Dans la ville lituanienne de Šiauliai, le procès de l’homme politique, antifasciste, journaliste et ancien chef du Front populaire socialiste se poursuit. Nous n’en avons aucun écho dans une France toujours prête à mettre en avant un “dissident” quand celui-ci n’est pas un communiste traqué aujourd’hui pour ses opinions et accusé injustement d’espionnage en faveur de la Russie (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop).
lu dans la Pravda
https://kprf.ru/international/capitalist/195186.html
Les autorités de la république l’accusent d’espionnage en faveur de la Russie. La loi lituanienne (article 119 du Code pénal de la République de Lituanie, partie 2 – «espionnage») se lit comme suit: «Celui qui a accompli la mission d’un État étranger, pour lequel il a saisi, acheté ou autrement collecté des informations qui sont un secret de l’État lituanien, ou des informations présentant un intérêt pour les renseignements d’un autre État… » La peine encourue pour un tel crime en vertu des lois de la République de Lituanie est de 3 à 15 ans.
Paleckis a passé un an et demi derrière les barreaux, période pendant laquelle il a été amené à un épuisement physique et psychologique complet. Le 6 avril, le tribunal a remplacé son emprisonnement par une assignation à résidence. Paleckis devait rester chez lui avec un bracelet spécial et ne pouvait sortir qu’avec une autorisation spéciale pour participer aux audiences.
Lors de la dernière audience, le tribunal a décidé de modifier la décision de la cour d’appel de Lituanie et a atténué la mesure préventive: dorénavant, Paleckis doit être chez lui de 17 heures à 7 heures du matin, pendant la journée, il peut sortir en ville, rencontrer des amis, consulter des médecins si nécessaire et rencontrer des avocats. Il est interdit à l’accusé de quitter Vilnius. Le tribunal a tenu compte du fait que Paleckis n’a jamais violé le régime établi, il a également été condamné à deux autres mesures préalables au procès : une caution de 50 000 euros et le séquestre de ses papiers d’identité. Sans l’énorme caution recueillie à l’initiative de son père, Eustace Paleckis, et le soutien de ses partisans, Algirdas serait très probablement resté en prison. Une telle décision de justice indique que l’affaire se dégonfle, on ne libère pas comme ça des «espions» avant la décision de justice.
Paleckis a plaidé non coupable devant le tribunal, il a rejeté toutes les accusations, invoquant comme raison de son arrestation la vengeance des autorités lituaniennes pour son intérêt dans l’affaire des événements du 13 janvier 1991 près de la tour de télévision de Vilnius, ainsi que pour ses contacts avec des Russes. Paleckis exige l’ouverture et la transparence totales des procédures judiciaires, espérant ainsi exposer à la fois la farce juridique en cours et l’ensemble du système de persécution politique en Lituanie.
Outre Paleckis, l’homme d’affaires Deimantas Bertauskas est également impliqué dans l’affaire. Le dossier, qui comprend plusieurs dizaines de volumes, montre que beaucoup d’efforts ont été consacrés à la fabrication du «crime» de Paleckis. Un rôle important devait être joué par Bertauskas. Lorsque les autorités répressives ont recueilli sur lui les “preuves à charge” nécessaires, il a accepté de coopérer avec elles. Bertauskas, selon toute vraisemblance, espérant la protection du parquet, du tribunal et de l’enquête, a choisi la voie de la trahison. Lors de la dernière audience du tribunal, lorsque Paleckis a nié les accusations portées contre lui («d’espionnage» et autres), Bertauskas, les reconnaissant, a convenu que le procès devrait se tenir à huis clos.
Ce n’est pas sans raison que le procès a lieu à Šiauliai, car à Vilnius des foules se rassembleraient certainement pour soutenir Paleckis. Cependant, même dans le pire des cas, ses poursuivants ne pourront éviter la publicité: cette affaire est trop connue du public.
Paleckis ne restera pas silencieux à l’avenir. Il a annoncé son travail sur un livre qui exposera la véritable essence des événements du 13 janvier 1991 et du procès en cours.
L’affaire a été ajournée.
Vues : 171