Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La géopolitique du spectacle dans la « guerre contre la drogue »

Dans une interview accordée au Washington Post, le président colombien Gustavo Petro a directement remis en question la stratégie anti-drogue promue par l’administration Trump dans les Caraïbes. Ses déclarations mettent en évidence la dimension politique d’une guerre contre la drogue qui, après plusieurs décennies de mise en œuvre, a échoué dans ses objectifs déclarés et est devenue un instrument de pression géopolitique. Ce n’est pas en fonction de cette mise en cause, que le département d’État américain, en charge des relations internationales, a annoncé révoquer le visa du président colombien Gustavo Petro, mais à la suite d’actions jugées « incendiaires » lors d’une manifestation pro-palestienne à New York, ce vendredi 26 septembre. le comble de l’hypocrisie.

Dans cet article : Dans cet article, Bases militaires,Colombie,Drogues,Gustavo Petro UrregoPolitique, États-Unis, Amérique latine27 septembre 2025 |

Selon lui, les récentes attaques navales constituent un spectacle médiatique aux conséquences mortelles, tandis que la décertification de la Colombie reflète une utilisation idéologique des certifications que Washington applique à sa convenance.

Militarisation de la télévision

Au cours de l’interview, Gustavo Petro a été catégorique en décrivant les attaques navales de l’administration Trump comme un spectacle médiatique qui se termine par la mort de jeunes pauvres sans armes ni responsabilité réelle dans le commerce de la cocaïne. Pour le président colombien, ces opérations, présentées par Washington comme des réalisations dans la lutte contre la drogue, ne constituent pas une stratégie efficace, mais des exécutions extrajudiciaires qui n’affectent en rien les réseaux de pouvoir qui dominent le trafic de drogue.

Les données rapportées par les médias eux-mêmes renforcent les critiques : au moins 17 personnes sont mortes dans les trois attaques unilatérales et illégales contre des navires dans les Caraïbes, sans que la Maison Blanche n’ait présenté de preuves concluantes sur l’identité des victimes ou la cargaison qu’elles transportaient. L’insistance des responsables américains à justifier ces actions en vertu du « droit des conflits armés » met en évidence un modèle de légitimation de la force militaire face à un problème qui, comme Petro l’a insisté, nécessite une coopération policière, judiciaire et de renseignement.

Dans ce contexte, le recours de Washington à des opérations médiatiques à fort impact répond à la nécessité de soutenir le récit d’une prétendue guerre contre la drogue. Un discours qui, au-delà de son inefficacité pratique, remplit un objectif politique spécifique : criminaliser le Venezuela et préparer le terrain pour de nouvelles formes d’agression dans la région.

Le mythe du Cartel des Soleils

L’accusation selon laquelle un présumé cartel des soleils opère au Venezuela a été l’une des principales ressources de Washington pour associer le pays au trafic de drogue. Petro l’a rejeté dans son interview, déclarant qu’une telle organisation n’existe tout simplement pas.

La généalogie de ce récit révèle son caractère propagandiste. Au début des années 1990, la CIA a mené l’opération dite du Nord, avec laquelle elle a facilité l’entrée de dizaines de tonnes de cocaïne sur le territoire américain sous prétexte d’infiltrer les cartels colombiens. La reconnaissance ultérieure par l’agence de l’ampleur de cette erreur a créé un précédent : pour la première fois, il a été officiellement admis qu’une opération secrète avait directement contribué au trafic de drogue. Ce précédent a ensuite servi de base à l’installation de la figure du Cartel des Soleils.

Depuis lors, des rapports et des publications sans vérification indépendante – comme ceux promus par Emili Blasco depuis 2015 – ont consolidé l’histoire, plaçant les responsables de l’État vénézuélien comme des chevilles ouvrières régionales présumées. Ces accusations, amplifiées dans les médias internationaux, ont coïncidé avec de nouvelles séries de sanctions unilatérales contre les programmes sociaux vénézuéliens, montrant ainsi leur fonction politique plutôt que probante.

Les chiffres officiels contredisent fondamentalement cette construction. La DEA établit que 97 % de la cocaïne circulant aux États-Unis est d’origine colombienne et que le reste provient du Pérou et de la Bolivie. Le Venezuela n’apparaît ni en tant que producteur ni en tant que voie d’accès pertinente dans les rapports médico-légaux ou dans l’évaluation nationale des menaces liées à la drogue 2024-2025. Malgré cela, le mythe du Cartel des Soleils continue d’être instrumentalisé comme une pièce centrale de la stratégie de propagande contre le pays.

La décertification en tant qu’arme politique

La décision de Washington de retirer la certification de la Colombie dans la lutte contre le trafic de drogue a été présentée comme une punition pour le « leadership erratique » de Gustavo Petro, mais en réalité, elle constitue un geste symbolique à fort contenu idéologique. Malgré l’exemption que la coopération bilatérale maintient, cette mesure signifie que toute tentative de s’écarter du scénario de la guerre contre la drogue sera sanctionnée.

Petro a souligné la contradiction des États-Unis, principal consommateur de cocaïne et épicentre de la crise du fentanyl, étant ceux qui qualifient les autres en matière de lutte contre la drogue. Le politologue Federico García a expliqué dans un dialogue avec Sputnik que la certification a été utilisée comme un « outil géopolitique de contrôle contre les pays périphériques » et que, dans la mesure où la Colombie tente de tracer sa propre voie, Washington a recours à la décertification pour rappeler sa capacité à faire pression.

En fait, la politique anti-drogue du gouvernement Petro a montré des résultats concrets. En 2024, la Colombie a saisi 960 tonnes de cocaïne et de cocaïne base, soit une augmentation de 14 % par rapport à l’année précédente, le chiffre le plus élevé de l’histoire du pays. Jusqu’à présent, en 2025, les forces de sécurité ont volontairement éradiqué 11 000 hectares de coca, contre un objectif officiel de 30 000. Petro a insisté sur le fait que cette approche évite de mettre en danger à la fois les paysans et la police, contrairement à l’éradication forcée exigée par Washington.

Dans ce contexte, les tensions actuelles entre Washington et Bogotá s’expliquent par le refus de Petro de s’aligner sur la stratégie américaine de criminalisation du Venezuela. La cocaïne et les réseaux qui la distribuent sont un problème historique en Colombie, comme le reconnaît même Kevin Whitaker, ancien ambassadeur des États-Unis à Bogotá, admettant au Washington Post que l’expansion des cultures et les tentatives de les contenir sont antérieures au gouvernement actuel. Mais cet aveu a pour effet de rejeter la politique de Petro et de renforcer l’idée que les gouvernements précédents avaient mené la « vraie » lutte, précisément parce qu’ils avaient répondu plus docilement aux intérêts américains.

La décertification appliquée à Bogotá s’inscrit dans le cadre de la campagne du gouvernement américain visant à criminaliser le Venezuela. Sous l’argument de la « guerre contre la drogue », les États-Unis cherchent à légitimer les sanctions et à préparer le terrain pour une éventuelle agression militaire. La Colombie apparaît maintenant dans la ligne de mire parce que son gouvernement ne se joint pas à cette stratégie, tandis que le Venezuela reste la cible centrale.

(Tiré de Misión Verdad)

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