Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Jour de défilé à Beijing, vu par notre nouveau correspondant en Chine

Notre ami Georges Rodi nous envoie de Chine ce petit reportage, avec ses impressions et analyses. Il met en évidence la différence de mentalité et de style entre les Russes/soviétiques et les Chinois d’aujourd’hui qui utilisent à plein les possibilités du socialisme avec la cohésion sociale et le décuplement des forces productives, y compris scientifiques et technologiques. Un peuple prêt à tout pour ne pas avoir à revivre le siècle d’humiliation de la Chine. Comme l’a fait remarquer un lecteur hier, ce qui l’a le plus ému c’est le lâcher de colombes après le défilé, comme un message « Nous préférons la paix, mais si vous choisissez la guerre, nous sommes prêts. » En fin d’article j’ai placé une affiche soviétique de 1967 « L’Adieu aux armes ». Très touchant, mais n’était-ce pas trop tôt pour désarmer ? (note de Marianne Dunlop pour histoire et société)


Et quoi de mieux pour l’apprécier que de le regarder chez soi, une tasse de thé des rochers à portée de main.

La réception des chefs d’états est impeccable.
Norendra Modi est absent, et je le comprends. Assister à la débauche de puissance technologique militaire chinoise n’est pas tenable tant que les conflits terrestres ne seront pas réglés..
Le président nord-coréen Kim Jong Un est manifestement bien arrivé à Pékin, en train et il arrive devant le tapis rouge dans la voiture qui lui a été offerte par Vladimir Poutine.
Ne cherchez pas qui est le plus décontracté, c’est lui.
Il ressemble de plus en plus à son grand père Kim Il-sung soit dit en passant, un grand-père qui était membre du parti communiste chinois, qui a participé, armes à la main à la guérilla contre l’occupant japonais,
Vladimir Poutine ferme la marche. Les deux dirigeants encadreront Xi durant le défilé.
Pas grand chose à signaler, si ce n’est de voir Alexandre Loukachenko qui a le plus grand mal à monter vers la tribune.

Il y a eu de l’émotion en Russie pour le défilé de la victoire avec les participants à la marche du «Régiment des Immortels».
Rien de tel en Chine.
D’ailleurs, ce n’est même pas jour ferié, le gamin est parti à l’école comme si de rien n’était.
Pour l’émotion, il faudra aller au cinéma et voir le film 南京照相馆, directement inspiré des photos prises lors du massacre de Nanjing.

Le défilé de Beijing est l’habituelle chorégraphie, d’une précision quasiment mécanique. Tous les plans rapprochés nous montrent des soldats d’évidence prêts à mourir pour ne pas avoir à revivre le siècle d’humiliation de la Chine,
Ce sont les nouveautés en matière d’armements qui sont le message.

La chute de l’URSS a quasiment détruit la recherche et les industries militaires, et pour faire contrepoids à la poussée de l’OTAN, la Russie n’a pas eu d’autre choix que de développer une réponse asymétrique essentiellement basée sur les missiles supersoniques et les sous-marins.
La Chine est un autre animal. Sa puissance militaire et technologique lui a donné la possibilité de produire une équivalence à chaque composant de l’armée étasunienne.
Cette stratégie de réponse symétrique permet allègrement aux USA d’accuser la Chine de plagiat et d’espionnage.
Les US ont des avions de chasse « Raptors » ? La Chine a ses J20.
Des F35… Voilà les J35
Des porte-avions à catapulte magnétique ? Voilà le Fujian.
Sauf que, à de rares exceptions, et de plus en plus rares, les productions chinoises sont plus performantes que les équivalents qui équipent l’OTAN.

Le défilé de cette année a ceci de particulier : toutes les nouveautés n’ont pas d’équivalent en occident.
Une floppée de missiles supersoniques, des torpilles géantes capables de créer un tsunami. Tout ce dont la Russie dispose, la Chine l’a aussi.
Et il faut encore ajouter les drones, les armes laser qui ne sont qu’à l’état expérimental au sein de l’OTAN.

Est ce que cela suffira à calmer les têtes brûlées de la maison blanche ? Peu probable.
Il se peut même que cela les incite à précipiter une action militaire.
Au mieux, le Pentagone y réfléchira.
Mieux vaut penser aux experts militaires du Japon, des Philippines, de la Corée du sud et de l’Australie : c’est à eux que le message du défilé est destiné.

Views: 127

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Xuan
    Xuan

    Bienvenue au club, Rodi, et merci pour ce témoignage vivant.
    En effet l’impérialisme et le fascisme ne renoncent jamais nous enseigne l’histoire, sauf devant la menace existentielle.
    Je ne parle pas des bombardements criminels d’Hiroshima et de Nagasaki, mais du déploiement d’une force supérieure.
    Pour redresser une barre tordue il ne suffit pas de la coincer dans l’étau et d’aligner les deux extrémités, il faut exercer une pression supérieure et dépasser l’alignement. Alors seulement cette barre retrouve sa planéité.
    Et pour la paix il en est de même.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.