Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Budapest est à nous : la division de l’Occident ne laisse aucune chance à l’Ukraine

Voici un article qui inaugure tous ceux que nous allons publier ce week end, en particulier ceux d’aujourd’hui où après l’annulation du forum, l’annonce des sanctions par Trump, tout semble la proie d’une accélération incompréhensible… En fait, derrière cette agitation, il y a un occident divisé entre des factions du capital, des gouvernements en rupture avec leur population et un ordre multipolaire avec la détermination chinoise qui impose un sens aux événements. Cet article qui vient de Russie, d’une spécialiste en géopolitique qui s’avère rester sur le fond et dont nous avons souvent publié les analyses grâce aux traductions de Marianne, a le mérite de nous donner une grille de lecture « de classe »… (note de danielle Bleitrach et traduction pour histoireetsociété)

РИА Новости, 24.10.2025

Par Victoria Nikiforova

Les signaux contradictoires en provenance des États-Unis se succèdent à une telle vitesse qu’il est impossible de les relayer tous par écrit. Le Wall Street Journal nous informe que le président américain a approuvé des frappes à longue portée contre la Russie. Donald Trump, avec son expansivité habituelle, dément : « C’est faux, écrit-il. Les États-Unis n’ont rien à voir avec ces missiles, d’où qu’ils proviennent, ni avec ce que l’Ukraine en fait ! »

On donne des « Tomahawks » aux Ukrainiens, puis on en manque soi-même. On demande une réunion à Budapest, puis on l’annule. On impose des sanctions contre la Russie, puis on précise que ce n’est que temporaire.

Certains analystes pensent que Trump utilise sa tactique préférée, celle du « yo-yo émotionnel », qui consiste à faire passer ses adversaires de la panique à l’espoir, puis de nouveau à la panique. Mais il semble que le fond du problème soit plus profond.

Les États-Unis sont aujourd’hui déchirés par la lutte entre deux groupes de clans oligarchiques. En gros, la moitié des riches sont pour le mondialisme, la migration de remplacement, l’énergie verte et les transgenres. Et l’autre moitié est pour l’isolationnisme, les hydrocarbures traditionnels, l’éthique protestante habituelle et l’esprit du capitalisme, et contre le chaos migratoire.

La lutte est acharnée et totalement ouverte, comme en témoignent les émeutes qui secouent actuellement les villes américaines. Sous le slogan « Pas de rois », un « Maïdan » tout à fait manifeste se prépare contre Trump.

Le Congrès et la Maison Blanche sont tout aussi divisés. Même dans l’entourage de Trump, il y a suffisamment de représentants, disons, des « mondialistes ». La question de l’Ukraine est pour eux primordiale : la détacher de la Russie leur offre la possibilité de prendre le contrôle des routes commerciales entre l’Asie et l’Europe, d’affaiblir radicalement notre pays et de réduire définitivement l’UE à l’esclavage.

Ils sont opposés aux pragmatiques isolationnistes, qui considèrent que le coût de la crise ukrainienne est devenu insupportable, que les économies occidentales ne peuvent pas supporter ce conflit et que si l’on ne s’arrête pas maintenant, le chaos total s’installera bientôt dans la région.

Objectivement parlant, Trump a beaucoup de mal à contrôler ces forces puissantes, il ne peut que se laisser porter par les vagues, quand l’un ou l’autre camp prend le dessus, et « osciller avec la ligne du parti ». Cependant, s’il ne l’emporte pas avec les pragmatiques isolationnistes, alors les mondialistes le balayeront, lui et son équipe.

La situation est exactement la même en Europe : la même division, la même fracture. Cela en devient ridicule : pendant plusieurs semaines, l’ensemble de l’Union européenne a persuadé le Premier ministre belge de céder les actifs russes gelés dans Euroclear. On ne sait pas ce qu’ils lui ont fait subir — on veut croire qu’ils ne l’ont pas torturé, mais ils ont fini par le convaincre. Et hier, lors d’une réunion des dirigeants européens à Bruxelles, Bart De Wever s’est soudainement rebellé et a retiré son accord. Les quarante milliards russes sont donc à nouveau bloqués chez Euroclear.

En d’autres termes, les mêmes processus sont à l’œuvre en Europe : des mondialistes irréductibles tentent de précipiter l’UE dans une guerre avec la Russie, tandis que les dirigeants pragmatiques s’y opposent de toutes leurs forces et tentent par tous les moyens de les dissuader de cette entreprise.

On aboutit ainsi à une situation de blocage. Dans ces conditions, aucune « décision définitive » n’est possible en Occident. Quelques heures plus tard, elle sera remplacée par une autre, opposée et tout aussi « définitive ».

En conséquence, ce n’est pas la Russie qui se balance actuellement sur les montagnes russes émotionnelles : nos objectifs sont clairs, précis et ont été formulés à plusieurs reprises, nous ne nous en écarterons pas. Nous prendrons autant de temps qu’il le faudra, sans céder à la pression, aux persuasions ou à la flatterie. C’est d’ailleurs ce qu’a montré cette semaine mouvementée.

C’est l’Occident qui se balance lui-même et l’Ukraine avec lui, car c’est son destin qui se joue actuellement. C’est elle qui, avec cette nouvelle escalade du conflit, risque de passer l’hiver sans électricité, sans eau et sans chauffage. Ce sont ses malheureux citoyens qui seront arrêtés dans les rues par les chasseurs d’hommes du TCC. Ce sont les mères ukrainiennes qui pleureront leurs fils, morts simplement parce que les patrons occidentaux les poussent au combat avec leur slogan habituel « En avant vers la guerre ! ».

Dans 12 régions d’Ukraine, l’électricité est déjà limitée à quelques heures par jour. Il n’y a encore aucun chauffage nulle part. Le niveau général de désespoir est bien illustré par l’interview d’Oleg Skrypka, leader du groupe « Vopli Vidopliassova », dans laquelle il déclare que son pays a besoin d’urgence d’un coup d’État militaire.

La seule chance de survie pour ce qui reste de l’Ukraine est de satisfaire immédiatement toutes les exigences de la Russie. Mais c’est précisément ce qu’on ne lui permet pas de faire. Une fois de plus, on se retrouve dans une situation paradoxale où tout le monde se fiche complètement de la vie des Ukrainiens ordinaires, sauf Moscou.

Eh bien, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour obtenir la paix. Il faudra aller plus loin, et il ne fait aucun doute que les prochaines conditions proposées à Kiev seront encore pires pour elle.

Les attaques anti-russes ne pourront pas changer notre politique et finiront par se retourner contre l’Occident. « Aucun pays qui se respecte ne prend de décision sous la pression », a déclaré le président russe à propos des dernières sanctions américaines.

Les forces armées russes continueront d’aller de l’avant, et les exercices d’utilisation d’armes nucléaires stratégiques, qui ont tant impressionné les pays occidentaux, seront menés régulièrement. Et toute tentative d’attaque contre la Russie sera suivie d’une réponse « très sérieuse, pour ne pas dire stupéfiante », comme l’a averti notre président.

La constance de la stratégie de Moscou est la garantie que Budapest sera également à nous. Le président Poutine estime que Trump n’a pas annulé leur rencontre, mais plutôt reportée. Cela a été immédiatement confirmé par la Maison Blanche : « La rencontre entre les deux dirigeants reste à l’ordre du jour. »

Eh bien, attendons, nous n’avons pas besoin de nous précipiter. Aujourd’hui, le temps joue en faveur de la Russie.

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