Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Israël trempe dans le génocide au Soudan : liens secrets avec les FSR

Hier un jeune algérien m’a remercié de la position que j’avais prise durant la guerre d’Algérie, je lui ai répondu : c’était pour votre pays mais c’était aussi et surtout pour le mien, la France. Il n’y avait en ce temps-là qu’une seule manière d’être Français dans l’honneur et elle était dans la dénonciation du rôle de ceux qui massacraient en Algérie y compris le ministre de la justice de l’époque, un certain François Mitterrand, déjà ministre sous Vichy et qui a toujours été anticommuniste et le prouvait en faisant exécuter le communiste Yveton. Aujourd’hui de la même manière, je pense que la seule manière de ne pas déshonorer son appartenance au peuple juif et pouvoir refuser tout antisémitisme est de dénoncer ceux qui accomplissent de tels crimes génocidaires, non pas quoiqu’ils en disent en tant que juifs mais comme le pourri ukrainien pour leurs propres intérêts derrière l’impérialisme des USA face auquel on ne montre en France que trop de complaisance en cédant à une vision moralisatrice et religieuse du bien et du mal qui sert de caution à l’arbitraire des avidités les plus sordides. Ce qui s passe au Soudan dans ce lieu de haute culture et là où est né le parti communiste le plus puissant, le plus « féministe » d’Afrique est insupportable… (note de danielle Bleitrach pour histoireet societe)

Commentaires du traducteur

Je ne suis pas un spécialiste du complexe et meurtrier conflit au Soudan. Dans sa phase actuelle, il fait peut-être partie d’un des rares conflits de la planète qui se déroule en marge de l’affrontement global en gestation entre l’empire occidental et le monde multipolaire. A moins qu’il ne s’agisse déjà d’un conflit post-hégémonie occidentale entre mini-impérialismes régionaux.

Cet article n’a d’ailleurs pas pour intention de nous donner un cadre d’analyse qui fait cruellement défaut dans le discours médiatique et qu’on pourra plus facilement extraire d’autres sources (https://www.youtube.com/watch?v=vGovqclGsEI ; https://www.youtube.com/watch?v=Nn_6lZ11dzQ)

Publié par le réseau indépendant de journalistes palestiniens ‘Quds News Network’, l’article dont je vous propose la traduction corrobore les accusations d’interférence israélienne dans les massacres au Darfour, au Kordofan et autres provinces soudanaise.

Mais l’intérêt primordial de cet article est la précieuse contribution qu’il apporte au discours de tous ceux qui considèrent les actions génocidaires d’Israël en Palestine non pas comme une simple question nationale ou régionale mais comme un tournant historique dans le cadre juridique international mis en place après la seconde guerre mondiale. On voit ici comment l’impunité d’Israël a pour résultat la liquéfaction du droit international et conduit à la quasi normalisation des pires atrocités – tant qu’elles ne s’attaquent pas de front aux intérêts occidentaux, bien entendu.

On rappellera tout de même, à l’occasion de cet article, l’ironie et le cynisme de la déclaration d’Anthony Blinken le 7 janvier. Quelques jours avant de rendre son portefeuille à Rubio, celui qui avait été la cheville ouvrière du génocide en Palestine accusait de génocide les FSRs pour les exactions commises en particulier à El Fasher. Une autre variation sur le thème du deux poids deux mesures.

Traduction d’un article du Quds News Network (QNN) paru le 31 octobre 2025

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Archives d’Amnesty International

Selon les humanitaires et les soignants, des centaines de personnes ont été massacrées lorsque les FSR (Forces de Soutien Rapide) se sont emparées de la ville d’El Fasher, capitale du Darfour, la province occidentale du Soudan.

Le Réseau des Docteurs Soudanais parle de ‘véritable génocide », rapportant que les FSR, qui cherchent à arracher le contrôle du pays des mains de l’armée soudanaise, ont tué plus de 1500 personnes en moins de 3 jours, provoquant un exode massif de civils.

Pour le réseau, « ces massacres, regardés par le monde entier, ne sont que le prolongement de ce qui s’est déjà passé à El Fasher il y a plus d’un an et demi. Plus de 14 000 civils avaient été tués dans les bombardements, par la famine ou les exécutions ». Pour lui, ces attaques font partie d’une « campagne d’extermination délibérée et systématique ».

Des images satellites analysées au Laboratoire de Recherche Humanitaire de l’Université de Yale montrent des amoncellements de ce qui apparaît être des corps ainsi que de larges épanchements rougeâtres au sol apparus après la pénétration des FSR dans la ville.

Selon des estimations, au moins 2000 personnes ont été tuées depuis le début des massacres, y compris des volontaires et des employés du Croissant Rouge abattus dans une mosquée. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a confirmé que 460 personnes ont été exterminées à la maternité de l’hôpital Saoudien, un crime que le Directeur Général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a qualifié de « particulièrement horrible et choquant ».

Empreintes digitales d’Israël sur le lieu du crime

Au-delà du choc mondial provoqué par les atrocités à El Fasher, les indices de liens secrets entretenus par Israël avec les FSR se multiplient.

Une enquête récente de Sudan Transparency  a révélé que les services secrets israéliens ont établi des canaux de communication avec le commandant des FSR, Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemedti, depuis au moins 2021. L’enquête mentionne en particulier un vol secret qui a pris place en mai 2021, impliquant un haut responsable militaire retraité. Au cours d’une escale éclair de 45 minutes à Khartoum, il aurait livré du matériel de surveillance de pointe.

Le rapport établit que « au Soudan, Israël n’a pas entretenu des relations seulement avec les Forces Armées Soudanaises (FAS), mais aussi avec le Commandant des FSR, Hemedti », ajoutant que « la livraison de matériel d’espionnage dernier cri » faisait partie de cette relation dissimulée.

Des chercheurs indépendants ont ainsi identifié des batteries de missiles multiples de type LAR-160, fabriquées en Israël, aux mains des FSR. Ces armes ont été développées par IMI (Industries Militaires Israéliennes).

Chercheur panafricain basé au Caire, Kribsoo Diallo, lors d’un interview avec QNN, considère que ces liens ont « un impact direct sur le champ de bataille ». « S’ils sont confirmés, on pourra dire que ces liens ont étayé les capacités opérationnelles des FSR en leur apportant du renseignement et des systèmes de communications avancés », dit-il, ajoutant que « cela pourrait expliquer leur aptitude à maintenir un siège aussi long à El-Fasher, et aussi à mettre en place des attaques hautement coordonnées sur les zones civiles ».

Les atrocités commises par les FSR suivent le mode d’emploi établi par Israël à Gaza

Beaucoup de commentateurs remarquent que les FSR utilisent de plus en plus le langage et les tactiques employées par Israël à Gaza, présentant les violences de masse comme « une nécessité militaire ».

Une enquête d’Al Jazzera expose que les justifications légales avancées par les FSR pour attaquer les zones civiles sont alignées sur le style israélien. Par exemple, le camp de déplacés de Zamzam a été rebaptisé « zone militaire » avant d’être attaqué. Les experts juridiques arguent que cette pratique est le reflet des arguments invoqués à Gaza où les hôpitaux, les écoles et les abris sont bombardés sous prétexte qu’ils constitueraient des ‘bases du Hamas’.

Un conseiller des FSR a même déclaré aux médias israéliens que les opérations de l’armée soudanaises « sont similaires aux attaques terroristes des Palestiniens contre Israël ». Une rhétorique qui vise probablement à s’attirer la sympathie de Tel Aviv.

Luigi Daniele est un professeur chevronné de droit humanitaire international à la Faculté de Droit de Nottingham. Pour lui, « les FSR ont adopté le langage d’Israël pour légitimiser la punition collective ». Il détaille : « déclarer des quartiers entiers ou des camps de réfugiés comme ‘zones militaires’ a clairement pour but d’enlever aux civils qui y résident toute forme de protection, selon une tactique qui a été expérimentée à Gaza ».

Pour sa part, l’ambassadeur du Soudan auprès des nations Unies, Mr Al-Harith Idris a déclaré devant le Conseil de Sécurité de l’ONU que les massacres à El-Fasher « constituent un génocide au regard de tous les standards légaux ». Il précise que « des femmes et des jeunes filles sont attaquées en plein jour », concluant que « ce à quoi nous assistons à El Fasher, c’est la continuation d’une campagne systématique de nettoyage ethnique commencée dès 2023 »

Pour les organisations de défense des droits humains, le silence international autour de Gaza et du Soudan souligne la protection dont les auteurs d’exactions bénéficient grâce aux liens du renseignement et des alliances de politique étrangère. Selon Diallo, « ce que nous voyons à El Fasher n’est pas une simple tragédie locale, c’est la reproduction d’un schéma mondialisé où l’impunité est assurée grâce à la technologie militaire, la couverture politique et la coopération des services de renseignements ».

Enjeux stratégiques et facteur ‘Mer Rouge’

L’implication d’Israël au Soudan va bien au-delà de ses liens historiques avec l’armée soudanaise ou les accords de normalisation[1] . Le Soudan est une pièce maitresse pour toute visée stratégique sur la Mer Rouge. Sa situation géographique[2] permettrait à Israël non seulement de constituer un tampon de sécurité, mais lui donnerait un avantage géopolitique dans la surveillance des routes maritimes et l’opposition à l’influence iranienne ou chinoise.

Diallo explique à QNN que « le Soudan donne un point d’entrée à Israël dans la corne de l’Afrique, vers le Sahel. En tissant des liens avec à la fois le général Burhan et Hemedti, Israël s’assure de garder un levier et protège ses intérêts quelle que soit l’issue du combat entre les deux factions intérieures ».

Il conclue toutefois que cet exercice d’équilibriste « nuit à la reconnaissance internationale des responsabilités et transforme le conflit soudanais en scène d’affrontement des pouvoirs régionaux ».


[1] L’arrivée au pouvoir du duo Burhan / Hemedti en 2019, utilisant la révolution soudanaise qui avait renversé Omar el Bechir, a marqué le début d’une intense activité diplomatique israélienne. Omar Al Bechir avait rompu les relations diplomatiques avec Israël. Le Général Bhuran les a rétablies dès 2020.

[2] Le Soudan a une façade maritime sur la Mer Rouge de plus de 500 kilomètres, entre l’Egypte et l’Erythrée

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1 Commentaire

  • Delay
    Delay

    Merci. C’est presque impossible d’en savoir à peine un peu sur ce qu’il se passe au Soudan mais on peut observer que ceux qui défendent l’israël génocidaire prétendent qu’on se tamponne des massacres qui se produisent ailleurs. Sous entendu que défendre Gaza serait un acte antisémite et rien d’autre.

    Répondre

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