Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

À Cuba, 1er festival national et compétition du film par Franck Marsal

Le cinema a joué à Cuba un rôle essentiel, dans l’armement culturel nécessaire à la révolution, de la victoire militaire à l’édification de l’état et aujourd’hui à la victoire contre le blocus et les limites que l’impérialisme entent fixer au développement économique et social. Lorigine de l’ICAIC, l’Institut Cinématographique Cubain remonte à la fin de la guerre civile lorsqu’en janvier 1959, le mois de la prise de pouvoir des révolutionnaires, le commandant Camilo Cienfuegos crée la Dirección de la cultura del Ejército rebelde (Direction de la culture de l’Armée rebelle) afin d’élever le faible niveau culturel d’une bonne partie des combattants. Une section de cinéma dirigée par Julio García-Espinosa s’organise au sein de la Dirección de la Cultura. Ce département est responsable de la réalisation des deux premiers films postrévolutionnaires, les court-métrages documentaires Esta tierra nuestra (Notre terre) de Tomas Gutierrez Alea et La ivienda (Le logement) de García-Espinosa. Les membres de cette section cinématographique rejoignent rapidement l’ICAIC créée le 24 mars 1959. La loi nº 169 de création de l’ICAIC est la première adoptée dans le domaine culturel et, de surcroît, elle précède d’autres lois – comme par exemple, celle de la réforme agraire – pourtant au centre du projet révolutionnaire. L’incroyable potentiel créatif culturel et social du peuple cubain est au centre de sa capacité de résistance, dans la terrible guerre asymétrique exercée par le blocus des USA. Il s’est construit dnas le combat culturel généralisé, parfaitement compris par les dirigeants cubains. Cette importance de la culture est aussi très bien comprise par la classe bourgeoise et par l’impérialisme et, tant à Cuba qu’en France, ils savent consacrer des moyens importants pour marginaliser la production culturelle susceptible d’armer idéologiquement le peuple, de l’unir et au contraire, privilégier toute une série d’impasses et de fausses routes. La crise de l’art et de la culture réside aussi dans cette politique de contrôle caché. Et les conséquences politiques dans un pays comme la France en sont très importantes. L’attachement des cubains à ce combat à la fois culturel et politique doit nous éveiller à ces enjeux. (Note de Franck Marsal pour Histoire&Société).

Reconnaître la création nationalisée à Cuba, stimuler les spécialités cinématographiques et élargir les espaces de projection font partie des objectifs de l’événement

Réalisant enfin un rêve longtemps attendu et offrant au cinéma national – qu’il soit d’État, coopératif ou indépendant – l’occasion de rencontrer le public de l’île, la 1ère Exposition et Compétition nationale du film se tiendra du 20 novembre au 29 décembre de cette année.

Alexis Triana Hernández, président de l’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographiques (ICAIC), a expliqué lors d’une conférence de presse que cette institution, forte de 65 ans d’histoire et de plusieurs festivals internationaux, n’avait pas encore organisé de manifestation dédiée au cinéma national. « C’est le début. Nous pensons que Cuba le mérite », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que l’idée allait être affinée et qu’ils espéraient, même dans les circonstances difficiles actuelles, qu’elle aurait une dimension nationale ; c’est pourquoi ils prévoient également de toucher les provinces orientales touchées par l’ouragan Melissa.

L’événement, dédié au centenaire d’Alfredo Guevara, acceptera des œuvres de toute durée dans les catégories documentaire, animation et fiction, et comprendra un concours et des expositions parallèles. Dans le cas du concours, bien que les éditions suivantes prévoient un appel à candidatures annuel, cette fois-ci, les œuvres produites et/ou sorties entre janvier 2024 et octobre 2025 pourront être présentées.

Une vitrine étudiante et une vitrine des productions nationales de 2019 à 2023 seront organisées afin de donner une plus grande visibilité aux œuvres réalisées pendant la pandémie de COVID-19, dont la distribution et la consommation ont été limitées en raison du confinement.

Le jury, composé de lauréats de prix nationaux du cinéma et de cinéastes de renom, remettra les prix Titón du meilleur réalisateur, du meilleur directeur de production, de la meilleure photographie, de la meilleure conception sonore, de la meilleure direction artistique, du meilleur montage, du meilleur scénario et de la meilleure interprétation (masculine et féminine).

Bien que la période d’inscription pour les cinéastes soit toujours ouverte, les projections commenceront samedi avec le film d’Arturo Santana, 5 historias de amor y un bolero desesperado (5 histoires d’amour et un boléro désespéré), au cinéma Yara. Le cinéaste a déclaré que cette exposition « est une autre entreprise audacieuse ; nous espérons que le public ira au cinéma et la verra de notre point de vue, avec nos métaphores et nos vicissitudes ».

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1 Commentaire

  • CHARTREUX
    CHARTREUX

    Merci, merci, pour toutes ces informations !
    Ci-joint un court interview de Marcello, membre du PC cubain, présent à la Fête de l’Humanité 2025 : https://fromsmash.com/KsfQMyTBHy-ct

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