Alain juillet a été le Directeur du renseignement de la DGSE, et haut responsable chargé de l’intelligence économique auprès du premier ministre François Fillon, il répond aux questions de la revue l’Omerta dans un numéro consacré aux massacres en Afrique et au rôle qu’ont joué les Etats-Unis, en particulier les gouvernements démocrates dans l’éviction de la France en lui attribuant des génocides qu’elle n’a pas commis selon ces témoins de l’armée française qui chargent la barque non seulement du Rwanda mais d’autres complices africains des Etats-Unis, mais aussi des « Européens » antifrançais. Nous leur laissons la responsabilité de leur analyse mais le fait est que l’unanimité qui semble s’être construite autour des responsabilités de conflits intervenus dans les années 1990-2000, dans le temps du grand basculement de la chute de l’URSS et de la « fin de l’histoire » , en fait la pseudo victoire s’est traduite partout par l’entretien d’une mosaïque de milices armées qui se polarisent autour de ressources dont le continent abonde. Ainsi le Rwanda tire profit d’un système minier clandestin où s’entrecroisent trafiquants, élites poltico-militaires locales et multinationales contribuant à l’affaiblissement structurels du Congo.
Le Rwanda est un de ces guerriers par procuration comparable à ce qui existe dans les Balkans, en Ukraine et sur d’autres continents., mais il ne s’agit pas d’une guerre régionale…
Depuis 1998, l’Est de la RDC (république démocratique du Congo) est ravagé par un conflit protéiforme qui a causé entre 6 et 11 millions de morts ce qui en fait la guerre la plus meurtrière depuis 1945.La majorité de ces victimes n’ont pas succombé uniquement aux armes, mais aussi aux maladies, à la malnutrition, aux violences sexuelles et aux déplacements forcés. Pourtant ce carnage comme celui qui a lieu au Soudan, est largement ignoré, comme l’est le parrainage de la violence jihadiste qui traverse le continent, le numéro montre que le Rwanda a un rôle central dans cette dynamique terroriste, l’Amérique, le Royaume uni et l’Allemagne ont été reconnus comme les plus impliqués dans le soutien au Rwanda et à sa politique terroriste. L’Union européenne continue à financer un partenariat sécuritaire avec le Rwanda malgré les avertissements répétés de l’ONU. Les Etats-Unis apportent une importante aide militaire malgré les preuves accablantes de son implication dans les violences de l’est du Congo. Le régime du Rwanda peut agir ainsi en exploitant le génocide subi il y a trente ans et la désignation de la France comme coupable de ce génocide alors que la plupart des témoins de l’époque nient cette responsabilité ou du moins la relativisent par rapport à ce qu’elle a permis, ce que l’on peut attendre de ces révélations venues de la droite mais qui nous permettent de mieux voir qui sont depuis des décennies les auteurs de ce carnage et du sous développement permettant le pillage des ressources.
Voici donc des extraits de cet interview dans lequel Alain Juillet dénonce la collusion entre le président du Rwanda Kagame et les Etats-Unis pour accabler la France avec l’assentiment de Macron. Ce qui est intéressant dans cet interview comme d’ailleurs dans la plupart des articles du numéro, c’est que l’on voit la profondeur historique et l’ampleur du champ de ces guerres plus ou moins médiatisées. La manière dont elles font partie d’un système de pillage et de sous développement. Mais aussi le fait que Macron, représente le désordre par rapport à son propre camp, celui de la droite conservatrice nationaliste. L’incompréhension devant ses « postures » qui oscillent entre la vassalité assumée aux USA et aux autres européens dans l’orbite capitaliste et des tentatives de jouer cavalier seul, dont personne ne comprend la finalité. Mais la Vie politique française est tellement nombriliste, ignorante de l’histoire autant que du champ géopolitique qu’il est rarement fait le lien entre les effets internes du narcissisme mégalomane de Macron, au seul service des intérêts financiers qui l’ont mis en place, et la décadence de la France au plan international. Quel que soit le coût de cette incohérence internationale au grand dam des institutions diplomatiques, de l’armée qui ne sont pas pourtant à proprement parler révolutionnaires(1). Dans ce domaine aussi la gauche a perdu pied au profit de l’acceptation des récits à sens unique où l’on s’entend pour désigner un coupable comme cela s’est passé en Yougoslavie, en Ukraine, ce qui en fait favorise les fauteurs de guerre et de pillage. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
La sagesse inviterait à regarder le Rwanda avec beaucoup de prudence » déclare Alain Juillet après avoir décrit l’entreprise de lobbyng de Kagame en Europe et en France même où il est l’un des sponsors du PSG.
-Omerta : est-ce que derrière cette opération de déstabilisation de la France, n’y a-t-il pas aussi la main des services anglo-saxons qui ont souhaité affaiblir la France dans la zone?
Alain Juillet : Mais bien sûr. les francophones, avec les Belges et les Français contrôlaient toute la région. Au sud, il y avait la Rhodésie, qui avait échappé au contrôle des Anglo-saxons, comme vous le savez. Les Anglo-saxons n’avaient donc plus rien dans le secteur à part le Kenya où régnaient des troubles. Sous Clinton, les Américains ont alors décidé de nommer un ambassadeur sur place et de soutenir Kagamé afin qu’il prenne le pouvoir, établissant ainsi un pôle anglo-saxon au coeur de la région des Grands lacs. C’est bien ce qui s’est passé. A partir de là, ce pôle anglo-saxon, implanté au centre des Grands lacs, a obtenu l’autorisation d’étendre son influence tout autour et c’est ce qui s’est passé.
Quel est l’intérêt aujourd’hui? Vous l’avez rappelé, Paul Kagamé ne cesse de décrédibiliser, voire d’insulter l’armée française par l’intermédiaire de ses affidés. Quel est donc aujourd’hui le sens de ce rapprochement initié par Emmanuel Macron avec le Rwanda et son dirigeant?
je pense qu’Emmanuel Macron a ses raisons, mais on n’a pas d’explication claire. Je crois qu’officiellement, il s’agit de dire : « Il est temps maintenant de faire la paix. On s’est affrontés pendant des années, vous nous avez agressés en nous accusant de tout, et bien on reconnait qu’on a pas bien agi. C’est devenu notre spécialité. On reconnait qu’on a été coupable, et on l’accueille à bras ouvert. On l’a fait en Algérie. Peut-être aussi qu’il a vu la réussite, indiscutable, du régime rwandais. C’est certes une dictature, mais qui fonctionne très bien économiquement, avec une bonne organisation, et il s’est dit: il y a un seul pays bien organisé dans toute la région, c’est le Rwanda. Travaillons avec lui, car c’est un pays d’avenir, puisqu’il est bien organisé.
Est-ce que ça marche?
Ca n’a jamais marché dans l’histoire. La repentance ne marche jamais. Ce n’est pas parce qu’on va se battre la coulpe. Ce n’est pas parce qu’on va se battre la coulpe qu’on va changer les choses. On n’a pas vu, qu’en se rapprochant du Rwanda, on se mettait à dos le Congo (RDC) qui est un pays beaucoup plus grand, beaucoup plus puissant et bien plus riche en ressources minières. Eux savent vraiment ce que c’est que le Rwanda. Mais on n’a pas non plus vu que d’autres pays autour savent aussi ce que c’est que le Rwanda. Si vous allez en Ouganda, en Tanzanie, partout, ils connaissent le Rwanda. Ils savent très bien ce que je vous dis là, ce qui peut choquer beaucoup de gens. Allez là-bas, ça ne choque personne. Vous me permettez de faire un commentaire personnel.
J’ai été très étonné lorsque j’ai vu Louise Mushikiwabo, la ministre des Affaires étrangères du Rwanda devenir la présidente de la francophonie.
Or, on sait que le Rwanda parlait français, la langue était le français, héritage des Belges et des Français. C’est Kagamé, une fois qu’il a pris le pouvoir, qui a remplacé la langue française par la langue anglaise. Donc voilà un pays qui a remplacé la langue française par l’anglais, qui prend sa ministre des Affaires étrangères et la nomme patronne de la Francophonie. Il y a là un problème, un vrai problème. Nous ne sommes pas logiques avec nous mêmes.
(1) la relation que les militants y compris communistes ont avec la politique internationale est parfois stupéfiante de sottise. Aujourd’hui face aux événements à Madagascar avec la « révolte de la génération Z » soutenue par une partie de l’armée, on a pu lire dans les réseaux sociaux » Voilà ce qu’il faudrait faire avec Macron ». Nous ne sommes plus dans une vision « révolutionnaire » mais dans un caprice face à l’autorité. Ce qui ne peut que profiter aux forces conservatrices, voire à l’extrême-droite.
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