plongeur faisait partie d’un groupe soupçonné d’avoir loué un yacht de plaisance et posé des explosifs sur les gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne, près de l’île danoise de Bornholm, en septembre 2022.

Il est accusé de complot en vue de commettre un attentat à l’explosif et de « sabotage anticonstitutionnel », ont ajouté les procureurs allemands.

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