Les périodes de vacances, fin décembre et août, sont propices à toute sorte de coups tordus. Malgré les vents contraires, l’impérialisme n’a rien perdu de sa hargne contre toute tentative de souveraineté populaire, en particulier dans les pays du sud, tant au Venezuela qu’en Afrique. Macron continue son jeu tordu, pour l’instant en échec complet en Afrique occidentale, mais il détient encore quelques cartes qu’il tente de jouer en alliance / appui avec Trump (note de Franck Marsal pour Histoire&Société).
Oui, si l’article s’intéresse en priorité au Nigeria et aux luttes intestines entre les USA, la France, comme au bon vieux temps des partages colonialistes, il s’agit aussi du Bénin, pauvre mais stratégique. Je connais un peu la région faite sac à dos avec les étudiantes, et je suis d’accord avec cette description de Sun Tzu (COMAGUER), sur le jeu des Etats-Unis avec et parfois contre la France dont lesdits Etats-Unis bien avant Trump ont contribué à l’évacuation, mais c’est aussi un pays où le parti marxiste-léniniste au pouvoir mettait en prison les communistes luttant contre la corruption. J’ajouterai un détail qu’il ignore c’est que l’armée nigériane est pour l’essentiel formée par l’ethnie qui se situe à l’est du Bénin et au sud du Burkina Faso… Les frontières n’en sont pas et la contrebande, le pompage direct des oléoducs fait partie intégrante des US et coutumes, sans parler des affiliations au Vodou (1). Le fait essentiel me paraît être pour l’Afrique de l’ouest en particulier la forme de modernisation et de développement qui à travers l’intervention russe et chinoise a permis une véritable reconquête nationale dont le Burkina (le pays de Thomas Sankara) est la pièce centrale (note de Danielle Bleitrach pour histoiretsociete).
(1) il y a dans mes mémoires tout un chapitre que je consacre au Bénin avec justement les liens avec le Nigeria et le Burkina. Danielle Bleitrach, le temps retrouvé d’une communiste. Delga editeur 2022/ illustration dans cette zone du nord ouest du Bénin qui touche au Burkina Faso, il y a non seulement une grande réserve animalière mais toute cette architecture de la paysannerie appelée Tata Somba qui a été reconvertie en curiosité touristique, mais l’insécurité provoquée a limité les tentatives.
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Achille est président d’un petit Etat frontalier du plus peuplé des pays d’Afrique lequel tire son nom de l’embouchure du 3ème plus long fleuve du continent. Ce vaste pays est présidé par un personnage haut en couleurs qui est passé dans sa longue existence du statut de chauffeur de taxi immigré à New-York , à celui de délinquant poursuivi par un tribunal des Etats-Unis pour trafic de drogue mais non jugé jusqu’à présent – cette situation permet à Washington de mieux le tenir en laisse- à celui de gouverneur de la province la plus riche de son pays, celle de Lagos et qui a été élu président de son pays voici deux ans.
Cette carrière fulgurante qui relève elle aussi du conte fait de lui un des personnages politiques les plus importants de l’Afrique de l’Ouest . Ancienne colonie britannique ce pays est aligné sur les Etats-Unis et sur le camp anglosaxon. Il est en même temps en tant que Président de la CEDAO (Communauté économique des pays d’Afrique de l’Ouest) la pièce centrale du dispositif de contrôle régional néocolonial , position paradoxale puisque cet anglophone préside une organisation à vocation économique où sont rassemblés les anciennes colonies françaises d’Afrique de l’ouest , d’anciennes colonies portugaises :Guinée Bissau et Cap Vert et seulement deux Etats créés par les anglosaxons, l’un par les Etats-Unis : le Liberia, l’autre par le Royaume uni : la Sierra Leone.
Dans cet ensemble disparate de 15 pays le Nigeria avec ses 240 millions d’habitants est écrasant , tous les autres ne rassemblent qu’environ 100 millions d’habitants.
Achille préside lui aux destinées d’un petit pays qui a le privilège de disposer d’une longue frontière commune 773 km avec le géant voisin frontière contestée qui n’a été stabilisée par accord entre les deux pays qu’en 2009 ce qui n’empêche pas de nombreux trafics transfrontaliers en particulier de carburants.
La CEDAO bien qu’organisation économique favorisant les échanges entre ses membres a confirmé son rôle de contrôle néocolonial régional collectif en élargissant ses missions au maintien de l’ordre et le poids du Nigeria et la taille de son armée lui valent d’être devenu de facto le gendarme de la CEDAO .
Mais il importe de bien comprendre que le contrôle néocolonial global pour être efficace suppose l’accord entre les divers néocolonialismes réellement existants.
Avant 2025 le néocolonialisme français secondaire parvenait à s’accorder, après les ajustements nécessaires, avec le néocolonialisme étasunien dominant et ses deux modes d’action : le mode militaire et le mode financier via le FMI et la Banque Mondiale.
Ainsi l’opération consistant à chasser du pouvoir le président nouvellement réélu de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo a été conduite conjointement début 2011 par Sarkozy et les représentants des Etats-Unis et de l’ONU sur place à Abidjan, tous d’accord pour imposer leur candidat. celui du FMI. Ouattara a en effet occupé, après celui de Directeur Afrique, le poste de Directeur général adjoint de cet organisme . A ce titre il exerçait l’autorité financière impériale sur tous les gouvernements africains en particulier ceux de la CEDAO. Les anciennes colonies françaises privées de leur souveraineté monétaire par le franc CFA ne pouvaient que se soumettre au roi-dollar. Le coup d’Etat pour l’installer au poste de Président de la république ivoirienne était donc un opération conjointe France-Etats-Unis, Sarkozy agissant ,comme il le fera quelques mois plus tard en Libye, comme le mandataire d’Obama lequel assurait depuis Washington la couverture satellitaire de l’opération et évitait ainsi de se salir les mains avec la destruction d’un Etat et l’ignoble assassinat d’un chef d’Etat. Des deux malfaiteurs organisateurs du coup libyen le plus petit des deux a fait de la prison, pas l’autre. La loi du Milieu !
Cette soumission à Washington allait se poursuivre sous Hollande et sous Macron jusqu’au moment où le va-t’en guerre Trump a, lors son retour à la Maison Blanche au début de 2025 décidé qu’il défendrait les seuls intérêts des Etats-Unis et pas ceux de ses vassaux , libres à eux de continuer à poursuivre à leurs frais une politique qui ne relevait plus de ses propres priorités. Au fil des mois il est apparu que cette prise de distance diplomatique devenait un affrontement inter-impérialiste c’est-à-dire que Trump n’hésitait pas à piétiner les intérêts des impérialismes secondaires comme la France. Cette contradiction entre l’impérialisme encore dominant et le sous-impérialisme français s’est renforcée au second semestre 2025 en particulier en Afrique. Le Mail le Burkina Faso et le Niger ont en effet quitté la CEDAO et la France a dû évacuer ses troupes de ces 3 pays après qu’elles aient été chassées de la République Centrafricaine et du Tchad a décidé de réagir et de contre attaquer sans le soutien de Washington.
Le projet visait à intervenir militairement contre l’AES et le Burkina Faso en particulier au prétexte de sauver la CEDAO. Pour ce faire il fallait faire intervenir le gendarme de la sous-région le Nigeria , président en exercice de la CEDAO avec l’appui politique de la Côte d’Ivoire.
Position de la France in « Le monde » 2024
Le Nigeria, pays pivot de la politique africaine d’Emmanuel Macron
Le président Bola Tinubu, reçu en visite d’Etat à Paris, jeudi 28 et vendredi 29 novembre, est un partenaire-clé dans les efforts déployés par la France pour réorienter sa diplomatie vers les pays anglophones du continent et faire oublier ses revers au Sahel.
Ainsi se mit en place d’un commun accord entre Macron et Tinubu l’opération Bobo-Dioulasso. Le 8 Décembre 2025 un avion-cargo C 130 de l’armée nigeriane atterrissait par surprise sur l’aérodrome de l’ouest du Burkina Faso.
Le prétexte de l’incident technique nécessitant un atterrissage d’urgence était fallacieux puisqu’aucune des procédures internationales existant en la matière n’avait été appliquée. De surcroit le plan de vol de cet avion en route vers le Portugal où il doit subir une importante révision prévoyait une première escale au Ghana, une second en Gambie et une dernière au Maroc , plan de vol qui exclut tout passage dans le ciel du Burkina prés de 1000 km trop au Nord . Cette irruption inopinée au Burkina a surpris les autorités du pays. Les militaires burkinabés sont montés à bord y ont trouvé outre le pilote et le copilote 9 soldats nigérians en uniforme et du « matériel » sur lequel ils se sont abstenus de tout commentaire. Leurs investigations étaient tellement gênantes pour le Nigeria que le Président Tinubu a envoyé une forte délégation à Ouagadougou pour enterrer la hache de guerre. Ce qui fut fait. L’avion et son équipage rentrés au Nigeria sont ensuite repartis vers Lisbonne où après avoir suivi le plan de vol initial il est arrivé voici quelques jours.
En réalité l’escapade à Bobo-Dioulasso faisait partie d’un plan élaboré par Macron et Tinubu pour tester les défenses aériennes du Burkina et de l’AES en prévision d’une attaque militaire visant à faire tomber les gouvernements dissidents de la CEDAO avant que leur exemple ne soit suivi par d’autres comme le Togo, la Guinée Bissau, le Liberia voire le Sénégal. Ce plan maintenant éventé a donc échoué et c’est là que le Benin entre en jeu.
En effet le Nigeria n’ayant pas de frontière commune avec le Burkina les troupes au sol de la CEDAO auraient dû passer par le nord du Bénin . Les préparatifs de cette offensive étaient suffisamment avancés pour que plusieurs officiers supérieurs de la garde présidentielle du président Achille en soient informés. Solidaires avec leurs voisins de l’AES il ne leur restait plus pour couper court à la contre-révolution néocoloniale organisée par Macron et Tinubu qu’à renverser le gouvernement.
Ils s’y apprêtaient mais ont été infiltrés par un défenseur du régime. La riposte était prête et bien organisée et le coup d’Etat a échoué. En effet dans les quelques heures suivant leur apparition sur les écrans de la télévision nationale pour annoncer leur prise de pouvoir des avions de chasse nigérians ont fait des passages en basse altitude dans le ciel du Bénin et des unités de l’armée française encore basées en Côte d’ivoire sont arrivées sur place histoire de décourager la population de descendre dans la rue en soutien au coup d’Etat ce qui était prévisible vu l’impopularité du président Achille. Le coup d’Etat qui n’a duré que quelques heures a donc été déjoué .
Les deux concepteurs de l’attaque du Burkina ont ainsi brouillé les pistes, détourné l’attention médiatique : il ne s’est rien passé à Bobo-Dioulasso. Côté AES par contre la leçon a été entendue et un commandement militaire intégré a été mis en place. Coté Bénin, Achille, sauvé par Paris et Abuja, se trouve provisoirement renforcé en attendant l’élection présidentielle du printemps 2026.
De son côté Trump qui a certainement été informé de ces évènements ne s’en est pas mêlé. Il concentre lui son attention sur le seul Nigeria où il y a beaucoup de pétrole et comme à son habitude il invente de faux motifs d’intervention à ce vrai appétit qu’il a pour les richesses d’autrui. Au Venezuela il y aurait des trafiquants de drogue, au Nigeria il y a des terroristes islamistes contre lesquels le gouvernement d’Abuja ne déploie pas une activité très intense. Il a donc le 25 décembre fait bombarder une province du Nord du pays : le Sokoto.
Les journalistes locaux observent que l’endroit n’est pas bien choisi car l’activité des djihadistes y est faible. Qu’importe ! Pour lui c’est : « Je bombarde, donc je suis ». Pour le grand stratège du renversement de l’AES c’est : « Moscou n’est pas tombé, mais j’ai sauvé Cotonou ».
Rêves de Noel !
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